Nos émotions dans notre vie chrétienne: quelle articulation?

Doctrine de l’hommeCombat contre le péchéAccompagnement biblique

Les émotions sont actuellement le domaine dans lequel je reçois le plus de questions:

  • Comment faire pour être « toujours joyeux »?
  • Est-ce que l’anxiété est un péché?
  • Est-ce qu’une dépression…

Rien que pour la joie, il y a plusieurs dizaines de textes qui en parlent dans la Bible. Certains se posent également la question au sujet des fruits de l’Esprit qui doivent être produits en nous. Mais finalement, qu’est-ce qu’une émotion? Comment les ancrer bibliquement dans notre vision du monde?

L’émotion: une réaction automatique du corps.

Prenons un exemple: Vous êtes au calme chez vous. Vous lisez un livre ou vous travaillez silencieusement sur votre ordinateur. Tout à coup, une fenêtre claque derrière vous. Votre corps ne vous demandera pas votre avis, vous sursauterez. En d’autres termes vous allez déclencher une forme de stress, de la peur/anxiété et votre corps va réagir par l’accélération de votre rythme cardiaque, un raidissement de vos muscles, une légère sudation de vos membres et une modification de vos perceptions.

Ou alors: Vous avez travaillé dur pour réussir un examen et vous avez enfin les résultats: vous avez votre diplôme avec mention. Sans doute exploserez-vous de joie. Vous ressentirez de nombreuses émotions reliées notamment à votre circuit de la récompense ou circuit de la motivation. Ce sera plus fort que vous et vous ne réfléchirez pas à votre réaction.

Dans ces deux exemples, votre corps a une influence primordiale. Vous percevez quelque chose d’une manière auditive ou visuelle et votre corps réagit en fonction des stimuli et des concepts associés:

  • Un bruit fort et inattendu qui peut être une source de danger.
  • Un objectif atteint et une récompense obtenue.

Nous sommes créés ainsi. Nous voyons tout un panel d’émotions traverser Jésus-Christ au cours de son incarnation terrestre. Il est resté parfait et dans une obéissance active nécessaire à l’accomplissement de la Loi de Dieu pour notre Salut.

Mais du coup, quelle différence y a t-il avec nous? Jésus-Christ, par son union hypostatique (100% homme, 100% Dieu) n’avait point de péché en lui. Au travers des émotions, nous pouvons dégager deux points.

Une émotion n’est pas nécessairement un péché volontaire

Une émotion est une réaction physiologique. C’est un réflexe de ton corps pour t’informer de quelque chose. Les émotions sont comme les lumières sur ton tableau de bord. Elles t’indiquent la présence d’une perception qui n’est pas anodine et qui possède une signification pour toi.

Cependant, c’est ton « programme interne » qui va les gérer. C’est comme la programmation d’une voiture, qui, suivant différents niveaux, va t’indiquer comment gérer les informations lumineuses qui apparaissent devant toi. Face à un braqueur qui tient un pistolet armé devant tes yeux, tu pourras toujours te répéter de ne pas avoir peur, ce n’est pas cela qui va empêcher ton corps d’activer toutes les commandes liées au stress et à la peur.

Les émotions ont des influences sur notre cœur. Elles ne sont pas neutres pour autant et nous orientent vers des situations ou des choses (j’utilise volontairement ce mot générique, car ça peut être tout) qui peuvent se révéler être des péchés.

Pour reprendre les différents exemples:

  • Vous explosez de joie en découvrant les résultats de votre examen, et vous allez direct dans un bar vous bourrer la gueule pour « fêter cela ».
  • Vous sursautez de peur lorsque la porte claque, et vous réalisez qu’un membre de votre famille l’avait mal fermée: vous pestez de colère contre lui en lui criant dessus, voire en l’insultant.

Nos émotions sont de puissants vecteurs. Elles ne sont pour autant jamais un prétexte ou une justification pour pécher. Nous pouvons avoir un « caractère » plutôt colérique; il ne sera jamais une justification comme celle que l’on peut entendre parfois: « Mais tu sais bien, c’est dans son caractère/sa personnalité »…

Nos émotions sont corrompues par le péché

Le péché a rempli l’univers, et nos émotions ne font pas exception. Comme je l’ai exprimé précédemment, elles proviennent de notre corps qui est voué à la mort. Il est imparfait, se développe dans un monde qui le malmène et qui l’altère d’une manière profonde. Nous pouvons être certains qu’en Eden ou au paradis, il n’y aura plus aucun cancer ni crise cardiaque (en supposant que notre futur corps glorifié soit similaire à celui que nous avons, ce qui reste un silence biblique).

Par conséquent, nos émotions seront régulées d’une manière parfaite, adaptées et justes en toutes circonstances. La nature pécheresse de nos émotions n’est pas tant dans l’action volontaire (puisqu’elles ne le sont pas), mais dans la justesse de leur déclenchement.

Nous ne devrions pas être stressés avant un examen ou une prédication bien préparés: le danger n’est pas mortel et la souveraineté de Dieu est totale sur l’un comme sur l’autre. Pourtant notre corps, par différents moyens, va probablement nous alerter.

Le défi de la vie chrétienne n’est pas d’anéantir le stress. Il serait compliqué d’extraire nos glandes surrénales et notre système limbique. Le défi pour notre sanctification réside dans les choix que nous faisons. Allons-nous obéir à Dieu ou succomber aux désirs qui peuvent apparaître pour soulager certaines émotions ou en maintenir certaines?

Celui qui est lent à la colère vaut mieux qu’un héros, et celui qui est maître de lui-même, que celui qui prend des villes. – Pr 16.32

Nos émotions disent quelque chose de notre vision biblique du monde

Nos émotions sont des panneaux indicateurs qui renvoient à notre rapport au monde. Certains verront une souris blanche comme insignifiante alors que pour d’autres, ce sera un objet de terreur. Certains considèreront les interactions sociales comme naturelles alors que d’autres y verront des lieux d’insécurité.

Le changement de nos émotions n’est pas quelque chose de rapide, ni systématique. C’est généralement un processus long de maturation. Cependant, Dieu nous appelle d’abord à l’obéissance dans les défis que sont nos émotions. Notre intégrité face à ce que nous ressentons ne vient pas de nulle part; elle vient de ce que nous croyons. Si nous croyons que l’alcool est le seul refuge pour dans notre malheur, alors nous nous en contenterons. Si nous croyons que la carrière professionnelle et un compte en banque bien rempli sauront nous sauver face au monde, alors nos émotions associées nous tourneront vers eux.

Nous ne serons jamais délivrés de ces engrenages, et ce jusqu’à la fin de notre existence. Mais nous pouvons travailler notre obéissance afin de produire de bonnes œuvres. Nous pouvons cultiver notre connaissance de Dieu afin de changer notre vision du monde, et de croire en la vérité de la Parole. Nous pouvons nous encourager les uns les autres dans l’Église locale afin de tenir bon dans ce combat interne. Jésus-Christ ayant tout accompli dans son incarnation pour notre salut, notre obéissance ne revêt plus aucun légalisme, mais bel et bien un désir de proclamer la gloire de Dieu.

Pour aller plus loin:

Samuel Laurent

Chrétien et psychologue, Samuel est marié à Pauline depuis 17 ans et ont trois enfants. Ils ont créé l’association « La Boussole » avec laquelle ils proposent des formations en accompagnement biblique à l’intention des églises locales. Il est étudiant à la Faculté de Théologie Jean Calvin.

La question de l’accompagnement/counseling biblique est la principale raison de leur présence sur TPSG. ils souhaitent développer et partager leur vision biblique du monde autour de l’accompagnement, de la psychologie et des problématiques du cœur humain.

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