Comment réagir comme Jésus face à l'avortement?

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Je ne sais pas s'il existe de sujet plus tabou dans l'Église que celui de l'avortement. Comme si, de toute évidence, aucun chrétien n'était concerné par ce péché. Chaque année, des milliers de femmes interrompent volontairement leur grossesse. Parmi elles, se trouvent des femmes chrétiennes. Nous ne pouvons pas rester insensibles à cela, mais surtout, nous ne devons pas partir en guerre contre elles. Comment pouvons-nous agir, à l'image de Christ, envers ces femmes?

1. Jésus est venu accomplir la loi

Le verset de Matthieu 5.17 rapporte les mots mêmes de Jésus. Il est venu pour accomplir la loi, c’est-à-dire que sa vie entière confirme pleinement la loi de Dieu. Que dit la loi en matière d’IVG?

Très peu de textes bibliques font référence à l’avortement. L’un des textes les plus souvent avancés est celui d’Exode 21.22-25. Dans le livre intitulé L’avortement, James K. Hoffmeier fait une analyse assez complète de ce passage et conclut ainsi:

Une étude approfondie de ce texte révèle que Dieu porte intérêt à la vie de la mère et du fœtus dans le cas où un dommage pourrait leur être causé. Nous pensons que c’est là le texte de l’Ancien Testament le plus important à propos de la vie de l’enfant à naître, car il montre clairement que Dieu lui attache une grande valeur. Nous en avons conclu que ce texte règle la question de savoir si le fœtus est une personne: il est considéré comme une nephesh porteuse de l’image de Dieu.

Un enfant à naître est une personne. La Bible confirme à plusieurs reprises que la vie est d’une importance capitale aux yeux de Dieu, qu’il est lui-même le créateur de la vie (Gn 1), et qu’il connaît les êtres humains avant qu’ils ne viennent au monde (Ps 139). Jésus lui-même s’est sacrifié pour le salut de l’humanité. Sans aucune ambiguïté, nous pouvons affirmer que l’avortement est un péché. Un péché contre le Dieu de l’univers.

En tant que disciples de Jésus, nous sommes invités à réfléchir à la lumière des Écritures. Or, trop souvent, le sujet de l’avortement déchaîne les passions. Peut-être parce que nous avons besoin de savoir que d’autres commettent des péchés plus graves que nous. Cela nous rend meilleurs alors que nous sommes tous de piètres pécheurs. Dans nos croisades contre l’IVG, il n’est pas toujours certain que ce soit le Saint-Esprit qui nous anime. Nos sentiments prennent le dessus et nous gouvernent. Je ne crois pas que Jésus serait parti en guerre contre l’avortement, ni qu’il aurait été à la tête d’une grande manifestation pour que le délai de recours à l’IVG ne soit pas allongé. Il a vécu lui aussi dans une société qui était loin d’être sainte et parfaitement conforme à la loi de Dieu.

Face à la femme prise en flagrant délit d’adultère (Jn 8.1), Jésus a confirmé la loi en affirmant que cette femme avait mal agi. Nous pouvons, nous aussi, affirmer que l’avortement est un péché. Mais Jésus ne s’est pas arrêté là, et nous ne pouvons pas simplement nous contenter de dire que l’IVG est un péché. Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs (1Tm 1.15) et pour donner sa vie pour eux. En tant que chrétien, nous avons un rôle à jouer auprès de ceux qui pratiquent l’avortement.

2. Jésus était ému de compassion

À plusieurs reprises dans les évangiles, nous voyons que Jésus était ému de compassion: devant une foule qui a faim (Mt 9.36), face à une mère qui vient de perdre son enfant (Lc 7.13), près d’un lépreux le suppliant de le guérir (Mc 1.41). La souffrance provoquait chez Jésus un élan d’amour et de sainte pitié incommensurable.

Il me semble qu’en matière d’IVG, les chrétiens n’ont pas de compassion pour les femmes, car ils ne voient pas leur souffrance. Ils les perçoivent comme des meurtrières, agissant pour leur confort personnel et n’ayant pas conscience de la gravité de leurs actes.

La réalité est pourtant bien différente. En France, près d’une femme sur 3 a eu recours à une IVG au cours de sa vie1. C’est plus de 30% des femmes, et ce chiffre est en constante augmentation depuis plusieurs années. Pourquoi tant de femmes ont-elles recours à l’IVG?  Un avortement est un acte intentionnel qui, au même titre que le suicide, est souvent la seule issue possible pour mettre un terme à une souffrance. Derrière une femme qui souhaite interrompre une grossesse, il y a une histoire, et cette histoire implique souvent un homme. Une étude2 a montré que 73% des femmes dans le monde, ayant avorté entre 2010 et 2014, étaient mariées ou en couple. Il serait aussi opportun d’ouvrir notre entendement au fait que les hommes sont tout aussi concernés par la problématique de l’avortement.

Si je vous partage ces chiffres, c’est aussi pour que nous puissions faire naître de la compassion dans nos cœurs envers ceux qui pratiquent l’avortement. Compatir, ce n’est pas cautionner, c’est supporter les souffrances de l’autre et apporter la lumière de l’Évangile dans une pièce pleine d’obscurité.

3. Jésus pardonnait les péchés

En Luc 7.36-50, nous voyons Jésus qui se laisse approcher par une femme pécheresse alors qu’il est dans la maison d’un pharisien nommé Simon. La femme lave les pieds de Jésus avec du parfum et cela met un malaise dans la pièce. Jésus donne une petite explication à Simon qui devrait avoir du sens pour nous aujourd’hui: celui à qui l’on pardonne beaucoup aime beaucoup (Lc 7.43).

Ceci est un encouragement pour tous les pécheurs qui pleurent sur leur péché et qui connaissent leur grand besoin d’être pardonné. Une femme qui a péché en avortant a besoin du même Jésus qui vit encore aujourd’hui, de ce roi qui pardonne les péchés. En étant bien accompagnée, elle pourra alors identifier les fausses croyances, les erreurs et autres mauvaises raisons qui l’ont conduite à agir contre la volonté de Dieu. Elle pourra alors, avec l’aide du Seigneur, progresser dans la sainteté et marcher dans la paix.

Que ferait Jésus à ma place? Voilà une question que je me pose souvent. Face à des sujets comme l’avortement, je vous invite à vous la poser. Elle vous aidera à progresser dans votre ressemblance à Christ et à fuir les attitudes orgueilleuses, les discours culpabilisateurs et la religiosité.


1. Source: Le Figaro, publié le 15/1/2015.
2. Étude réalisée en 2016. Source: The Lancet [anglais].

Aurélie Bricaud

Aurélie est engagée dans un ministère auprès de la jeunesse depuis 2008. Après s’être formée en théologie et à l'accompagnement biblique, elle souhaite encourager les chrétiens à mieux comprendre l'Évangile pour le mettre en pratique dans tous les domaines de leur vie. Elle est mariée à Sylvain, et maman de 2 enfants. Ensemble, ils dirigent Teen Ranch, un centre de vacances chrétien située en France. Depuis mai 2021, elle coanime le podcast Chrétienne, avec Angie Thornton.

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