La force de ma faiblesse

Souffrance

Pas de chance... Je suis (relativement!) jeune, mon mari est dans le ministère et j’ai trois filles de moins de 10 ans. Je fais partie d’une Église dynamique. Dans notre voisinage, plusieurs personnes sont intéressées par notre foi. Elles veulent en savoir plus sur l’espérance qui nous anime. Quelle grâce! Au quotidien, le Seigneur me donne des tas d’opportunités de le servir à travers ma famille, mon Église et mon entourage.

Mais il y a une ombre au tableau.

Il y a trois ans, on m’a diagnostiqué une maladie neurologique chronique. Concrètement, cela signifie deux choses pour moi: au jour le jour, je suis faible physiquement, et je suis dépendante.

Je suis faible, car mon corps est devenu le théâtre de douleurs neuropathiques¹ d’intensité variable, mais presque constantes. Quand je n’ai pas mal, j’ai du mal à y croire! Le soir, c'est souvent dans la douleur que je m'endors. Le matin, c'est souvent dans la douleur que je me réveille. La nuit, la douleur peut me tenir éveillée pendant des heures, sans me laisser de répit.

Je suis dépendante, car à ce jour, je ne pourrais pas vivre sans une batterie de médicaments et d’anesthésiants tous aussi puissants les uns que les autres. Pourtant, ils ne suppriment pas complètement la douleur, ils la tiennent seulement en cage. Je remercie le Seigneur pour ces médicaments qui me permettent de fonctionner au quotidien! Mais ils sont aussi mes meilleurs ennemis, car leurs effets secondaires sont, eux aussi, très puissants. Douleur ou… somnolence, vertiges, confusion mentale? Je dois choisir entre la peste et le choléra…

Pourquoi?

C’est vraiment frustrant, et déconcertant par moments. Pourquoi Dieu permet-il cela?

D’un côté, il me donne toutes ces opportunités de le servir au quotidien, de l’autre, il semble m’en empêcher.

Ces dernières années, j’ai souvent lutté avec la frustration et l’amertume. La frustration de me sentir handicapée, limitée. De ne pas pouvoir être la maman pleine d’énergie que je voudrais être, le soutien constant et persévérant dont mon mari a besoin. La douleur s’est intégrée dans le quotidien de ma famille et de ma vie sans que je l’y invite, et je n’ai pas le pouvoir de la mettre à la porte!

Celui qui en a le pouvoir, c’est mon Dieu.

Mais jusqu’ici, il ne l’a pas fait. Cette vie pleine de douleurs n’est pas la vie de trentenaire que j’espérais, mais c’est la vie qu’il me donne. Alors, qu’est-ce que j’en fais?

Dans mon misérabilisme, Dieu m’a reprise par sa Parole. Dans mon abattement, il m’a encouragée. Ces dernières semaines, ce sont les paroles de Dieu à Paul dans 2 Corinthiens 12 qui m’ont interpellée avec une fraîcheur nouvelle.

Paul, c’était l’apôtre des extrêmes! Champion du service pour le Seigneur, mais aussi ceinture noire de la souffrance au service de Christ².

En plus de toutes les souffrances qu’il a vécues au service de Christ, Dieu lui a imposé une épreuve. Une épreuve qui, "telle une écharde, tourmente son corps" (2Co 12.7).

De cette épreuve, il a demandé à Dieu à plusieurs reprises de le délivrer.

Savez-vous ce que Dieu lui a répondu?

…ma grâce te suffit, c’est dans la faiblesse que ma puissance se manifeste pleinement.

2 Corinthiens 12.8-9

Ma grâce te suffit

Dans ma manière toute humaine de penser, je me demande: “Seigneur, pourquoi être si contre-productif? Si tu avais libéré Paul de cette "écharde", il aurait pu te servir encore mieux et encore plus!”

Nous détestons la faiblesse et la souffrance. Les Corinthiens la détestaient aussi.

En partie parce que nous sommes des rebelles qui nourrissent une vaine illusion d’indépendance à Dieu, mais aussi parce que nous n’avons pas été créés pour souffrir!

La souffrance ne faisait pas partie du plan initial de Dieu pour nos vies. Au commencement, il avait créé un monde totalement bon. En Christ, il fait tout le nécessaire pour le libérer, un jour, entièrement du mal et du péché!

Mais en attendant, Dieu a un plan pour toutes les limites et handicaps qu’il nous impose dans cette vie: nous enseigner sa grâce. Nous retirer nos assurances confortables pour nous mettre dans une situation où notre seul choix, c’est de dépendre de lui.

Ce n’est pas agréable, mais c’est bon pour nous!

La plupart du temps, nous avons le sentiment d’être autonomes, indépendants, de tenir les rênes de nos vies... mais c’est une illusion!

Paul lui-même, à cause de révélations extraordinaires que Dieu lui avait faites 14 ans auparavant, était tenté par le danger de l’orgueil. Rien de plus dangereux que l’orgueil qui nous éloigne subtilement, mais sûrement de celui à qui nous devons tout.

Alors, Dieu lui a envoyé cette "écharde". Pas pour lui faire du mal, mais pour lui faire du bien! Pour qu’il diminue à ses propres yeux et que Dieu grandisse. Pour qu’il réalise que Dieu est tout ce dont il a besoin et que, sans lui, il ne peut rien faire.

Et c’est la même chose pour nous.

Les épreuves et limitations de toutes sortes, nous les détestons, nous les fuyons. Mais Dieu nous les envoie pour nous maintenir amarrés au port de sa grâce.

Oui, j’aimerais être guérie physiquement. Peut-être, Dieu m’accordera-t-il cela un jour? Il le fera en tout cas au dernier jour.

Mais en attendant, ce dont j’ai besoin, plus que de guérison physique, c’est d’expérimenter que Dieu me suffit. Que quand rien ne va, en fait, fondamentalement, tout va, puisque mon Dieu est avec moi et pour moi!

En Jésus, il m’a démontré l’étendue de sa grâce. Il s’est donné pour moi complètement, sans retenue. Il a fait de moi sa fille et l’héritière de sa gloire éternelle : est-ce que je pense vraiment qu’après avoir fait tout cela, il va laisser la souffrance me briser, moi et ma famille?

Au contraire, dans sa grâce, il va utiliser ma faiblesse pour nous rapprocher de lui au quotidien, tous les cinq. Il va nous apprendre à crier à lui et à compter sur lui. Il va nous montrer qu’il répond aux prières; qu’il renouvelle, qu’il fortifie, qu’il soutient.

Il va m’enseigner, encore et encore, que ma valeur ne vient pas de ce que j’accomplis, mais qu’elle vient de lui! Il va me garder dans une conscience humble que lorsque je suis malgré tout capable d’accomplir quelque chose d’utile, c’est par sa force; c’est par sa grâce.

Une source de joie

Et c’est source de joie! À tel point que Paul, avec son écharde dans la chair, pouvait s’écrier:

Je trouve ainsi ma joie dans la faiblesse, les insultes, la détresse, les persécutions et les angoisses que j’endure pour Christ. Car c’est lorsque je suis faible que je suis réellement fort.

2 Corinthiens 12.10

C’est la logique de Dieu, et elle est bien plus sage que notre sagesse: c’est lorsque nous sommes faibles que nous sommes réellement forts.

Et vous?

Dans quels domaines, vous ou vos proches, expérimentez la faiblesse ou des limitations ces derniers temps? Quelles circonstances vous semblent être de purs obstacles à vos plans et vous frustrent au plus haut point?

Dieu nous appelle à changer de regard sur nos limites. Oui, d’un point de vue purement humain, elles sont des pertes.

Mais du point de vue de Dieu, elles sont des gains.

Merci Seigneur pour nos situations de limites et de faiblesse. Qu’elles soient pour nous l’occasion de dépendre de toi, de nous réjouir en toi et de rester amarrés au port de ta grâce. Amen.


1. Qui touchent les nerfs périphériques.
2. “Ceinture noire de la souffrance”, comme l’a si bien dit un prédicateur que j’écoutais récemment. Dans 1 Corinthiens 11.21-31, vous verrez quelques-unes des souffrances que Paul a traversées au service de Christ.
3. cf. 2 Corinthiens 12.7

Anne-Sophie Tandy

À ses 19 ans, le Seigneur fait grâce à Anne-Sophie et lui permet de comprendre son besoin de repentance et de foi, après une période d'intense rejet de Dieu.

Mariée à Joe, pasteur, ils ont trois filles et ensemble, ils ont la joie de servir le Seigneur à l’Église Connexion à Paris.

Éditrice à BLF Éditions depuis 2021, Anne-Sophie est heureuse de pouvoir contribuer au processus de création de livres de qualité qui nous aident à grandir dans la connaissance de Christ.

Ressources similaires