La vie est souvent comparée à un voyage, un pèlerinage qui nous pousse à traverser des montagnes, à surmonter des obstacles, et à atteindre des sommets. Nous espérons tous arriver à bon port, mais en chemin, il n’est pas rare de se perdre, de trébucher, ou de se sentir accablé par les épreuves. C’est un peu "tarte à la crème", je vous l’accorde, mais la métaphore est efficace.
Le psaume 121, un des "cantiques des montées", est une source d’encouragement pour tous ceux qui se découragent en chemin.
Ce psaume faisait partie des cantiques chantés par les juifs lors de leurs pèlerinages annuels à Jérusalem pour les grandes fêtes religieuses: Pâque, Pentecôte, et la fête des cabanes. Ces cantiques résonnaient à travers les collines et les vallées, rappelant aux pèlerins les grandes vérités de la Parole de Dieu. Pour les chrétiens, ce psaume exprime notre vulnérabilité et notre besoin de secours dans notre propre pèlerinage, non pas vers Jérusalem, mais vers le ciel.
Je lève mes yeux vers les montagnes: d’où me viendra le secours? Le secours me vient de l’Éternel, qui a fait le ciel et la terre.
Psaumes 121.1-2
Le pèlerin, en route vers Jérusalem, devait traverser des montagnes dangereuses. Contrairement à nous (et en particulier à moi, grenoblois), pour qui les montagnes sont souvent synonymes de loisirs, les traverser était pour eux une entreprise périlleuse, pleine de dangers.
Les dangers étaient nombreux: se perdre, chuter dans un ravin, souffrir d’insolation, affronter des conditions climatiques extrêmes, ou même être attaqué par des bandits. La nuit apportait également son lot d’inquiétudes: le froid, les bêtes sauvages, et les pillards. Ces montagnes pouvaient par ailleurs être des lieux de tentation spirituelle. Les cultes païens offraient leurs sacrifices à leurs faux dieux sur les hauts lieux. Cela pouvait apparaître comme des havres d’espoir séduisants ou des sources de préoccupation intimidantes.
Dans notre vie moderne, nous rencontrons aussi des montagnes (métaphoriques) qui nous rendent vulnérables: la santé, le travail, les finances, les relations, et bien d’autres domaines où nous nous sentons en insécurité. Les crises du XXIᵉ siècle —environnementales, politiques, sociales— exacerbent ces sentiments de vulnérabilité. Dans ce contexte, la tentation de chercher le secours ailleurs qu’en Dieu est omniprésente.
Lorsqu’on est confronté à des montagnes imposantes, il est naturel de se sentir dépassé, vulnérable, et même effrayé. Le psalmiste, en levant les yeux vers ces montagnes, pose une question qui résonne profondément en chaque être humain:
D’où me viendra le secours?
Psaumes 121.1
Cette question traduit une angoisse universelle que nous partageons tous à différents moments de notre vie.
Le monde moderne nous bombarde de solutions rapides pour apaiser nos inquiétudes: des livres de développement personnel, des routines matinales promises comme la clé du succès, ou des régimes qui garantissent de résoudre tous nos problèmes de santé. En période de crise, nous entendons souvent des promesses politiques ou idéologiques qui semblent offrir une issue. Pourtant, toutes ces solutions, bien que séduisantes, ne peuvent nous arracher de notre condition d’êtres humains vulnérables.
Le psalmiste nous montre une autre voie. Il nous invite à reconnaître que le secours véritable ne vient ni de nous-mêmes ni de ce que le monde peut offrir, mais de Dieu, le Créateur du ciel et de la terre. C’est une déclaration de foi puissante:
Le secours me vient de l’Éternel qui a fait le ciel et la terre.
Psaumes 121.2
Cette affirmation nous rappelle que Dieu est souverain sur toute la création, y compris sur les montagnes.
Dieu, qui a créé les montagnes, veille sur nous. Il est décrit dans le Psaume comme un gardien infatigable:
Il ne permet pas à ton pied de chanceler, celui qui te garde ne sommeille pas.
Psaumes 121.3
Contrairement à nous, qui sommes limités par notre besoin de repos et de sommeil, Dieu est constamment en alerte, protégeant et guidant ses enfants. Nous pouvons nous reposer en sachant que, même lorsque nous dormons, Dieu veille.
Bien que nous puissions trébucher dans la vie, Dieu est là pour nous relever. Sa main puissante nous soutient, nous guide, et nous assure que nous ne nous perdrons pas en chemin. La promesse que Dieu ne permettra pas à notre pied de chanceler signifie qu’il nous protège de la chute fatale, celle qui pourrait nous éloigner définitivement de lui.
Le psaume 121 décrit également Dieu comme notre ombre protectrice:
L’Éternel est celui qui te garde, l’Éternel est ton ombre protectrice, il se tient à ta droite.
Psaumes 121.5
Dans le climat aride du Moyen-Orient, l’ombre est une image forte de protection contre la chaleur accablante du soleil. De la même manière, Dieu nous protège des "chaleurs" accablantes de nos épreuves quotidiennes. Il est à nos côtés, toujours présent, prêt à nous abriter sous son aile protectrice.
Pendant le jour, le soleil ne te fera pas de mal, ni la lune pendant la nuit.
Psaumes 121.6
Ce verset utilise la poésie hébraïque pour exprimer une protection complète, jour et nuit. Cela signifie que Dieu nous protège en toutes circonstances, à tout moment. Rien n’échappe à la providence du Dieu bienveillant.
Enfin, le psalmiste élargit cette promesse de protection à toute la vie:
L’Éternel te gardera de tout mal, il gardera ta vie. L’Éternel gardera ton départ et ton arrivée dès maintenant et pour toujours.
Psaumes 121.7-8
Cette assurance divine n’est pas limitée dans le temps ou dans l’espace. Elle englobe chaque aspect de notre existence, de notre départ jusqu’à notre arrivée, et elle s’étend même dans l’éternité.
À la lumière de l’enseignement du reste des Écritures, cette promesse ne signifie pas que notre vie sera exempte de difficultés ou de souffrances, mais que Dieu nous donnera les ressources nécessaires pour surmonter les montagnes de la vie. En lui, nous trouvons la force, le courage, et la persévérance pour continuer notre pèlerinage, en sachant que notre destination finale est assurée.
L’imagination puissante et la perspicacité spirituelle de Bunyan ont aidé des millions de chrétiens à travers les âges à comprendre ce que sont les tentations, les épreuves et la grâce. Je l’ai lu pour moi-même, mais aussi à chacun de mes enfants.
Si j’ose faire un reproche à cette œuvre majeure de l’histoire de l’Église, c’est que Chrétien pèlerine essentiellement seul. L’Église est absente. Pourtant, dans le psaume 121, nous observons une interaction entre deux personnes:
Je lève les yeux vers les montagnes: d’où me viendra le secours?
Psaumes 121.1
Ensuite, une autre voix répond:
Qu’il ne permette pas à ton pied de trébucher, qu’il ne somnole pas, celui qui te garde!
Psaumes 121.3
Les pèlerins ne voyageaient pas seuls; ils s’exhortaient et se rassuraient les uns les autres. La communauté locale, l’Église, est le lieu où l’on apprend à marcher ensemble. Aucun chrétien n’est appelé à faire le pèlerinage tout seul, et aucun ne devrait le faire. Nous avons besoin des autres sur la route, car Dieu nous secourt souvent à travers eux, qui seront là pour nous porter et nous rappeler de regarder au-delà des montagnes. Nous sommes responsables de veiller les uns sur les autres.
Le psaume 121, chanté par les pèlerins juifs lors de leurs voyages vers Jérusalem, a très probablement été chanté par Jésus. Tout au long de sa vie terrestre, Jésus a accompli ces pèlerinages vers Jérusalem, participant aux fêtes religieuses avec sa famille et ses disciples. Mais il savait que ces voyages vers la cité sainte n’étaient qu’une ombre d’une réalité spirituelle bien plus grande, un pèlerinage bien plus difficile et significatif qu’il devait entreprendre.
Un jour, Jésus a entrepris le pèlerinage ultime, non pas pour célébrer une fête, mais pour accomplir la rédemption de son peuple. Il est monté à Jérusalem, non pour louer au temple, mais pour souffrir à Golgotha. Ce n’était pas un voyage joyeux accompagné de cantiques, mais un chemin de souffrance et de sacrifice.
Il ne portait pas son sac à dos, mais sa croix sur laquelle il serait crucifié. Jésus a affronté la montagne la plus redoutable que l’humanité ait jamais connue: la juste colère de Dieu contre le péché. Son pèlerinage vers la croix était un acte d’obéissance et d’amour ultime, accomplissant la mission pour laquelle il était venu sur terre.
Sur cette montagne, Jésus a expérimenté l’abandon le plus total. Contrairement au psalmiste qui proclamait que Dieu ne sommeille ni ne dort, Jésus a connu un moment où il s’est écrié: “Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?” (Mt 27.46). Le Père a détourné son regard, laissant Jésus porter seul le poids du péché du monde dans les ténèbres. Il a bu la coupe de la colère divine pour que nous puissions, nous, échapper à ce jugement.
Son pied a chancelé et a été percé pour que le nôtre ne chancelle jamais. Jésus a trébuché sous le poids de la croix, mais il a continué, déterminé à accomplir notre salut. La nuit oppressante qui s’est abattue sur lui en plein jour était le symbole de l’abandon divin, un prix qu’il a payé pour que nous soyons à jamais protégés par l’amour de Dieu.
Par sa mort et sa résurrection, Jésus a assuré la victoire finale sur le péché et la mort. Grâce à lui, nous avons l’assurance que l’Éternel gardera notre vie dès maintenant et pour toujours (Ps 121.8). Son pèlerinage jusqu’à la croix a ouvert pour nous un chemin vers la vie éternelle, une route que nous sommes appelés à suivre.
Jésus est non seulement notre modèle, mais aussi le maître que nous suivons sur le chemin. Son pèlerinage nous a déviés de notre errance pour nous conduire sur le chemin de la vie, nous donnant l’assurance que nous ne sommes jamais seuls sur ce chemin, et que notre destination finale est sûre.
Cet adage typiquement hédoniste ne conduit qu’à l’égarement de ceux qui tentent de le suivre. Quand le chemin devient un bourbier existentiel, la question du sens de la vie et de sa finalité est ce qui vous aide à survivre. Quand les épreuves nous font dévier de nos projets initiaux, nous sommes comme une sonde spatiale qui se perd dans l’univers sans jamais savoir où elle va. Nous sommes tous en chemin, et l’important, c'est d’être sûr de son guide et de sa destination.
Jésus est clair: il n’existe que deux chemins. L’un conduit à la perdition, l’autre à la vie. Jésus nous révèle qu’il est le chemin, la vérité, et la vie (Jn 14.6). Il est le seul chemin qui mène au Père, et il nous appelle à le suivre.
En tant que chrétiens, nous sommes appelés à être des pèlerins sur cette terre, des étrangers et voyageurs sur la terre (Hé 11.13). Mais ce pèlerinage n’est pas sans espoir ni destination, car nous savons que, grâce à Christ, nous atteindrons un jour la Jérusalem céleste, où nous serons enfin chez nous, résidents permanents du royaume de Dieu.
En cheminant à travers les montagnes de nos difficultés présentes, fixons les regards sur celle de Golgotha, où l’Éternel nous a secourus. De son sommet, nous voyons par la foi la montagne de la Jérusalem céleste, notre véritable maison. Nous y serons bientôt! Là, notre pèlerinage prendra fin, et nous serons en sécurité pour toujours, sous la protection du Dieu qui ne sommeille ni ne dort.
webinaire
SOS anxiété: Une vie sans inquiétude est-elle possible?
Découvre le replay du webinaire de Samuel Laurent, enregistré le 29 novembre 2022.
Orateurs
S. Laurent