Aujourd'hui, je poursuis ma série sur la constitutionnalisation de l'IVG qui a eu lieu le 8 mars dernier en France. Dans ce billet, j'aimerais présenter les principes bibliques qui démontrent que l'avortement est un acte contraire à la volonté de Dieu.
En tant que chrétiennes, nous ne devrions ni résumer l'avortement à un simple péché, au risque d’en minimiser ses conséquences spirituelles, ni en faire un crime impardonnable. Nous avons besoin de comprendre de quelle manière cela offense Dieu et de connecter les vérités bibliques au tiers des femmes françaises qui sont concernées.
Dans notre monde séculier, nous voyons souvent la grossesse comme le résultat d'une relation sexuelle. Pourtant, force est de constater que bon nombre de couples désespèrent à l'idée de donner naissance à un enfant, et que toutes les fécondations in vitro n'aboutissent pas comme ils le souhaiteraient. Plusieurs paramètres rentrent en ligne de compte pour que la procréation soit effective. La volonté des hommes ne suffit pas pour créer la vie. Le chef d'orchestre qui commande le début du processus de vie est et sera toujours Dieu. Le psalmiste avait cette perception quand il a dit:
C'est toi qui as formé mes reins, qui m'a tissé dans le ventre de ma mère.
Psaumes 139.13
Dieu est le Créateur de la vie et il conçoit minutieusement chaque vie humaine selon sa bonne volonté. Il n'y a que la puissance créatrice de Dieu qui peut concevoir des êtres aussi complexes, que des siècles de médecine n'ont pas encore réussi à en percer tous les mystères.
Ainsi, nous ne devrions pas dire “je suis enceinte”, mais plutôt: “Dieu, dans sa grâce, me donne un enfant.” En Genèse 4.1, Ève s'exprime ainsi pour la naissance de son premier fils: “J'ai donné vie à un homme avec l'aide de l'Éternel.” Elle a reconnu ainsi la main de Dieu dans le déroulement de sa grossesse. Nous ne devrions pas non plus dire: “Nous n'arrivons pas à avoir d'enfant”, mais: “Dieu, dans sa grâce, ne nous permet pas d'avoir d'enfant.” Saraï a déclaré que l'Éternel l'avait rendue stérile en Genèse 16.2. Elle comprenait que son impossibilité d'être enceinte dépendait de la volonté de Dieu.
En créant la vie, Dieu nous invite à nous émerveiller de l'œuvre de ses mains et à contempler le mystère de sa grâce. Ce n'est pas nous qui faisons des enfants, mais Dieu qui fait des enfants en nous. Nos fœtus sont sa création. Chaque grossesse est un miracle divin, un don de Dieu, une grâce mystérieuse. L'Ecclésiaste nous dit que “tout ce que Dieu fait durera toujours sans qu'on puisse ajouter ou enlever quoique ce soit, et que Dieu agit de cette manière afin qu'on éprouve de la crainte devant lui”. (Ec 3.14). Tout ce que Dieu fait lui appartient et cela devrait nourrir un amour grandissant pour un Dieu si merveilleux.
Pourquoi cette vérité est-elle si fondamentale pour traiter la question de l'IVG? Parce que nos comportements découlent inévitablement des croyances profondément ancrées en nous. Si nous voyons une grossesse comme le résultat d'un acte purement humain, nous l'accueillons selon la chair, c'est-à-dire avec un cœur sec et orgueilleux. Si nous percevons, dans la survenue d'une grossesse, l'œuvre incontestable de la main de Dieu, alors nous l'accueillerons selon l'esprit, c'est-à-dire avec crainte et reconnaissance.
Quand nous embrassons cette vision biblique de la procréation, nous comprenons qu'un avortement est un véritable affront envers Dieu. Il exprime un refus de recevoir une grâce divine imméritée. Interrompre volontairement une grossesse n'est donc pas un acte spirituellement anodin. C'est une rébellion.
La vie humaine revêt un caractère sacré dans les Écritures. En Genèse 1, nous voyons que la création d'Adam et Eve a quelque chose de spécial:
Dieu créa l'homme à son image, il le créa à l'image de Dieu. Il créa l'homme et la femme. Dieu les bénit et leur dit: Reproduisez-vous, devenez nombreux, remplissez la terre et soumettez-la!
Genèse 1.27-28
En tant qu'être humain, nous avons le privilège de porter l'image de Dieu, chacun, d'une manière unique. Qu'est-ce que cela implique concrètement? En façonnant l'homme et la femme à son image, Dieu appose en quelque sorte sa signature sur chacune de ses créatures. Il nous donne ainsi:
Lorsque Dieu produit la vie in utero, tout ce processus est déjà enclenché. Un embryon est un être humain en devenir. Il est vivant et porteur de l'image de Dieu en lui. Ce n'est pas parce qu'il n'est pas encore viable, qu'il n'est pas né, que sa vie ne compte pas pour Dieu.
Les passages d'Exode 21. 22-25 et de Luc 1.39-45 vont éclairer nos lanternes sur la manière dont Dieu considère une grossesse.
Si des hommes se querellent, et qu'ils heurtent une femme enceinte, et la fassent accoucher, sans autre accident, ils seront punis d'une amende imposée par le mari de la femme, et qu'ils paieront devant les juges. Mais s'il y a un accident, tu donneras vie pour vie, œil pour œil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied, brûlure pour brûlure, blessure pour blessure, meurtrissure pour meurtrissure.
Exode 21.22-25
Ce passage évoque la conduite à tenir dans le cas où deux hommes heurteraient malencontreusement une femme enceinte lors d'une dispute. Le premier cas de figure est celui qui ne provoque pas de dommage, mais qui provoque un accouchement prématuré. Une amende permet de réparer le préjudice commis.
Dans le deuxième cas de figure, un accident est avéré et la loi du Talion doit s'appliquer. Cette loi (Lv 24.19-20) était destinée à limiter la sanction à une peine équitable à la perte subie. Dans le passage d'Exode, si la mère ou l'enfant est blessé mortellement, alors, il faudra rendre vie pour vie. Ce qui est assez troublant dans ce passage, c'est qu'il est question d'une peine capitale infligée à l'auteur des faits pour un acte qu'il commet involontairement. Si nous lisons un peu plus tôt en Exode 21.12-14, nous remarquons qu'en cas d'homicide involontaire, le coupable pouvait bénéficier de la protection d'une ville de refuge (Nb 35.6-24).
La question qui découle donc de ces deux passages situés dans le même chapitre est la suivante: Pourquoi la loi du Talion s'applique en cas de blessures provoquées involontairement à une femme enceinte ou au fœtus? Parce que la vie humaine en cours de développement revêt plus d'importance que l'objet d'une querelle entre deux hommes. Ce qui se passe dans le ventre de cette femme enceinte devrait freiner leurs ardeurs. Une femme enceinte est vulnérable et l'enfant qu'elle porte est digne de la protection maximale prévue dans la loi de Dieu. Bien que ce texte d'Exode ne parle pas explicitement de l'avortement, il souligne la valeur inestimable de la vie humaine dès le stade embryonnaire.
Dans ce même temps, Marie se leva, et s'en alla en hâte vers les montagnes, dans une ville de Juda. Elle entra dans la maison de Zacharie, et salua Elisabeth. Dès qu'Elisabeth entendit la salutation de Marie, son enfant tressaillit dans son sein, et elle fut remplie du Saint-Esprit. Elle s'écria d'une voix forte: tu es bénie entre les femmes, et le fruit de ton sein est béni. Comment m'est-il accordé que la mère de mon Seigneur vienne auprès de moi? Car voici, aussitôt que la voix de ta salutation a frappé mon oreille, l'enfant a tressailli d'allégresse dans mon sein. Heureuse celle qui a cru, parce que les choses qui lui ont été dites de la part du Seigneur auront leur accomplissement.
Luc 1.39-45
Marie, la fiancée de Joseph, vient de recevoir la visite d'un ange pour lui annoncer qu'elle serait enceinte par la puissance du Saint-Esprit et qu'elle donnerait la vie à Jésus, le Fils de Dieu. L'ange lui apprend que sa cousine Elisabeth est également enceinte, malgré son grand âge. Marie va donc rendre une visite à sa cousine et Luc nous dit qu'à l'instant où Marie à salué Zacharie, son mari, son enfant tressaille et elle est remplie du Saint-Esprit.
Dans ce passage, j'aimerais souligner que le Saint-Esprit agit premièrement dans le fœtus qui tressaille d'allégresse, puis en Elisabeth qui va prophétiser sur la grossesse secrète de Marie. Pourquoi Luc a pris soin de mentionner ce qui se passe dans le ventre d'Elisabeth? En tant que médecin, il était aguerri à la réalité de la vie intra-utérine. Pour autant, ce qu'Elisabeth et Marie ont vécues dans ces quelques minutes nous montrent que Dieu s'est manifesté en Esprit à travers un fœtus. Il n'y a aucun doute à ce sujet. Ce passage nous éclaire sur la présence indiscutable de Dieu dans la vie d'un fœtus.
Nous pourrions également parler des passages bibliques qui soulignent l'importance capitale de la vie d'une personne née et les différentes injonctions données pour préserver sa vie (Ex 20.13, Dt 19.10, Za 7.10, Mt 18.6, Rm 1.29, Jc 2.11). Nous arriverions à la conclusion que dans la Bible, la vie d'un enfant à naître est mise sur le même plan d'importance et de dignité que la vie d'une personne née.
Comme je l'ai déjà mentionné, il n'y a rien de plus important qu'une vie humaine pour Dieu, qu'elle soit en devenir ou déjà née. Si nous pouvions promouvoir de manière plus intentionnelle une vision biblique de la vie humaine, nous aiderions des milliers de chrétiennes à mieux discerner la volonté de Dieu pour elles-mêmes et pour l'enfant qu'elles portent.
Ces considérations m'amènent à proposer une définition biblique de l'avortement:
Un avortement est un acte de rébellion au Dieu créateur qui a initié par grâce une nouvelle vie humaine porteuse de son image.
Si vous vous êtes rebellée et que le Saint-Esprit vous convainc de revenir à Dieu pour jouir d'une pleine réconciliation, je voudrais vous encourager à persévérer dans cette voie. Dieu a toujours les bras grands ouverts pour les enfants qui désirent revenir à lui.
La parabole du fils perdu (Lc 15. 11-32) nous montre un bel exemple de repentance de la part de quelqu'un qui a mené une joyeuse vie mondaine, loin de Dieu. Lorsque le fils médite sur sa vie, et prend conscience qu'il a dilapidé sa part d'héritage, il dit:
J'irai vers mon père et je lui dirai: Mon père, j'ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne d'être appelé ton fils, traite-moi comme l'un de tes ouvriers.
Luc 15.18-19
Cet homme a compris que ses mauvais choix étaient une forme de rébellion au projet de vie que son père, qui symbolise Dieu, voulait pour lui et qui était, de loin, la meilleure vie qu'il pouvait vivre. Le fils perdu nous livre ici la clé d'une repentance authentique. Le problème n'est pas qu'il a gaspillé sa part d'héritage, mais qu'il s'est détourné de son père et cela le rend triste d'une juste tristesse. Il ne va pas pleurer l'argent qu'il a perdu, mais la déception que cela a suscité chez son père. C'est ce que Paul explique:
La tristesse selon Dieu produit une repentance qui conduit au salut et que l'on ne regrette jamais, tandis que la tristesse du monde produit la mort.
2 Corinthiens 7.10
La suite de la parabole nous raconte comment cette prise de conscience d'avoir offensé Dieu va conduire le fils vers l'un des plus beaux sauvetages. Alors qu'il est sur le chemin du retour, son père le voit et, émut de compassion, court à sa rencontre, l'embrasse. Mais sa joie ne va pas s’arrêter là. Il l'habille de ses plus beaux vêtements, lui met un anneau au doigt, lui offre des chaussures flambant neuves et organise un immense banquet pour que tout le monde se réjouisse de son retour. Voilà tout ce que Dieu fait lorsqu'un pécheur se repent avec sincérité. Il lui témoigne tout son amour, le relève, le rétablit, et invite tout le royaume à se réjouir.
La parabole du fils perdu et retrouvé nous a été donnée pour que nous prenions la mesure d’une repentance sincère. C’est une attitude qui comble Dieu et tout le ciel avec lui, d'une joie parfaite.
Notre Père céleste attend impatiemment que le rebelle capitule et s'abandonne à lui. Il est lent à la colère et riche en bonté, et “si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner et pour nous purifier de toute iniquité”. (1Jn 1.9). Son pardon est définitif et il ne peut y revenir, car comme il est écrit:
Autant l'orient est éloigné de l'occident, autant il éloigne de nous nos transgressions.
Psaumes 103.12
Ma prière est que celles qui souffrent des conséquences de leur rébellion puissent mieux comprendre les répercussions spirituelles de leur choix, afin d’entrer dans la réconciliation que Dieu leur offre en Jésus. Soyez encouragées à vous approcher de votre Seigneur et Sauveur.
webinaire
Droit de mourir? Une table ronde sur la fin de vie et l'euthanasie
Découvre le replay du webinaire du 27 septembre 2023 avec Thierry Le Gall, Directeur du Service pastoral du CNEF auprès des parlementaires, Vincent Rébeillé-Borgella médecin généraliste à Lyon et auteur du livre Un médecin face à la peur de la mort et Joël Favre, pasteur en région grenobloise et professeur d’éthique à l’Institut Biblique de Bruxelles ; ainsi qu’une invitée spéciale: Justine Gruet, députée du Jura.
Orateurs
T. Le Gall, V. Rébeillé-Borgella et J. Favre