Cette semaine, nous arrivons à la phrase « (Je crois dans) la sainte Église catholique, la communion des saints ».
« Wouah! » vous allez peut-être dire! Ceci n’est-il pas un blog évangélique? Il l’est certainement. Pourtant, une fois que j’aurai expliqué la signification de cette phrase surprenante, je suis convaincue que vous serez vous aussi d’accord avec cette affirmation.
La première chose que je dois faire est de définir les termes, et le premier est « sainte ». Pourquoi l’Église est-elle décrite dans le Credo comme sainte? Est-ce parce qu’elle est parfaite? Loin de là. Elle est profondément imparfaite, tout comme moi. Mais Christ est en train de transformer son Épouse, et cette œuvre de sanctification ne sera achevée que dans la gloire (Ép 5.25-27).
Pour beaucoup d’évangéliques, ce seul mot peut être une pierre d’achoppement dans l’adoption du Credo. Pourtant, « catholique » signifie ici simplement « universel ». Ainsi, dans le Symbole des Apôtres, nous ne confessons pas notre allégeance au pape, ni à l’Église Catholique Romaine, mais plutôt à la seule véritable Église universelle, composée des rachetés du monde entier et à travers les âges, dont le chef est Jésus-Christ. C’est pourquoi, lorsque de nombreux protestants récitent le Credo, ils utilisent le mot « universel » à la place de « catholique ».
Le terme Église est couramment utilisé de trois façons:
Il s’agit de tous les croyants depuis la Pentecôte, y compris les rachetés de toute nation, ethnie et langue (Ap 7.9-12). Nous faisons partie d’une magnifique tapisserie multiethnique, dont nous ne pourrons saisir toute l’étendue qu’au ciel.
Il s’agit de la structure dans laquelle les croyants se réunissent pour le culte collectif. Celui-ci peut varier, mais en fin de compte, le bâtiment n’a pas tellement d’importance. Après tout, nos frères et sœurs persécuté(e)s ne peuvent peut-être pas se réunir dans un bâtiment dédié, mais ce petit salon, enveloppé de rideaux pour que personne à l’extérieur ne les voit et où les chants sont chuchotés, est tout autant un lieu de culte que la structure imposante où un groupe établi de croyants se réunit en toute liberté et sécurité.
C’est à ce niveau que nous vivons la vie chrétienne en communauté. C’est là que nous investissons une grande partie de nos talents, de notre temps et de nos trésors. L’Église locale est l’endroit où nous donnons notre allégeance de manière pratique en devenant membres et en nous soumettant à ses dirigeants, acceptant ainsi d’être tenus redevables.
R.C. Sproul explique le mieux ce concept:
Le mot « communion » ne fait pas référence ici au sacrement de la sainte cène ou à celui de l’Eucharistie. Dans le symbole des Apôtres, « la communion des saints » signifie qu’il y a une communion, une fraternité qui rassemble tous les chrétiens du monde par le lien du Saint-Esprit. Cette communion transcende les frontières confessionnelles, géographiques et ethniques ainsi que les limites temporelles.
Si vous avez grandi dans la religion catholique comme moi, vous avez peut-être associé les saints aux personnes représentées par les statues, sur les vitraux et autres icônes. Enfant, on m’a appris à prier les saints (ainsi que Marie et les anges). Ils étaient la crème de la crème, ceux que le Vatican avait jugé dignes de vénération. Imaginez donc ma surprise lorsque je suis venue à la foi et que j’ai découvert que j’étais un saint, comme tous ceux qui ont été unis à Christ.
En outre, le contexte dans lequel le Credo a été composé, l’idée d’être saint signifiait que le corps de Christ, dans son ensemble, ainsi que ses membres, étaient sacrés, mis à part du monde. Ils devaient être le sel et la lumière dans un monde insipide et sombre (1 Pi 2.9).
Après avoir clarifié les termes de notre phrase, il est important de comprendre ce qu’ils signifiaient pour leur public d’origine.
Au 2ème siècle, l’émergence de fausses Églises a créé une grande confusion chez les croyants. Parmi elles se trouvaient les gnostiques, les marcionistes et les montanistes, qui prétendaient tous être la véritable Église de Jésus-Christ. Le Credo aurait fourni à ces saints assiégés une confession de foi qui leur aurait permis de distinguer la véritable Église de toutes les fausses qui surgissaient.
Une fois que nous avons compris le contexte dans lequel cette phrase est apparue, nous devons nous demander ce qu’elle signifie pour nous aujourd’hui. Je crois qu’à la lumière des changements que nous avons observés dans notre culture au cours de cette pandémie, la plus grande question qui vient à l’esprit est la suivante: Quel rôle l’Église doit-elle jouer dans la vie d’un croyant? Faut-il assister physiquement aux cultes pour être chrétien?
Voici quelques raisons pour lesquelles, dans le NT, il était impensable pour un croyant d’être détaché de l’Église locale:
Rich Mullins était un chanteur populaire chrétien connu pour le chant « Car Dieu est un Dieu puissant ». En réponse à l’objection ci-dessus concernant l’hypocrisie dans l’Église, il a dit ce qui suit:
Je n’ai jamais compris pourquoi aller à l’église faisait de toi un hypocrite, car personne ne va à l’église parce qu’il est parfait. Si tu as tout ce qu’il faut, tu n’as pas besoin d’y aller. Tu peux aller faire ton jogging avec toutes les autres personnes parfaites le dimanche matin… Chaque fois que tu vas à l’église, tu confesses à nouveau à toi-même, à ta famille, aux personnes que tu croises sur le chemin, aux personnes qui t’accueilleront là-bas, que tu n’as pas tout en main. Et que tu as besoin de leur soutien. Tu as besoin d’aller dans leur direction. Tu as besoin de redevabilité, tu as besoin d’aide.
Colin Hansen et Jonathan Leeman expriment bien ce point dans leur livre Redécouvrir l’Église locale:
Rendons grâce à Dieu pour la possibilité qu’il nous donne de « télécharger » des vérités bibliques virtuellement. Mais remercions-le pour le fait que la vie chrétienne est bien plus qu’un transfert de données. Lorsque l’Église n’a lieu qu’en ligne, nous ne pouvons pas sentir, expérimenter ou observer ces vérités incarnées dans la famille de Dieu, vérités qui non seulement fortifient notre foi, mais créent aussi des chaînes d’amour entre les frères et sœurs. L’Église virtuelle est un oxymore… Dieu a fait de nous des êtres physiques et relationnels. La vie chrétienne et la vie d’Église ne peuvent en aucune façon être téléchargées. Elles doivent être regardées, entendues, assumées et suivies. (v. 68-69)
Ces derniers mois de confinement intermittent m’ont appris que j’ai désespérément besoin de l’Église. J’ai besoin d’être régulièrement avec la famille de Dieu, même si cela me demande plus d’efforts que de suivre le culte depuis mon salon en pyjama. Mais tout ce qui vaut la peine exige des sacrifices. Alors que nous implorons Dieu de mettre rapidement fin à cette pandémie, prions pour que, le moment venu, nous trouvions l’Épouse de Christ plus forte et plus engagée que jamais dans le Grand Mandat.