Et si le ministère chrétien était pour toi?

1. Bonjour Laura Nelson, pourrais-tu te présenter en quelques mots?

Bonjour. Je suis enfant de Dieu depuis 1980, mariée à Édouard depuis 2001, maman de 4 grands enfants, veuve depuis 2020 et portée par la grâce étonnante du Seigneur tout au long. J’habite à Paris et mon temps est divisé entre un ministère au sein de l’Église des Ternes, la gestion de l’Association 2 Timothée 2.2 et un engagement au sein de BLF Éditions en tant que Vice-Présidente.

2. Tu es la fondatrice de l’association 2T2.2, quel est le but de cette association?

Susciter les ouvriers pour la moisson (Mt 9.38) et confier le trésor de l’Évangile soigneusement à la prochaine génération (2Tm 2.2). L’association a été créée suite au décès de mon mari, un pasteur qui avait toujours à cœur de former les jeunes pour le ministère. Notre mission se décline en trois étapes: éveiller des vocations, aider les jeunes à discerner les contours de leur futur service, et accompagner leur formation par des stages de qualité dans l’Église locale.

Nous soutenons 30-35 stagiaires "boursiers" chaque année, dans des Églises en Europe francophone, à des stades divers de leur parcours. Cependant, nous mettons un accent sur les stages "découverte", plus difficiles à financer, mais stratégiques pour discerner l’aptitude au ministère à plein temps et pour poser des fondations solides d’un ministère centré sur la Parole, avant de se lancer dans des études de théologie.

3. Quels sont les défis pour l’Europe francophone en termes de formation?

Il y a une barrière importante à franchir pour qu’un jeune (ou une jeune) zélé(e) et fidèle ose lâcher la sécurité financière pour se lancer dans un ministère à plein temps. Pourtant, les besoins sont immenses, pour servir dans des Églises existantes et pour les nouvelles implantations d’Église.

Il y a plusieurs éléments qui rendent cette décision compliquée: la crainte des défis du ministère, le manque de sécurité financière, le regard des autres, la peur de ne pas être à la hauteur… Mais si on propose une première année "découverte", avec une bourse généreuse, et la possibilité d’être accompagné dans une première expérience de la réalité quotidienne du ministère, alors ça fait nettement moins peur! Beaucoup de carrières permettent assez facilement une année de césure, sans trop de risque. Et ça permet à l’Église de "tester" l’appel du jeune, et le jeune de tester ses aptitudes et son caractère contre la réalité du ministère à plein temps. Poser des fondements du ministère sur le terrain avant de s’engager dans un parcours plus long d’études et de formation va donner un contexte motivant aux cours de grec et d’histoire de l’Église!

L’autre défi actuel est d’aider les responsables (souvent débordés) et les membres engagés dans des Églises à dégager du temps et de l’argent pour la formation. Il faudra que chaque Église assume la priorité de repérer et de former la nouvelle génération de pasteurs, implanteurs, évangélistes.

Nous ne sommes pas tous égaux devant ce défi: il y a des Églises avec plein de jeunes, d’autres Églises avec plus d’argent, et encore des Églises avec d'excellents maîtres de stage. Mais nous avons tous besoin d’être proactifs, sinon les pasteurs vont arriver à la retraite et il n’y aura personne pour la relève.

4. Peux-tu nous donner le portrait-type de quelqu’un qui fait appel à vous pour sa formation?

Quelle joie de voir la variété de profils chez nos 80 stagiaires depuis 2021: des hommes, des femmes, mariés, célibataires, 20 ans, 35 ans, Bac+8, artisan, famille évangélique depuis des générations, convertis jeune adulte…

Dans ce sens-là, il n’y a pas de profil type. Mais la Bible nous donne des critères pour les responsables d’Église, et il faut au moins voir ces choses "en voie": une maturité spirituelle, une progression évidente, une maîtrise de soi dans tous les domaines, et une aptitude à enseigner la Parole de Dieu.

Typiquement ce sont alors des membres engagés de leurs Églises locales qui sont de plus en plus sollicités pour servir et enseigner et appréciés pour leur service. Ils ont envie de se former davantage et de découvrir le ministère à plein temps dans l’Église locale.

5. Quels encouragements avez-vous vus depuis la création de 2T2.2?

Je suis absolument émerveillée par la qualité des stagiaires: des jeunes femmes et jeunes hommes qui sont sérieux par rapport à la Parole de Dieu, qui recherchent la sainteté, qui sont humbles et prêts à souffrir pour l’Évangile. Ils méritent tout notre soutien, notre encouragement et nos prières.

Je suis aussi encouragée par les réactions tellement positives des Églises qui voient le besoin de s’engager dans la formation. Toutes les semaines, je reçois des demandes de responsables d’Église qui veulent savoir comment participer, comment donner, comment être un meilleur maître de stage, comment devenir un centre de formation, comment aider toute l’Église à partager la vision.

Nous assistons à une prise de conscience massive sur cette question et c’est un privilège d’apporter notre petite pierre à l’édifice à ce moment stratégique.

6. Quels sont les nouveaux projets?

Nous allons nous focaliser particulièrement sur le début de parcours vers le ministère: le repérage par des Journées 2T22 et le discernement par les stages découverte. En même temps, nous développons l’accompagnement de nos stagiaires qui bénéficient actuellement d’un temps de formation mensuel et d’une retraite annuelle. Nous ajoutons une option en présentiel à Paris et à Bruxelles (pour l’instant) pour rassembler un groupe de stagiaires pour un temps de formation pratique sur l’enseignement de la Parole. Ces Ateliers 2T22 sont très appréciés par les participants et visent à poser des fondements solides pour une vie d’enseignement fidèle de la Bible.

7. Parle-nous plus des "Journées Vocations" et à qui sont-elles destinées?

Nous nous réjouissons de lancer les Journées 2T22 en 2025, d’abord à Paris le 11 janvier, et ensuite à Strasbourg le 8 mars.

Ces journées sont ouvertes à tous et ont comme but de répondre aux questions par rapport au ministère. Si tu te poses la question du ministère à plein temps, même assez vaguement, ou si tu connais quelqu’un qui aurait besoin d’un encouragement dans ce sens: c’est l’occasion!

Le lien d’inscription (gratuite) est en bas. Il y aura des enseignements sur ce que la Bible dit par rapport au projet de Dieu dans ce monde, qui est appelé au ministère, qu’est-ce que le ministère, comment se former. Mais également des tables rondes avec des stagiaires et des gens expérimentés dans le ministère qui raconteront leur parcours et répondront aux questions. Nous serons là pour discuter individuellement sur les stages, les finances, les situations précises. Je pense que ce sera encourageant également d’échanger avec d’autres frères et sœurs qui se posent les mêmes questions que toi, pendant le déjeuner et dans les temps de discussion autour des tables.

8. Comment organiser une telle journée dans mon Église?

Notre objectif est très simple: que tout chrétien et chrétienne se pose la question: “Comment est-ce que je pourrais le mieux servir le royaume de Dieu, étant donné ma situation, mes dons et mes capacités?” Pour certaines personnes, ce sera dans un ministère de la Parole à plein temps, pour beaucoup d’autres, ce sera en tant que témoin là où Dieu t’a placé, tout en servant dans ton Église et en donnant généreusement pour l’avancement du royaume. Se poser cette question est essentiel, et personnellement cela a changé la trajectoire de ma vie lors d’une journée semblable il y a 25 ans.

Pour aller plus loin:

• 5 mythes sur l’appel au ministère chrétien, par Joe Tandy