De nos jours, les hommes de l’Église ne sont-ils pas, plus immatures et moins bien équipés, parce que nous attendons trop peu d'eux? N'avons-nous pas tout simplement oublié de les inciter à faire plus que préserver leur pureté sexuelle sur internet et avoir des règles spirituelles basiques? Je veux contribuer à la formation d'hommes qui, non contents d'éviter tel ou tel péché, soient une force qui œuvre pour le bien [ndt: formation en ligne en anglais], mieux encore, une force agissante pour Dieu. Je veux être ce genre d'homme, le genre d'homme que mon fils devrait imiter.
Lorsque l’apôtre Paul écrit à un jeune homme pour lui expliquer ce qu’il pourrait devenir en Christ, il lui recommande:
Que personne ne méprise ta jeunesse, mais sois un modèle pour les croyants par tes paroles, ta conduite, ton amour, ta foi, ta pureté.
1Tm 4.12
Dans un article précédent [ndt: More Than Sexual Purity: Five Ambitions for Christian Men], j’ai utilisé un programme, à la fois simple mais ambitieux, comme modèle pour devenir un homme de Dieu. Dans cet article-ci, je vais me concentrer sur le sens des mots. Plus concrètement, que signifie “être un modèle” quand un homme parle (ou ne parle pas)? En quoi nos paroles nous distinguent-elles des autres hommes?
Nos paroles ont un véritable impact sur les autres. Jésus lui-même déclare:
Je vous le dis: le jour du jugement, les hommes rendront compte de toute parole inutile qu’ils auront prononcée. En effet, d’après tes paroles tu seras déclaré juste et d’après tes paroles tu seras condamné.
Mt 12.36-37
Les hommes pieux apprennent à remplacer leurs paroles inutiles par des paroles réfléchies. Aujourd’hui, beaucoup de gens racontent, envoient des SMS et tweetent tout ce qu’ils pensent ou ressentent sans même y réfléchir. À l’inverse, les hommes pieux pèsent chacun de leurs mots. Ils parlent comme si Dieu écoutait, et c’est effectivement le cas.
Ils savent aussi que ce qu’ils disent révèle ce qu’ils sont (Lc 6.45). Ils font très attention à l’impact de leurs propos. Ils cherchent à transformer leurs paroles en une source de grâce plus abondante et plus féconde.
Si nous voulons être exemplaire dans notre prise de parole, quel genre d’exemple devons-nous donner? Comment reconnaître un homme de Dieu?
Les lettres de Paul contiennent de nombreuses réflexions sur ce qui sort de notre bouche. Nous allons en tirer sept leçons ci-dessous (cette liste n’est pas exhaustive). Mais avant d’aborder ces sept leçons, un verset en particulier peut nous servir de point de repère:
Que votre parole soit toujours pleine de grâce et assaisonnée de sel, afin que vous sachiez comment il faut répondre à chacun.
Col 4.6
Si nous voulons donner l’exemple dans ce que nous disons, nous devrions nous évertuer à ce que nos paroles soient une source de grâce pour autrui. Dispensent-elles, de manière cohérente et efficace, la grâce de Dieu à ceux qui les entendent? Les conduisent-elles à voir et à goûter un peu plus Dieu? »
Qu’aucune parole malsaine ne sorte de votre bouche, mais seulement de bonnes paroles qui, en fonction des besoins, servent à l’édification et transmettent une grâce à ceux qui les entendent.
Ép 4.29
Pour atteindre cette attitude de grâce, Paul nous donne des règles précises pour tenir notre langue et servir les autres dans tout ce que nous disons.
La première et la plus importante des leçons à tirer dans nos propos, surtout quand on se réfère au contexte des deux lettres de Paul à Timothée, est que nous devons dire ce qui est vrai de Dieu et de sa Parole. Le contexte clair et immédiat de 1 Timothée 4.12 est l’enseignement:
Transmets ces instructions et enseigne-les. Que personne ne méprise ta jeunesse, mais sois un modèle pour les croyants par tes paroles, ta conduite, ton amour, ta foi, ta pureté. En attendant que je vienne, applique-toi à lire les Écritures dans l’assemblée, à encourager, à enseigner.
1Tm 4.11-13 (Voir aussi Tt 2.7)
Paul écrivait à un jeune pasteur, mais cette parole ne s’adresse pas uniquement aux pasteurs (ou aux pasteurs stagiaires). Tout homme de Dieu devrait aspirer à connaître et à enseigner ce qui est vrai au sujet de Dieu. Ce que vous croyez et dites sur Dieu est l’une des choses les plus importantes vous concernant. Les hommes qui parlent bien dans le monde sont des hommes qui, d’abord, écoutent bien Dieu au travers de sa Parole.
Efforcez-vous de le connaître de manière aussi exhaustive et approfondie que possible, de méditer sa loi jour et nuit (Ps 1.1-2), et de témoigner fidèlement à autrui de qui il est vraiment. Jour après jour, armez-vous de « l’épée de l’Esprit, c’est-à-dire la parole de Dieu » (Ép 6.17). Préparez-vous à être « toujours prêts à défendre l’espérance qui est en vous, devant tous ceux qui vous en demandent raison » (1P 3.15). Et ensuite, avec hardiesse, dites aux autres ce que Dieu vous a révélé.
Mais dire la vérité sur Dieu, finalement, c’est dire la vérité en toute chose. Les hommes chrétiens sont des hommes honnêtes, des hommes d’une intégrité incontestable. Cela ne veut absolument pas dire qu’ils ont toujours raison, mais ils sont de toute évidence soucieux d’être dans le vrai.
C’est pourquoi, renoncez au mensonge, et que chacun de vous dise la vérité à son prochain; car nous sommes membres les uns des autres.
Ép 4.25 (voir aussi Col 3.9)
Les hommes pieux ne forgent ni ne répandent de mensonges, et ils ne cachent ni ne maquillent la vérité. Ils prennent leurs responsabilités et en assument les conséquences, même si cela leur coûte. Et être intègre nous coûtera beaucoup.
En principe, nous mentons pour nous protéger ou pour servir nos intérêts (même si nous rendons quelqu’un d’autre heureux par la même occasion). Les hommes pieux savent au final que l’honnêteté, aussi pénible soit-elle et quel que soit le coût sur le moment, honore le Christ et qu’elle est une preuve d’amour envers autrui. Ils savent qu’une paix et un plaisir fondés sur le mensonge peuvent être particulièrement trompeurs. Ils comprennent aussi, et ont goûté personnellement à la paix et au plaisir durables d’une intégrité remplie de l’Esprit.
Un des fils conducteur dans les lettres de Paul s’avère être un critère de référence, particulièrement utile pour notre discours: « Est-ce que j’utilise mes paroles pour édifier les autres? » L’apôtre écrit:
Mais en disant la vérité dans l’amour, nous grandirons à tout point de vue vers celui qui est la tête, Christ. C’est de lui que le corps tout entier, bien coordonné et solidement uni grâce aux articulations dont il est muni, tire sa croissance en fonction de l’activité qui convient à chacune de ses parties et s’édifie lui-même dans l’amour.
Ép 4.15-16
Si vous repensez à vos conversations de la semaine écoulée, y décelez-vous un souci d’édifier les autres croyants? Ne vous contentez pas de ne pas détruire les autres, par la colère, le cynisme, les commérages, l’impatience, les calomnies, etc…, mais prenez plutôt plaisir à les encourager. Pas seulement avec de beaux compliments, mais aussi avec de véritables encouragements: des paroles qui les fortifient dans la joie de leur foi en Dieu (Ph 1.25). Édifier est un exercice difficile, et le langage de l’édification n’est pas toujours agréable ou facile à entendre, mais il est toujours fructueux et plein d’espoir.
Par conséquent, « cherchez à posséder avec abondance [les dons spirituels] qui édifient l’Église! » (1Co 14.12), surtout dans vos paroles.
Si édifier les autres par nos paroles ne devient pas une habitude, nous risquons de briser ceux qui nous écoutent, de les décourager, les blesser, voire même les aigrir. À nouveau, Paul affirme:
Qu’aucune parole mauvaise ne sorte de votre bouche, mais seulement de bonnes paroles qui, selon les circonstances, servent à l’édification et transmettent une grâce à ceux qui les entendent.
Ép 4.29
Certaines paroles édifient, d’autres sont corrosives. Alors quel genre de langage corrompt?
Paul porte la même accusation de manière plus explicite dans Colossiens 3.8:
Mais maintenant, renoncez à tout cela, à la colère, à la fureur, à la méchanceté, à la calomnie, aux grossièretés qui pourraient sortir de votre bouche.
Et dans Éphésiens 5.4:
Qu’on n’entende pas de paroles grossières, de propos stupides ou équivoques – c’est inconvenant.
Les réseaux sociaux sont envahis de mots plein de péché, comme ce champ au coin de la rue envahi de mauvaises herbes. Si nous passons trop de temps en ligne, nos sens s’émoussent et l’immoralité devient normale, acceptable, voire justifiée, à nos yeux. Ce n’est pas du tout normal, et cela ne plaît pas à Dieu. Si nous voulons être un modèle de piété dans nos propos, il faut souvent commencer par ne pas céder à ces tentations. Il faut éliminer les mots qui flattent notre égo aux dépens de quelqu’un d’autre.
Donner l’exemple commence par vider nos discours de toute corruption, et la meilleure façon de le faire est de remplir nos discours avec autre chose.
Qu’on n’entende pas de paroles grossières, de propos stupides ou équivoques – c’est inconvenant – mais plutôt des paroles de reconnaissance.
Ép 5.4
Voulez-vous que vos paroles rayonnent de grâce? Remerciez Dieu souvent, et à haute voix, pour toute chose. Assurez-vous que tous vos proches sachent que tout ce que vous possédez est un don de Dieu (Jc 1.17). Tâchez d’être extrêmement, obstinément, et même un peu maladroitement reconnaissant (Col 2.7).
Combien de fois avez-vous rencontré quelqu’un qui ressemble à ça?
Soyez au contraire remplis de l’Esprit: dites-vous des psaumes, des hymnes et des cantiques spirituels; chantez et célébrez de tout votre cœur les louanges du Seigneur; remerciez constamment Dieu le Père pour tout, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ.
Ép 5.18-20
Combien de fois avez-vous essayé de discipliner votre langue pour qu’elle exprime des accents de grâce et de joie identiques à ceux-là? Et combien de fois avez-vous, comme moi, délaissé la reconnaissance pour vous plaindre?
Faites tout sans murmures ni contestations, afin d’être irréprochables et purs, des enfants de Dieu sans défaut au milieu d’une génération perverse et corrompue. C’est comme des flambeaux dans le monde que vous brillez parmi eux.
Ph 2.14-15
Cette lumière brille au travers de ce que nous disons (ou ne disons pas). Demandez à Dieu de vous faire rayonner de reconnaissance.
Les hommes pieux, engagés dans l’édification des autres, ne vont pas forcément prendre position ou applaudir. Ils savent que l’édification exige de la vigilance et une mise au point constante, que les erreurs de parcours peuvent avoir, à terme, des conséquences désastreuses. Ainsi donc, en bâtissant l’Église, nous ne pouvons pas nous permettre d’ignorer nos péchés, nos erreurs et nos faiblesses et de ne pas les combattre. Pour honorer Dieu de vive voix, les hommes pieux doivent se reprendre les uns les autres. Et la manière dont nous le faisons est tout aussi capitale.
Frères et sœurs, si un homme vient à être surpris en faute, vous qui êtes spirituels, redressez-le dans un esprit de douceur.
Ga 6.1
Un « serviteur du Seigneur (…) doit [corriger en étant] plein de bienveillance envers tous » (2 Ti 2.24-25). Il pourrait recourir à la force, comme bon nombre d’hommes, et se montrer autoritaire, agressif, voire brutal. Mais il choisit, au contraire, d’être doux même si quelqu’un a péché contre lui. Au lieu de recourir à la force pour dominer les autres, il utilise la sienne pour se maîtriser dans un esprit d’amour. Il affronte toujours le péché, mais il le fait avec une patience et une gentillesse surprenantes. Il sait qu’une « parole porteuse de guérison est un arbre de vie » (Pr 15.4).
Rechercher la piété dans ses propos et corriger avec douceur, c’est aussi s’engager à faire régner la paix.
Je vous supplie, frères et sœurs, par le nom de notre Seigneur Jésus-Christ, de tenir tous le même langage. Qu’il n’y ait pas de divisions parmi vous, mais soyez parfaitement unis dans le même état d’esprit et dans la même pensée.
1Co 1.10 (voir aussi Tt 3.2)
« Heureux ceux qui procurent la paix », promet Jésus, « car ils seront appelés fils de Dieu! » (Mt 5.9). Dans une situation disciplinaire et conflictuelle, même si nous devons être sévères dans nos propos, nous devrions nous engager à maintenir la paix. Pas une paix au rabais ou superficielle, mais une paix profonde, saine et durable dans le Seigneur.
Un autre thème récurrent des lettres de l’apôtre est particulièrement pertinent de nos jours: ceux qui sont saisis par la grâce abandonnent tout orgueil personnel.
Dieu a choisi les choses faibles et méprisées du monde (…) afin que personne ne puisse se glorifier devant Dieu.
1Co 1.28-29
Les hommes pieux sont censés édifier les autres et être particulièrement discrets quant à leurs propres capacités, leurs actions et leur ministère. Les hommes de bien ne se pavanent pas pour montrer à quel point ils sont efficaces. Ils vivent selon le proverbe:
Que ce soit un autre qui fasse ton éloge, et non ta bouche, un étranger, et non tes lèvres.
Pr 27.2
Là encore, à notre époque, les réseaux sociaux jouent un rôle majeur. Le profil que nous choisissons sur ces réseaux nous permet de nous montrer à notre avantage. Hélas, rares sont ceux d’entre nous qui, lorsqu’ils ont le choix, montrent au monde qui ils sont réellement. Nous préférons attirer l’attention sur ce qui, à nos yeux, nous met en valeur. Nous postons et commentons, mais pour refléter une bonne image de nous-mêmes. De sorte que, les interactions sur les réseaux sociaux se traduisent plutôt par une incitation à l’autosatisfaction. Nous identifions, à coup de tâtonnements et d’erreurs (et de maints et maints défilements de messages), ce qui suscite la reconnaissance (like) et la popularité (follow).
Que celui qui veut éprouver de la fierté mette sa fierté dans le Seigneur.
1Co 1.31, 2Co 10.17
Une parole humble, fidèle et débordante de joie se vante de moins en moins de soi et de plus en plus de Dieu.
De tout cela découle une leçon qui mérite d’être soulignée. Non seulement les hommes pieux savent ce qu’il faut dire au moment opportun et dans telle situation, mais ils savent aussi quand il faut en dire le moins possible, voire rien du tout. Parfois, la fidélité ressemble au silence.
Comme l’écrit l’apôtre Jacques, compagnon de Paul:
Ainsi donc, mes frères et sœurs bien-aimés, que chacun soit prompt à écouter, lent à parler, lent à se mettre en colère.
Jc 1.19
Les hommes qui parlent avec sagesse sont toujours lents à parler, surtout quand la plupart des gens se précipiteraient pour s’exprimer.
Pourquoi un homme sage est-il si lent à parler? Il connaît le poids inouï de ses paroles, pour le meilleur et pour le pire.
Voyez comme un petit feu peut embraser une grande forêt! La langue aussi est un feu, c’est le monde de la méchanceté.
Jc 3.5-6
Les hommes sensés sont conscients du danger potentiel de ce qu’ils pourraient dire. Ils savent comment le péché s’insinue subrepticement et embrase tout (et tout le monde).
Celui qui parle beaucoup ne manque pas de pécher, mais celui qui met un frein à ses lèvres est un homme avisé.
Pr 10.19
La prudence concilie la maîtrise de soi, la patience et un silence réfléchi.
Mettre un frein à nos propos ne les remplit pas pour autant de piété. Oui, nous évitons de parler trop vite, mais nous voulons aussi que nos paroles soient des paroles de bénédiction, honnêtes, pleines d’encouragement, de reconnaissance, et de tout ce qui peut édifier les gens.
Nous voulons être un modèle à suivre, actif et plein de grâce, en demandant toujours à Dieu de veiller sur tout ce que nous pouvons dire.
Éternel, garde ma bouche, veille sur la porte de mes lèvres!
Ps 141.3
Merci à Christine Davée pour la traduction de cet article
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Comment vivre la pureté au siècle de la pornographie?
Ce replay du webinaire de Raphaël Charrier a été enregistré le 9 octobre 2018. Découvre tous les webinaires TPSG par ici.
Orateurs
R. Charrier