Dans Memento Mori, Matthieu et moi défendons une vision de l’apologétique culturelle aboutissant à une manière de vivre: la résistance culturelle. Pourquoi? Parce que nous vivons dans un monde qui est en guerre contre Dieu.
Babylone, sa capitale symbolique, est caractérisée par l’idolâtrie, la corruption et le mensonge. Nous demeurons dans cette culture, comme étranger et voyageur. Si nous ne voulons pas que Babylone nous façonne à son image, nous devons discerner les temps, nous engager dans la résistance culturelle en témoignant courageusement de la vérité, et être prêts à souffrir pour notre obéissance à Christ.
En d’autres termes, nous devons prendre le maquis eschatologique. Être un maquisard, c’est refuser la fuite, la compromission et la haine. Prendre le maquis eschatologique, c’est développer une contre-culture en vivant à dessein selon les principes du Royaume à venir, tout en s’opposant activement à la corruption, aux mensonges et à l’idolâtrie du monde.
La résistance culturelle imprègne chaque aspect de notre existence et toutes nos vocations, démontrant ainsi la souveraineté de Christ sur nos vies et notre volonté de bénir ceux qui nous maudissent. En attendant son retour, notre manière de vivre témoigne au monde de notre allégeance au Roi des rois.
Bien-aimés, je vous encourage, en tant que résidents temporaires et étrangers sur la terre, à vous abstenir des désirs de votre nature propre qui font la guerre à l’âme. Ayez une bonne conduite au milieu des non-croyants, afin que, là même où ils vous calomnient comme si vous faisiez le mal, ils remarquent votre belle manière d’agir et rendent gloire à Dieu le jour où il interviendra.
1 Pierre 2.11-12
À la relecture des Évangiles, j’ai trouvé que Jean-Baptiste incarnait parfaitement cette figure du maquisard.
Jean-Baptiste est l’incarnation de la résistance culturelle. Issu de la lignée sacerdotale d’Aaron, fils de Zacharie, né dans une famille respectée par le peuple, il aurait pu choisir une vie digne de son statut, mais il a quitté la Jérusalem corrompue pour le maquis (Lc 1.5-17; Mc 1.3-4).
Dans son Évangile, Luc construit un contraste saisissant. Il dresse la liste des rangs et des titres des élites sociales, puis présente… Jean, qui vit dans le désert au service de la mission que Dieu lui confie (Lc 3.1-6).
Ayant choisi l’exil et la simplicité, Jean-Baptiste incarnait tout ce que les élites religieuses et politiques ne voulaient pas être. Contrairement à elles, il se savait indigne de toucher même les sandales du Messie promis.
Le prophète a adopté un mode de vie à l’opposé du luxe et du confort des élites. Comme d’autres prophètes avant lui, ses actes faisaient partie de son message (És 20.1-4; Éz 4.1-15).
Les Évangiles nous racontent que toute la Judée et tous les gens de Jérusalem venaient au désert pour écouter ce maquisard un peu spécial (Mc 1.3-5; Mt 3.5). Comme le peuple qui avait quitté l’Égypte pour l’Exode, les gens quittaient Jérusalem pour aller dans le désert, l’entendre leur annoncer la repentance et le Royaume.
Jean-Baptiste appelait les siens à revenir au Jourdain où leurs pères s’étaient purifiés avant d’entrer dans la terre promise (Jos 3-4)1. En effet, leur baptême accomplissait symboliquement le retour de l’exil de Babylone et l’entrée dans le pays de la promesse. Jean ne préparait pas un chemin pour le Seigneur de manière abstraite (És 40.3).
Ainsi, il a choisi le désert pour temple. Son autel était le Jourdain où, tel un prêtre, il offrait à Dieu des cœurs repentants en sacrifice (Ps 51.19).
Sa vie dans le désert et son appel produisait une contre-culture, en opposition directe avec celles des élites religieuses de Jérusalem. Le message de la repentance était un appel à prendre le maquis, à changer de manière de vivre pour se préparer à la venue du Serviteur qui baptiserait son peuple de son Esprit.
Lorsque les pharisiens et les sadducéens sont venus lui demander des comptes, il les a confrontés. Il a dévoilé leur corruption et leurs mensonges (Mt 3.7-9; Lc 3.7ss).
Plus tard, Jean-Baptiste dénoncera ouvertement l’adultère du roi Hérode avec Hérodiade, la femme de son frère (Mt 14:3-4; Lc 3.19-20).
Jean-Baptiste était intègre. Il a prêché la même vérité à tous et exhorté chacun à se repentir (Jn 3.27).
Faut-il déduire que Jean-Baptiste nous appelle à sortir du monde?
Le prophète ne s’est pas isolé pour se couper du monde. Il a choisi le désert pour mieux se faire voir et se faire entendre. Jean-Baptiste ne promouvait pas un exode rural, mais un appel au maquis.
En préparant le peuple pour l’arrivée de Jésus, Jean a joué pleinement son rôle de prophète. Il a été le berger pour le peuple que les pharisiens auraient dû être. Il a rassemblé, fait des disciples dans le but qu’ils se préparent ensemble à la rencontre de leur Seigneur (Mc 1.4-5; Jn 3.22-266).
Au temps fixé, Jésus est venu le voir pour qu’il soit, lui aussi, baptisé afin de s’identifier à son peuple.
Puis, poussé par l’Esprit, le Fils aimé du Père, le véritable Israël, a réitéré l’Exode (Lc 4). Sa victoire sur le Serpent dans le désert fut le signe avant-coureur de son triomphe de toutes les principautés à la croix.
Sa mission accomplie, Jean-Baptiste s’est effacé, laissant le Seigneur conduire son peuple (Jn 3.30).
Dans l’Évangile selon Jean, le prophète tient le rôle crucial de témoin à la barre dans le procès cosmique qu’inaugure l’incarnation de La Parole.
En effet, il est “l’homme envoyé de Dieu… pour témoigner de la Lumière” (Jn 1.6-8).
Jean-Baptiste témoigne à charge contre nous (Mt 3.7-12). Puis il atteste: “Voici l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde” (Jn 1.29), annonçant ainsi le rôle expiatoire de Jésus, face au jugement à venir. Mettant le projecteur sur celui qui est la Parole incarnée, il témoigne que la présence de Jésus induit une sentence: ceux qui le rejettent, lui préférant les ténèbres, sont déjà jugés (Jn 3.18-36). Jean-Baptiste appelle donc à la repentance, pour que les hommes puissent échapper à la colère qui se manifestera au retour glorieux de Christ.
Sa prédication heurte notre sensibilité moderne. Sa manière de vivre heurte notre amour du confort. Mais Dieu nous l’a envoyé par grâce. Jean-Baptiste ne prêche donc pas ce qui flatte les oreilles, mais ce qui touche le cœur.
En effet, il est le prophète du Très-Haut qui marche sous le regard du Seigneur, “pour préparer son chemin et pour donner à son peuple la connaissance du salut par le pardon de ses péchés, à cause de la profonde bonté de Dieu” (Lc 2.76-78).
Jean-Baptiste a supporté de nombreuses privations pour être fidèle à son appel. Devant Hérode, il dira la vérité avec courage. Il paiera de sa vie son intégrité (Mt 14.3-4).
La voix de celui qui crie dans le désert résonne jusque dans les rues de Babylone, nous invitant à abandonner ce lieu d’idolâtrie, de corruption, et de mensonge.
Ce héraut du désert, tel un maquisard, nous incite à emprunter la voie de la résistance. Jean-Baptiste nous enseigne que ce chemin commence par un passage obligé dans le désert de la repentance.
C’est dans ce cadre où nous faisons face à notre misère que nous rencontrons, non pas le serpent qui fut vaincu, mais l’Agneau ressuscité qui nous purifie de nos fautes et nous guide avec assurance vers les sentiers du maquis.
Vivons à l’écoute de sa Parole, et conduit par son Esprit, nous pouvons ensemble tenir ferme tels des résistants.
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webinaire
Bien ou mal? L’éthique biblique dans un monde compliqué
Ce replay du webinaire du Dr. Vincent Rébeillé-Borgella et de Florent Varak a été enregistré le 27 janvier 2017.
Orateurs
F. Varak et V. Rébeillé-Borgella