Te connais-tu toi-même?

Doctrine de l’hommeDépression

La dépression est le genre de souffrance intérieure qui peut nous plonger dans une grande perplexité. Comme beaucoup de troubles qui relèvent de la santé psychique, il est impossible de diagnostiquer cette souffrance simplement à l’aide d’outils matériels comme un thermomètre ou un stéthoscope. La dépression est un mal qui atteint une partie de nous-mêmes difficile à cerner et à connaître: l’homme intérieur.

On peut se sentir profondément déstabilisé quand on ne comprend pas ce qui nous arrive. Comment une telle tristesse a-t-elle pu s’installer en nous par effraction, semble-t-il, et se mettre à contaminer toutes nos activités et toutes nos relations? Pourquoi a-t-on perdu toute énergie, toute motivation, toute capacité de se concentrer pour des tâches qui nous procuraient autrefois une joyeuse satisfaction? D’où est venu ce sentiment d’écrasement, d’inutilité, de solitude? Comment a pu naître cette fragilité émotionnelle permanente susceptible de faire déborder des larmes n’importe où, n’importe quand et pour n’importe quelle raison?

Peut-être sommes-nous les enfants d’une société matérialiste (au sens philosophique du terme) qui nous a fait sous-estimer l’importance de l’esprit dans notre fonctionnement en tant qu’êtres humains. D’après la Bible, nous ne sommes pas seulement des êtres matériels, mais nous sommes aussi des êtres immatériels. Nous avons un corps et une âme. Nous sommes les deux ensemble.

Et puisque ces deux dimensions de notre nature sont inséparables, les expériences de l’une vont souvent affecter l’autre, et vice-versa. Ainsi, une blessure intérieure (un deuil, une trahison, un échec) peut se manifester extérieurement et matériellement, par des larmes, justement. Nos souffrances ne sont jamais seulement physiques, ni seulement psychiques, car nous sommes des êtres unifiés, corps et âme.

Il y a beaucoup de choses que nous devons apprendre, en tant que croyants. L’une des plus plus importantes est d’apprendre à nous connaître nous-mêmes. La Bible nous aide à comprendre notre propre condition en tant qu’êtres humains, tels que Dieu nous a créés à l’origine, tels que nous sommes depuis que notre nature a été corrompue par le péché, et tels que nous sommes en tant que croyants, en vertu de la régénération opérée par le Saint-Esprit.

L’anthropologie biblique éclaire toutes les expériences que nous pouvons faire en tant qu’êtres humains. Elle éclaire notamment nos souffrances, y compris nos souffrances intérieures. Se connaître soi-même permet de se comprendre soi-même. Et lorsqu’on arrive à décrypter ce qui nous arrive, c’est-à-dire à l’expliquer au moins partiellement, en termes de causes, d’effets et de mécanismes relatifs à notre condition humaine, alors la souffrance peut nous sembler un tout petit peu moins intimidante. Cela ne diminue pas la souffrance, mais peut nous aider en quelque sorte à la circonscrire. En fait, notre connaissance de nous-mêmes peut nous prémunir contre le désespoir.

Lorsqu’un diagnostic est posé sur une maladie, cela entraîne parfois une forme de soulagement chez le malade. Si la maladie a un nom, si elle a été cataloguée, c’est qu’elle n’est pas toute-puissante. Si on la connaît, c’est qu’on en comprend le fonctionnement et les effets. C’est déjà rassurant pour le malade, même si la maladie est grave et que ses effets sont douloureux.

De la même façon, lorsqu’on apprend à se connaître et à se comprendre soi-même, à la lumière de la Bible, on peut commencer à observer sa propre dépression et à poser des mots sur ses mécanismes. On peut commencer à se sentir un peu moins déstabilisé, un peu moins désemparé, un peu moins effrayé. Cela ne diminue pas forcément la souffrance, mais au moins, cela nous aide à croire qu’elle n’est pas toute-puissante. Beaucoup de prières dans les Psaumes reflètent une excellente connaissance de soi chez le psalmiste, et peuvent constituer de très bons outils pour nous aider à comprendre ce qui nous arrive et à savoir comment en parler à Dieu.

Faire l’expérience d’une souffrance intérieure sans se connaître soi-même, c’est comme souffrir dans le noir: on ne comprend pas ce qui se passe et on est capable de tout imaginer. À l’inverse, quand on se connaît bien soi-même, c’est comme allumer la lumière dans la pièce. La souffrance ne change pas, mais elle fait moins peur.


Pour aller plus loin

**Découvre le webinaire **sur le thème de la dépression dans la vie chrétienne avec Alexandre Sarran.

Alexandre Sarran

Alexandre Sarran est pasteur de l’Église Lyon Gerland, une Église réformée évangélique située depuis 2011 dans un quartier lyonnais en plein renouveau. Après des études de musicologie qui l’on conduit jusqu’à la maîtrise, il a suivi une formation théologique à distance avec la Faculté Jean Calvin (Aix-en-Provence). Alexandre est le mari (privilégié) de Suzanne et le père (débordé) de six enfants. Il est également l’auteur du livre Job, le malheur et la foi publié en avril 2024.

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