L'oncle Screwtape (démon vétéran dans le livre de C.S. Lewis Tactique du diable) ne va pas être content. Tout allait si bien jusqu’à une récente erreur commise par un subordonné. Ce manquement menace maintenant de révéler la couverture de l’Adversaire dans un nombre croissant de villes américaines.
Ou peut-être que c’était approuvé par le Haut Commandement. Screwtape lui-même avait dit dans sa septième lettre:
J’ai bon espoir que nous apprendrons en temps voulu à saturer leur science d’émotions et de mythes à un tel point que ce qui, en réalité, est une croyance en nous (même s'ils n'usent pas d’une telle expression) s’insinuera tandis que l’esprit humain restera fermé à la foi en l’Ennemi. [...] alors, la fin de la guerre sera imminente.
Quoi qu’il en soit, les dés sont maintenant jetés. Des quotidiens américains rapportent que le "temple satanique", organisation basée à New York, s’étend vers Détroit. Et ce n’est qu’un début, car l’organisation a d’autres projets d’extension.
Mais ne vous laissez pas berner par le nom, les pentagrammes et les croix inversées. Cette petite secte ne croit pas du tout au surnaturel, mais seulement à un "concept littéraire et métaphorique" de Satan.
Ils sont essentiellement séculiers à la base (même s’ils ne le diraient pas de cette façon), et ils espèrent que le nom et les images vont pousser les croyants superstitieux que nous sommes à s’attendre à tout sauf à la réalité (comme le cannibalisme, les sacrifices humains et animaux, et le culte de Satan), pour ensuite révéler notre naïveté.
Le dirigeant local du Michigan, qui a pris le nom de "Jex Blackmore", déclare:
L’idée du sacrifice est spécifiquement d’apaiser un démon ou un dieu, et c’est une croyance surnaturelle à laquelle nous n’adhérons pas.
Fondé à New York en 2012, le temple satanique a fait son bout de chemin à travers le pays. Il agit comme un groupe religieux, cherchant à s’opposer aux croyants au surnaturel en général, et aux chrétiens en particulier. Ce groupe a revendiqué les droits du premier amendement de la Constitution (qui interdit qu’une religion ait le dessus sur une autre) en Floride et au Massachusetts, et cherche (naturellement) à bloquer l’accès à un monument dédié aux dix commandements en Oklahoma, exigeant qu’une statue satanique soit placée à côté.
En plus de ne pas croire au surnaturel, le groupe favorise "l’individualisme et l’équité", défend le libre choix et le féminisme, s’oppose aux "lois de consentement éclairé requérant que toute femme ayant recours à l’avortement reçoive certaines informations", et prévoit de proposer des cérémonies de "mariage" pour les personnes du même sexe.
Ce qui est révélateur, ce n’est pas tant ce que cette nouvelle version du "satanisme" dit de cette petite secte elle-même, mais ce qu’elle dit de son nombre croissant d’alliés idéologiques qui admettraient: “Je suis séculier et je le sais.” La grande ironie — et la gaffe qui ne fera pas plaisir à Screwtape, à moins que la stratégie n’ait changé — est le lien désormais explicite entre le "satanisme" et l’incrédulité face au surnaturel, le combat acharné pour le libre arbitre et le féminisme, l’avortement sans restrictions, et le prétendu mariage homosexuel.
Pour le Temple satanique, Satan n’est peut-être qu’un "concept littéraire et métaphorique", et ses adhérents s’imaginent pouvoir rire de nous lorsque nous voyons quelque chose de plus profond et véritablement diabolique à l’œuvre. Mais pour ceux d’entre nous qui croient au surnaturel et luttent contre les puissances, contre les autorités, contre les souverains de ce monde de ténèbres, contre les esprits du mal dans les lieux célestes (Ép 6.12), comment ne pas se demander: est-ce que Satan, s’il avait son mot à dire sur la société occidentale, agirait autrement que cela?
Nous aurions plutôt tendance à voir l’intervention de Satan dans les atrocités du nazisme, de l’État islamique, ou dans le culte démoniaque flagrant du "satanisme théiste". Mais, en y réfléchissant bien, nous pourrions être frappés, après réflexion, par le génie de la stratégie subtile de Screwtape. Peut-être que le temple satanique est désormais la faille dans l’armure de Smaug qui nous confirme à quel point la marche vers le sécularisme a été satanique dès le début.
Les démons pourraient-ils faire mieux, dans notre contexte actuel, que de nous convaincre que Satan et le surnaturel n’existent pas, que l’être humain peut lui-même choisir ce qu’il veut être, qu’il n’y a pas de complémentarité des genres, ou que l’avortement et le "mariage" homosexuel ne sont pas l’œuvre de l’Adversaire depuis le jardin d’Éden, visant à défaire les desseins de Dieu?
Le nouveau Temple satanique de Détroit n’a peut-être que vingt membres, mais les adeptes de cette idéologie ne sont pas aussi rares que nous pourrions l’espérer. Même si de nombreux séculiers et athées considèrent le Temple satanique comme rien de plus qu’un coup de pub bon marché, peut-être que cette nouvelle marque de satanisme nous offre un aperçu neuf de ce que signifie vraiment être séculier.
Nous ne devrions pas être trop surpris. Il nous a été dit que le monde entier est sous pouvoir du Malin (1Jn 5.19), que le dieu de ce siècle a aveuglé les pensées des incrédules (2Co 4.4). Peut-être que les démons sont directement derrière tout cela (1Co 10.20) ou peut-être que dans notre superbe éducation séculière, nous faisons le travail pour eux.
L’existence du temple satanique nous rappelle de ne pas laisser à Satan l’avantage sur nous, car nous n’ignorons pas ses desseins (2Co 2.11). La bataille continue alors que l’agenda progressiste progresse. C’est également un appel à ne pas nous plaindre (Ph 2.14) sur la perte d’un pays qui n’a jamais été le nôtre, mais à tenir fermement la parole de vie (Ph 2.16) de la perte d’un pays qui n’a jamais été le nôtre, mais d’être “porteurs la parole de vie” (Ph 2.16) et de mettre nos mains à l’ouvrage pour accomplir les desseins inévitables de Dieu de faire des disciples dans le monde (Mt 28.18-20).
Note de la rédaction: Dans une première version de cet article, nous avions traduit le terme anglais "secularism" par "laïcité". Après révision, nous avons constaté cette erreur et l’avons corrigée. Le terme "sécularisme" exprime plus fidèlement l’idée développée dans cet article, alors que la laïcité concerne principalement la séparation entre les institutions religieuses et l'État. Le sécularisme va plus loin en prônant une société dans laquelle la religion ne doit avoir aucune influence sur les décisions publiques.
Article publié pour la première fois le 19 octobre 2015, mis à jour le 24 septembre 2024.
webinaire
Politique et chrétien: que devons-nous attendre d’un gouvernement?
Découvre ce replay du webinaire de Thierry Le Gall et Florent Varak sur la question de l’engagement politique du chrétien, enregistré le 17 Février 2022.
Orateurs
F. Varak et T. Le Gall