Dans quel cadre les femmes peuvent-elles enseigner les hommes?

ComplémentarismeFéminité

Les femmes peuvent-elles enseigner aux hommes sous certaines conditions? Peuvent-elles prêcher le dimanche matin? Enseigner à l’école du dimanche? Diriger un petit groupe de maison? Enseigner durant un séminaire? Prendre la parole lors d’une retraite pour couples? À la radio? Lorsque des hommes sont dans l’auditoire? Est-ce que les hommes devraient même lire cet article écrit par une femme? En bref, jusqu’où va l’interdiction de Paul que nous trouvons dans 1 Timothée 2.12?

Si je suis une femme douée pour enseigner, à quel moment est-ce que je franchis la limite? Ce sont des questions posées par beaucoup de femmes qui cherchent à respecter le modèle posé par Dieu sur la direction masculine de l’Église tout en exerçant leur don spirituel d’enseignement.

Créer un ensemble de règles sur ce qui est autorisé ou non serait à la fois trompeur et ridicule. Mais cela ne veut pas dire que rien ne doit être fait! Les femmes qui ont un don d’enseignement et qui veulent honorer Jésus-Christ par ce don devraient aborder la question sous un autre angle…

Les hommes sont les « pères de l’Église »

En tant que complémentarienne, je crois que Dieu veut que nous respections son divin plan pour les hommes et les femmes, en respectant le rôle de chef donné à l’homme dans nos foyers et dans nos Églises. L’Église est la famille et la maison de Dieu (1Tm 3.15, Hé 3.6, Ga 6.10). Le fait que l’Église soit la famille de Dieu est un élément fondamental. La Bible enseigne qu’au sein de la cellule familiale, ainsi que dans notre famille spirituelle qu’est l’Église locale, le père (ou plusieurs pères dans le cas de l’Église) a la responsabilité de la diriger avec amour et de la gouverner avec humilité.

Le terme utilisé dans la Bible pour quelqu’un qui dirige l’Église est « ancien » ou « surveillant ». Les Églises d’aujourd’hui appellent souvent leurs dirigeants « pasteurs ». Certaines Églises appellent même chaque personne salariée un pasteur – même si cette personne est une femme et non un ancien. Pour éviter toute confusion sur cette terminologie, et pour être claire sur ce que je veux dire, j’appellerai les hommes qui occupent la fonction biblique d’ancien / surveillant et qui gouvernent et dirigent la famille qu’est l’Église, les « pères de l’Église ».

Dieu nous donne une limite claire pour savoir comment respecter le rôle de direction donné aux hommes dans l’Église. Nous le respectons en laissant les pères de l’Église diriger et enseigner la famille qu’est l’Église. Les Écritures indiquent que les femmes doivent rester silencieuses lorsque les pères de l’Église donnent ce type d’enseignement familial faisant autorité:

Je ne permets pas à une femme d’enseigner ou d’exercer une autorité sur un homme; elle doit plutôt rester tranquille.

1 Timothée 2.12

C’est la frontière que nous devons respecter si nous voulons respecter le rôle de direction donné aux hommes.

La famille se rassemble le dimanche matin

Par conséquent, il me semble que la question de savoir comment honorer Christ par mon don d’enseignement consiste surtout à savoir si j’agis comme le père de l’Église. Est-ce que je fais quelque chose qui est, ou sera probablement interprété comme établissant la direction doctrinale et spirituelle pour toute ma famille spirituelle?

La plupart des Églises se réunissent pour entendre les pères de l’Église enseigner et instruire la famille lors des cultes. Cela ne veut pas dire que chaque culte de fin de semaine est axé sur l’instruction doctrinale et la direction de la famille, ou que le dimanche est le seul moment où un tel enseignement a lieu. Mais en règle générale, dans la plupart des Églises, le culte est le contexte dans lequel  sont donnés l’enseignement officiel et la direction suivie par la famille de l’Église locale.

Parce que je veux respecter 1 Timothée 2.12, pour mon bien et le bien de l’Église, et parce que je crois que cela pose une limite assez claire pour les femmes enseignant avec autorité dans l’Église locale, je refuse généralement* les invitations à prendre la parole le dimanche matin. Le passage indique que l’enseignement doctrinal délivré dans le contexte de la réunion régulière de l’Église est de la responsabilité des « pères de l’Église ». La façon dont j’honore et m’attache au modèle de direction donné par Dieu est de rester silencieuse et de laisser les « pères de l’Église » enseigner la famille.

Je fais cela avec joie. Je ne suis pas le père de l’Église. Je suis une femme et donc une mère spirituelle. Je me réjouis du fait que Dieu nous ait créés hommes et femmes et nous ait conçus pour être des pères et des mères spirituels. On pourrait dire que grâce à mon don d’enseignement je serais capable de mieux interpréter le texte et de délivrer un meilleure prédication que de nombreux pères de l’Église. Mais ce serait manquer totalement le but. Ce n’est pas une question de compétence. Dieu a créé la famille et dans la famille, les hommes sont censés être les papas et les femmes sont censées être les mamans. Il ne s’agit pas de savoir qui est le meilleur ou le plus doué. Les rôles de l’homme et de la femme ne sont ni identiques ni interchangeables.

À quel moment les femmes peuvent-elles enseigner?

Voilà donc ce que je crois au sujet des femmes qui enseignent pendant les cultes. Mais les chrétiens se rassemblent à bien d’autres moments et dans de nombreux autres contextes. Il y a l’école du dimanche, les petits groupes, les réunions de prière, les séminaires et les conférences. De plus, les chrétiens se rassemblent souvent pour l’édification et l’enseignement avec des personnes qui ne font pas partie de leur Église. Et ils écoutent des podcasts, regardent des vidéos et lisent des livres. La Bible n’aborde pas spécifiquement ces contextes. En tant que femme, comment dois-je décider si l’enseignement dans ces autres contextes religieux et mixtes est autorisé?

De quelle façon est-ce que je détermine si l’enseignement dans un rassemblement religieux mixte honore la direction masculine? En essayant de déterminer dans quelle mesure cette situation particulière imite la nature, le rôle et la fonction du « père de l’Église » dans la gouvernance et l’enseignement doctrinal publique pour la famille qu’est l’Église locale.

8 principes pour savoir quand enseigner

Concrètement, j’essaie de déterminer où se situe le rassemblement grâce à aux 8 critères suivants:

Plus l’enseignement donné lors d’un rassemblement de chrétiens penche vers la gauche (la première partie de chaque paire) moins je serai susceptible d’enseigner devant un public mixte. Plus cela penche vers la droite (la deuxième partie de chaque paire), plus je pourrai être une enseignante utile dans ce contexte.

1. Contexte

Église locale ⟶ Pas l’Église locale

« S’agit-il de mon Église locale ou d’un autre groupe de chrétiens réunis? »

2. Nature de l’enseignement

Exégétique ⟶ témoignage / inspiration

« Suis-je en train d’interpréter avec force un texte de l’Écriture ou de partager ma vie et mon expérience avec un soutien biblique? »

3. Autorité de l’enseignement

Directif⟶ Non-directif

« Est-ce que j’établis la norme officielle pour la communauté? »

4. Relation avec le public

Proche (personnelle/ relationnelle) ⟶ Distante (impersonnelle/ non relationnelle).

« Est-ce que j’appartiens à la même communauté que ces hommes? Est-ce que je cherche à être leur guide ou leader? »

5. Engagement envers les auditeurs

Formel ou officiel ⟶ Informel ou non-officiel

« Les auditeurs ont-ils un engagement formel envers moi ou envers cette communauté? »

6. Obligation d’obéissance à l’enseignement

Obligatoire ⟶ volontaire

« Les auditeurs sont-ils obligés d’écouter l’enseignement qui se déroule dans ce contexte? Sont-ils susceptibles d’être disciplinés et corrigés pour ne pas avoir obéi? »

7. Fréquence

Régulièrement ⟶ Occasionnellement

« Cela arrive-t-il souvent et de manière répétitive ou rarement? »

8. Maturité de l’enseignante

Sœur ⟶ Mère

« Mon âge et ma maturité spirituelle créent-ils une situation où je parle comme une mère le ferait à ses fils? »

Exemple: enseigner lors d’une conférence nationale

Par exemple, dans le cas d’un discours à un public mixte lors d’une conférence nationale, je peux évaluer si mon intervention est appropriée sur la base de l’analyse suivante:

1. Contexte: pas l’Église locale.

Les conférences religieuses nationales se situent en dehors du contexte de l’Église locale (même si les rencontres nationales des différentes dénominations peuvent s’apparenter au contexte de l’Église locale réunie).

2. Nature: témoignage inspirationnel.

En fonction du contenu, le message sera un témoignage inspirationnel plutôt qu’une analyse exégétique.

3. Autorité: non directive.

Je n’ai aucune autorité ou responsabilité pour établir des normes.

4. Relation: impersonnelle.

Normalement, il n’y a pas de relation personnelle et continue avec les participants de ce type de conférence. La relation avec les auditeurs est assez lointaine, comme la relation que l’on pourrait avoir en lisant le livre de quelqu’un. En tant que conférencière invitée, je connais rarement le nom des inscrits.

5. Engagement: informel.

Il n’y a pas d’alliance ou d’engagement formel entre moi et l’auditeur, ni entre lui et la communauté. C’est tout à fait différent de l’enseignement dans un culte du dimanche, lorsque les membres de la communauté se rassemblent pour entendre l’enseignement officiel de l’Église dont ils sont membres.

6. Obligation: volontaire.

Il n’y a aucune obligation de la part de l’auditeur d’assister à l’allocution; il y va de façon volontaire (contrairement à l’engagement d’un membre d’Église d’assister aux cultes hebdomadaires et d’obéir à cet enseignement).

7. Fréquence : occasionnelle.

Une intervention ponctuelle (se rendre en avion dans une région, enseigner, puis partir) est très différente de l’instruction collective continue dans le contexte d’une Église locale (comme ce serait, par exemple, dans une classe d’école du dimanche).

8. Maturité: mère.

J’ai constaté qu’en vieillissant, j’ai plus de liberté pour instruire des hommes plus jeunes comme une mère instruit ses fils. Une femme d’âge moyen instruisant un groupe d’hommes de 17 ans est une situation bien différente de celle d’une jeune femme qui les instruit.

Compte tenu de mon analyse de la nature du rassemblement en utilisant les critères ci-dessus, enseigner lors d’une conférence nationale ne serait pas un problème pour moi. Par contre, guider des hommes lors d’une étude biblique mixte dans un groupe de maison (sans un co-leader masculin) tomberait en dehors du périmètre de ce que je considère être approprié pour une femme.

Un plan sage et bon

En dernière analyse, Dieu ne nous a pas donné une liste simplifiée de ce qui est permis de faire ou non. Essayer de proposer des directives strictes sur ce sujet, reviendrait à essayer d’établir des règles strictes pour les rapports physiques au sein d’un couple. Ce n’est pas conseillé, ni même possible d’ailleurs. Dieu a défini le rôle des hommes par une frontière claire, il nous a donné son Saint-Esprit qui vit en nous et une communauté fidèle, pour nous aider à obéir avec sagesse. Et quand nous nous trompons, il répand grâce sur grâce.

Une approche basée sur des règles extérieures délimitant les possibilités pour lesquelles les femmes peuvent enseigner à des publics mixtes dans l’Église ne reflète ni n’honore la beauté du dessein de Dieu. Dieu veut que nous ayons un esprit rempli de joie, imprégné de grâce qui se réjouit d’honorer ceux qui dirigent l’Église comme un bel aspect de son plan bon et sage. Un plan qui respecte et engage les hommes et les femmes en tant que co-héritiers et collègues exerçant de tout cœur leurs dons ensemble pour le service des uns et des autres et l’avancée de l’Évangile.

*NDT: pour une version plus longue et plus approfondie de cet article, consultez « Women Teaching Men – How Far Is Too Far? » de Mary Kassian.

Mary Kassian

Mary A. Kassian est auteure, conférencière et professeure d’études bibliques pour femmes au Southern Baptist Theological Seminary. Elle est l'auteur de plusieurs livres, études bibliques et vidéos, dont Girls Gone Wise et The Right Kind of Strong.

Ressources similaires

webinaire

Le féminisme: Liberté, égalité, sororité?

Découvre le replay de ce webinaire enregistré le 10 novembre 2022, en partenariat avec l’équipe du podcast Sagesse et Mojito: Christel Lamère Ngnambi, Jean-Christophe Jasmin et Léa Rychen.

Orateurs

L. Sagesse et Mojito