Dans sa déclaration à l’Assemblée nationale en 1974, Simone Veil disait: "L’avortement doit rester une exception, l’ultime recours pour des situations sans issue [...] Mais comment le tolérer sans qu’il perde ce caractère d’exception, sans que la société paraisse l’encourager? Je voudrais tout d’abord vous faire partager une conviction de femme – je m’excuse de le faire devant cette assemblée presque exclusivement composée d’hommes: aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l’avortement. Il suffit d’écouter les femmes." Ce discours est très éloigné des mouvements féministes militant qui ont renversé l’esprit de la loi sur l’avortement en faisant de l’IVG la règle et la naissance, l’exception.
Peu de femmes ayant eu recours à une IVG ont le courage de partager leur expérience. Lorsqu’elles le font, elles partagent souvent trois choses: l’angoisse générée par la nouvelle d’une grossesse, l’incapacité à se projeter avec un enfant, et les conséquences post-avortement. Je me souviendrai toujours de cette femme d’un âge avancé, qui m’a raconté l’avortement clandestin et barbare qui l’a marqué à vie. Ce n’est pas un acte anodin, et ça ne le sera jamais. Si aujourd’hui, je prends la plume pour écrire sur un sujet aussi grave, c’est parce qu'il concerne beaucoup de femmes et que ce sujet est peu abordé.
En France, une grossesse sur quatre est interrompue et je ne pense pas que les avortements dits "de confort" pèsent lourd dans la balance. Un mariage qui bat de l’aile, des difficultés parentales importantes, des problèmes financiers majeurs, une dépression ou la survenue d’une maladie, un temps de deuil, sont autant de raisons qui poussent les femmes, chrétiennes ou non, à considérer cette grossesse inattendue comme une difficulté insurmontable. N’étant pas en mesure d’exprimer le sentiment de confusion et d’angoisse que génère cette grossesse, ces femmes partent en quête de soulagement. L’avortement a été légalement encadré en France pour répondre à ces problématiques et aider les femmes à retrouver de l’apaisement. Est-ce réellement efficace? Peu d’études sont disponibles sur ce sujet.
À la lecture d’une thèse rédigée par un médecin, on constate que les femmes qui partagent leur expérience ne peuvent affirmer que l’avortement a résolu tous leurs problèmes. Bien que le soulagement soit là pour certaines femmes, la culpabilité, l’anxiété et la tristesse sont aussi présents pour bon nombre d’entre elles. La honte se mêle parfois aux regrets. Quelle alternative pouvons-nous proposer à ces femmes désespérées? Quel est le message que la Bible contient pour elles?
Agar est l’une des femmes de la Bible qui a expérimenté le désespoir. Elle sera chassée à deux reprises loin de Sara et Abraham (Genèse 16 et Genèse 21). La première fois, Agar fuit les maltraitances de sa maîtresse et se retrouve seule, enceinte, au bord d’un puits situé au milieu du désert et certainement en proie à de grandes angoisses. Dieu vient vers elle, prend le temps d’écouter ses craintes et l’encourage à retourner d’où elle vient. Dieu l’assure de sa présence et il va la bénir.
Elle dira en Genèse 16.13: "Tu es El-Roï, le Dieu qui me voit." Le puits où Agar se trouvait a pris le nom de cette merveilleuse révélation par "puits du Vivant qui me voit" (Gn 16.14). Agar n’était pas seule dans sa situation désespérée, et cela l’a aidée à surmonter son affliction et à retourner vivre avec sa maîtresse.
Agar sera définitivement chassée loin de Sara et Abraham quand l’enfant sera plus grand et elle se retrouve là encore dans un autre désert, avec ses ressources d’eau épuisées. Son désespoir sera si grand qu’elle ne trouva pas d’autre choix que d’attendre la mort et celle de son fils. Dieu va entendre les cris de l’enfant et envoyer son ange pour secourir Agar. Il lui ouvrit les yeux et Agar aperçut un puits et pu reprendre sa route, assurée de la protection de Dieu.
De la même manière que Dieu a vu et entendu le désespoir d’Agar. Dieu voit et entend chaque femme qui souffre, quand bien même sa situation paraisse inextricable. Dieu n’est pas seulement le bon conseiller d’Agar, il va s’engager à ses côtés, l’accompagner et la protéger alors qu’elle portait un enfant illégitime et qu’elle était tout en bas de l’échelle sociale de son époque. Ce Dieu sauveur et protecteur est la meilleure alternative pour les femmes enceintes désespérées. J’aimerais vous parler d’autres femmes désespérées qui ont fait un choix défiant toute logique humaine.
Stanislawa Leszczynska était une femme polonaise catholique. Elle a été déportée au camp d’Auschwitz avec sa fille en 1943. Sage-femme de profession, elle sera préposée aux accouchements de milliers de femmes enceintes dans ce terrible camp de concentration. Être enceinte à Auschwitz était probablement le pire contexte envisageable. Entre le docteur Mengele qui menait des expériences traumatisantes sur elles, le crématoire promis aux femmes avec leur nouveau-né, aux bébés donnés en nourriture aux rats obèses et à ceux livrés au supplice de la noyade que leur infligeait Klara Schwester, tout ce qui entourait la naissance était d’une cruauté sans nom. En refusant d’obéir aux ordres de Mengele, Stanislawa a procédé à 3000 accouchements en près de 2 ans.
Si des femmes déportées, malnutries et déshumanisées ont pu mener leur grossesse à terme dans le pire des endroits au monde pour quelques secondes de vie, ce n’est pas parce qu’elles étaient plus fortes que celles qui vivaient à l’extérieur du camp, ni que nous, citoyenne du 21ᵉ siècle. C’est parce qu’elles étaient animées par un espoir. L’espoir de voir leur bébé, même quelques secondes. L’espoir de l’appeler par leur nom. L’espoir que la guerre se termine avant. L’espoir que l’enfant soit épargné. L’espoir que la vie soit plus forte que la mort dans cet antre apocalyptique. Ces femmes auraient eu toutes les bonnes raisons du monde de baisser les bras, mais elles ne l’ont pas fait parce que leur amour pour la vie et l’étincelle d’espoir qui était en elle à surpasser leur peur et mis à terre leur désespoir. Cette histoire m’enseigne que pour affronter nos plus grandes peurs, nos forces sont inutiles, seul l’objet de notre espoir est suffisant.
Mesdames, si votre grossesse vous plonge dans ce genre de désespoir, allez en parler à une amie de confiance. Parler de ses peurs et de son désarroi est la première étape pour les terrasser. Priez avec elle pour que le Seigneur vous accorde de voir les choses avec son regard et qu’il nourrisse votre foi et votre espérance en lui.
Car nous n’avons pas un souverain sacrificateur qui ne puisse compatir à nos faiblesses, au contraire, il a été tenté comme nous en toutes choses, sans commettre de péché.
Hébreux 4.15.
Peut-être, faites-vous partie des femmes qui ont acheté l’une des pilules du lendemain ou pratiqué une IVG et que les regrets sont bel et bien là. Quand on est face aux remords, il est bon d’aligner notre tristesse avec celle de Dieu.
La tristesse conforme au plan de Dieu produit un changement de comportement qui conduit au salut, sans qu’on ait à le regretter.
2. Corinthiens 7.10
Dans mon prochain article sur cette mini-série, je détaillerai un peu plus les arguments bibliques en faveur d’une grossesse menée à terme. J’espère que ces éléments aideront celles et ceux qui sont englués dans les regrets, à expérimenter cette tristesse selon Dieu et à s’approcher avec confiance d’un Dieu bon et souverain qui relève ceux qui trébuchent.
Mais lui, il était blessé à cause de nos transgressions, brisé à cause de nos fautes: la punition qui nous donne la paix est tombée sur lui, et c’est par ses blessures que nous sommes guéris.
Ésaïe 53.5.
Qu’en ce jour de Pâques, le prix du sacrifice de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ puisse guider nos choix et animer nos cœurs.
webinaire
Si Dieu est bon, pourquoi autant de mal?
Découvre le replay de ce webinaire de Guillaume Bignon, enregistré le 11 décembre 2018, qui traite de la souveraineté et la bienveillance de Dieu.
Orateurs
G. Bignon