Que vous exerciez un ministère à plein temps, responsable bénévole, ou simple chrétien engagé, il est indispensable que vous sachiez vous isoler régulièrement. Je pense qu’un chrétien qui ne sait pas se rendre difficilement joignable est un chrétien dont la vie est dangereusement déséquilibrée. Je pense que ce besoin ne s’est jamais fait autant ressentir depuis que nous avons un smartphone dans la poche.
Parce que je considère ma vie comme étant consacrée à Dieu et pour l’avancée de son royaume.Ce présupposé me conduit donc à vivre en me donnant totalement à Dieu et au ministère.Qui dit se consacrer dit se donner tout entier. Et qui dit se donner tout entier, dit être totalement disponible pour les autres.
Parce que je suis influencé par mon héritage de «famille de gros bosseurs».Parce que les autres doivent savoir qu’en toutes circonstances, ils peuvent compter sur moi.Parce que j’étalonne ma valeur selon mon activisme.Parce que je veux mériter le salaire que mon Église me paie.Parce que dans mon esprit, soit on est à fond, soit on est un faible.Parce que je dois être courageux.Parce que dans mon orgueil, j’aime que les gens disent de moi: «il est efficace, il est consacré, il est réactif… et quel esprit de service!»Et enfin, parce que le regard des autres sur moi est une idole sacrément vicieuse.
Je ne suis pas un cas isolé, je pense que beaucoup de leaders peuvent se reconnaitre. Je me trompe?
Parce que si mon affirmation est juste: «je considère ma vie comme étant consacrée à Dieu et pour l’avancée de son royaume», les applications que j’ai tendance à en faire sont erronées.
Si Paul avait tiré les même applications que moi, il lui aurait été indisponible de dire:
Je veux que vous le sachiez, frères: ce qui m’est arrivé a plutôt contribué aux progrès de l’Évangile. En effet, dans tout le prétoire et partout ailleurs, il est devenu manifeste que c’est pour Christ que je suis dans les chaînes. (Ph 1.12-13)
Pourtant, il pouvait le dire.Cela m’interroge: sommes-nous conscients d’à quel point notre culture influence notre vision du service?
**Certains jours, j’ai l’impression de vivre dans une pièce où il y aurait plusieurs enceintes de musique qui joueraient chacune leur morceau au volume maximum!**Sonnerie de téléphone, notifications diverses, e-mails, réseaux sociaux, WhatsApp, Skype…Travail, réunions d’églises, plannings, famille, responsabilités diverses, sans compter les imprévus et les urgences qui rythment mes semaines, mes mois, ma vie.
Nous courons tous après le temps (et le café) dans un monde d’urgence, de productivité et de stress: «Hé, je t’ai envoyé un SMS il y a 1 minute, pourquoi tu n’as pas encore répondu?»
**Notre environnement naturel nous façonne au multitâche.**Or rien n’est pire que la dispersion pour la concentration. Sans perturbations extérieures, il est déjà difficile de se concentrer. Rajoutez à cela une notification et hop!Parvenir à se focaliser longtemps sur une seule chose devient de plus en pus difficile dans notre vie hyper connectée.Notre esprit est plein de préoccupations rarement essentielles qui nous bloquent l’accès à la profondeur.
Si vous faites quelque chose d’important, quelque chose qui compte, alors sachez être injoignable.
Ces dernières années, j’ai appris à faire la différence entre:
Oui, oui… On la connait tous cette excuse derrière laquelle on se cache pour justifier de checker sans cesse son portable… même pendant le culte! Tellement commode de se cacher derrière une prétendue mesure de sécurité.
S’il s’agit d’une vraie urgence (à moins que vous ne soyez médecin urgentiste ou pompier d’astreinte), ce n’est pas vous que l’on appellera!À ce propos, essayez de joindre un chirurgien lorsqu’il opère. Essayez!Pensez-vous qu’un pilote de rallye scrolle son compte Instagram pendant la course?Tentez pour voir de me joindre lorsque je prêche ou que je suis en entretien.
Je le répète: si vous faites quelque chose d’important, quelque chose qui compte, alors sachez être injoignable.Les tâches et les personnes qui sont importantes requièrent toute votre attention.
La solitude et le silence sont indispensables pour chercher la face de Dieu.Et pour se faire, nous devons savoir nous rendre injoignables.
Il connaissait son besoin d’avoir du repos et de l’intimité avec le Père ou ses proches.Il avait besoin de solitude pour combattre dans la prière (Lc 4.1-13, Mc 14.13, Mt 26. 36-45, Mc 1.35), ou pour faire des choix importants (Mc 3.13), pour se reposer (Mc 1.18, Mc 6.31-32). Nous pourrions multiplier les exemples…
La vie de Jésus n’était pas caractérisée par l’activisme occidental. C’est justement parce qu’il savait que s’arrêter et s’isoler était indispensable pour discerner comment il devait s’engager auprès des autres.S’éloigner un temps, pour mieux rejoindre les besoins des autres.S’isoler pour ensuite mieux rassembler autour de lui.