L'Éternel entend nos cris (Psaume 34)

PsaumesSouffranceCombat contre le péché

Le message principal du psaume 34, en une simple phrase, est le suivant: « Puisque l’Éternel entend nos cris, craignons-le et approchons-nous de lui dans nos afflictions. »

Une étude attentive de ce psaume d’action de grâce promet de riches bénédictions dans la vie du croyant. Mais pour comprendre ce psaume et le psautier dans son ensemble, il peut être utile de se familiariser avec les différents genres de psaumes:

Les genres dans les psaumes

Les spécialistes ne s’accordent pas sur la manière exacte de classer les psaumes, certains employant jusqu’à 20 groupes différents. Je propose les suivants:

  1. Les psaumes de confessions expriment la tristesse du péché et un recours au pardon de Dieu. 
  2. Les psaumes de louanges donnent au peuple de l’alliance les mots pour exalter Dieu pour qui il est. 
  3. Les psaumes d’actions de grâces sont une célébration commune de la reconnaissance envers Dieu pour ce qu’il a fait pour son peuple.
  4. Les psaumes royaux se concentrent sur le règne à venir du Roi oint promis dans la lignée de David. 
  5. Les psaumes de lamentations sont des appels individuels ou collectifs à l’aide de Dieu.
  6. Les psaumes de sagesse réfléchissent à la valeur de la vie selon les ordonnances de Dieu, telles que transmises dans la Torah.
  7. Les psaumes imprécatoires font appel à la justice de Dieu, l’invitant à vaincre ses ennemis et à défendre sa sainteté. 

Les psaumes acrostiches

En plus du genre, un autre élément utile à connaître est la structure. Le psaume 34 est un psaume acrostiche, qui commence par Aleph (A) et chaque ligne successive commence par la lettre suivante de l’alphabet hébreu. Selon les spécialistes, il y a au moins trois raisons pour lesquelles certains psaumes peuvent avoir été écrits sous cette forme:

  1. Cela démontre la beauté poétique, similaire à l’utilisation de la rime dans notre propre poésie (qui est absente de la poésie hébraïque).
  2. Cela communique la complétude. Le sujet est traité de A à Z. 
  3. C’est un outil utile pour la mémorisation dans une culture orale. 

Le psaume 34 dans son contexte historique

Le Psaume 34 nous indique précisément ce qui se passe dans la vie de David et qui l’amène à écrire ces mots. Nous trouvons le récit complet dans 1 Samuel 21.10-15, dans lequel David feint la folie devant Akisch. (Veuillez vous référer à l’article: « Comment les psaumes nous conduisent à Christ«  pour en savoir plus sur la typologie de ce psaume). 

Un thème majeur dans le Psaume 34

Lorsque nous étudions les Écritures, il est important de prendre note des mots, des phrases ou des idées qui se répètent, car ils nous orientent souvent vers le point principal du passage. Dans ce cas, David utilise une variété d’images pour nous dresser un tableau vivant de ses nombreuses adversités.

  • Frayeurs (v. 5)
  • La honte (v. 6)
  • Tous ses problèmes (v. 7 et 18)
  • La disette et la faim (v. 11)
  • Une langue méchante (v. 14)
  • Discours du mal (v. 14)
  • Un esprit abattu (v. 19)
  • Un cœur brisé (v. 19)
  • Des os brisés (v. 21)
  • Les méchants/ennemis (v. 22)

Pour tous, l’antidote est le même: la crainte et la communion avec l’Éternel.

1. Introduction: exaltez l’Éternel avec moi (Ps 34.2-4)

Dans ces premiers versets, David parle de la louange en termes absolus: en tout temps et toujours. Dieu lui a été fidèle, et il promet de lui être fidèle à son tour. Puis il invite ses auditeurs à partager cet engagement de foi. « Rejoignez-moi! Ne voulez-vous pas célébrer ensemble notre Dieu merveilleux?! »

2. Un temps de témoignage (Ps 34.5-8)

Au v. 5, David revient sur ce que le Seigneur a fait pour lui: il l’a délivré de TOUTES ses frayeurs. En fait, il utilise le mot « tout » 8 fois dans ce psaume. Puis, au v. 6, il décrit ce qui arrive à ceux qui le cherchent. Ils ne sont pas seulement un peu heureux, ils sont rayonnants de joie! Et plus encore, ils n’auront jamais honte! Cela semble être les deux faces d’une même pièce: la joie et la honte ne peuvent coexister, et le fait de regarder la face de Dieu inonde nos cœurs de joie et bannit la honte. 

Au v. 7, David fait référence à un homme malheureux. La plupart des commentateurs pensent qu’il parle de lui-même. Ce terme pourrait être traduit par pauvre, humble, nécessiteux, affligé, et ici, il démontre le fait que David reconnaît sa fragilité et sa dépendance envers l’Éternel. Le terme militaire qu’il emploie ensuite au v. 8 représente un campement militaire qui protège des ennemis en temps de guerre, tout comme l’Éternel l’a fait pour son peuple lors de l’Exode.

3. Une invitation à la crainte et à la communion (Ps 34.9-11)

Dans cette section, David commence au v. 9 par un double impératif qui implique les sens. Sentez. Voyez. La traduction française « Sentez » ne fait pas ressortir ce qui est traduit dans d’autres langues par « Goutez. » John Calvin écrit qu’en invoquant l’usage de la bouche et des yeux, il appelle ses auditeurs à éveiller leurs sens émoussés à la bonté de Dieu.

Cette riche imagerie évoque l’abondance des provisions de Dieu et la communion autour de la table. Et que résulte-t-il du fait de goûter, de se régaler de Christ? La deuxième clause du verset nous le dit: Le bonheur! 

L’impératif suivant, au v. 10, est étroitement lié: Craignez l’Éternel! En fait, la crainte de l’Éternel apparaît 4 fois dans ce psaume et en est un thème central. Dans ce cas, David juxtapose la crainte de l’Éternel avec la frayeur dont l’Éternel le délivre au verset 5. La crainte filiale de Dieu chasse les craintes humaines.

Au v. 11, David utilise l’image de jeunes lions, car ce sont les créatures les plus féroces et les plus autosuffisantes. Pourtant, même eux auront faim avant que Dieu ne permette aux  siens de ne rien manquer de ses bienfaits .  C’est une invitation à croire Dieu sur parole. 

4. Conseils sur la crainte de l’Éternel (Ps 34.12-15)

Selon les commentateurs, ce verset ne fait pas tant référence à un père s’adressant à ses enfants qu’à un maître s’adressant à ses élèves.  Son plan de cours pour aujourd’hui est la crainte de l’Éternel. Et le prix pour ceux qui apprennent cette leçon est une vie longue et heureuse!  
Mais comment obtenir une telle vie? Le maître propose à ses élèves une simple présentation PowerPoint comportant trois points:

  • Ne casse pas du sucre sur le dos de quelqu’un (v. 14).
  • Tourne le dos à ce qui est mauvais (v. 15).
  • Fais le bien. Sois un artisan de la paix (v. 15).

5. Le Dieu qui est proche (Ps 34.16-18)

Ce psaume utilise l’imagerie des sens d’une manière puissante. Nous avons déjà vu une utilisation répétée de la bouche, des lèvres, de la langue, du goût, de la faim et de la satiété. Dans ces versets, David met en évidence les sens de la vue et de l’ouïe: 

  • Les yeux du Seigneur sont sur les justes (v. 16).
  • Ses oreilles sont ouvertes à leurs cris (v. 16).
  • Les justes crient et le Seigneur les entend (v. 18).

La communion avec Dieu dans notre souffrance est une expérience multisensorielle! Et c’est une expérience profondément intime et personnelle. Dieu s’approche de ceux qui ont le cœur brisé et les attire à lui également. Il sauve ceux qui ont l’esprit écrasé. Que David se cache dans une grotte, terrifié et abattu, ou qu’il sanglote dans sa forteresse, endeuillé par la mort de son meilleur ami Jonathan, David connaît sa part de chagrin. Et il témoigne de la vérité que Dieu a été près de lui à travers toutes ces épreuves.

Au milieu de ces paroles de réconfort, nous trouvons le côté opposé de la médaille: le visage de Dieu est contre les méchants. Il se détourne d’eux. Étant donné qu’ils ont souvent été la source du chagrin et de l’affliction de David, ces paroles rassurent à la fois David et ses auditeurs, à l’époque et aujourd’hui, que Dieu réparera ce qui est mauvais dans ce monde. Et cela est également une source de réconfort et de joie pour son peuple.

6. Aucune condamnation à cause de celui dont les os n’ont pas été brisés (Ps 34.19-23)

Une lecture superficielle du Psaume 34 pourrait donner l’impression que Dieu promet de toujours nous délivrer de toutes nos afflictions. Mais David dissipe clairement cette idée lorsqu’il répète aux v. 20 que les justes connaissent de nombreuses adversités. Pas quelques-unes. Beaucoup. 

David utilise une métaphore au v. 21 pour décrire la protection de Dieu. « Tous ses os » est une manière de parler poétiquement de tout son corps. Mais ce qui est vrai de David dans un sens imagé, est vrai du Fils de David dans le sens le plus littéral (Jn 19.36). En effet, sur la croix, les soldats n’ont pas brisé les jambes de Jésus comme ils l’ont fait pour les autres crucifiés avec lui. Et l’évangéliste nous dit que c’était pour accomplir ce qui était écrit par David dans ce psaume! 

Aux v. 22-23, nous voyons un contraste entre deux modes de vie. Nous découvrons deux destins: 

  • Celui des méchants et celui des serviteurs de Dieu.
  • Ceux qui font le mal qui entraîne la mort, et ceux que l’Éternel rachète et qui reçoivent la vie.
  • Ceux qui sont punis et ceux qui sont épargnés. 

Ce qui les sépare, c’est que les premiers sont ennemis de la justice et que les seconds se réfugient dans le Juste.  Et qui est notre seul refuge dans la vie et dans la mort? Qui est le seul qui puisse nous délivrer dans cette vie et dans la vie à venir? Le Seigneur Jésus-Christ, celui dont les os ne sont pas brisés. Comme le dit Romains 8.1, « Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ. » 

Implications

– Lorsque nous traversons des épreuves, notre réponse immédiate est-elle la louange et la reconnaissance? Puisse le début de ce psaume de David nous inciter à choisir la louange au milieu des épreuves, sachant que l’Éternel a toujours été et sera toujours fidèle. Et que sa délivrance nous incite également à inviter les autres à exalter l’Éternel avec nous. 

– Nous vivons des jours de peur. Le remède à la peur charnelle est la crainte filiale de Dieu. Que la crainte de déplaire à notre Père céleste aimant nous incite à nous détourner du péché et à nous rapprocher de lui. 

– Sommes-nous arrivés au stade où nous reconnaissons que nous sommes pauvres, désespérés et entièrement dépendants de Dieu? Pour certains d’entre nous, notre autosuffisance est peut-être le plus grand ennemi de la foi. Nous vivons comme si nous n’avions pas besoin du Seigneur quand notre vie est bien réglée.

– Dans notre évangélisation, ne diffusons pas un faux argument de vente en promettant que si quelqu’un fait confiance à Christ, sa vie deviendra plus facile. La promesse de l’Évangile n’est pas une vie exempte de souffrance, mais une union avec Christ qui nous permettra de la traverser jusqu’à la gloire. Que ce soit l’Évangile que nous prêchons, et non une contrefaçon bon marché.  

Puisque l’Éternel entend nos cris, craignons-le et approchons-nous de lui dans nos afflictions.

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Pour aller plus loin:

Angie Velasquez Thornton

En équipe avec son mari Daniel, Angie a servi le Seigneur au Sénégal pendant 10 ans, dans la formation des leaders. Installés à Montréal avec leurs 2 filles depuis août 2017, ils servent à l'Église Baptiste Évangélique Emmanuel et dans l'AEBEQ. Angie est titulaire d'un MDiv de Moody Theological Seminary. Depuis mai 2021, elle coanime le podcast Chrétienne, avec Aurélie Bricaud. Elle est également Responsable du ministère féminin de SOLA (TGC Québec) et blogueuse sur le site The Gospel Coalition Canada.

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