Le 16 novembre 2023, je donne un atelier à la conférence nationale The Gospel Coalition Canada sur le thème: “Comment les femmes peuvent-elles enseigner, écrire et podcaster pour l'Église?” Dans cet atelier, je partagerai les raisons suivantes, ainsi que quelques conseils pour celles (et ceux) qui souhaiteraient développer un ministère d'écriture, de podcast ou d'enseignement.
Les femmes devraient enseigner, écrire et podcaster parce que l'Église de Jésus-Christ, partout dans le monde, a beaucoup à gagner à entendre des femmes douées par le biais de ces plateformes. Après tout, nous représentons plus de la moitié de l'Église! Et bien que nous ne soyons pas un monolithe, les femmes portent un ensemble différent de lunettes à travers lesquelles nous voyons le monde et l'Écriture. Et nous apportons une perspective différente à la théologie et à la vie chrétienne, une perspective que non seulement d'autres femmes, mais aussi nos frères gagneraient à entendre. Je dois mentionner en passant que nos statistiques indiquent qu'un tiers des auditeurs de notre podcast Chrétienne sont des hommes. Et j'ai l'impression que mes articles intéressent aussi bien mes frères que mes sœurs.
Permettez-moi de vous donner un exemple de la manière dont nous, les femmes, pouvons apporter à nos frères une perspective dont ils ont grandement besoin.
L'année dernière, Aurélie, ma complice, et moi-même avons réalisé une série en deux parties sur notre podcast, au sujet de ce que la Bible avait à dire sur les menstruations. Cela vous semble risqué? Je l'ai pensé aussi! Mais je me disais que cela valait la peine d'en parler! Eh bien, faisons un bond en avant de plusieurs mois: je suis revenue récemment d'un voyage de ministère en France et en Suisse. Et pendant que j'étais là-bas, j'ai rencontré un frère et fervent adepte de notre podcast. Il a écouté tous les épisodes! Et vous voulez savoir lesquels ont été ses préférés? Ceux que nous avons consacrés à la menstruation! Il a dit qu'ils l'ont aidé à voir, non seulement comment l'Écriture parle de ces questions pratiques, mais aussi comment elle peut l'aider à mieux comprendre et aimer sa femme. Quel privilège d'encourager et de bénir nos frères en Christ de cette manière. Et pensez à ceci: Quelle est la probabilité qu'un podcast de TPSG animé par des hommes aborde un tel sujet? Peu ou pas du tout, je pense.
Une autre raison pour laquelle je crois que les femmes devraient écrire et podcaster est que, alors que les possibilités d'enseignement dans l'Église locale sont parfois limitées, elles ont accès à d'innombrables femmes (et hommes) par le biais des plateformes en ligne. L'avènement du World Wide Web a conduit à une démocratisation de la décimation de l'information. Cela a permis à beaucoup de déchets d'être diffusés, tant du point de vue des théologiens que de celui de la rédaction. Mais cela nous a aussi permis de découvrir de grands enseignants et écrivains bibliques dont nous n'aurions jamais entendu parler sans Internet. Cela signifie également que si vous produisez un bon contenu et qu'il trouve un écho auprès des gens, vous serez en mesure d'édifier l'Église de Christ bien au-delà des quatre murs de l'assemblée à laquelle vous appartenez.
Pour être claire, je ne suggère pas que nous abandonnions nos Églises locales. Elles devraient être notre demeure spirituelle, notre famille, notre communauté de foi et l'endroit principal où nous vivons les "uns et les autres" de la vie chrétienne. Cela dit, en écrivant et en diffusant des podcasts, nous pouvons également servir l'Église chrétienne au sens large. Ces deux aspects ne doivent pas nécessairement être opposés l'un à l'autre. Et si vous êtes un évangéliste ou un apologète doué, vous avez bien plus de chances de trouver votre public sur le marché qu'entre les quatre murs de votre Église.
À celles et ceux qui souhaitent développer un ministère en ligne, je propose les principes spirituels suivants.
Faites participer vos pasteurs, vos mentors et vos amis de confiance à votre démarche. Demandez-leur de vous tenir redevable. Demandez-leur de relire vos premiers articles ou leçons avant de les mettre à la disposition du public. Surtout au début.
Chacun d'entre vous ne voudra pas nécessairement écrire et podcaster sur la théologie. Et c'est très bien ainsi! Mais si c'est le cas, il est sage de faire appel à un ami qui a une bonne connaissance de la théologie, et qui pourra déceler les erreurs que vous ne voyez pas. J'ai souvent pensé que la musique chrétienne contemporaine pourrait être tellement plus solide sur le plan théologique si certaines de ces personnes chères avaient la possibilité de faire vérifier les paroles par un pasteur, avant de les faire chanter aux masses chrétiennes! Veillons à ce que notre contenu soit de la meilleure qualité possible.
Tout prédicateur, enseignant biblique ou auteur de longue date vous dira que ses premiers articles, livres ou messages étaient imparfaits. Il se peut même qu'ils aient changé de position théologique au fil du temps. Nous ne sommes pas des êtres statiques, mais des êtres dynamiques. Il est normal que nos convictions évoluent au fur et à mesure que nous grandissons. Surtout lorsqu'il s'agit de questions secondaires. Un professeur de séminaire nous a dit un jour: “Fréquentez les doctrines secondaires, mais épousez les doctrines primaires." Je suis tout à fait d'accord. La Bible contient des enseignements importants concernant le salut, qui sont présentés si clairement dans les Écritures, que tant les personnes instruites que les moins instruites peuvent en saisir le sens de manière adéquate.
Si je mentionne cela, c'est parce que dans le contexte de l'enseignement, de l'écriture et du podcasting, j'ai moi-même enseigné des choses avec lesquelles je ne suis plus d'accord. Et ce n'est pas grave. Parce que je n'ai pas enseigné d'hérésie. Mais en ce qui concerne une question secondaire, j'ai étudié quelque chose de nouveau et mes convictions ont évolué au fur et à mesure que j'arrivais à une meilleure compréhension de l'Écriture.
Je pense qu'il est important que vous ressentiez aussi cette liberté. Car si vous avez l'impression de devoir avoir toutes les réponses maintenant, et que tout ce que vous mettez sur le marché doit être parfait, alors vous ne vous lancerez jamais.
Le personnage biblique qui m'inspire le plus à ce sujet est Apollos. J’ai d’ailleurs écrit un article que vous trouverez ici.
L'Église locale doit être la base de votre ministère. Si vous n'y servez pas d'une manière ou d'une autre, impliquez-vous. S'il n'y a pas de possibilités d'enseignement ou d'écriture pour vous, ce n'est pas grave. Servez là où vous le pouvez. Mais aimez et investissez dans la vie de personnes réelles, en chair et en os. Car ce sont les relations que vous construisez avec les personnes qui vous connaissent et vous accompagnent dans les bons, les mauvais et les vilains moments, qui vous permettront de vous épanouir lorsque vous vous aventurerez dans le monde virtuel. Des amis fidèles, dans la vraie vie, vous donneront un feedback1 honnête et vous diront si le personnage que vous affichez en public commence à être différent de celui qu’ils connaissent et ont l’habitude de voir, sans filtre.
"L'union fait la force!" Je ne serais pas allée bien loin ces dernières années sans le soutien d'Aurélie à TPSG et de Debbie, Valérie et Karine à SOLA. Elles sont douées dans des domaines où je suis nulle et compensent beaucoup mes faiblesses!
Non seulement cela, mais lorsque le Seigneur nous ouvre les portes du ministère, nous pouvons ouvrir des portes à ceux et celles qui suivent un chemin similaire au nôtre. L'une des grandes raisons pour lesquelles j'aime enseigner, podcaster et écrire, c'est que j'ai l'occasion de mettre en lumière le travail d'autres femmes extraordinaires. Nombre d'entre elles sont des amies personnelles qui ont connu de profondes souffrances et ont acquis une immense sagesse grâce à leurs épreuves. Je veux que le plus grand nombre possible de personnes apprennent d'elles. C'est ce qui est si formidable avec le podcasting en particulier.
J'ai interviewé plusieurs de mes amies sur Chrétienne. Elles ont partagé des témoignages allant de la façon d'élever un enfant autiste à celles de supporter la perte d'un conjoint, de combattre la dépression, ou de s'occuper des sans-abris.
Lorsque ma fille Isabella était en CM1, elle nous a raconté que plusieurs de ses camarades de classe rêvaient de devenir une star de YouTube. Aujourd'hui, avec l'explosion de Tik Tok et d'autres plateformes de ce type, de nombreuses personnes veulent se faire connaître en tant qu'influenceurs. Il peut être facile de se laisser prendre par les les chiffres, les vues, les partages.
Ma famille et moi aimons le film "Nacho Libre" avec Jack Black. Il raconte l'histoire d'un frère catholique qui s'occupe d'orphelins le jour et qui est luchador, ou lutteur, la nuit. Dans une scène, après avoir été vaincu dans un énième match de lutte, il se tourne, frustré, vers son partenaire Esqueleto : "Tu ne veux pas goûter un peu à la gloire ? Voir à quoi ça goûte ?"
Nous citons cette phrase tout le temps dans ma famille ! Car nous devons tous lutter contre cette tentation. Et cela peut être difficile, parce que nous aurons toujours des motifs contradictoires. Mais nous devrions prendre l'habitude d'examiner nos cœurs dans la prière et de soumettre nos espoirs et nos projets au Seigneur.
À présent, permettez-moi de vous faire part de quelques suggestions très pratiques:
Je tiens un journal intime depuis l'âge de 10 ans. Sans rire, quelque part dans une boîte de notre sous-sol se trouve le journal Hello Kitty dans lequel j'ai commencé à écrire lorsque j'étais en 6ᵉ année! Je ne m'en suis pas rendu compte à l'époque, mais cette habitude d'écrire mes pensées, mes rêves et mes aspirations a contribué à faire de moi l'écrivaine que je suis aujourd'hui. Il n'est jamais trop tard pour commencer.
On dit que les meilleurs écrivains sont les meilleurs lecteurs. Je sais que beaucoup d'entre nous sont très occupés et qu'il est difficile de trouver le temps de lire. Ou peut-être que certains pensent que nous ne devrions pas perdre de temps à lire autre chose qu’un tome de théologie. C'est en tout cas ce que j'ai souvent ressenti. Mais il n'est pas nécessaire de choisir les Instituts de Jean Calvin comme premier livre à lire. Il peut s'agir de quelque chose de court et d'accessible. Choisissez quelque chose qui capte votre imagination.
Même si je ne lisais que 20 minutes par jour, juste avant d’aller me coucher ou après le déjeuner, je pense qu’en un an, j'aurai passé beaucoup plus de temps à lire des livres que je n’en aurais passé à scroller2 sans réfléchir sur Facebook (ce dont je suis souvent coupable, il n'y a donc pas de honte à cela!).
J'aime faire lire à mes filles. La lecture à voix haute active des parties différentes de notre cerveau et de notre imagination, en plus de la lecture visuelle. Lorsque nous partageons cela avec d'autres, en particulier avec nos enfants, ils bénéficient de l'expérience, car nous investissons dans notre relation avec eux.
Honnêtement, cela peut aussi nous aider à mieux nous exprimer, car nous apprenons à prononcer et à énoncer des mots que nous ne trouvons pas habituellement dans notre propre lexique actif. En outre, la lecture peut également nous aider à développer une meilleure inflexion en tant qu'orateurs.
Après tout, tout comme les enfants aiment que nous leur lisions des histoires sur un ton qui capte leur imagination, nos auditeurs voudront que nous leur enseignions d'une manière dynamique.
Je n'ai jamais fait partie d'un groupe d'écriture. Il y a encore quelques années, je ne savais même pas que de tels groupes existaient. Après avoir entendu les témoignages de personnes qui ont fait partie de ces groupes, j'ai été convaincue. J'aurais aimé y avoir accès dès le début de mon parcours d'écrivaine.
Bien que je ne puisse pas en dire plus, par manque d'expérience personnelle, je vous suggère d'explorer cette option afin d'affiner vos compétences.
Associez-vous à des amis qui partagent les mêmes passions, et créez un blog collectif. Je suis convaincue que le fait de travailler avec une équipe de blogueurs partageant les mêmes idées permet généralement d'obtenir un produit de meilleure qualité que si l'on travaillait seul.
De plus, une équipe de rédacteurs peut s'assurer que vous produisez du contenu régulièrement. Si vous réunissez un groupe d'amis et lancez un blog collectif, le nombre de vos lecteurs incluera des personnes issues de toutes vos sphères d'influence et non d'une seule personne. Votre blog collectif pourrait même être l'évolution naturelle de votre groupe d'écriture, si vous choisissez cette voie.
L'écriture exige un travail acharné. C'est comme faire de la musculation. Vous ne pouvez pas vous attendre à être transformés du jour au lendemain. Alors, accordez-vous de la grâce.
Écrivez même lorsque vous n'en avez pas envie. Et lorsque vous n'avez rien à dire, faites une pause. Ruminez. Reposez-vous. Lisez. Répétez l'opération. Mais n'abandonnez pas.
1. Anglicime: faire un retour, donner un avis.
2. Anglicime: faire défiler un contenu à l’écran.
webinaire
Le féminisme: Liberté, égalité, sororité?
Découvre le replay de ce webinaire enregistré le 10 novembre 2022, en partenariat avec l’équipe du podcast Sagesse et Mojito: Christel Lamère Ngnambi, Jean-Christophe Jasmin et Léa Rychen.
Orateurs
L. Sagesse et Mojito