Je suis Derek, président de Gospel Tribe France, un organisme français qui organise des missions à court terme. Malheureusement, la mission à court terme est un engagement peu encouragé dans nos Églises locales et souvent mal compris. Pourtant, beaucoup de chrétiens pourraient se découvrir une fibre missionnaire en se lançant simplement dans l’aventure! J’écris donc sur le sujet pour mieux te faire connaître ce ministère qui s’intègre pleinement dans le grand mandat missionnaire qui nous a été confié.
La mission à court terme est souvent mal faite, malheureusement. Elle est parfois onéreuse, mensongère et quelquefois peu adaptée pour les missionnaires locaux. Dans l’un de ses articles, Darren Carlson tire la sonnette d’alarme pour que l’on se rende compte des dérives possibles.
L’article du jour expose les erreurs à ne surtout pas faire en mission à court terme car elles vont, soit plomber la mission à court terme, soit la dénaturer pour qu’elle ne se réduise qu’à un voyage touristique.
Nombreuses sont les exhortations à proclamer la bonne nouvelle de Jésus-Christ dans le Nouveau Testament:
Si un missionnaire part en mission à court terme et n’annonce pas l’Évangile, il loupe la cible. Je ne suis pas en train de dire qu’il n’y a pas de place pour les œuvres de compassions. Bien au contraire, les œuvres de compassions ouvrent souvent la voie à des occasions de témoignage.
Témoigner de l’Évangile peut se faire de différentes manières (une histoire/parabole pour les cultures orales, un argumentaire dans un milieu séculier, des objections dans un contexte militant, du porte à porte…), mais la personne du Christ est évoquée et présentée pour que le message du Salut soit entendu, compris et acceptable. Ne faites donc pas l’erreur de partir en mission sans proclamer le message central du Salut en Jésus-Christ.
Une autre erreur qui est tentante serait de considérer qu’il n’y a que la mission qui compte dans le royaume de Dieu. Tout doit être mission, et rien d’autre ne compte.
Suite à une expérience forte que vous auriez vécue en mission à court terme, à une conviction de faire de la mission une priorité, ou alors suite à une prise de conscience personnelle, il pourrait être tentant de ne plus remplir les autre aspects du ministère de la Parole (prédication, enseignement, counseling biblique…) en se focalisant uniquement sur la mission.
L’accent est mis au mauvais endroit, car nous ne voulons pas être connus pour la mission ou un organisme fédérateur. Nous voulons être connus pour Jésus. Nous voulons nous focaliser sur Dieu et sa gloire, et non sur l’homme ou sur l’activisme.
De plus, si tout est mission, alors plus rien n’est mission. Il est important de bien comprendre ce qu’est la mission, de pouvoir la définir et cerner les connotations liées à ce mot.
Partir faire un périple missionnaire de plusieurs jours ou de plusieurs semaines sera « une expérience ». C’est indéniable. Vivre une vie intime avec Dieu est « une expérience ». C’est bien vrai. Cependant, nous ne vivons pas une relation avec Dieu pour vivre une expérience, mais pour être en relation avec notre Créateur et le glorifier. Nous ne partons pas en mission pour une expérience, mais pour être des serviteurs inutiles qui nous donnons pour son royaume.
Partir pour vivre une « expérience », ou vivre sa foi pour « l’expérience », est une motivation centrée sur l’homme qui n’est ni plus ni moins que de l’idolâtrie. Nous devons être vigilants dans nos motivations et aspirations avant de partir.
Que cherchons-nous quand nous partons?
Nous remotiver? Découvrir quelque chose? Nous remettre en question? Remettre sa vie en ordre?
Toutes ces choses sont bien, mais si nous partons, c’est pour glorifier Dieu et le servir avant tout. Ce par quoi nous attirons les gens, c’est aussi ce vers quoi nous les emmenons. Un organisme missionnaire se doit d’orienter les futurs participants vers les bons objectifs.
La mission de Dieu se fait au travers de l’Église locale. Le véhicule que Dieu a voulu utiliser pour que le message de l’Évangile atteigne le cœur des habitants de la terre, c’est bien nous: l’Église. Plus particulièrement, l’Église locale. Si une mission à court terme ne sert pas l’Église locale, alors c’est une grosse erreur.
Il y a deux cas de figures qui posent problème:
Une équipe de mission à court terme qui rend visite à une Église pour la servir, devient la vitrine de cette Église lors des rencontres d’évangélisation. L’équipe a donc une obligation morale de bien se tenir!
De plus, toute équipe de mission à court terme se doit d’être en partenariat avec une Église locale (volontaire bien sûr). La seule exception que je vois, serait pour l’équipe qui se rend dans un pays persécuté, car il va de soi que l’effet de groupe mettrait les chrétiens locaux en danger. Cela relève donc du bon sens.
Cependant, les chrétiens autochtones de ces pays persécutés témoignent souvent de manière remarquable. Ils sont souvent rusés comme des serpents et doux comme des colombes dans leur approche.
Un missionnaire doit être un expert du contexte social, historique et culturel, et doit surtout connaître le langage du cœur.
Paul était un expert des civilisations qu’il a visitées. Même s’il semble que Paul n’ait pas eu à apprendre plusieurs langues durant ses voyages missionnaires dans les Actes, nous ne pouvons pas nous réclamer d’un même contexte.
L’hellénisation du bassin méditerranéen rendait possible un canal unique de discussion par la langue grec. Cela n’a pas empêché Paul, pharisien pure souche, de connaître la culture d’Athènes et de citer les auteurs de la ville (Ac 17.22-34).
Cette connaissance de la culture n’est pas une fin en soi, mais elle permet un point de contact avec les locaux pour leur annoncer l‘Évangile. Cette culture commune que nous pouvons partager (tant qu’elle ne nous amène pas à pécher) est une magnifique opportunité pour parler de l’Évangile.
Il est donc important de connaître le contexte local, et ne pas le connaître serait une réelle erreur.
Une grosse erreur que j’aimerais soulever se reflète souvent par un aspect beaucoup plus subtil.
Cette erreur ne se voit pas dans le nombre de personnes présentes, ni dans les activités réalisées. Elle ne se fait pas non plus dans la durée du séjour. Cette erreur se fait dans la posture adoptée par une ou plusieurs personnes. Encore pire: l’entièreté du groupe.
Si un groupe débarque dans une Église locale en adoptant la posture du « sauveur » qui a tout compris, alors c’est un raté. Chaque personne doit se revêtir d’humilité et considérer les autres comme supérieurs à eux-mêmes (Ph 2.3). Car oui, vous n’êtes pas au centre de la mission. Dieu l’est.
Vous allez être utilisé, fatigué. Vous allez réaliser des tâches souvent ingrates. Mais c’est votre esprit de service, votre esprit d’aide qui va encourager les missionnaires locaux (priez avec eux, soyez généreux avec votre temps ou votre argent, posez des questions, accompagnez les visiteurs de l’Église).
Le pic émotionnel d’une mission à court terme est souvent assez intense et difficile à gérer. On veut changer le monde, s’occuper des malades, devenir missionnaire à plein temps à notre retour, donner tout notre argent…
Les promesses que l’on se fait sont souvent démesurées, mais une erreur encore plus subtile est l’attitude que l’on revêt au retour dans notre Église locale.
Avant de me marier, lorsque je rentrais de missions à court terme pour me rendre dans mon Église locale, il m’arrivait si souvent d’avoir une attitude critique vis à vis des gens. « Ils dorment, et moi je suis chaud pour le Seigneur. » – « Personne ne témoigne de sa foi ici, la honte. » – « S’ils avaient vu le monde comme je l’ai vu, ils comprendraient. » et ainsi de suite.
Il n’y a rien de pire que ce genre d’attitude pour montrer que le problème, ce n’est pas l’Église, mais bien moi.
Premièrement, ce n’est pas en partant une ou deux fois en mission à court terme que nous allons tout comprendre à la vie. Deuxièmement, l’Église est le corps du Christ, donc nous devons apprendre à l’aimer. Troisièmement, si notre cœur n’est pas renouvelé par la Parole de Dieu, il est évident que nos paroles seront déplacées. Apprenons à servir au près, comme au loin.
Le périple missionnaire n’est que la face visible de l’iceberg, pourrait-on dire. Le périple est d’une haute importance, mais ce qu’il se passe dans les coulisses l’est encore plus.
L’apôtre Paul lui, priait pour les disciples et les chrétiens. Plus particulièrement, Paul priait pour Timothée en lui disant:
Je rends grâce à Dieu, que mes ancêtres ont servi, et que je sers avec une conscience pure, de ce que nuit et jour je me souviens continuellement de toi dans mes prières.
2 Timothée 1.3
Un participant d’une mission à court terme se doit de partir avec une arrière-garde: un groupe de personnes qui prient.
C’est une chose à ne pas oublier pour plusieurs raisons:
La mission à court terme se prépare. Encore une fois, le périple missionnaire n’est que la face visible de l’iceberg, donc un participant se doit de participer à son périple. Mais comment préparer son départ?
Premièrement, le périple se prépare dans la prière, et les sujets de prières sont nombreux.
Deuxièmement, le périple se prépare par des lectures:
Troisièmement, la mission à court terme se prépare aussi dans l’hygiène de vie.
Le voyage missionnaire est souvent synonyme de privation ou de rythme de vie différent. Se préparer physiquement, spirituellement, et mentalement est nécessaire pour absorber le choc culturel.
L’équipe qui prépare la mission doit aussi s’organiser avec les missionnaires locaux, dans la communication, la prière, et avec stratégie.
Cette préparation se termine lorsque le participant raconte à son retour, ce qu’il a vécu lors de son voyage.
Finalement, la plus grosse erreur serait de ne pas partir. On pourrait être figé, stressé, et crispé à l’idée de faire l’une des erreurs précédentes. Cette crispation pourrait nous pousser à ne pas vouloir partir, et à attendre d’être prêt et parfait.
Mais fort heureusement, nous avons un Dieu de grâce.
Sa grâce nous rend participants dans sa mission malgré nos erreurs, nos péchés et nos fautes qui sont nombreuses. Sa grâce nous permet de vivre avec un amour renouvelé chaque matin (Lm 3.22). Elle nous permet de nous focaliser sur lui, et non sur nos propres efforts. Elle nous permet de vivre libres à l’égard de la peur et de l’angoisse de nos œuvres qui ne seraient « pas suffisantes ». Sa grâce nous donne de lui obéir, car le pardon se trouve auprès de notre Dieu, afin qu’on le craigne (Ps 130.4).
Partez donc étant pleins d’assurance qu’il vous accompagne (Mt 28.20) et de sa grâce (2Tm 2.2).
Pour modifier une citation attribuée à DL Moody: « Je préfère ma manière de faire des missions à votre manière ne pas pas faire de missions. »