Début 2024, le président de la République devrait rendre public son projet de loi sur la fin de vie, considérant que la France serait "en retard" par rapport à certains pays (Hollande, Belgique, Suisse, Canada…). Depuis plusieurs mois, j’alimente la réflexion des parlementaires que je visite au Sénat et à l’Assemblée Nationale, car ceux-ci devront un jour prendre une décision lourde de conséquences, qui pourrait bouleverser l’équilibre de notre société qui promet la liberté, l’égalité et la fraternité.
Lors de mes différents entretiens, j’ai eu l’occasion, notamment, d’échanger avec Jean Leonetti et Alain Clays (co-auteurs de la loi sur les soins palliatifs), la ministre déléguée de la santé Agnès Firmin Le Bodo, et le président de la commission d’examiner le projet de loi, le député Olivier Falorni.
Le premier constat est que les soins palliatifs, qui sont un soin de fin de vie majoritairement adapté aux différents cas, ne sont pas assez répandus et/ou connus en France. Il est donc prioritaire de former des équipes médicales à cette spécialité et d’équiper les territoires non pourvus.
Ensuite, je crois qu’il est important de distinguer 2 populations qui aspirent à une modification de la loi:
C’est souvent l’appréhension de la souffrance, la peur de la déchéance physique et la mort qui inquiètent les malades.
L’appel des personnes qui veulent mourir devrait résonner naturellement dans le cœur des chrétiens.
Épitre de Paul aux Romains, chapitre 5:
3Mais il y a plus: dès maintenant, nous pouvons être remplis de joie au milieu des épreuves et des souffrances. Oui, malgré nos difficultés et nos détresses, nous triomphons, car nous savons qu’elles contribuent à notre bien: l’épreuve nous apprend à être patients, à porter nos fardeaux sans rechigner.
4La patience nous affermit et développe notre force de caractère, elle nous aide à faire toujours davantage confiance à Dieu. Lorsque nous avons traversé victorieusement l’épreuve, notre foi et notre espérance acquièrent force et constance.
5Or, notre espérance ne risque pas d’être déçue, car Dieu nous aime, il nous a donné son Saint-Esprit qui a rempli nos cœurs de son amour.
Romains 5.3-5 (Parole Vivante)
Sommes-nous encore sensibles à la détresse psychologique de nos contemporains qui souffrent de plus en plus d’une forme de "mal-être existentiel chronique" lié à l’absence "d’horizon de sens" pour projeter leur avenir?
Accaparés par le rythme de nos vies quotidiennes, par la multitude d’activités de nos Églises locales, et influencés par l’individualisme ambiant, acceptons-nous encore "d’investir" de la compassion en faveur de ceux et celles que l’Esprit saint met sur nos routes? De tous ceux et celles qui "meurent à petit feu" de l’absence de visites, d’empathie et de relations sociales en général.
Deux grandes questions se posent malgré tout concernant la population des malades dont le diagnostic vital est engagé: faut-il laisser mourir ou faire mourir?
Laisser mourir "naturellement" en accompagnant avec dignité la personne dans sa dimension holistique (corps, âme, esprit). C'est-à-dire de prendre en compte tous les aspects des attentes du patient en fin de vie: soulagement de la douleur, réconfort psychologique et accompagnement spirituel. Ou bien, faut-il provoquer la mort prématurément sur décision du malade (suicide assisté) ou par le choix d’une tierce personne (euthanasie)?
Le déclenchement de la mort n’est pas un soin.
Le serment d’Hippocrate, qui engage tous les médecins exerçants en France, dit ceci:
Je ferai tout pour soulager les souffrances, je ne prolongerai pas abusivement les agonies. Je ne provoquerai jamais la mort délibérément.
Les promoteurs d’une libéralisation de la fin de vie ne se doutent pas de la rupture anthropologique et culturelle qu’une telle loi introduirait dans notre société française, pétrie –qu’on le reconnaisse ou non– d’un héritage judéo-chrétien qui promet la solidarité et non pas de se "débarrasser" du "problème" des plus vulnérables.
Je crois qu’avec une ouverture au "droit" au suicide assisté ou à l’euthanasie, les précaires seraient "poussés vers la sortie" au nom d’un utilitarisme qui ne dit pas son nom.
De nombreux collectifs de soignants, de responsables religieux, de philosophes, et même le journal l’Humanité, organe du Parti Communiste français, s’élèvent contre le risque d’une telle brèche éthique.
Comment entretenir une relation de confiance avec le corps médical si la main qui soigne est aussi celle qui donne la mort?
Comment entretenir une société solidaire et fraternelle si le suicide devient un droit civil encadré et protégé par la loi?
Serons-nous toujours aussi prompts à porter secours au désespéré pour l’empêcher de se jeter sous un pont ou bien le laisserons-nous se donner la mort au nom des "droits et de la liberté de l’homme" en le filmant avec nos smartphones?
Investissons du temps dans la visite de celles et ceux qui souffrent, prions pour eux, encourageons les aumônières et aumôniers des hôpitaux dans leur ministère. Choisissons la vie et non la mort tout en soulageant la douleur!
Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père plein de compassion et le Dieu de tout réconfort! Il nous réconforte dans toutes nos détresses afin que nous puissions réconforter ceux qui se trouvent dans la détresse, grâce à l’encouragement que nous recevons nous-mêmes de la part de Dieu.
2 Corinthiens 1.3-4 (S21)
webinaire
Droit de mourir? Une table ronde sur la fin de vie et l'euthanasie
Découvre le replay du webinaire du 27 septembre 2023 avec Thierry Le Gall, Directeur du Service pastoral du CNEF auprès des parlementaires, Vincent Rébeillé-Borgella médecin généraliste à Lyon et auteur du livre Un médecin face à la peur de la mort et Joël Favre, pasteur en région grenobloise et professeur d’éthique à l’Institut Biblique de Bruxelles ; ainsi qu’une invitée spéciale: Justine Gruet, députée du Jura.
Orateurs
T. Le Gall, V. Rébeillé-Borgella et J. Favre