Percevoir l'espérance dans le deuil

La résurrection de ChristEspéranceMort et Deuil

La perte d'êtres chers nous confronte à la réalité brutale de la mort et à la souffrance qui en découle. Cette souffrance révèle l'amour que nous leur portons, reflet de l'amour de Dieu qui nous a créés à son image. Cependant, la Bible affirme que la mort n'a pas le dernier mot: par sa résurrection, Christ offre à ceux qui placent leur foi en lui l’espérance d’une vie éternelle glorieuse. L’auteure du livre Où est Dieu dans nos souffrances? nous le rappelle dans ce nouvel extrait.


Mais pour la douleur les mots manquent.

Virginia Woolf

Pour la plupart des gens, l’attraction Space Mountain est un incontournable de Disneyland en Floride. Mais au fur et à mesure que la file d’attente progressait, une terreur grandissante s’emparait de moi. “Comment est-ce que j’ai pu me laisser entraîner là-dedans?”

Il faut savoir que j’ai le mal des transports, même quand c’est moi qui conduis sur une route parfaitement droite. Je n’ai donc jamais été une grande fan des parcs d’attractions. Mais à l’occasion de mes quarante ans, des amis très chers ont généreusement invité ma famille à un séjour à Disneyland. Je me suis laissée convaincre par tous les autres de faire la queue pour cette attraction de montagnes russes. Je ne savais pas que la majeure partie du circuit se déroulerait dans le noir. Le wagon a commencé son ascension: la lumière du jour disparaissait peu à peu. Je savais que j’avais fait une erreur… mais il était trop tard pour reculer. Je n’avais plus qu’à fermer les yeux et à m’accrocher! À la sortie, tout le monde m’a demandé, tout excité, ce que j’en avais pensé. Alors, j’ai répondu avec le tact le plus britannique dont j’étais capable: “J’ai survécu!”

Être brusquement bousculée d’un virage à un autre et d’un looping à un autre sans pouvoir les anticiper était une expérience absolument terrifiante. Je crois que cela illustre bien notre ressenti face au deuil.

Traverser une période de deuil peut nous donner la sensation d’avoir pris place involontairement dans des montagnes russes. Tout va très vite et le noir est total. Nous sommes secoués dans tous les sens: de haut en bas, d’avant en arrière, de gauche à droite, sans jamais savoir ce que nous réserve le prochain tournant.

Nous avons vu que la Bible présente un Dieu aimant, créateur d’un monde où l’amour est possible. En effet, les êtres humains ont été créés à son image. Dans ce chapitre, je voudrais réfléchir à la façon dont la Bible nous prépare aussi à supporter le prix à payer pour aimer: c’est-à-dire le chagrin.

La douleur engendrée par le deuil est une souffrance unique que nous ressentons tous lorsqu’une personne que nous aimons meurt. L’expérience humaine du deuil démontre clairement que l’amour ne peut pas être réduit à des signaux électriques qui se déclenchent dans notre cerveau ou à la conséquence d’un instinct animal brut. La douleur liée au deuil est tellement plus que cela.

La Bible affirme que les êtres humains ont été créés à l’image de Dieu pour être des compagnons, des maris et des femmes, des amis et des membres d’une même famille. Ils ont donc été créés pour s’aimer profondément. Cette vision reflète l’amour que nous vivons au quotidien dans nos amitiés, dans notre mariage, avec nos enfants et nos frères et sœurs.

Nos amitiés enrichissent nos vies, nous relient au présent, mais aussi au passé et, pour beaucoup, rendent la vie digne d’être vécue. Voilà pourquoi la mort est pour nous plus que la dégradation progressive du corps et de la matière. C’est une perte. Évidemment, il y a la perte de liens physiques, mais ce qui nous ébranle le plus, c’est que nous perdons une relation émotionnelle et sacrée. Cette souffrance-là est la conséquence de l’amour.

Un deuil inattendu

Je me souviens encore de la rue où nous nous promenions dans la ville de Florence au moment où mon mari a reçu cet appel tragique. Nous étions en vacances en famille dans le nord de l’Italie, en Toscane.

Frog a répondu à l’appel. C’était le médecin de son père. Les nouvelles étaient très mauvaises. Il nous fallait rentrer par le premier avion si nous voulions avoir une chance de le revoir en vie et conscient. Mon beau-père était malade et nous prenions soin de lui pendant cette période. Mais ce revirement était absolument inattendu. Le lendemain matin, nous étions dans l’avion et, l’après-midi même, notre famille était réunie à son chevet. Mes enfants ne verraient plus jamais leur grand-père après cela. Ce jour a donc été l’occasion pour eux de lui dire au revoir.

Les jours qui suivirent furent éprouvants et, en même temps, incroyablement précieux. Tous les jours, Frog portait son père dans le jardin et l’asseyait sur une chaise pour qu’il puisse sentir les rayons du soleil sur son visage et s’imprégner de la beauté des plantes qu’il avait cultivées durant ces vingt dernières années. Ils partagèrent son dernier repas en riant au souvenir de leurs nombreux moments de complicité père-fils, parfaitement à l’aise, en confiance et en pleine connaissance de l’autre.

Lorsque mon beau-père nous a finalement quittés quelques jours plus tard, nous avons veillé son corps en attendant le médecin. Il avait tenu Frog dans ses bras quand il n’était qu’un bébé. Et, juste après nous, c’était aussi lui qui avait porté nos jumeaux à leur naissance. Mais il n’était plus là. Au cours des vingt-cinq dernières années, Frog était souvent revenu dans cette maison: en rentrant de l’université, pour les vacances de Noël, puis avec moi, sa jeune épouse, et plus tard, avec ses enfants. À chaque fois, nous nous disions toujours au revoir sur le seuil de la porte et son père nous faisait signe de la main. Et il continuait à nous faire signe jusqu’à ce que notre voiture disparaisse. Lorsque les pompes funèbres sont venues chercher le corps pour l’enterrement, Frog, ses sœurs et moi lui avons fait signe de la main depuis le seuil de cette même maison. Nous avons continué à lui faire signe, en larmes, jusqu’à ce que la voiture disparaisse. J’aimais Colin. C’était quelqu’un de précieux, il était merveilleux, rempli d’amour, doux, drôle et téméraire. Pour mon mari, c’était "papa". C’est encore lui qu’il a le réflexe d’appeler quand il a une nouvelle à annoncer ou une anecdote à raconter. C’est encore auprès de lui qu’il voudrait chercher réconfort et soutien. C’est encore auprès de lui qu’il voudrait chercher conseil. C’était lui qui en savait tant sur mon mari, parce qu’ils ont vécu beaucoup de choses ensemble. Mais la mort a brisé ce lien.

La perte d’un être cher ne fait jamais vraiment partie de l’ordre normal ou acceptable des choses. Même des années après, ce sentiment de perte nous surprend encore dans les moments les plus inattendus.

Un prix à payer

La souffrance engendrée par la perte est le prix à payer pour avoir profondément aimé.

Il semblerait qu’amour et chagrin soient intimement liés. Peut-être est-ce le moment de nous demander pourquoi la mort d’un être cher nous fait si mal? Mais plus que tout, nous devons nous demander si notre vision du monde, de Dieu et de la vie explique pourquoi. Selon la Bible, si la perte d’un proche nous fait tant souffrir, c’est parce que l’être humain est infiniment et incontestablement précieux. Voici ce qu’écrit un poète hébreu:

C’est toi qui as formé mes reins, qui m’as tissé dans le ventre de ma mère. Je te loue de ce que je suis une créature si merveilleuse. Tes œuvres sont admirables, et je le reconnais bien.

Psaumes 139.13-14

Les êtres humains sont de glorieuses et précieuses créatures. Nous ne sommes pas le produit de processus hasardeux.

Nous avons de la valeur. Nous sommes des "créatures", nous avons été "tissés" avec amour. Le livre de l’Ecclésiaste nous dit que le matérialisme ne suffit pas à définir la vie humaine et que, quelles que soient nos croyances et notre vision du monde, nous avons en nous un peu d’éternité:

Il fait toute chose belle au moment voulu. Il a même mis dans leur cœur la pensée de l’éternité, même si l’homme ne peut pas comprendre l’œuvre que Dieu accomplit du début à la fin.

Ecclésiaste 3.11

Le livre de la Genèse nous raconte comment la mort, la séparation et le chagrin sont entrés dans le monde à cause des choix que les êtres humains ont effectués dans le jardin d’Éden. Comme nous l’avons déjà vu au chapitre un, chaque être humain a, par ses propres choix, entretenu ces maux. C’est pourquoi tous les êtres humains paient le prix de l’amour — la douleur et la souffrance. Mais le début de la Bible n’est pas le seul passage qui nous parle de la douleur de la perte. La vision chrétienne du deuil peut être comprise à travers d’autres passages bibliques. Dans l’Évangile selon Jean, Jésus aborde sans détour la question de la mort… de sa propre mort:

Que votre cœur ne se trouble pas! Croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Il y a beaucoup de demeures dans la maison de mon Père. Si ce n’était pas le cas, je vous l’aurais dit. Je vais vous préparer une place. Et puisque je vais vous préparer une place, je reviendrai et je vous prendrai avec moi afin que, là où je suis, vous y soyez aussi. Vous savez où je vais et vous en savez le chemin.

Jean 14.1-4

À ses disciples, Jésus parle de l’endroit où il se rend comme d’une habitation avec “beaucoup de demeures”. Mais, plus important encore, il dit qu’il les précédera pour leur “préparer une place”.

Jésus comprend que nous soyons inquiets ou perturbés lorsque nous pensons à la mort. D’abord, il réconforte ses disciples: “Que votre cœur ne se trouble pas. Croyez en Dieu, croyez aussi en moi.” Ensuite, il met l’accent sur sa relation avec eux: “Je vais vous préparer une place.” Et enfin: “Je reviendrai et je vous prendrai avec moi […] là où je suis.” Jésus accompagnera tous ceux qui placent leur confiance en lui — et cela même jusque dans la mort. Quelle consolation extraordinaire pour les proches d’un mourant! Jésus l’accompagnera personnellement. L’angoisse de la séparation est réelle, mais celui qui, au seuil de la mort, se confie en Jésus, ne sera jamais seul.

La fin de l’histoire

La Bible a encore beaucoup à nous dire concernant la place de Dieu dans nos souffrances et nos deuils. La Genèse nous apprend que le monde a été créé "bon" et que les choses ont mal tourné. Nous, les êtres humains, avons utilisé notre capacité à choisir pour faire entrer les ténèbres, le chagrin, la mort, la maladie et le deuil dans le monde. Mais dans le dernier livre de la Bible, l’Apocalypse, Dieu nous fait une promesse au sujet de la fin des temps:

J’entendis une voix forte venant du ciel qui disait: Voici le tabernacle de Dieu parmi les hommes! Il habitera avec eux, ils seront son peuple et Dieu lui-même sera avec eux, il sera leur Dieu. Il essuiera toute larme de leurs yeux, la mort ne sera plus et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car ce qui existait avant a disparu.

Apocalypse 21.3-4

Ce texte offre l’image d’une profonde intimité! Quand nous pleurons, nos yeux sont sensibles, voire douloureux. Nous sommes nombreux à verser ou à avoir versé des torrents de larmes. Je suis mère de trois garçons et j’ai souvent essuyé leurs pleurs. L’Apocalypse nous promet que, comme un père aimant plonge son regard dans celui de son enfant, sèche ses yeux humides et le console, Dieu essuiera nos larmes. Il le fera pour tous ceux qui viennent à lui. Ces dernières pages de la Bible reconnaissent la réalité et la profondeur de la souffrance que nous endurons au cours de notre vie. Elles nous offrent une relation intime avec Dieu, source de réconfort éternel.

Plus qu’une impression

Mais Jésus affirme clairement que ces promesses n’ont pas juste l’air d’être vraies ou de faire écho à notre vécu. Elles sont vraies. Ce Jésus qui a pleuré devant le tombeau de son ami Lazare est lui-même revenu à la vie. Par-là, il légitime ses paroles. Nous pouvons vérifier ces faits en examinant les preuves. Nous pouvons croire ce que Jésus nous apprend de la souffrance et de la mort parce qu’il nous a montré qu’il était Dieu descendu sur terre. Il s’est fait homme pour prendre part à l’histoire humaine. Et il nous a prouvé sa divinité en revenant d’entre les morts et en laissant un tombeau vide. Il a enduré la souffrance et la mort et il est revenu à la vie. Si cela est vrai, nous avons toutes les raisons d’écouter ce qu’il a à nous dire.

Mais alors, est-ce vrai? Jésus est-il vraiment revenu à la vie? Les premiers chrétiens se sont convertis justement parce qu’ils croyaient que Jésus était ressuscité. Lors des premiers rassemblements de l’Église, ils avaient l’habitude de dire un credo que Paul cite dans une lettre. Les historiens pensent que ce credo date de l’an 35, environ cinq ans après la mort de Jésus, et qu’il a été composé à Jérusalem:

Je vous ai transmis avant tout le message que j’avais moi aussi reçu: Christ est mort pour nos péchés, conformément aux Écritures; il a été enseveli et il est ressuscité le troisième jour, conformément aux Écritures. Ensuite il est apparu à Céphas, puis aux douze.

1 Corinthiens 15.3-5

Résumant les preuves à la fois bibliques et extrabibliques, le théologien N. T. Wright conclut:

Presque tous les premiers chrétiens au sujet desquels nous possédons des preuves solides ont affirmé que Jésus de Nazareth était ressuscité d’entre les morts. Quand ils disaient: “Il est ressuscité le troisième jour”, ils l’entendaient au sens littéral1.

Prétendre que Jésus est revenu d’entre les morts était tout aussi controversé il y a deux mille ans que ça ne l’est aujourd’hui. Le fait qu’en général les morts ne ressuscitent pas ne date pas d’hier; les hommes et les femmes de l’Antiquité le savaient déjà. Les premiers chrétiens ont cru à la résurrection, parce qu’il existait d’innombrables preuves en sa faveur. D’abord, le tombeau bien gardé de Jésus a été retrouvé vide. Ensuite, Jésus ressuscité est apparu à des femmes devant son tombeau, puis à ses disciples à plusieurs occasions, dont à cinq cents personnes en même temps. Il existe trois faits historiques au sujet desquels presque tous les historiens s’accordent, quelles que soient leurs croyances:

  • Jésus est mort crucifié;
  • Peu de temps après, ses disciples ont dit avoir vu Jésus ressuscité;
  • Quelques années plus tard, le Juif érudit et persécuteur de l’Église, Saul de Tarse, a lui aussi dit avoir rencontré Jésus ressuscité.

La majorité des critiques admet aussi comme faits historiques le tombeau vide, la conversion de Jacques (le frère sceptique de Jésus), les prophéties de Jésus concernant sa mort violente et imminente, le fait que les apôtres croyaient avoir rencontré Jésus sous une forme corporelle, ainsi que la croissance fulgurante de l’Église primitive2.

Si nous abordons la question de la résurrection sans aucun a priori sur les miracles et si nous examinons les preuves, la seule explication raisonnable à ces faits remarquables et incontestés, c’est que Jésus-Christ est bien revenu à la vie. Il existe de nombreux témoignages de juristes, de philosophes, de scientifiques, d’enquêteurs et de journalistes autrefois sceptiques qui ont été convaincus de la véracité de la résurrection alors qu’ils cherchaient justement à discréditer le christianisme3.

Les paroles de Jésus au sujet de la souffrance ne donnent pas seulement l’impression d’être vraies; elles sont vraies. En ressuscitant, Jésus nous a prouvé qu’il était digne de confiance. Dans les montagnes russes du deuil, Jésus nous fait une promesse solide: celle d’un Dieu d’amour qui nous offre une relation proche, une présence et du réconfort.

Où est Dieu dans nos souffrances? Dieu est tout près de nous. Il n’est pas dans un monde imaginaire dominé par la religion. Il n’est pas non plus dans un monde où tous nos désirs se réaliseraient. Dieu existe ici et maintenant et il nous offre une relation avec lui au milieu de nos souffrances les plus profondes. La Bible reconnaît la réalité et l’intensité de la douleur de la perte. La vision du monde qu’elle nous propose accorde une valeur sacrée à la vie et aux relations humaines.

Dans la perspective de la foi chrétienne, le chagrin éprouvé lors d’un deuil a un sens et notre sentiment de perte n’est pas nié, mais légitimé. Au milieu de nos épreuves, nous avons la possibilité d’entrer en relation, de bénéficier de la présence d’un Dieu aimant et d’avoir de l’espoir pour l’avenir.

Les mots que Jésus a prononcés il y a deux mille ans résonnent encore aujourd’hui jusque dans les abîmes de notre chagrin: “Que ton cœur ne se trouble pas. Fais-moi confiance… Je t’ai préparé une place… Je reviendrai et je te prendrai avec moi.” (Jn 14.1-3 paraphrasé).



Amy Orr-Ewing

Amy Orr-Ewing est théologienne, auteure et conférencière. Elle est titulaire d’un doctorat de l’université d’Oxford. Elle a été oratrice sur des campus universitaires, au Parlement anglais ou encore à la Maison-Blanche. Plus récemment, elle s’est faite l’avocate des victimes d’abus et de maltraitances.

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Orateurs

G. Bignon