Avant tout, il faut reconnaître qu’il n’existe pas de verset spécifique dans les Écritures qui requiert d’une Église qu’elle mène un entretien avec un futur membre avant de le reconnaître comme faisant partie de la communauté.
À l’époque du Nouveau Testament, le processus pour devenir membre d’une Église semblait être assez bref et allant de soi. Un nouveau membre professait sa foi en Christ, était baptisé et ajouté à la communauté (voir Ac 2.41).
Mais pour de bonnes raisons, beaucoup d’Églises ont trouvé utile de prendre un temps à part pour discuter avec le candidat à l’adhésion avant qu’il ne se joigne à l’Église. Dans mon expérience, ces séances d’entretien représentent une opportunité inestimable. C’est un temps privilégié pour poser des questions, apporter un soin pastoral et aider le candidat à comprendre son rôle au sein de l’Église.
Le but de cet article est de fournir des conseils pratiques afin de tirer le meilleur parti de ces rencontres, pour le bénéfice du membre comme pour la santé de l’Église. Et bien qu’il n’y ait pas une seule manière de procéder à un tel entretien, j’ai découvert qu’il est bon, après une heure d’entretien, d’avoir traité au moins ces 3 points:
1. Apprendre à connaître le candidat
2. Aider le candidat à comprendre l’Église
3. Apporter un début de soin pastoral
Après une prière d’introduction, je commence généralement par des questions qui me permettent de connaître l’individu plus en profondeur. Parfois, je m’entretiens avec des personnes que je connais plutôt bien, par exemple des anciens membres qui sont revenus dans le coin. D’autres fois, pour des raisons x ou y, ce sont de parfaits étrangers. Aussi, bien que je puisse adapter mon approche à chaque situation, voilà quatre questions (brièvement commentées) que je pose normalement à tous les candidats:
Cette question permet souvent de bien briser la glace. Elle aide à saisir les motivations de la personne et peut même, occasionnellement, permettre de tirer la sonnette d’alarme (comme pour la personne qui a un jour répondu: « Oh, parce que j’en ai marre de chercher une bonne Église! »).
Les gens n’arrivent pas dans votre bureau ex nihilo. Leur arrière-plan, leurs expériences et leur famille les ont façonnés, pour le meilleur et pour le pire. En tant que pasteur, cette information vous aidera à prendre soin du nouveau membre, puisqu’il rejoint votre troupeau. Quelqu’un avec une éducation chrétienne légaliste aura probablement des besoins, des réactions et des tentations différentes de quelqu’un élevé par des parents athées.
C’est l’information la plus importante à obtenir dans un entretien avec un futur membre. Une Église doit avoir l’assurance que ses membres sont réellement convertis, et la compréhension d’une personne sur sa conversion en révélera souvent pas mal sur sa maturité spirituelle. Cette question a été plus d’une fois utilisée par Dieu pour révéler que le membre potentiel pouvait bien ne pas être converti du tout.
Vous seriez surpris de voir le nombre de chrétiens qui n’arrivent pas à formuler de manière simple la Bonne Nouvelle au sujet de Jésus. Ils croient peut-être en l’Évangile, mais ils ne le comprennent pas assez pour arriver à le communiquer. Ou, plus généralement, ils mettent de côté une partie importante de son message, comme notre besoin en tant que pécheurs de venir constamment à Dieu dans la repentance et avec foi. Cette question vous permet de mieux informer les futurs membres ou de corriger en douceur leur compréhension de la Bonne Nouvelle.
Après avoir pris le temps d’apprendre à connaître le membre potentiel (et vous être assuré qu’il soit vraiment converti), je tourne la conversation vers l’Église qu’il souhaite rejoindre, de façon à l’aider à la comprendre au mieux. Même si chez nous, nous avons des formations pour les membres qui couvrent la plupart de ces sujets, il est bon de pouvoir les aborder en face-à-face.
Les personnes ont souvent des questions à propos de l’Église, allant du « Pourquoi le logo de l’Église est-il vert? » au plus imposant « Qu’est-ce que l’Église enseigne à propos du divorce? » C’est une opportunité de laisser les gens explorer une quelconque question qui pourrait les tarauder.
Ce sujet est généralement assez bien couvert dans nos formations pour les membres, mais l’entretien génère souvent de bonnes occasions d’expliquer des points de doctrines ou de corriger une incompréhension.
L’entretien avec un candidat qui postule pour être membre est un bon moment pour établir des attentes claires. Dans notre cas, nous expliquons à nos futurs membres 6 points que notre assemblée attend de tous ses membres:
a) Assister aux cultes. Pour notre Église, cela signifie être présent le dimanche matin et (si possible) le dimanche soir. On ne peut pas faire partie d’une communauté si on n’y est pas présent.
b) Prier. Nous demandons et attendons de nos membres qu’ils prient les uns pour les autres.
c) Donner. Donner est un acte d’adoration et d’obéissance.
d) Servir. On édifie le corps de Christ en utilisant nos dons offerts par le Saint-Esprit.
e) Vivre de manière sainte. Nos actions, en privé comme en public, affectent la santé de tout le corps. Il faut donc combattre le péché par la grâce de Dieu et être prompt à confesser et demander de l’aide quand on en a besoin.
f) Annoncer l’Évangile. Les membres de la communauté sont des missionnaires envoyés par notre Église dans leur quartier, leur maison, leur travail.
L’entretien est un moment privilégié pour s’assurer que les nouveaux membres comprennent vraiment la culture de votre Église. Je mentionne souvent notre compréhension de la liberté chrétienne, la priorité que nous donnons à l’implantation d’Églises dans notre budget et l’importance que nous mettons sur les ministères de chacun des membres plutôt que sur de grands programmes. Il est bon que tout le monde dans l’Église soit sur la même longueur d’onde par rapport à ce genre de questions.
Cette partie est simple: il s’agit d’accompagner les futurs membres dans les prochaines étapes concernant leur adhésion à l’Église. Il est bon ici de vérifier avec eux leurs éventuelles questions à propos du calendrier ou du témoignage qu’on peut leur demander de donner.
À ce stade de la conversation, j’ai normalement une idée assez claire de ce dont le candidat pourrait avoir besoin en intégrant notre communauté. À la fin de notre rencontre, il est bon d’établir un plan pour aider le candidat à s’intégrer dans l’Église. Dans notre assemblée, cela peut signifier le mettre en contact avec un petit groupe et un partenaire de lecture de la Bible. Dans des cas particuliers, il devient clair que la personne doit bénéficier d’une sorte de suivi (comme du mentorat, un programme d’étude biblique, ou même un cours d’évangélisation et de rappel des fondamentaux). Dans ces cas-là, je préfère commencer un tel processus avant même que le candidat ne sorte de mon bureau. Pour conclure notre rencontre, il est bon de prier pour le nouveau membre, qu’il puisse porter du fruit dans la vie de l’Église et que l’Église puisse produire beaucoup de fruits dans sa vie.
C’est un privilège de mener de tels entretiens. Cela peut sembler d’abord effrayant, quand beaucoup de monde veut se joindre à notre communauté et que notre emploi du temps (ainsi que celui des autres anciens) est déjà bien rempli. Mais, pour la santé de l’Église, il est important de prendre le temps de bien examiner les candidats et leurs motivations avant qu’ils ne deviennent membres. C’est aussi une joie d’entendre les témoignages de la grâce de Dieu dans la vie des candidats et de voir la perspective de la manière dont Dieu pourra les bénir à travers l’Église.
Article traduit avec autorisation. Copyright © 2023 The Gospel Coalition, INC. All Rights Reserved. Merci à Yann Kempf pour la traduction.