Quelles portions de la Bible doit-on jeter à la poubelle?

Doctrine de l'ÉcritureTémoignage

J’espère que cette question en choquera plus d’un. Loin de la polémique, n'est-ce pas l'attitude que chacun de nous démontre face à certains passages de la Parole de Dieu? J'ai écris cet article en Septembre 2015. Je viens d'y repenser au moment où nous passions par Néhémie 3 et 4 dans notre série actuelle "Le chantier du Réveil". Profitez des commentaires où certains on continué la liste, et reprenez espoir dans ces étranges morceaux de l'Écriture.

Des preuves flagrantes de désintérêt

Pense à la fin du mois d’avril, quand dans notre plan de lecture quotidienne, on en arrive au livre des Nombres? Pense à nos attitudes face à un chapitre comme Néhémie 3? Combien de prédications pertinentes as-tu déjà entendues sur des généalogies?

Est-ce qu’on doit comprendre que, lorsque le psalmiste parle de ses « délices » (Ps 119.70,77), il parle en fait de TOUTE la Parole?

Quand il nous semble que la Bible n’est pas utile, le problème se trouve de notre côté et pas du sien.

Lorsqu’on croit que la Bible, TOUTE La Bible nous est utile, qu’on abandonne notre flemme et les raccourcis que notre société nous a appris (le scroll), on se surprend à  découvrir la profonde richesse de la Parole de Dieu, même dans ses récits les moins passionnants au premier abord.

Laisse-moi t’en convaincre à partir de Néhémie 3:

  • Commence par (essayer de) lire ce chapitre attentivement.
  • Non, ne continue pas à lire cet article, vraiment, lis le chapitre!
  • Allez !

12 intérêts de Néhémie 3

Quel(s) intérêt(s) y as-tu trouvé(s)?

Au-delà des intérêts anthroponymiques (recherche de prénoms pour nos futurs enfants) et phonétiques (utiliser le chapitre comme exercice de diction), j’en ai noté pas moins d’une douzaine:

1.   L’intérêt biographique:

À l’intérieur du récit dans lequel le chapitre s’inscrit, on apprend que Néhémie est mandaté par l’empereur Artaxerxés, souverain du grand empire perse dominant le monde connu, pour une mission précise et pour laquelle il devra  sans doute rendre des comptes sérieux.

Sans le chapitre 3 et ses précisions, Néhémie aurait pu perdre en crédibilité, voire son job, et par là même sa tête (ça ne rigolait pas à l’époque).

2.   L’intérêt généalogique:

Dans certains chapitres de la Bible, comme Esdras 2, on se rend compte de l’importance des listes de noms. Elles permettaient aux Israélites exilés de prouver leur ascendance et, par là même, leur droit de cité dans le peuple de l’ancienne alliance. Le droit du sang prévalait.

Sans le chapitre 3, certains Israélites auraient tout simplement pu être exclus du peuple de Dieu.

3.   L’intérêt honorifique:

Je suis toujours fier de dire qu’en avril 2014, mon grand-père a été décoré pour son engagement durant la guerre d’Algérie, ce qui lui a valu une mention dans la prestigieuse Voix du Nord!

Bien qu’on puisse difficilement trouver plus noble décoration, l’honneur est d’autant plus grand pour toutes ces vraies personnes et leurs descendants, qui nous sont totalement inconnus mais dont Dieu lui-même a choisi de faire paraître les noms dans la Bible.

Et vice-versa: on peut bien imaginer la honte des Teqoïtes (Ne 3.5) et de leurs descendants. C’était également le cas pour les prêtres dans Esdras 10.18-44.

4.   L’intérêt stratégique:

On en déduit que parmi les personnes mentionnées, on peut garder une trace des amis, comme des ennemis probables de la nation. Ce chapitre 3 a aussi un intérêt militaire, politique ou stratégique puisque les Teqoïtes sont maintenant identifiés comme des réfractaires à la reconstruction. En refusant de s’associer au reste du peuple, ils dévoilent leurs affinités.

En temps de guerre, cela nous donnerait de sérieuses raisons d’être méfiants à leur égard (1Sm29.4-5).

5.   L’intérêt symbolique:

C’est assez frappant de voir les efforts déployés par Néhémie pour rendre compte de l’unité des exilés. Il nous décrit des personnes et leurs activités ou leurs statuts, tous complètement différents: j’ai repéré un grand prêtre, du travail de charpente, de la restauration, un orfèvre, des parfumeurs, des chefs de districts, des marchands, des prêtres, des filles, des couvreurs, etc.

Tous unis, plus ou moins doués, dans la construction de la muraille. Sans tomber dans une allégorie destructrice, c’est le genre de symbole/d’illustration dont j’aime me servir pour expliquer des passages comme 1Co12 où Paul parle de l’Église et de ses différents membres: tous différents, et tous utiles.

6.   L’intérêt piétique:

Je sais, ce mot n’existe pas, mais comprends-moi : on peut saluer la dévotion de tous ces Israélites de retour d’exil qui prennent part à cet effort de reconstruction de la muraille. Effort qui témoigne ouvertement de leur intérêt personnel pour que le Royaume de Dieu avance, de leur affection et de leur profond respect pour l’Éternel, leur Dieu.

Et en réalité, le défi de la piété nous est également lancé à nous, lecteurs, qui considérerons, ou non, ces pages comme étant la Parole de Dieu qui nous est adressée. L’estime qu’on portera à ce chapitre et notre effort de le méditer témoigneront, ou non, de notre affection pour notre Dieu et sa Parole.

Sans ce chapitre 3, on aurait bien moins d’occasions d’exercer notre piété. C’est un peu fou de penser que cela puisse autant nous affecter, mais c’est sans compter sur les intérêts qui suivent.

7.   L’intérêt théologique:

Je pense que c’est le message central de cette section. Sans le chapitre 3, on pourrait tomber dans le piège d’une mauvaise conception de la providence de Dieu. Sans ce témoignage de l’action de Dieu au travers de causes secondaires (les Israélites reconstruisant la muraille), on pourrait penser que Dieu n’agit QUE par le biais d’actions hors-normes, alors qu’Il se révèle comme celui qui coopère dans sa souveraineté.

Sans le chapitre 3, peut-être qu’on connaitrait moins bien notre Dieu?

8.   L’intérêt biblique:

Sans ce chapitre, il se pourrait qu’on méconnaisse également l’action puissante de Dieu pour restaurer. Cette idée ne dépend pas QUE de ce chapitre, mais ce serait terrible de ne pas avoir le témoignage de ces preuves de la grâce de Dieu envers son peuple: il a livrés les Israélites à leurs ennemis à cause de leur désobéissance (Je 25.7-11), mais maintenant vient le temps de les nommer et de les rendre participants à sa grande restauration.

9.   L’intérêt christologique:

Cette grande restauration qui continue pour le peuple de l’Ancienne Alliance trouvera son accomplissement en Jésus-Christ. Peut-être que, sans ce chapitre 3, l’arrivée du Messie tomberait un peu comme un cheveu sur la soupe?

C’est par l’imperfection de ce qui est entrepris à ce moment de l’histoire de la rédemption qu’il nous est possible d’apprécier davantage encore la perfection de l’œuvre du Seigneur Jésus qui restaure mieux et plus son peuple et qui achève définitivement de réformer les cœurs.

10.   L’intérêt archéologique:

Les mentions des chefs de districts, par exemple, apportent leur contribution aux connaissances topologiques et politico-historiques des spécialistes. De même pour l’usage des prénoms.

Mon 3° prénom, c’est Robert. Tu commences à te moquer derrière ton écran et à penser que ce prénom date d’un autre âge? Et pourtant, seule une génération nous sépare ! Mais si on devait rencontrer un Daisuke, un Aru, un Gontrand, un Aristobalde ou même un certain Ptolémé, il serait facile d’en déduire qu’ils viennent d’une contrée et d’un âge lointains.

Les noms et leurs usages ont un intérêt historique; ils authentifient ou sont authentifiés à tour de rôle par l’archéologie. Ce qui nous amène à l’intérêt suivant.

11.   L’intérêt apologétique:

Le meilleur moyen de raconter un mensonge, c’est de donner le moins de détails possibles. Les malfrats le savent, c’est pourquoi ils restent évasifs; les policiers aussi, c’est pourquoi ils leur posent autant de questions.

Les auteurs de la Bible, eux, n’ont pas ce genre d’attitude qui éveille les soupçons: ils prennent les risques que seules des personnes sûres de leurs informations pourraient prendre (sur ce sujet, allez visionner la conférence de Peter Williams).

Dans ma famille, on est deux à s’appeler Franck, alors les petits cousins nous appellent « Franck de Flavie » et « Franck de Céline » pour nous différencier. Ce phénomène s’appelle la désambiguïsation et se retrouve dans notre chapitre 3 qui se révèle être un concentré de vérité pour le bonheur de l’affermissement de notre foi.

12.   L’intérêt « etc. »:

Il n’est pas le moins important puisque je suis sûr que tu peux continuer cette liste. Trouve un mot en –ique, (quitte à créer un nouveau mot comme piétique), et toi aussi continue cette longue liste qui nous prouve que TOUT, absolument TOUT ce que Dieu nous dit au travers de sa Parole nous est utile pour nous enseigner, réfuter, redresser et nous apprendre à mener une vie conforme à sa volonté. Utile et nécessaire pour nous préparer et nous équiper à accomplir toute œuvre bonne (2Tim3.16).

Je prie que le Seigneur lui-même t’en convainque et qu’on fasse de sa Parole nos « délices ».

Quand un article devient réalité

Cette semaine, j’ai discuté avec un frère qui se posait des questions à propos d’un aspect de la personne de Dieu. Je lui ai proposé d’étudier un passage de l’Écriture.

À la fin de notre conversation, il m’a dit (c’est littéral): « J’ai pas tout de suite compris où tu m’emmenais avec ce passage, mais c’est génial de trouver des réponses même dans ces textes qui paraissent parfois sans grand intérêt au premier abord ».

Le passage dont il parlait, c’était les chapitres 3 et 4 de Néhémie.

Quoi ?! Tu ne l’as pas encore lu?!!

T’as maintenant au moins douze bonnes raisons. Fonce!

Franck Godin

Disciple de Jésus, Franck le sert à l’Église Protestante Les Deux Rives, à Toulouse. Il est marié à Flavie, ils ont 5 enfants.

Ressources similaires

webinaire

La Bible est-elle sans erreur?

Ce replay du webinaire de Florent Varak a été enregistré le 11 juin 2019.

Orateurs

F. Varak