L’Éternel: notre plus grand délice (Psaume 16)

5 perspectives à considérer

Alors que nous nous plongeons dans ce passage, je vais nous guider à travers ce qu’il signifie pour cinq personnes ou catégories principales:

1. David
2. Le peuple d’Israël
3. Jésus-Christ
4. Nous en tant qu’individus
5. L’Église

Se réjouir de l’Éternel en tant que notre refuge (Ps 16.1-2)

David

Face à ses ennemis, David cherche la protection de Dieu, son refuge et son souverain bien. La traduction Segond 21 est: « Tu es mon bien suprême ». Dans une traduction anglaise que j’ai utilisée, cette phrase se traduit par: « Je n’ai rien de bon à part toi. »

Israël

En méditant ce psaume, le peuple d’Israël se fait l’écho des sentiments de David tout au long des diverses épreuves qu’il subit de la part des ennemis voisins, et plus tard pendant les occupations étrangères. 

Jésus-Christ

Jésus lui-même reflète sa totale dépendance à l’égard du Père tout au long de son ministère terrestre, montrant à ses disciples le plaisir qu’il trouve dans la présence de Dieu en passant des nuits blanches en prière et en se réveillant alors qu’il fait encore nuit pour rechercher l’intimité avec le Père.  

Nous

Si nous sommes honnêtes, nous admettrons que la véracité de la déclaration contenue dans ces versets dépend de la saison que nous traversons. Ce n’est souvent que lorsque nous arrivons au bout de nous-mêmes que nous découvrons notre seule source de bonheur. Dans la mesure où ces paroles ne reflètent pas ce que nous ressentons à cette heure même, elles servent d’invitation à nous emparer de leurs vérités par la foi.

L’Église

Nous pouvons également chanter ce chant avec notre Seigneur, Israël et David lui-même, confiants qu’en union avec Christ, ces paroles sonnent tout aussi vrai pour nous. Alors que l’Épouse doit faire face à une persécution accrue à travers le monde, elle peut se confier à l’Éternel qui est son refuge. 

Se réjouir des saints de l’Éternel (Ps 16.3-4)

David

En raison de son bonheur dans l’Éternel, David exprime une affection intense pour les saints. En effet, il est tellement passionné par le Saint d’Israël, qu’une part essentielle de son bonheur est de s’entourer de ceux qui sont aussi saisis par une telle vision de Dieu. C’est pourquoi David oppose son amour pour les fidèles à son dédain pour les idolâtres. Mais il ne s’agit pas des idolâtres en général, mais plus précisément des Israélites syncrétistes qui prétendent suivre le Dieu d’Abraham, mais qui en réalité courent après d’autres dieux. David ne veut rien savoir d’eux, ni même prononcer leur nom.    

Israël

C’est le défi pour le peuple d’Israël, qui doit faire un choix: Choisiront-ils de suivre le Dieu Saint en demeurant parmi des personnes saintes, ou laisseront-ils l’idolâtrie contaminer leur terre et les éloigner de leur fidélité à l’alliance? 

Jésus-Christ

Jésus, bien sûr, se réjouit de la compagnie de ses disciples bien-aimés, en qui il investit le plus. C’est à eux qu’il donne le titre « d’amis, » à ceux à qui il fait connaître la volonté du Père (Jn 15.15). 

Nous

Jésus ne nous appelle pas à être des ermites et à vivre complètement isolés du monde. Mais nous devons aussi garder à l’esprit les paroles de Jacques 4.4:

Adultères que vous êtes! ne savez-vous pas que l’amour du monde est inimitié contre Dieu? Celui donc qui veut être ami du monde se rend ennemi de Dieu.

Ainsi, nous devons cultiver l’amitié avec Dieu tout en cultivant des amitiés avec des personnes pieuses. C’est devenu plus difficile que jamais pour moi ces derniers temps, car il a été facile de devenir antisociale pendant les longues séquestrations de cette pandémie. Scroller sur Facebook et chatter par SMS ne peut tout simplement pas remplacer la communion face à face dont nos cœurs ont si désespérément besoin; surtout si nous voulons éviter de tomber dans le piège de l’idolâtrie contre lequel David s’élève.

Et ce qui est difficile pour nous, Occidentaux, c’est que notre idolâtrie soit si subtile! À l’époque de David, c’était parfaitement clair: les Juifs offraient des sacrifices à des dieux païens! Mais aujourd’hui, nous sommes tentés de verser nos libations sur l’autel du plaisir, du succès, de la richesse, de l’épanouissement personnel, etc… Nous avons besoin les uns des autres et de l’aide de l’Esprit pour nous éclairer à identifier et à abattre ces idoles de nos cœurs.

L’Église

Et c’est l’appel lancé à l’Église aujourd’hui encore. Aimerons-nous et cultiverons-nous la sainteté en tant que communauté de l’alliance de Christ, ou sacrifierons-nous notre éthique sur l’autel de la pertinence et de l’acceptation de la culture? Nous devons prier pour que nos églises et nos pasteurs restent ancrés dans la vérité et la grâce face aux défis posés par notre génération.

Se réjouir de l’Éternel en tant que notre partage (Ps 16.5-7)

David

Au v. 5, David compare la joie que l’Éternel est pour lui à plusieurs images. Il parle en termes de divisions de la terre attribuée à ses ancêtres, déclarant que l’Éternel est plus précieux pour lui que n’importe quelle parcelle de terre. Puis, il parle en termes gastronomiques, le comparant à une coupe, chose qui représente la meilleure nourriture et la meilleure boisson qui soit. David revient au v. 6 à l’idée de son héritage, son bien le plus précieux.

En utilisant le langage de l’alliance et son lien avec la Terre promise, David se réjouit de l’Éternel plus que de son propre royaume ou de toute bénédiction matérielle qui pourrait l’accompagner, palais, chevaux, chars, terres. La Bible du Semeur traduit ce verset de manière très imagée: « Tu as fixé les limites. C’est un jardin plein de délices, oui, c’est pour moi un patrimoine merveilleux. » Son héritage le plus précieux, dans lequel il trouve ses délices, est l’amitié et la communion avec Dieu.

David parle ensuite du conseil de l’Éternel qui reste à ses côtés même dans la nuit au v. 7. Il compte sur Dieu pour le conseiller, pour lui donner la sagesse dont il a besoin pour régner sur Israël. 

Israël

Quant à Israël, par ces paroles, le peuple de Dieu se souviennent surement de la promesse de l’Éternel dans Josué 24.14, 

Je vous donnai un pays que vous n’aviez point cultivé, des villes que vous n’aviez point bâties et que vous habitez, des vignes et des oliviers que vous n’aviez point plantés et qui vous servent de nourriture.

Et l’Éternel fait ce qu’il a promis. Il leur donne un bel héritage! Mais plus encore, par sa présence continuelle dans le tabernacle, et plus tard dans le temple, il devient leur bien le plus précieux, du moins parmi le reste fidèle.  

Jésus-Christ

Jésus incarne pleinement cette dévotion singulière tout au long de sa vie, mais l’exprime parfaitement en Jean 4.34:

Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé, et d’accomplir son œuvre.

Et lui aussi, comme son père David, cherche le conseil de l’Éternel en toutes choses, de la sagesse dont il a besoin pour choisir ses disciples au début de son ministère au courage dont il a besoin pour endurer la croix à la fin de son ministère.

Nous

Et il en va de même pour nous, en tant qu’individus. Je raffole de la nourriture! Je pourrais en parler pendant des heures! Mais j’aspire à ce que mon plus grand plaisir soit Christ. Et quand je découvre qu’il ne l’est pas, le remède peut être de jeûner davantage afin d’exprimer mon désir que ma plus grande faim soit que son royaume vienne et que sa volonté (et non la mienne) soit faite.

L’Église

Quant à son Épouse, quelle plus grande image de plaisir et d’affection que celle d’avoir le Christ comme notre Époux éternel, avec lequel nous nous réjouirons au repas de noces de l’Agneau. En tant que corps, nous nous réunissons dans un culte collectif pour exprimer notre faim et notre soif de son retour, et pour rechercher ses conseils dans la prière. En cette période critique de polarisation, nous avons plus que jamais besoin de ses conseils!

Se réjouir de l’Éternel en tant que notre sécurité (Ps 16.8-11)

Les quatre derniers versets sont cités par Pierre le jour de la Pentecôte dans Actes 2.25-28. La tentation pourrait être de passer directement à la manière dont ils pointent vers Christ. Mais il est important de suivre le modèle utilisé jusqu’à présent et de considérer comment il s’adresse aux différents groupes que nous avons examinés:

David

Au verset 8b, David parle de l’assurance qu’il tire du fait d’avoir l’Éternel à sa droite. La main droite est l’endroit où se tient le défenseur d’une personne accusée. David sait que Dieu est son avocat devant tous ceux qui mettent en doute la légitimité de son trône. C’est pourquoi, ajoute le v. 9, il est rempli d’allégresse et de sécurité. Ses ennemis cherchent à le faire mourir prématurément, mais il exprime au verset 10 sa confiance que l’Éternel ne l’abandonnera pas entre leurs mains. La relation intime qu’il partage avec Dieu ne prendra pas fin lorsqu’il rendra son dernier souffle et que l’enveloppe de son être restera dans le séjour des morts. Au contraire, le v. 11 nous dit que l’Éternel le conduira à la vie éternelle en sa présence, où il jouira pleinement des plaisirs qu’il n’a que partiellement goûtés. À la droite de Dieu – ce terme apparaît pour la deuxième fois, mais cette fois-ci il fait référence à la place de la faveur et de l’honneur.

Israël

Les fidèles d’Israël trouvent dans ces versets l’assurance qu’en tant que peuple élu de Dieu, ils seront finalement délivrés de leurs ennemis et entreront dans son repos éternel. L’alliance abrahamique le promet, tout comme l’alliance davidique qui parle du trône éternel du fils de David. En exil, sous la domination étrangère, le reste du peuple s’accroche à ces paroles qui constituent une promesse pour eux en tant que nation.

Jésus-Christ

En Jésus, nous découvrons à la fois la personnification parfaite et l’accomplissement ultime de ces paroles. Sa vie est guidée par l’Éternel, son défenseur, alors même qu’il endure l’accusation de ses ennemis. Le tombeau vide est sa justification devant eux, et l’accomplissement de la promesse écrite il y a longtemps par David: au sens le plus littéral possible, notre Sauveur ressuscité ne connaît pas la corruption. Il ressuscite des morts et monte à la droite du Père, où il reprend la joie et le plaisir de l’intimité dont il jouissait avec lui dans l’éternité infinie du passé.

Nous

Ces versets dirigent notre attention vers notre Sauveur ressuscité, notre source ultime de plaisir, de joie, de sécurité et de paix. Face à l’accusation de l’ennemi et à la menace de la mort elle-même, notre espoir réside dans celui qui plaide en notre faveur. Et si la vie dans ce monde déchu est parfois excessivement difficile, nous pouvons nous réjouir de l’éternité à la droite de Dieu. Quelle joie! Quel jour ce sera! D’ici là, fixons nos yeux (v. 8) sur Christ, « qui suscite la foi et la mène à la perfection; en échange de la joie qui lui était réservée, il a souffert la croix, méprisé l’ignominie, et s’est assis à la droite du trône de Dieu » (He 12.2). 

L’Église

Nous pouvons être assurés que Christ est notre défenseur. Car nous aussi, nous avons un ennemi, l’accusateur des frères (Ap 12.10). Mais nous avons aussi un Grand Prêtre qui est toujours vivant pour intercéder en notre faveur (Hé 7.25). Jésus ne promet jamais que son Église ne sera pas persécutée. Au contraire, l’Écriture nous dit qu’il en est certain (2 Ti 3.12). Mais il prononce ces paroles d’assurance dans Matthieu 16.18: “Je bâtirai mon Église, et les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle. » Et un jour glorieux, nous nous rassemblerons devant le trône en tant que rachetés de toute nation, ethnie, langue, et peuple, et nous adorerons l’Agneau qui a été immolé (Ap 5.9).

Pour aller plus loin:

• « Trouver Christ dans les Psaumes » – Angie Velasquez Thornton
• « Comment les Psaumes nous conduisent à Christ » – Angie Velasquez Thornton
• « Le livre des Psaumes » – un épisode du podcast Chrétienne