Le culte du dimanche, d’abord destiné aux croyants?

Culte communautaire

Je suis favorable au fait que des non-croyants assistent au culte du dimanche. Je suis donc conscient de l’importance de rendre le culte accessible à tous les participants, et notamment aux non-croyants. Mais cet engouement pour l’accueil des non-croyants lors du culte pourrait cacher deux types de danger: celui de diluer la substance biblique et d’ajouter des éléments impropres au culte pour le rendre plus cool, plus accessible. Ce faisant, nous nous trompons de solution: non seulement nous ne servons pas les non-croyants, mais surtout, nous portons atteinte à Dieu. Lui seul est la raison d’être du culte, lui seul en est le centre.

Après une réflexion biblique sur ce thème, je proposerai une solution concrète pour nos amis non-croyants.

Dieu est la raison d’être et le centre du rassemblement cultuel

Avez-vous déjà rendu visite à des personnes inconnues? Avez-vous déjà été invité à prendre le café dans leur salon? Probablement que non. La raison est simple: pour être invité, il faut que nous ayons une histoire préalable avec cette personne, une raison de lui rendre visite.

De même, le culte existe parce que Dieu sauve et rassemble son peuple en Églises locales. Comme les israélites dans l’Exode, Dieu nous sauve et nous convoque pour que nous l’adorions. Le culte chrétien n’est pas une initiative personnelle de l'Église. Il est avant tout une réponse obéissante à la convocation de Dieu de le célébrer. Lors du culte, nous proclamons:

L’Agneau qui a été offert en sacrifice est digne de recevoir la puissance, la richesse, la sagesse, la force, l’honneur, la gloire et la louange.

Apocalypse 5.12 — S21

Il existe donc déjà une histoire entre Dieu et les personnes présentes pour la célébration du culte. Ainsi, elles parlent de Dieu, chantent Dieu, prient Dieu, enseignent l’œuvre de salut manifestée en Christ. Le culte est totalement orienté vers Dieu, son œuvre pour l’humanité et la vie des personnes qu’il a sauvées. Dieu est le centre et la raison du culte. Don Carson explique:

L’adoration est la réponse appropriée de tous les êtres moraux et sensibles à Dieu, attribuant tout honneur et valeur au Dieu créateur précisément parce qu’il en est digne1.

L’adoration consiste donc en des croyants qui chantent à pleins poumons: “Ce qui m’était gain n’a plus de valeur, ne me sert à rien, car je préfère: te connaître.” Le contenu du culte leur est prioritairement destiné. Leur adoration est une réponse au salut de Dieu et à sa révélation.

Pensez-vous qu’un non-croyant puisse attribuer au Dieu créateur tout honneur et toute gloire? La réponse est non. Vouloir se conformer aux non-croyants, peut nous exposer au danger que représente l’influence de la sagesse humaine au détriment de Dieu et de l'Évangile. Paul écrit:

De fait, ce n'est pas pour baptiser que Christ m'a envoyé, c'est pour annoncer l'Évangile, et cela sans recourir à la sagesse du langage, afin que la croix de Christ ne soit pas vidée de sa force.

1 Corinthiens 1.17 — S21

Paul s’oppose à toute approche qui viderait l'Évangile de sa substance. Il pose la question: “Qu'est-ce qui dans notre prédication éclipse l'Évangile?” L’un des dangers qui nous guette est de nous appuyer sur la sagesse humaine, comme ici l'éloquence qui impressionne tout en diluant l'Évangile. Il ne s'agit pas de rejeter toute forme d'expression soignée ou contemporaine, mais de veiller à ce qu'elle serve le message de l'Évangile plutôt que de l'éclipser. Si des non-croyants, des athées, des musulmans assistent confortablement à notre culte sans être interpellés, remis en question, cela devrait nous interroger sur la raison d'être de notre culte et la réalité de notre foi dans l'Évangile. Cela peut également se manifester en choisissant des chants qui ne parlent pas de notre besoin de la grâce de Dieu manifestée en Christ. Voilà pourquoi Paul tient à ce que le vrai Évangile reste au centre.

En effet, le message de la croix est une folie pour ceux qui périssent, mais pour nous qui sommes sauvés, il est la puissance de Dieu.

1 Corinthiens 1.18 — S21

De prime abord, l’Évangile n’aura peut-être pas de sens pour les non-croyants: il sera peut-être même un scandale pour eux. Si nous cherchons à leur plaire pour éviter de les scandaliser, nous pourrions desservir l'Évangile, et les chrétiens ne verraient plus la puissance de Dieu, mais des artifices purement humains. Paul rappelle que les Écritures viennent de l’Esprit (1Co 2.13) et que tout homme a besoin de ce même Esprit pour comprendre l’Évangile:

Mais l’homme naturel n’accepte pas ce qui vient de l’Esprit de Dieu, car c’est une folie pour lui; il est même incapable de le comprendre, parce que c’est spirituellement qu’on en juge.

1 Corinthiens 2.14 — S21

Face à cette réalité spirituelle, quelle attitude adopter dans nos cultes? La solution ne consiste donc pas à rendre le contenu du culte plus attrayant en diluant l’Évangile pour plaire aux non-croyants. Ils ont besoin de cet Évangile d’origine divine ainsi que de nos prières, car c’est lui qui transforme les vies par l’action de l’Esprit.

Ainsi, le message de la croix proclamé lors du culte nous détourne de la sagesse purement humaine pour nous recentrer sur Dieu. Il édifie les croyants qui, en le comprenant, s’émerveillent toujours plus de la puissance de Dieu. Dans le même temps, c’est par la puissance de cet Évangile que Dieu sauve les non-croyants présents parmi nous lors du culte. En cela, il constitue un moyen de grâce pour tous. Ceci étant dit, la convocation d’organiser et de célébrer Dieu par le culte concerne les croyants. À travers l'apôtre Paul, Dieu s’adresse spécifiquement aux croyants et nous donne le contenu de la célébration, ainsi que la manière de le célébrer. Il écrit:

Que la parole de Christ habite en vous dans toute sa richesse! Instruisez-vous et avertissez-vous les uns les autres en toute sagesse par des psaumes, par des hymnes, par des cantiques spirituels, chantez pour le Seigneur de tout votre cœur sous l'inspiration de la grâce.

Colossiens 3.16 — S21

Lorsque des vies transformées, rassemblées en Église, célèbrent Dieu de tout leur cœur, et proclament Christ qui les a sauvées, le contenu du culte ainsi que notre célébration du Dieu vivant honorent Dieu et constituent un témoignage puissant pour les non-croyants présents.

Lingon Duncan conclut:

Le culte public a lieu lorsque le peuple de Dieu se réunit dans le but exprès de rendre au Seigneur la gloire qui lui est due et de se réjouir de la présence spéciale qu'il a promise à son propre peuple2.

Dieu a défini les éléments du culte

Contrairement aux dieux païens qui ne parlent pas et dont les adeptes doivent deviner de quelles manières ils doivent les adorer, le Dieu de la Bible exprime clairement à son peuple comment il souhaite être adoré. Imaginez que vous invitiez votre grand-mère à dîner. Pour vous aider à faire le dessert, elle vous donne sa recette préférée, avec tous les ingrédients et les étapes de préparation. Vous suivez ses instructions précises, sachant exactement ce qu’elle attend et comment la satisfaire. Résultat, vous vous régalez tous deux. De la même manière, le culte chrétien n’a rien à voir avec un repas que nous aurions concocté sur la base des ingrédients qui nous plaisent. Le culte est un repas dont la recette est communiquée par Dieu afin que nous l’exécutions de façon à l’honorer.

Ainsi, il ne nous revient pas de décider si nous allons vivre l’ensemble de notre vie chrétienne seuls, dans notre coin. Notre besoin et notre pratique du culte communautaire, tout comme son contenu, doivent s’inspirer des Écritures.

Dans l’Ancien Testament, dans les livres du Lévitique et des Nombres, Dieu définit le cadre ainsi que les éléments du culte. Ainsi les lévites et les prêtres pourront organiser, sur la base des Écritures, le culte du peuple. Dans le Nouveau Testament, à travers les apôtres, Dieu définit le cadre du culte pour l’Église. Il affirme que tous les croyants sont des prêtres (1P 2.9-10; Ap 1.6). Il cite les éléments comme la prière, la prédication, ou le chant qui édifient les croyants (Col 3.16; Ép 5.19) et la cène. Dieu demande donc à son peuple de suivre le cadre qu’il a fixé pour l’adorer. Il revient aux croyants d’interpréter les Écritures et d’organiser le culte pour que Dieu soit loué par son peuple conformément aux Écritures. Ainsi, le culte du dimanche n’est pas prioritairement destiné aux non-croyants, mais bien aux croyants. Nos cultes doivent donc être centrés sur Dieu et saturés par les Écritures et l’Évangile. C’est là notre plus grand besoin et cela glorifie Dieu.

Dieu interdit d’y inclure des éléments qu’il n’a pas définis dans les Écritures

Nous avons vu que c’est Dieu qui définit les éléments du culte. Mais ce n’est pas tout. Que se passerait-il si nous décidions d’organiser nos cultes différemment? Poursuivons notre métaphore culinaire. Imaginez que vous invitiez un ami chez vous, mais il ne vous dit pas ce qu’il aime manger. Vous devez deviner ses préférences et préparer un plat en espérant que ça lui plaira. Selon votre intuition, vous optez pour un plat de fruits de mer. Quand il arrive chez vous, vous découvrez au cours de la discussion qu’il n’aime pas les crevettes. Pire, il est allergique aux crustacés! Cet exemple illustre parfaitement que lorsque l’adoration se fait sur la base de l’imagination humaine, elle n’est pas conforme à ce que Dieu attend de nous. En effet, Dieu définit non seulement comment il souhaite être adoré, mais il condamne aussi les mauvaises manières de l’adorer. Cela devrait nous préoccuper, tout comme cela a préoccupé Martin Luther.

Plaçons-nous dans sa peau pour comprendre les enjeux. Martin Luther a vécu pendant des décennies en tant que catholique: il a prié les saints, célébré les sept sacrements et adhéré à la doctrine des indulgences. Cette doctrine "accorde", en échange de paiement ou d’actions religieuses comme la prière ou les pèlerinages, la possibilité de réduire ou d’annuler une peine liée à un péché. Luther redécouvre ensuite les Écritures et rédige ses thèses pour dénoncer certains dogmes et certaines pratiques comme les indulgences au sein de l’Église catholique. En 1521, alors qu’il est au tribunal devant l’empereur Charles Quint et les autorités religieuses à la Diète de Worms, Luther est sommé de renoncer catégoriquement à ses positions. Il répond:

À moins d’être convaincu par l’Écriture et la raison. Je n’accepte pas l’autorité des papes et des conciles, car ils se sont contredits. Ma conscience est captive à la Parole de Dieu. Je ne peux et je ne veux rien rétracter3.

De cette posture découle la formulation "Sola Scriptura" qui stipule que les Écritures seules ont le dernier mot sur la vie du croyant. C’est en se basant sur les Écritures que Luther interdit bon nombre de pratiques religieuses. Surprenant? Non, cela ne devrait pas nous étonner. Dieu ne nous laisse pas définir par nous-mêmes la manière dont nous devons l’adorer. Voici quelques exemples parlants: le veau d’or (Ex 32), Abihu et Nadab avec le feu étranger (Lv 10.2), David et Uzza (2S 6.6-7). Ces exemples confirment que Dieu condamne l’adoration que lui rend son peuple quand elle n’est pas conforme aux Écritures. Voilà pourquoi, Moïse a brisé les Tables de la loi (Ex 32.19), parce que le peuple ne s’était pas conformé à cette loi.

Souvenons-nous que notre conformité au contenu des Écritures participe à notre instruction d’après 2 Timothée:

Toute l’Écriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit formé et équipé pour toute œuvre bonne.

2 Timothée 3.16-17 – S21

Dieu veut que le contenu du culte soit accessible aux non-croyants

La volonté de Dieu, c’est que le culte s’adresse en priorité aux croyants. Pourtant, Dieu s’attend à ce que de simples auditeurs (par exemple des enfants) et des non-croyants assistent au culte. Lorsque j’invite un ami à venir à l’Église, l’une de mes craintes, c’est que le contenu du culte soit une barrière à cause de l’utilisation d’un langage spécialisé et des références propres au christianisme (exemple: sanctification). Il arrive souvent que ces références ne soient pas expliquées de manière accessible aux personnes extérieures à la foi. Pourtant, Paul écrit:

Si donc, alors que l’Église entière est rassemblée, tous parlent en langues et qu’il entre de simples auditeurs ou des non-croyants, ne diront-ils pas que vous êtes fous?

1 Corinthiens 14.23 — S21

Cela implique que le culte doit être rendu accessible pour eux. Quelle est la solution que la Bible propose pour résoudre cette équation? Elle affirme la centralité de l’Évangile qui permet l’édification de tous. Paul déclare ceci:

Que faire donc, frères et sœurs? Lorsque vous vous réunissez, chacun [de vous] peut apporter un cantique, un enseignement, une révélation, une langue ou une interprétation. Que tout se fasse pour l’édification.

1 Corinthiens 14.26 — S21

L’édification implique une bonne compréhension du contenu du culte pour toutes les personnes présentes. Comme l’explique Brian Chapel4, se focaliser sur les croyants ne signifie pas oublier les non-croyants. Si la prédication n’est pas claire, la meilleure solution consiste à former les prédicateurs plutôt que de réduire le temps de prédication. Les formations Prêche la Parole sont justement dédiées à cet objectif. Si les chants ne sont pas compréhensibles par un public novice, vous pourriez discuter du choix des chants avec les anciens ou encore proposer d’introduire chaque chant par une parole de présentation ou de contextualisation. Luther encourageait les auteurs-compositeurs à [utiliser] uniquement les mots les plus simples et les plus courants5.



Rolly Ngouala

Marié à Veronika, Rolly a été responsable jeunesse pendant 10 ans à l’ECE Grenoble. Aujourd’hui, il poursuit un master en Théologie à Trinity Evangelical Divinity School, et aspire à la charge de pasteur. Il a à cœur l'enseignement, l'accompagnement pastoral, et la formation. Il aime discuter autour d'un chocolat chaud, enseigner les mathématiques et cuisiner. Il propose quelques recettes sur son blog culinaire.

Ressources similaires

webinaire

Comment organiser des cultes pour chrétiens et non chrétiens?

Découvre le replay du webinaire de Stéphane Kapitaniuk et Franck Godin, enregistré le 3 juillet 2018.

Orateurs

F. Godin et S. Kapitaniuk