Je vous propose d'explorer comment Paul fait face et tire des leçons de l'épreuve de "l’écharde" mystérieuse.
L’attitude de Paul est exemplaire pour nous. Elle nous fait méditer sur la manière dont notre divin médecin peut utiliser un mal pour nous guérir de maux plus grands.
L’Église de Corinthe était sous l’influence de faux apôtres qui la séduisaient pour la détourner de l’Évangile prêché par Paul. Ces hommes mettaient en avant leur pédigrée, leurs dons et leurs prétendues révélations tout en rabaissant Paul. Ce dernier refuse de tomber dans le débat puéril de la surenchère parce que, selon lui, il n’a rien à faire valoir. Contrairement à eux, il sait qu’il ne mérite rien.
Pourtant, l’Apôtre a été au bénéfice d’une grâce incroyable. Quatorze ans plus tôt, le Seigneur lui a offert une vision du Paradis. Elle a nourri son enseignement de l’Évangile et lui a permis de développer son ministère (2Co 12.1ss).
Mais avec ce don merveilleux, lui a été infligée une écharde.
Si je voulais me vanter, je ne serais pas déraisonnable, car je dirais la vérité, mais je m’en abstiens afin que personne n’ait à mon sujet une opinion supérieure à ce qu’il voit en moi ou à ce qu’il entend de moi. Et pour que je ne sois pas rempli d’orgueil à cause de ces révélations extraordinaires, j’ai reçu une écharde dans le corps, un ange de Satan pour me frapper et m’empêcher de m’enorgueillir.
2 Corinthiens 12.6-7
Beaucoup d’encre a coulé pour définir ce dont Paul souffrait. Probablement une maladie. L’apôtre utilise à dessein une métaphore, parce qu’il juge que nous pouvons profiter de son enseignement sans connaitre la nature de sa peine. En restant vague, il nous permet de nous identifier à lui.
L’origine de ce tourment est vraiment mystérieuse. Paul réunit l’impensable en une phrase “il m’a été mis (par le Seigneur)” et “un ange de Satan pour me souffleter”. Quel mystère!
Cela nous trouble, c’est bien normal!
Nous devons accepter la tension devant laquelle Paul nous place: Dieu a des raisons qui nous dépassent d’instrumentaliser Satan pour un bien supérieur.
La manifestation ultime de ce mystère est la croix: Satan est entré en Judas pour trahir Jésus. Mais la mort de Jésus est le plan de Dieu pour notre salut.
Oui, Satan peut nous attaquer directement pour nous faire souffrir. Mais Dieu sait l’exploiter mystérieusement pour un bien plus grand.
Jésus utilise le supplice de Paul pour produire trois fruits dans sa vie.
Paul répète deux fois en un verset pourquoi Jésus n’a pas retiré l’écharde:
Et pour que je ne sois pas rempli d’orgueil à cause de ces révélations extraordinaires… pour me frapper et m’empêcher de m’enorgueillir.
2 Corinthiens 12.7
L’apôtre risquait de penser que la réussite de son ministère venait de lui et s’attribuer la gloire qui revenait à Jésus. Ce faisant, Paul aurait ressemblé aux faux apôtres qui détournaient les Corinthiens de l’Évangile de Jésus-Christ.
L’orgueil pouvait détruire Paul. Idem pour nous. Notre orgueil est plus néfaste pour notre âme que nos épreuves.
L’orgueil est le plus grand danger de l’humanité. Il est à l’origine de temps de divorces, de divisions d’Églises, de crimes et de guerres. Il cause plus de souffrances et de morts dans le monde que tout autre chose…
L’orgueil est le péché qui nous pousse à chercher notre propre gloire au lieu de celle de Dieu et à rabaisser les autres pour qu’ils nous admirent. Ainsi, nos succès sont plus dangereux pour notre âme que nos échecs.
Nous sommes drogués à cette vanité. Le sentiment de mérite, et la sensation de supériorité qu’il produit en nous sont addictifs. Nous vivons donc en compétition avec les autres afin d’avoir raison, dans le but de passer pour celui qui sait tout, pour être le plus beau, pour obtenir plus de compliments, pour être le meilleur, pour être le plus fort, avoir plus de notoriété…
C’est pour cela que nous passons notre temps à nous comparer. Notre égo n’a qu’un objectif: créer la meilleure image de nous —même factice— en espérant recevoir des autres des louanges qui viennent conforter notre égo.
Plus le ballon de l’égo est gonflé, plus on se sent aimé, valorisé, admiré, estimé, méritant. Jésus prescrit donc à Paul une écharde qui le garde humble.
Il m’a dit: “Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse.” Aussi, je me montrerai bien plus volontiers fier de mes faiblesses afin que la puissance de Christ repose sur moi.
2 Corinthiens 12.9
La grâce de Jésus n’est pas qu’un sentiment. Elle est le bien que Jésus fait à Paul, mais qu’il ne mérite pas.
Si la grâce de Jésus envers lui est parfaite, c’est qu’elle est suffisante et qu’il ne manque rien à Paul. Le Seigneur n’a donc rien oublié d’offrir à Paul, il a même pensé à lui faire le don de l’écharde.
Elle est un instrument entre les mains du divin médecin. Par elle, il transforme la force charnelle, celle du péché, en force spirituelle, celle de l’humilité.
En d’autres termes, Jésus utilise le mal extérieur (l’écharde) pour délivrer Paul d’un mal intérieur (l’orgueil). Étant conscient de sa faiblesse, Paul voit la puissance de Christ agir en lui.
Souvent, nous pensons que notre Sauveur devrait enlever l’écharde pour notre bien, mais parfois, il l’ajoute pour nous enseigner à mourir à nous-mêmes. Jésus ne nous blesse que pour nous guérir. L’écharde de la grâce nous pousse au pied du trône de la grâce où Jésus nous relève et nous transforme par sa puissance.
Certaines choses ne s’apprennent que dans l’épreuve, d’autres ne se soignent que dans la souffrance.
C’est pourquoi je me plais dans les faiblesses, dans les insultes, dans les détresses, dans les persécutions, dans les angoisses pour Christ, car quand je suis faible, c’est alors que je suis fort.
2 Corinthiens 12.10
Contrairement aux pseudos apôtres, Paul souhaitait que les fruits de son ministère soient imputés à la puissance de Jésus en lui. Plus Paul était faible, plus Jésus manifestait sa puissance en lui.
Les faux apôtres tiraient à eux la couverture de la gloire. Paul voulait que Jésus soit glorifié plus que tout autre chose. C’est ce qui le rend admirable.
Ce texte nous offre un puissant soulagement. En Christ, nous avons la liberté d’embrasser nos faiblesses, car nous savons qu’il manifestera sa puissance en nous. Nous serons donc forts.
webinaire
COCA: une méthode simple pour comprendre et appliquer la Bible
Découvre ce replay du webinaire de Stéphane Kapitaniuk enregistré le 13 octobre 2016.
Orateurs
S. Kapitaniuk