La dernière fois, nous avons parlé d’ocytocine. Puisque nous sommes dans les neurotransmetteurs, je vous en propose un autre. Celui-ci est connu depuis très longtemps, presque un siècle. Il est impliqué dans la gestion des humeurs, du plaisir et de la douleur.
Dieu nous a créés avec un corps doté d’une chimie très complexe. Cette chimie nous assiste dans notre vie quotidienne, mais peut parfois la désorganiser. La demande de médicaments pour équilibrer cette chimie est fréquente. Voici quelques réflexions.
Le péché a corrompu notre corps. C’est sans doute un leitmotiv chez moi, mais c’est important de le comprendre. En effet, nos émotions, nos humeurs, nos comportements sont influencés par notre corps.
Le péché nous affectera jusqu’à notre mort. Cela inclut son impact sur notre taux de sérotonine. Toutefois, cela ne veut pas dire que nous sommes déterminés à pécher.
Voici un extrait d’un livre de Pascal Denault que j’ai beaucoup apprécié et qui évoque cette relation entre péché et maladie:
Toutes les maladies, qu’elles soient mentales ou physiques, sont la conséquence de l’entrée du péché dans le monde. Certains souffrent d’un handicap, d’une maladie ou de troubles mentaux à cause du péché qui est entré dans le monde. Il n’y a pas nécessairement de lien immédiat entre le péché d’un individu ou celui de ses parents et l’état spécifique de cette personne (Jn 9.1-3), bien que cela soit possible (Jc 5.14-16; 1S 16.14). Cependant, il y a un lien immédiat entre l’état général du péché dans le monde et les effets débilitants qu’il produit.
Nous sommes voués à travailler notre sainteté. Grandir en maturité spirituelle et ressembler à Christ sont des préoccupations constantes de notre vie chrétienne. Et si elles sont si prégnantes, c’est parce que ni notre maturité, ni notre ressemblance à Christ ne sont naturelles dans ce monde. Le péché est physiquement en nous et autour de nous. Notre corps ne sera jamais parfait sur cette terre, pas plus que notre sérotonine.
Les anti-dépresseurs peuvent agir sur les symptômes liés à la désorganisation de notre chimie. Ce sont des médicaments bien maîtrisés, ils vous apporteront sans doute un confort de vie avec des effets secondaires assez légers, voire inexistants.
Comme je l’ai dit précédemment, la sérotonine joue un rôle majeur, même si elle représente moins de 1 % de notre chimie. Agir sur le taux de sérotonine dans l’organisme peut sembler tout à fait pertinent. Cependant, j’attire votre attention sur les travers de notre époque.
Un grand défaut de notre psychiatrie contemporaine se situe, malheureusement, dans la neuropsychologie. Puisque nous attribuons à toute maladie un déséquilibre, nous élaborons des médicaments et des substances pour rééquilibrer ou corriger le dérèglement.
Aujourd’hui, nous mesurons les taux biologiques de nos émotions, notre stress, notre motivation, nos ressentis, nos pensées. Par conséquent, la médecine s’attache désormais à trouver des remèdes contre les symptômes physiques. Le monde séculier met l’être humain au centre de l’univers et cette quête frénétique d’une « zéro souffrance » a quelque chose d’idolâtre.
Mais ce que Dieu nous enseigne est différent.
Nous pouvons « tomber » malade pour d’innombrables raisons. La question de la maladie est très culturelle et historique, et a évolué au fil des siècles. Elle est toujours en rapport avec la venue du péché dans le monde.
La maladie peut venir d’un élément extérieur, comme la Covid-19. Cet exemple nous permet de considérer deux rapports au péché différents:
La maladie peut venir également d’un élément intérieur, comme un cancer. Là encore, il peut y avoir deux rapports au péché différents:
Dans les deux exemples, vous pouvez être victime ou auteur/victime du péché. Ce que Dieu nous demande est simple, c’est de nous repentir. La confession de notre péché est suivie d’un changement de comportement. La maladie est parfois souverainement donnée pour que notre cœur soit alerté sur notre état spirituel.
Des traitements peuvent être efficients dans les deux exemples. Le Doliprane peut soulager la souffrance liée à la Covid-19; la radiothérapie et la chimiothérapie peuvent guérir un cancer. Enfin, Dieu nous accorde le privilège, en France, de pouvoir être pris en charge dans les hôpitaux pour les formes les plus graves.
Cependant, dans les cas où la maladie est consécutive à nos comportements, la question de l’état de notre cœur et de notre propre rapport au péché devrait être posée. Et demeurer au centre de nos préoccupations et de notre réflexion.
La sérotonine est le neurotransmetteur principal sur lequel les médicaments agissent dans le cas de dépression ou de symptômes dépressifs. Allez voir votre médecin, dites-lui que depuis trois semaines, vous êtes triste, désespéré, et ne savez pas quoi faire d’autre qu’enchaîner des films et des séries sur Netflix. Soyez à peu près certain qu’il vous prescrira du …..étine ou …..pam, et vous conseillera d’aller consulter un psychologue.
Le médecin fait bien son travail. Il élabore dans sa tête un diagnostic différentiel pour arriver à un traitement. C’est tout à fait logique et rationnel. Les patients parfaitement matérialistes (rares, quand même) se contenteront des médicaments. Pour ceux qui ont une conception un peu plus élaborée de l’être humain, l’orientation d’un traitement « moral », comme l’a appelé Philippe Pinel au XIXe siècle, sera alors une seconde voie. Cela se traduira par un suivi psychologique.
En tant que chrétien, prendre un ISRS pour atténuer les symptômes de sa dépression ou améliorer son confort de vie n’est pas un problème. Cependant, nous pourrions rapidement oublier que ces symptômes révèlent l’état de notre cœur.
Nos émotions en disent long sur notre cœur. Elles peuvent, évidemment, traduire des schémas de pensée et des croyances structurées dans notre cerveau. Mais ces pensées et ces croyances traduisent, en tout état de cause, quelque chose de notre cœur.
Il leur dit alors: Mon âme est triste jusqu’à la mort; restez ici, et veillez avec moi.
– Matthieu 26.38
Dieu ne considère pas les tourments de Jésus-Christ comme un péché. La plupart des mécanismes que j’ai cités sont automatiques et échappent à la conscience. L’enjeu spirituel est de savoir ce que nous en faisons et pourquoi nous les entretenons.
Cependant, n’allons pas plus loin que la Parole. Jésus-Christ a manifesté sa colère à l’encontre des marchands du temple et sa réaction était juste. Néanmoins, nous constatons que la très grande majorité de nos colères sont issues de croyances erronées, de notre orgueil et de notre péché.
Concernant les émotions négatives liées à la dépression, ça peut également être le cas:
Ainsi, d’une maladie physiologique qui se matérialise par un déficit en sérotonine, entre autres choses (augmentation du cortisol, troubles du sommeil, de l’humeur…), nous dégageons une certaine vision du monde et une forme de théologie. La désorganisation de notre chimie peut souvent nous dévoiler l’état de notre cœur et de nos croyances.
Nos émotions ne sont que des icebergs, d’autres mécanismes se trament en nous. Elles sont des signaux lumineux sur notre tableau de bord et doivent nous alerter. Notre corps, même corrompu, a de bonnes ressources que Dieu nous accorde. Cependant, sa corruptibilité nous amène également sur des chemins plus sombres sur lesquels nous devons trouver les réponses aux cris de nos cœurs.
webinaire
Foi VS psychologie: un chrétien en psychothérapie?
Ce replay du webinaire de Samuel Laurent a été enregistré le 21 avril 2021. Découvre tous les webinaires TPSG par ici.
Orateurs
S. Laurent