Améliorez vos prédications en une seule question

Prédication et enseignement

C’était une de mes questions préférées de Bryan Chapell lors d’un séminaire: “Votre prédication serait-elle acceptable si vous la prêchiez dans une mosquée ou une synagogue?” Si oui, alors votre prédication n’est pas encore chrétienne.

L’importance de la question

“Ma prédication serait-elle acceptable dans une synagogue ou une mosquée?” est une question importante. Le prédicateur chrétien ne veut pas se contenter de messages moralisateurs acceptables pour la majorité. En effet, qui serait choqué d’entendre qu’il faut être moins égoïste et plus gentil?

Le prédicateur chrétien ne cherche pas à exhorter ses auditeurs à être simplement meilleurs. Il veut prêcher Jésus, le Messie crucifié (1Co 2.2). Il va prêcher la Bonne Nouvelle. Il veut montrer que nous sommes pécheurs, morts, et que c’est par Jésus seul que nous sommes pardonnés et recevons la vie (Ép 2.1-8).

Le prédicateur chrétien soulignera que ce n’est pas par les œuvres que nous sommes sauvés (Ép 2.9), mais par la pure et gratuite grâce de Dieu (Rm 3.24). À tel point que certains auditeurs partiront choqués, se disant: “Si ce qu’il dit est vrai, pourquoi essayer de faire le bien? On sera pardonné dans tous les cas!” Ces réactions montrent qu’ils n’ont pas compris l’Évangile, mais aussi que vous avez correctement expliqué le cœur de l’Évangile.

Chapell cite Jay Adams, qui exprime merveilleusement bien cette idée:

Si le sermon que vous prêchez convient au membre d’une synagogue juive ou d’une communauté unitarienne, alors il pose un vrai problème. La prédication, si elle est véritablement chrétienne, possède des caractéristiques spécifiques, car le Christ sauveur et sanctificateur y est omniprésent. Jésus-Christ doit être au cœur du sermon que vous prêchez, qu'il s'agisse d'un sermon d'édification ou d'évangélisation. […]


La prédication d'édification ne doit pas cesser d'être évangélique; c'est ce qui la rend morale plutôt que moralisante, et c'est ce qui fait qu'elle n'est pas acceptable dans une synagogue, une mosquée, ou une communauté unitarienne. Par évangélique, je veux dire que les conséquences de la mort et de la résurrection du Christ – sa mort substitutive, pénale, et sa résurrection corporelle – sur le sujet traité sont bien perceptibles. Vous ne devez pas exhorter votre communauté à faire ce que la Bible exige d’elle comme si elle pouvait le faire par elle-même, mais seulement en conséquence de la puissance salvatrice de la croix, ainsi que de la puissance et de la présence du Christ, qui demeure en nous et nous sanctifie par son Saint-Esprit. La prédication d'édification, pour qu'elle soit chrétienne, doit pleinement prendre en considération l'œuvre de la grâce de Dieu dans le salut et la sanctification.1

Avant de prêcher, il faut être sûr que notre message est un scandale pour le Juif et le Musulman. Soyons clairs: Il n’est pas question ici de prêcher du racisme ou de la haine, mais bien de prêcher l’Évangile si clairement que notre prédication soit comme un électrochoc pour les juifs, les musulmans, les athées et à toutes les autres religions qui croient être sauvés par leurs œuvres.

L’utilité de la question

Il peut sembler facile de ne pas se tromper en prêchant sur Romains 3.23-24.

Car il n’y a pas de distinction: tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu; et ils sont gratuitement justifiés par sa grâce, par le moyen de la rédemption qui est dans le Christ-Jésus.

Mais d’autres passages de la Bible sont plus compliqués à prêcher de façon chrétienne. Se poser cette question peut littéralement sauver votre prédication.

Certaines parties du sermon de Jésus sur la montagne, par exemple, peuvent très facilement être mal interprétées et donc mal prêchées. Exemple: “Si ton œil droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le et jette-le loin de toi, car il est avantageux pour toi qu’un seul de tes membres périsse et que ton corps entier n’aille pas dans la géhenne” (Mt 5.29), ou encore: “Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait” (Mt 5.48).

Il en va de même pour beaucoup de textes de l’Ancien Testament (le livre sacré des juifs!). Jules-Marcel Nicole explique bien ce danger. Il montre comment les juifs de l’époque de Jésus sont tombés dans ce piège et comment on peut l’éviter dans nos prédications:

C’est toujours à la lumière du Nouveau Testament qu’il faut interpréter l’Ancien ; mais sans l’Ancien Testament, le Nouveau se trouve privé d’un fondement qui le met en valeur.

Ce qu’il ne faut jamais oublier, c’est que tous les deux, chacun à sa manière, rendent témoignage à Jésus-Christ. C’est passer à côté du message central de l’Écriture que de négliger cette évidence. Jésus, pendant son ministère terrestre, était attristé de voir ses interlocuteurs, malgré leur étude approfondie de la Loi et des prophètes, refuser de reconnaître que ces vieux textes avaient pour but ultime de les conduire à lui.

Notre prédication doit présenter à nos auditeurs Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié, ce qui inclut l’annonce de sa résurrection sans laquelle notre foi serait vaine.

On entend parfois, du haut d’une chaire chrétienne, des exhortations qui auraient pu être exprimées par un juif zélé, un musulman honnête, voire par un confucianiste vertueux ou un hindouiste bien intentionné. C’est affligeant. Quelle que soit l’infinie variété des enseignements bibliques, ils pointent toujours vers ce centre christologique. Évitons les écarts centrifuges qui à la limite deviendraient une trahison de notre mandat2.

Conclusion

Jésus est le centre de la Bible. Tout pointe vers lui. Peu importe le texte biblique, il faut se demander: “Où se situe ce passage par rapport à Jésus?” Cela nous évitera de prêcher l'Ancien Testament de manière moralisatrice. Cela nous évitera de prêcher à partir des évangiles comme le ferait un non-chrétien. Et cela est une bonne chose. C'est pour cela qu'on se pose cette question chaque fois qu'on prépare une prédication: “Mon message pourrait-il être prêché par un juif ou un musulman?” Si la réponse est oui, alors notre prédication n’est pas encore convertie. Elle n’est pas encore chrétienne.

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Stéphane Kapitaniuk

Pécheur et disciple sauvé par la mort de Jésus à ma place. Mari de Hanna, papa de Noah (8 ans), Théa (3 ans), Marie (1 an). Pasteur de formation et directeur général de BLF Éditions depuis 2021. J’aime bien lancer de nouvelles initiatives. Découvrez BLFKids.com, un projet spécial parents, ainsi que BLFAudio.com, la première librairie chrétienne de livres audio. Avec Hanna, nous avons aussi fondé ChezCarpus.com, la première librairie chrétienne de livres d’occasion. Je propose également plusieurs formations créées pour le logiciel biblique Logos.

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Comment prêcher Christ à partir de l’Ancien Testament?

Ce replay du webinaire Dominique Angers a été enregistré le 20 novembre 2019.

Orateurs

D. Angers