Nous croyons en Jésus. C'est ce qui nous distingue des adeptes des autres religions du monde. Mais le chrétien moyen sait-il précisément ce qu'il croit à propos de Jésus? Le Symbole des Apôtres, lorsqu'on l'examine de près, nous donne des mots pour ancrer notre foi. Chacune de ses lignes concernant Jésus énonce une doctrine fondamentale, aussi est-il bon de les examiner attentivement.
Avant de le faire, pouvons-nous nous demander pourquoi le Credo comporte six lignes sur Jésus-Christ, mais seulement une au sujet du Père et une de l’Esprit? Ces derniers se sentent-ils éclipsés par Jésus? Y a-t-il une rivalité entre les personnes de la Trinité? La compréhension du Credo dans son contexte culturel apporte une réponse à ce dilemme. Les hérésies qui apparurent à l’époque où le Credo fut composé avaient tendance à s’attaquer à la nature de l’identité de Christ. Il était donc essentiel de formuler clairement ce que les Écritures enseignaient au sujet du Fils, afin de protéger l’Église de ceux qui cherchaient à la détruire.
La deuxième raison, cependant, est plus théologique qu’historique. Cette sur-représentation apparente du Fils met en évidence la nature des relations au sein de la Trinité. Le Père est le Dieu invisible. Le Fils est l’Homme-Dieu infini qui a pris une nature humaine avec tout ce que cela implique, afin de nous expliquer Dieu.
Personne n’a jamais vu Dieu; Dieu le Fils unique, qui est dans le sein du Père, est celui qui l’a fait connaître. (Jn 1.18)
Jésus lui dit: Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne m’as pas connu, Philippe! Celui qui m’a vu a vu le Père; comment dis-tu: Montre-nous le Père? Ne crois-tu pas que je suis dans le Père, et que le Père est en moi? Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même; et le Père qui demeure en moi, c’est lui qui fait les œuvres. Croyez-moi, je suis dans le Père, et le Père est en moi; croyez du moins à cause de ces œuvres. (Jn 14.9-11)
Maintenant, considérons l’Esprit. La troisième personne de la Trinité est-elle oubliée? Ne vous méprenez pas: j’ai lu le livre de Francis Chan « Dieu oublié: le Saint Esprit comme au premier jour » et j’ai apprécié certaines de ses réflexions. Mais je dirais que le Saint-Esprit n’a pas été oublié. Sa mission est de glorifier le Fils. Ainsi, si vous adorez Jésus-Christ, vous rendez hommage à l’Esprit. Jésus a agi en tandem avec l’Esprit lors de sa conception (Mt 1.20), de son baptême (Mc1.10), de son ministère terrestre – lorsqu’il a enseigné, chassé les démons et guéri les malades (Lc 4.18), même dans sa mort et sa résurrection (Rm 8.11). Jésus a d’ailleurs préparé ses disciples à l’œuvre que l’Esprit accomplirait parmi eux en Jean 14.13-15:
Quand le consolateur sera venu, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité; car il ne parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu’il aura entendu, et il vous annoncera les choses à venir. Il me glorifiera, parce qu’il prendra de ce qui est à moi, et vous l’annoncera. Tout ce que le Père a est à moi; c’est pourquoi j’ai dit qu’il prend de ce qui est à moi, et qu’il vous l’annoncera.
John Piper l’exprime ainsi:
L’Esprit est timide, il s’efface. Lorsque nous nous tournons vers lui, il recule et pousse en avant Jésus-Christ. Par conséquent, en cherchant à être remplis et habilités par l’Esprit, nous devons le poursuivre indirectement – nous devons regarder vers la merveille de Christ. Si nous nous détournons de Jésus et cherchons l’Esprit et sa puissance directement, nous finirons dans le bourbier de nos propres émotions subjectives. L’Esprit ne se révèle pas lui-même. L’Esprit révèle le Christ.
Considérez Jean 15.26, dans lequel Jésus promet d’envoyer le Saint-Esprit.
Quand sera venu le consolateur, que je vous enverrai de la part du Père, l’Esprit de vérité, qui vient du Père, il rendra témoignage de moi.
Ainsi, pour dire les choses simplement, les membres de la Trinité ne sont pas en compétition pour attirer notre attention. La Bible est par nature christocentrique, nous devons donc l’être aussi. Tournons donc notre attention vers la première ligne concernant Jésus dans le Credo des Apôtres et examinons comment chaque nom ou titre, lorsqu’il est examiné en détail, révèle un aspect de son identité:
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En Jésus-Christ, son Fils unique, notre Seigneur,
…
Le nom Jésus est la translittération grecque du nom hébreu Josué, qui signifie « Dieu sauve ». Ce nom lui a été donné à la naissance, comme l’avait prescrit l’ange qui était apparu en rêve à Joseph: « C’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. » (Mt 1.21). Ce nom parle en partie de son humanité, car c’est le nom qu’il a porté pendant toute sa vie terrestre. Étant bébé, puis garçon parmi ses amis, et tout au long de son ministère terrestre, il était connu sous le nom de Jésus de Nazareth (Jn 18.5), le fils du charpentier (Mt 13.55), et probablement aussi appelé Yeshua ben Yosef.*
Christ est la traduction grecque du mot hébreu Messie, ou Oint. Ce n’était donc pas son deuxième prénom ou son nom de famille, mais plutôt son titre. Il n’a pas porté ce titre toute sa vie. Progressivement, au cours de son ministère terrestre, les personnes les plus proches de lui ont commencé à réaliser qu’il était le Messie qu’elles attendaient depuis longtemps. Un jour, Jésus a demandé à ses disciples: « Qui suis-je au dire des hommes? » Pierre a répondu: « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. » (Mc 8.27-30; Mt 16.13-20). Marthe de Béthanie a également perçu que Jésus était le Messie: « Seigneur, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, qui devait venir dans le monde. » (Jn 11.27).
Cependant, jusque-là, ces disciples étaient un produit de leur culture, leur compréhension de ce que devait être le Messie était limitée. Pierre semblait croire que Jésus devait renverser les Romains et établir son royaume immédiatement. C’est pourquoi, lors de l’arrestation de Jésus, il a tenté de couper la tête de Malchus, l’un des serviteurs du grand prêtre (Jn 18.10-11). Il l’a manqué et ne lui a arraché que l’oreille et ce n’était pas par manque de zèle! Ce n’est qu’après la mort et la résurrection de Jésus que ses disciples ont pu saisir la signification de sa messianité. Jésus était le serviteur souffrant d’Ésaïe, et non un héros militaire conquérant.
On pourrait penser que la doctrine de la filiation de Jésus-Christ est incontestée parmi les croyants. Pourtant, il existe une hérésie, que j’ai personnellement entendue enseignée par un pasteur dit évangélique, qui affirme que nous sommes tout autant fils de Dieu que Jésus. L’implication est que, puisque la Bible appelle Jésus notre frère, nous sommes ses égaux.
La question qui se pose alors est la suivante: y a-t-il une différence entre la filiation de Jésus-Christ et la filiation de tout croyant? La Bible appelle effectivement Jésus notre frère (Hb 2.11); les Écritures nous donnent la liberté, l’invitation, d’appeler Dieu notre Père (Rm 8.15; Ga 4.4-6). Mais voici la différence: Jésus-Christ est le Fils éternel, le Fils unique qui est co-égal avec le Père. Cette doctrine s’appelle la filiation divine. Nous, par contre, nous sommes des fils adoptifs. Nous avons été introduits dans la famille de Dieu. Dieu soit loué! Comme l’a dit Thomas d’Aquin, « Nous devenons fils dans le Fils ». Mais nous n’avons pas été déclarés dieux. Loin de là! Nous devons nous méfier de tout enseignement qui exalte l’homme et abaisse Christ au point de faire de nous ses égaux.
De tout ce que le Credo déclare à propos de Jésus, cette phrase est peut-être la plus subversive: Car tous les sujets de l’Empire romain devaient déclarer leur allégeance à l’empereur en jurant que « César est Seigneur ». Rome pouvait tolérer le culte de nombreux dieux, y compris ceux de ses ennemis vaincus. Mais elle refusait le culte d’un dieu unique. C’est pourquoi ils accusaient les premiers chrétiens d’être athées, car ils n’avaient pas de dieux visibles, tangibles, devant lesquels se prosterner. Ils n’avaient pas non plus de sanctuaires, de temples ou d’images, mais se réunissaient simplement dans les maisons.
Maintenant que nous comprenons mieux l’importance de cette première ligne concernant Jésus dans le Credo, la question se pose: quelle différence ces vérités devraient-elles faire dans nos vies? Je voudrais proposer les points suivants comme points d’application:
Ou inversement, si notre connaissance de Jésus est imprégnée d’un enseignement faux ou superficiel, nous serons freinés dans notre capacité à le connaître et à l’aimer vraiment. Nous devons boire des eaux pures et non polluées, telles qu’elles sont révélées dans l’Écriture, pour apprécier Christ dans toute sa gloire et par conséquent, grandir dans notre affection pour lui.
Que vous soyez un pasteur ou un enseignant d’école de dimanche qui façonne la pensée de vos auditeurs, ou une mère ou un père qui enseigne à ses enfants, vous ne transmettrez que ce que vous avez saisi pour vous-même. Lorsque je pense en particulier à la prochaine génération, je suis frappée par les réalités auxquelles les jeunes sont confrontés. Nos enfants grandissent dans une culture qui est au mieux ignorante, au pire hostile aux valeurs de Christ. Nous voulons équiper nos jeunes pour qu’ils puissent articuler leur foi. Surtout lorsqu’il s’agit de la personne de Jésus-Christ. Le Credo fournit un cadre, un point de départ, à partir duquel nous pouvons leur enseigner.
Ces quatre aspects de la personne de Jésus nous donnent un exemple à suivre dans notre quête de la ressemblance avec Christ:
*ndlr: Jésus fils de Joseph
webinaire
1h pour comprendre Colossiens
Dans ce webinaire de la série 1h pour comprendre un livre biblique enregistré le 19 février 2019, Frédéric Bican t’invite à (re)découvrir l’épître aux Colossiens. Alors, laisse-toi surprendre par la cohérence, la profondeur et la richesse de la Parole de Dieu. L’objectif, c’est que tu puisses comprendre l’ensemble pour mieux vivre l’essentiel.
Orateurs
F. Bican