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Comment faire face aux épreuves avec foi? (2 Corinthiens 12.6-10)

Vie chrétienneSouffrancePrédication

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Publié le

11 sept. 2024

Nous avons tous en commun une réalité incontournable: la souffrance. Que ce soit à travers des grandes épreuves ou des petites difficultés quotidiennes, nous souffrons, avons souffert, et souffrirons encore. La question cruciale n'est pas si nous souffrirons, mais comment nous le vivrons. Si notre foi n'est pas profondément enracinée en Jésus-Christ, ces épreuves risquent de nous éloigner de la foi.

J’ai eu le privilège de prêcher au congrès jeunesse de Pâques 2023 à l’IBG sur le sujet de la souffrance. J’ai choisi le texte merveilleux de 2 Corinthiens 12.6-10.

Je vous propose de découvrir ici le message. N’hésitez pas à le partager à des personnes qui ont besoin d’être fortifiées par la grâce de Jésus dans leur souffrance.


Transcription de la prédication

Cette transcription a été générée automatiquement, n’hésitez pas à nous signaler toute erreur ou incohérence qui nous aurait échappé.

Je voudrais commencer par faire trois affirmations à propos de nous tous ici. Nous avons trois choses en commun: premièrement, nous avons tous souffert dans nos vies, à des degrés différents certes, mais c’est une expérience que nous partageons tous. Deuxièmement, nous souffrons tous en ce moment, d’une manière ou d’une autre, encore une fois à des degrés variés. Nous avons tous dans nos vies des situations difficiles, des épreuves qui nous inquiètent et nous font souffrir. Et troisièmement, mauvaise nouvelle, nous allons encore souffrir. Hélas, ce sera probablement plus surprenant, plus dur, plus injuste, plus long et plus pénible que ce que nous pouvons imaginer.

La question n’est pas de savoir si vous allez souffrir, mais plutôt quand et comment vous allez souffrir. Et en plus de ces grandes épreuves de la vie que nous traversons, il y a toutes les petites souffrances quotidiennes: les moqueries, le rejet, les maladies, les échecs, les trahisons, les incertitudes, les déceptions, et j’en passe. Comment traverser toutes ces souffrances au cours de notre vie?

Ce que je peux vous affirmer, c’est que si notre foi ne s’enracine pas dans une connaissance personnelle et intime de la personne de Jésus-Christ, ces épreuves risquent fort de nous éloigner de la foi.

Hélas, j’ai vu plusieurs personnes, durant mon ministère, qui face à des épreuves ont commencé à douter de leur confiance en Jésus-Christ, puis à remettre en question la fiabilité du Seigneur, et finalement, elles l’ont rejeté.

Nous avons donc tous besoin, me semble-t-il, d’une solide théologie de la souffrance, d’une vision biblique du sujet, pour nous permettre de tenir ferme dans les temps difficiles. Et celui qui va nous enseigner ce matin avait, pour ainsi dire, un doctorat en souffrance. Je pense qu’il était ceinture noire troisième dan, c’était un spécialiste. Il s’agit de l’apôtre Paul, qui va nous enseigner aujourd’hui. Ma prière est que, si vous êtes ce matin avec un cœur lourd, découragé, la Parole de Dieu et son Esprit puissent venir s’adresser à vous personnellement pour vous exhorter dans votre foi.

Je vous invite à ouvrir vos Bibles avec moi. Nous allons ensemble dans la deuxième lettre de Paul aux Corinthiens, au chapitre 12, et je vais lire les versets 6 à 10. Donc, 2 Corinthiens 12, versets 6 à 10.

"Si je voulais me glorifier, je ne serais pas insensé, car je dirais la vérité. Mais je m'en abstiens, de peur que quelqu'un ne m'estime au-dessus de ce qu'il voit ou entend de moi. À cause de l'excellence de ces révélations, et pour que je ne sois pas enflé d'orgueil, il m'a été mis une écharde dans la chair, un ange de Satan pour me souffleter, afin que je ne sois pas enflé d'orgueil. Trois fois j'ai supplié le Seigneur de l'éloigner de moi, et il m'a dit: ‘Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse.’ Je me glorifierai donc bien plus volontiers de mes faiblesses, afin que la puissance de Christ repose sur moi. C’est pourquoi je me plais dans les faiblesses, dans les outrages, dans les privations, dans les persécutions, dans les angoisses pour Christ. Car quand je suis faible, c'est alors que je suis fort."

L’église de Corinthe était en proie à des faux apôtres qui la séduisaient pour la détourner de l'Évangile. Ces personnes mettaient en avant leur pedigree, leurs dons, leurs capacités extraordinaires, des pseudo-révélations qu’elles auraient reçues pour détourner les Corinthiens de l’Évangile que prêchait l’apôtre Paul. Ils ne manquaient pas une occasion de le dénigrer et de chercher à le rabaisser.

Paul refuse catégoriquement de rentrer dans ce débat puéril de surenchère, car il dit qu’il n’a rien à faire valoir qui viendrait de lui-même. Il n’a rien à prouver aux autres et il ne veut pas que les Corinthiens l’estiment au-delà de ce qu’il est réellement. Pourtant, Paul dit, au début du chapitre 12, qu’il a reçu une grâce exceptionnelle, une grâce incroyable. Quatorze ans plus tôt, le Seigneur lui a donné une vision du ciel, une vision du paradis, qui a nourri son Évangile, son enseignement et son ministère. Cela lui a permis de développer son service auprès de l’église.

Mais, hélas, suite à cette révélation, Paul souffre. Il semble que cette souffrance soit assez sévère. Ce que je vous propose aujourd’hui, c’est de cheminer avec lui en nous posant quatre questions pour comprendre la place de cette épreuve, de cette souffrance, dans sa vie.

1. De quoi Paul souffre-t-il?

Le texte nous dit: "Il m’a été mis une écharde dans ma chair, un ange de Satan pour me souffleter." L'écharde est une métaphore, une image. Beaucoup d’encre a coulé et de nombreuses hypothèses ont été formulées pour tenter d’identifier cette écharde, la nature de sa souffrance. Très probablement une maladie, mais d’autres hypothèses sont aussi avancées. Cependant, je crois que chercher à tout prix à identifier de quel mal souffrait Paul, c’est passer à côté de l’effet qu’il veut produire. C’est manquer son intention.

En choisissant de rester vague et d’utiliser une métaphore, Paul permet à ses lecteurs de s’identifier à lui et de faire un parallèle avec leurs propres épreuves, avec leur vie. Ce que l’on sait, c’est que cette épreuve le fait souffrir depuis 14 ans. Quatorze ans de souffrance, vous imaginez? La nature de cette épreuve est vraiment mystérieuse, elle nous dépasse. Et Paul réunit l’impensable en une seule phrase: "Il m’a été mis" – sous-entendu par le Seigneur – "une écharde", que Paul qualifie comme étant un ange de Satan pour le souffleter. Il réunit l’impensable: Satan est la cause immédiate de l’épreuve de Paul, c’est à cause de Satan qu’il souffre dans sa chair, mais Satan est utilisé par Dieu. Quel mystère!

Cela nous trouble, n'est-ce pas? C’est perturbant que Dieu instrumentalise Satan de cette manière, et cela nous dérange, ce qui est tout à fait normal. Nous devons accepter qu’il y a un mystère, une tension que Paul nous présente ici. Dieu a des raisons qui nous échappent d’utiliser Satan pour accomplir un bien supérieur.

Mais quand on prend un peu de recul, nous le savons déjà. Nous voyons cela de manière assez évidente dans la Bible. L’illustration ultime de ce mystère, c’est la croix. C’est bien Satan qui est entré dans le cœur de Judas pour qu’il trahisse Jésus et qu’Il soit livré à la croix. Pourtant, la mort de Jésus fait partie du plan souverain de Dieu pour nous sauver.

Ainsi, oui, Satan peut nous attaquer directement pour nous faire souffrir, mais Dieu sait l’utiliser mystérieusement pour un bien plus grand.

Et comment Paul réagit-il face à cette épreuve? Paul n’est pas un masochiste. Il n’est pas un stoïcien qui dirait: "Ça ne me fait rien." Il n’est pas non plus bouddhiste, prétendant que la souffrance n’est qu’une illusion. Paul ne dit pas: "Vas-y, fais-moi mal, je n’ai pas peur de souffrir, je suis un dur, regarde comme je suis fort." Ce n’est pas comme dans les salles de fitness où l’on voit inscrit sur les murs: No pain, no gain ("Pas de douleur, pas de résultat"). Non, au contraire, Paul a plaidé pour que cette souffrance cesse. Il dit: "Trois fois j’ai supplié le Seigneur." Il l’a supplié, et c’est totalement légitime de prier pour que l’épreuve s’arrête. Dieu nous encourage à le faire. Ne pas prier ainsi reviendrait à croire que Dieu n’est pas capable de nous délivrer, que Dieu n’est pas Dieu.

C’est donc tout à fait légitime de prier pour que l’épreuve s’arrête. Et bien souvent, Dieu répond: "Oui, je te délivre." Parfois, cependant, il dit: "Non." Dieu répond toujours à nos prières, mais pas toujours de la manière que nous souhaitons. Frères et sœurs, si le Seigneur ne retire pas l’écharde, ce n’est pas parce qu’il ne nous écoute pas, ce n’est pas parce qu’il ne nous aime pas, ni parce qu’il n’est pas assez puissant pour nous délivrer. Dieu écoute toujours nos prières, mais il répond toujours selon sa volonté. S'il juge qu'il est avantageux pour nous de retirer l’écharde, il le fera. S'il estime que non, il ne le fera pas. En ce sens, Paul est pour nous un modèle de prière par la foi. Il dit: "Trois fois j’ai supplié le Seigneur."

Je ne crois pas que ce soit une règle de trois, comme si nous avions le droit de demander trois fois et qu’à la quatrième, c'était une demande de trop, ou que deux fois ne serait pas suffisant. Ce n'est pas une formule magique qu'il faudrait répéter trois fois, non, pas du tout. Mais cela montre que Paul ne voit pas la prière comme un moyen de tordre le bras de Dieu, ou de faire plier sa volonté à la nôtre. Il la perçoit plutôt comme un moyen de discerner la volonté de Dieu et d’apprendre à l’accepter.

Paul a cessé de prier parce qu'il a accepté la réponse du Seigneur. Ce que nous devons rechercher dans la prière, quand nous traversons des épreuves, ce n’est pas simplement que Dieu nous exauce, mais qu’il accomplisse sa volonté, car nous avons confiance en lui. Nous croyons qu'il sait mieux que nous ce qui est bon pour nous et que, dans sa grâce souveraine, il ne manquera pas de nous donner ce qui est le meilleur pour nous.

2. Pourquoi Paul souffre-t-il?

Quelle est la cause de cette souffrance? Il y a une double cause qui nous est présentée dans le texte. Derrière l'épreuve de l'écharde, Paul court un grave danger. Regardez le verset 7. Ce qui fait souffrir Paul est expliqué à travers la raison de cette épreuve. Il commence par dire: "Et pour que je ne sois pas enflé d'orgueil, il m'a été mis une écharde dans la chair, un ange de Satan pour me souffleter, afin que je ne sois pas enflé d'orgueil." Paul répète à plusieurs reprises que l'écharde est là pour qu'il ne soit pas enflé d'orgueil.

Pourquoi Paul souffre-t-il? Il nous le dit clairement: parce qu'il risque l’orgueil. Paul risquait de croire que la réussite de son ministère venait de lui et de s’attribuer la gloire qui revient à Christ seul. C'était son grand danger. Il risquait ainsi de ressembler à ces faux apôtres qui cherchaient avant tout à se glorifier eux-mêmes au sein de l'Église, détournant ainsi les fidèles de l’apôtre Paul.

Le grand mal qui menace Paul ici, la grande maladie, c'est l'orgueil. Et c'est aussi le grand mal qui nous menace tous. L'orgueil est ce péché qui nous pousse à chercher notre propre gloire, à nous élever au-dessus de Dieu. L'orgueil, c'est ce qui fait gonfler notre ego comme un ballon, nous rendant constamment avides de reconnaissance, d'admiration, d'estime de la part des autres. Nous sommes tous des drogués à l'orgueil, totalement dépendants de ce péché. Nous vivons en perpétuelle compétition avec les autres, cherchant à avoir raison, à avoir le dernier mot, à paraître plus intelligents, plus beaux, plus compétents, plus forts, plus influents, plus réussis.

Nous passons notre temps à nous comparer aux autres, à envier ce qu'ils ont et que nous n'avons pas, et nous cherchons à l'obtenir. Notre ego n’a qu’un seul but: créer une version idéalisée de nous-mêmes à afficher devant les autres, même si elle est factice, afin de recevoir des louanges qui, bien que non méritées, nourrissent notre ego. Peu importe s’il y a du mensonge, ce que nous voulons, c’est que notre ego se gonfle. Et plus le ballon de notre ego se gonfle, plus nous nous sentons aimés, valorisés, admirés, estimés et méritants.

Nous sommes des drogués à l’orgueil. Et si vous vous dites: "Moi, je ne suis pas comme ça, je ne suis pas comme les autres", désolé, mais vous êtes tombé dans le piège. Vous êtes comme nous.

L’orgueil est le plus grand danger pour l'humanité. Il a causé tant de guerres, tant de divorces, tant de violences. Il cause plus de souffrance et de mort dans le monde que n'importe quoi d'autre. L’orgueil est une maladie bien plus grave pour nos âmes que toutes les autres épreuves de la vie. L’orgueil peut nous détruire.

Quelle est la raison singulière pour laquelle Satan a été chassé du ciel? L'orgueil, la jalousie. Et nous avons ici une mise en garde, avec l’exemple de l’apôtre Paul. On pourrait se dire: "C'est tout de même Paul!" Mais vouloir vivre pour le Seigneur ne nous protège absolument pas de ce danger. Paul lui-même devait lutter contre l'orgueil. Et plus nous désirons vivre pour le Seigneur, plus nous sommes exposés à un orgueil subtil, un orgueil très spirituel: l'illusion de notre grandeur face aux difficultés de la vie.

Nous nous disons: "Nous ne sommes pas comme ces personnes qui manquent de foi. Nous, quand nous réussissons telle ou telle chose. Nous, quand nous sommes fidèles alors que d'autres sont infidèles dans leur vie.» Qu’est-ce qu’on se sent meilleur qu’eux!

Nos grandes réussites sont plus dangereuses pour notre âme que nos grands échecs. Les échecs de notre vie nous humilient, mais nos réussites représentent un grand danger d’orgueil. Pourquoi Paul souffre-t-il? Pour être gardé de l'orgueil, c'est la première raison. La deuxième raison, c'est pour qu'il comprenne encore plus la grâce.

Jésus protège Paul de l'orgueil qui le menace en lui prescrivant, tel un médecin, une écharde qui vient faire éclater le ballon de son orgueil. Ce ballon, crevé à cause de cette écharde, ne pourra pas se gonfler. Ce n'est pas le succès qui va faire progresser le ministère de Paul ou le crédibiliser auprès de l'Église, mais une plus grande dépendance à la grâce qu'il prêche aux autres. Jésus le lui révèle avec une telle tendresse au verset 9: "Il m'a dit: Ma grâce te suffit, car ma puissance s'accomplit dans la faiblesse."

Ma grâce te suffit. La grâce de Jésus, ce n'est pas juste un sentiment envers Paul. C'est ce que Jésus fait pour Paul, bien que Paul ne le mérite pas. Jésus lui dit: "Paul, ma grâce te suffit." Autrement dit, elle est parfaite. Elle est parfaite pour toi. Si la grâce de Jésus envers lui est parfaite, c'est parce qu'il ne lui manque rien. Il ne manque rien. Jésus n'a rien oublié de donner à Paul, il a même pensé à lui faire don de cette écharde. Jésus utilise l'écharde comme un instrument. Paul est en danger d'orgueil, alors Jésus l'affaiblit, le blesse, mais il le renforce. Il transforme la force charnelle, celle du péché, en force spirituelle, celle de l'humilité.

Voilà ce que produit cette grâce. L'écharde détruit la force de Paul pour que la puissance de Christ agisse en lui. Jésus ne blesse que pour guérir. Jésus lui dit: "Paul, parce que tu es l'objet de ma grâce, je vais te délivrer de l'orgueil en ne te délivrant pas de l'écharde. Je vais utiliser un mal extérieur, l'écharde, pour te délivrer du mal intérieur, l'orgueil. Ma grâce te suffit, car ma puissance s'accomplit dans la faiblesse."

L'épreuve fait partie de la formation spirituelle. Elle fait partie de notre discipulat dans l'école de Dieu. Le cours sur la souffrance est un cours obligatoire. Madame Épreuve est une enseignante qui ne fait jamais grève, et c'est une sacrée peau de vache, franchement. C'est celle qu'on ne voudrait pas avoir, mais qu'on a. Elle est terrible. Il n'y a pas de dispense possible pour son cours. Elle ne fait que des interrogations surprises, et ce n'est pas de la théorie avec elle, c'est de la pratique, ce sont des travaux pratiques. Et Jésus a fait asseoir Paul au premier rang pour qu'il écoute bien cette leçon.

Et ce cours de Madame Épreuve, devinez quoi? C’est un cours de mathématiques, forcément. Alors que Paul pensait que la solution au problème était une soustraction, à savoir: Paul moins épreuve égale Paul plus fort, Madame Épreuve lui a dit: "Les calculs sont faux, Paul." Les calculs sont mauvais: Paul moins épreuve égale Paul en danger. Paul plus épreuve égale Paul faible, mais Paul faible égale Paul qui compte sur la puissance de Christ. Donc Paul faible égale Paul fort. On ne comprend rien, c’est des maths, c’est normal.

Alors je traduis pour ceux qui n’aiment pas les maths. Souvent, on pense que Dieu devrait enlever les échardes pour notre bien, mais parfois, Dieu les ajoute pour nous apprendre à mourir à nous-mêmes. L'écharde de la grâce nous pousse au pied du trône de la grâce, où Jésus nous relève et nous transforme par sa puissance. Il y a des choses qui ne s’apprennent, qui ne se forment en nous, qui ne se développent qu’à travers l’épreuve. C’est ainsi.

3. Comment Jésus fortifie-t-il Paul par la souffrance?

Quel est le processus? Comment cela fonctionne-t-il? Faut-il comprendre que Dieu utilise les épreuves comme des espèces de vitamines spirituelles? Est-ce une force spirituelle abstraite qui va se développer? Non, je crois qu'il y a quelque chose de beaucoup plus profond, de beaucoup plus intime, qui se passe entre Jésus et Paul. Pour le comprendre, il faut revenir à l'Évangile. Ce que nous découvrons dans l'Évangile, et à travers le texte d'Ésaïe 53 qui nous a été lu tout à l’heure, c’est qu’il n’y a pas de véritable amour sans sacrifice. Aimer l’autre, c’est se sacrifier pour lui.

Et comment se mesure la force de l’amour divin pour nous? Paul lui-même nous dit dans Romains 5, verset 8: "Voici comment Dieu prouve son amour envers nous: alors que nous étions encore des pécheurs, Christ est mort pour nous." Aimer l’autre implique de se sacrifier pour lui. Quelqu’un qui ne sacrifie rien de lui pour vous est quelqu’un qui ne vous aime pas.

Et la force de l'amour de Jésus pour nous se mesure à ce qu'il a sacrifié pour nous. L'écharde qui a percé Jésus, c'est le poids de nos péchés. Nos péchés l'ont cloué sur la croix, et il a souffert pour nos fautes. Il a subi la condamnation que nous méritions.

Dans Gethsémané, Jésus a lui aussi supplié par trois fois le Père, afin que, s'il était possible, la souffrance de la croix lui soit épargnée. Mais le Père lui a dit non. Non, car le plan était qu'il manifeste sa puissance à travers la mort de Christ. Et Jésus a manifesté la puissance de l'amour de Dieu dans sa faiblesse, la tête couronnée d'épines, cloué sur une croix. Pour pouvoir nous donner sa vie, il fallait d'abord qu'il la perde.

À son tour, Paul a supplié trois fois Jésus pour que l'écharde lui soit enlevée. Mais Jésus a dit non, car son plan était qu'il manifeste à son tour sa puissance dans la faiblesse de Paul. Paul établit lui-même ce lien un peu plus loin, au chapitre 13, verset 4: "Car il a été crucifié en raison de sa faiblesse, mais il vit en raison de la puissance de Dieu. Nous aussi, nous sommes faibles en lui, mais nous vivons avec lui pour vous en raison de la puissance de Dieu."

Jésus s'est affaibli pour sauver Paul. Alors, à son tour, Paul accepte d'être faible pour que Jésus manifeste sa puissance à travers lui. Paul veut qu'il n'y ait aucun doute que tout ce qu'il fait, tout ce qu'il produit, tout ce qu'il endure, tous les bons fruits de son ministère, il les accomplit par la grâce de Jésus qui agit en lui et pour la gloire de Jésus seul.

Au verset 9b de notre passage, il dit: "Je me glorifierai donc bien plus volontiers de mes faiblesses, afin que la puissance de Christ repose sur moi. C'est pourquoi je me plais dans les faiblesses, dans les outrages, dans les privations, dans les persécutions, dans les angoisses pour Christ. Car, en effet, quand je suis faible, c'est alors que je suis fort."

Ce que Paul dit va au-delà de ce que nous pouvons imaginer, cela dépasse l'entendement. Il se réjouit d'être faible, car c'est le moyen pour lui d'être dépendant de Jésus, et les bons fruits de son ministère ne peuvent lui être attribués. Car il est trop faible pour qu'on puisse dire: "Ça, ça vient de Paul." Puisqu'il est faible, on sait que cela vient de Jésus, que ce n'est pas Paul qui produit ces choses-là, mais que c'est Christ qui agit en lui. Et Paul se réjouit de cela, car son plus cher désir est que toute la gloire soit rendue à Christ, et non à lui.

Wouh! Quel contraste avec ces pseudo-apôtres!

4. Quelles implications pour nous?

Alors, quelles sont les implications pour nous? Je voudrais en souligner deux.

Pas de croissance sans souffrance

Dans la vie chrétienne, il n'y a pas de croissance sans souffrance. Dieu nous forme certes grâce à la méditation de sa Parole, grâce à la prière, grâce à la vie communautaire, grâce au culte, grâce au service, toutes ces choses-là, mais aussi grâce à la souffrance. Elle fait partie de notre formation spirituelle. Nous vivrons des souffrances pour lesquelles nous n'aurons jamais de réponse, mais elles font partie de l'école, elles sont au programme.

Toutefois, en donnant cette réponse directe à Paul (car lui a eu la joie, le bénéfice, le privilège d'entendre la réponse directe de Jésus), je crois que Jésus, en s'adressant à Paul directement, s'adresse indirectement à chacun d'entre nous. Il nous dit, et c'est sa voix que nous devons entendre pour nous: "Ma grâce te suffit, car ma puissance s'accomplit dans la faiblesse." Jésus sait mieux que nous ce qui est bon pour nous, et il ne manquera jamais de nous le donner, car sa grâce est parfaite.

Alors oui, nous souffrons souvent, et nous comprenons rarement, mais nous pouvons lui faire confiance en tout temps. Jésus utilisera tout ce que nous vivons afin de nous apprendre à mourir à nous-mêmes et à dépendre de sa grâce. À vivre de plus en plus dans cette dépendance quotidienne à cette grâce.

Alors, si Jésus nous laisse l'écharde, faisons-lui confiance en sa grâce souveraine, sa grâce parfaite, sa grâce suffisante. Et prions pour comprendre comment elle nous enseigne l'humilité et la dépendance en lui.

Finalement, il y a quelque chose de tellement libérateur pour nous dans cette école. En Christ, nous avons la liberté d'embrasser notre faiblesse. En Christ, nous pouvons embrasser notre faiblesse, car nous savons qu'il veille sur nous en nous faisant grâce.

Donc, dans la vie chrétienne, il n'y a pas de croissance sans souffrance. Elle est une nécessité.

Pas de souffrance sans croissance

D'abord, il n'y a pas de croissance sans souffrance, mais il n'y a pas non plus de souffrance sans croissance. Elle est un moyen, un terreau que Dieu utilise pour notre croissance. L'épreuve fait partie de la grâce, car elle participe à nous transformer à l'image de Jésus. L'épreuve est bien souvent le moment où se manifeste la puissance de Christ en nous. Et quel réconfort dans nos épreuves: Jésus se tient au plus près de nous, c'est là qu'il manifeste cette grâce.

En fait, la vie de disciple, la vie chrétienne, se résume à reconnaître notre faiblesse à tout point de vue, afin de laisser Christ manifester sa puissance en nous. Nous sommes sauvés par l'Évangile, nous sommes transformés par l'Évangile, et nous sommes appelés à vivre selon l'Évangile. Quand nous avons confiance que nos épreuves font partie du plan souverain de Dieu pour notre vie, nous ressemblons un peu plus à Jésus, qui a accepté l'épreuve de la croix pour nous sauver. Nous ressemblons un peu plus à Jésus, qui savait que l'épreuve faisait partie du plan de Dieu pour lui. Nous comprenons donc plus profondément sa grâce envers nous.

Jésus est mort pour moi et il est ressuscité pour me donner sa vie. Quand je meurs à moi-même, il manifeste sa puissance en moi. Lui qui est mort et ressuscité pour me donner la vie, quand à mon tour j'accepte de mourir à moi-même, c'est là qu'il manifeste la puissance de sa vie en moi. Quand je reconnais ma faiblesse, il manifeste sa puissance dans ma vie. Ainsi, en acceptant d'imiter Jésus dans nos épreuves, lui qui avait une totale confiance au Père, nous lui ressemblons, et c'est ainsi qu'il nous transforme à son image. Il nous fait vivre l'Évangile dans les épreuves. Nous méditons donc sur sa grâce: qu'est-ce que Jésus est en train de m'apprendre de lui et de sa grâce? Comment cette épreuve m'apprend-elle à mieux le connaître? Que veut-il faire mourir en moi? Qu'est-ce que l'écharde est en train de guérir afin de m'apprendre à compter sur sa puissance dans ma vie?

J'avais déjà connu pas mal d'épreuves: la dépression, une tentative de suicide, l'hôpital psychiatrique, l'esclavage de la dépendance, divers accidents de la vie plus ou moins sérieux, le divorce de mes parents, et bien d'autres encore. En 2014, j'ai commencé à avoir mal au dos. J'ai beaucoup prié pour que ça cesse, mais hélas, les choses se sont dégradées alors que je venais de prendre un poste pastoral. C'était au tout début de mon ministère. J'étais super content. J'arrivais dans l'église avec plein d'envie, plein de projets, je voyais clair sur ce qu'il fallait faire. J'étais très enthousiaste, et là, le mal de dos a commencé. Cela s'est aggravé au point que je devais être opéré une première fois. Hélas, l'opération s'est mal déroulée et là, cela s'est encore aggravé.

Cela m'a conduit à passer onze mois alité, dont neuf à l'hôpital. Pendant toute une période, j'ai connu des souffrances physiques à un point que je ne savais même pas qu'il était possible de souffrir à ce point. Au niveau de la morphine, on me donnait ce qu'on donne à quelqu'un atteint d'un cancer en phase terminale. On ne pouvait pas aller au-delà de ça. J'étais aux limites de tous les analgésiques possibles, et pourtant, la souffrance était atroce. La simple respiration me causait des douleurs jusque dans les jambes et dans tout le corps. J'avais l'impression que mon corps allait se disloquer, que j'avais été écrasé par un camion. Certaines nuits, je criais à Dieu: "Mais Seigneur, reprends-moi, je n'en peux plus, je ne peux pas continuer comme ça encore une minute, c'est terrible."

Je me souviens de voir des infirmières qui passaient dans ma chambre et pleuraient de désarroi, car elles ne savaient pas ce qu'elles pouvaient faire pour moi. C'était terrible. Ce que j'ai appris dans cette épreuve est extraordinaire. Aujourd'hui, pour rien au monde je ne voudrais ne pas être passé par cette épreuve, car je sais que ce que le Seigneur m'a apporté m'a tellement fait grandir. Cela m'a tellement appris sur ma dépendance et sur l'humilité que cela m'a fait beaucoup de bien. Et s'il a voulu, au début de mon ministère, alors que je devais me tenir devant l'église, me dire: "Non, toi, tu vas venir là, et tu vas rester dans un lit pendant un petit moment, et je vais t'enseigner encore quelque chose que tu n'as pas pu apprendre à l'Institut biblique", il m'a probablement gardé de faire du mal à l'église ou à ma famille. Ce que j'ai appris dans cette épreuve m'a beaucoup aidé, mais je sais que ce n'est pas fini. J'aurai d'autres épreuves.

Durant toute cette période de douleur, Jésus m'a posé une question qui a transformé ma compréhension de la vie de disciple. Je voudrais conclure en vous posant cette question et vous inviter à la méditer: Jésus est-il suffisant pour vous?