Quel est le point commun entre Charles H. Spurgeon, le « prince des prédicateurs », « chrétien », le personnage principal du célèbre roman de John Bunyan, Asahel Nettleton, évangéliste durant le deuxième grand réveil états-unien et le prophète Ésaïe? Un indice: Ésaie 6.5.
Réponse: Ils ont tous témoigné d’une spécificité que nous avons, semblerait-il, commencé à délaisser dans nos propres témoignages de conversion. C’est la conviction du péché.
La conviction de péché, c’est pourtant l’étape essentielle par laquelle tout chrétien passe nécessairement pour être sauvé. C’est l’œuvre de grâce que le Saint-Esprit entreprend (Jn 16.8) dans le cœur de l’homme pour le pousser dans les bras du sauveur par la repentance et la foi. Après tout, personne ne pourrait avoir envie de se détourner de son péché sans l’avoir reconnu au préalable. C’est logique. Je pose la question: peut-on envisager d’être sauvé sans être convaincu de péché?
Mais il semble qu’à notre époque où la conversion devient davantage un choix de vie personnel comme un autre qu’un vrai miracle de résurrection opéré par le Dieu trine, nous ayons abandonné cette spécificité. Nombreuses sont les propositions de formation pour nous apprendre à raconter subjectivement ce que nous pensons avoir vécu. Mais force est de constater qu’on entend rarement un chrétien témoigner du moment où il a compris que son attitude déplaisait à Dieu. Où il a été effrayé à l’idée de subir la colère de Dieu, angoissé de ne pas connaître d’issue à son impasse, parfois pendant une longue période, avant d’enfin entendre la Bonne Nouvelle.
Le témoignage de la conviction de péché se fait rare. Et c’est terrible, puisque s’il existe une différence fondamentale entre une personne régénérée et quelqu’un qui ne l’est pas, c’est bien cette conviction. En effet, ce travail du Saint-Esprit continue tout au long de la vie d’un chrétien. Parce qu’il est sauvé pour devenir saint. Il va être transformé de jour en jour. Au contact de la Parole de Dieu, le chrétien entend la volonté de Dieu. Ce qui le différencie du non-chrétien, c’est qu’il accueille cette parole, aussi dure soit-elle, avec joie. Il a reçu le pouvoir de s’y conformer en même temps que la volonté. Le Saint-Esprit lui montre quel est le prochain chantier, et il s’y attelle. Je pose la question cette fois: peut-on envisager d’être chrétien sans être convaincu de péché? [1]
Aujourd’hui, nous sommes nombreux à rencontrer des auditeurs qui acceptent, au nom de La Tolérance, d’entendre notre cheminement spirituel, avant de mettre fin à la conversation par un solennel « c’est bien pour toi ». Notre échange, s’il était saupoudré d’un témoignage honnête de la conviction du péché, même de péchés particuliers, nous donnerait toujours plus d’assurance dans la foi, en même temps qu’il nous permettrait d’inviter nos auditeurs à sauter cette barrière du relativisme. Et à répondre, eux aussi, à l’appel de Jésus qui leur est adressé: « Repentez-vous, et croyez à la Bonne Nouvelle » (Mc 1.15)
Le Psaume 107 est personnellement mon allié dans mon effort de témoigner de cette conviction de péché. Le psalmiste y présente au moins 4 situations différentes parallèles sur 5 points identiques:
Comme souvent dans les psaumes, des mots sont mis sur nos propres sentiments. Ce Psaume met des mots sur l’état désastreux par lequel je suis passé il y a de cela maintenant 10 ans. Sans le savoir, durant plus d’un été, j’étais en train d’être convaincu par Dieu de mon état de pêcheur condamné. Il se servait du peu que j’avais pu entendre de sa Loi pendant mes jeunes années, pour m’accuser et me pousser dans mes retranchements (Ps 107.12). Au point d’en perdre peu à peu l’appétit (Ps 107.18), jusqu’à n’avoir plus aucun espoir que la mort (Ps 107.14,18). Sans ces moments horribles, la joie et le soulagement de rencontrer un sauveur n’auraient pas eu la même saveur. N’est ce pas?
Et vous, vous souvenez-vous d’un de ces moments?
[1] « En premier lieu, la conversion est l’œuvre du Saint-Esprit. S’il n’en est pas l’auteur, elle n’est pas authentique. Il est certainement possible de simuler l’expérience de la conversion, et nombreux sont les prédicateurs qui ont très bien su provoquer de « fausses conversions ». C’est ainsi qu’on voit des personnes répondre à toutes sortes d’appels, pour des raisons très diverses. Cela n’est pas toujours visible sur le moment, mais plus tard nous savons, en considérant l’évolution de ceux qui persévèrent dans la foi – par opposition avec ceux qui abandonnent – qui a été touché et qui ne l’a pas été. Dieu est libre d’agir (ou pas) comme il l’entend. Mais une chose est claire, quelle que soit sa manière d’agir, le premier résultat est toujours le même: la conviction de péché dans le cœur de celui qui entend. Si je n’ai pas été amené au repentir par la conviction de mon péché, je n’ai pas entendu le Saint-Esprit. Cela peut se passer de manière dramatique, ou pas, avec tout un catalogue de péchés à confesser, ou très peu. Mais une chose est sûre – et je dois le savoir, intellectuellement et en pratique – c’est que sans Dieu, je suis perdu. Si je ne peux pas affirmer cela, je ne suis pas chrétien. »
(Gerald Bray Revue Réformée n°193)
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