Plus nous vieillissons, plus nous perdons nos frères et sœurs en Christ. Parfois dans des circonstances terriblement injustes et incompréhensibles. De plus, le jour de notre propre mort se rapproche, et nous en sommes de plus en plus conscients. Ce n’est pas morbide de penser à cela. C’est regarder la réalité en face.
Nous n’aimons pas parler de la mort parce que notre société l’a évacuée du réel. Elle est omniprésente dans les films et les séries, mais soigneusement effacée dans notre quotidien anesthésié par le confort et le divertissement.
Conséquence: nous oublions de nous poser les vraies questions.
Et quand la mort surgit dans la vie réelle… nous sommes désemparés.
Quand un pilote apprend à voler, on lui enseigne une règle cruciale: ne jamais faire confiance à ses impressions quand il vole dans le brouillard. Toujours s’en remettre aux instruments.
Dans le brouillard, les sens trahissent. Le pilote a l’impression de prendre de l’altitude, alors qu’il en perd. Il se croit stable, alors qu’il est en piqué.
La majorité des crashs ne viennent pas de la météo, mais de l’erreur de pilotage causée par une confiance mal placée.
Dans la tourmente, il ne doit pas se confier dans ses perceptions, mais dans les instruments fiables. Dans le brouillard, seuls les instruments indiquent la vérité.
La vie chrétienne n’est pas si différente quand nous sommes désorientés, ébranlés, sans repères.
Nous avons des questions, mais peu de réponses précises de Dieu. Nous sommes plongés dans la tempête. Dans ces moments-là, il ne faut surtout pas voler à vue.
Ce que nous ressentons est bien réel, mais ce que nous savons est plus solide. Plus sûr. Plus important.
Face à la mort, ce qui compte, ce n’est pas ce que nous ignorons, mais ce que nous savons.
Dans le brouillard de la souffrance, les vérités de l’Évangile sont nos instruments de vol.
Face à la perspective de la mort, nous devons nous former tels des pilotes.
Quand nous avons plus de questions que de réponses face à la mort, que nous sommes en plein brouillard, les vérités de l’Évangile sont nos instruments de vol.
Ces vérités ne mentent jamais. Ce sont elles que le Saint-Esprit utilisera pour nous aider à traverser la tempête.
Dieu ne nous a pas destinés à connaître sa colère, mais à posséder le salut par notre Seigneur Jésus-Christ: il est mort pour nous afin que, vivants ou morts, nous entrions ensemble, avec lui, dans la vie. C’est pourquoi encouragez-vous les uns les autres et aidez-vous mutuellement à grandir dans la foi, comme vous le faites déjà.
1 Thessaloniciens 5.9-11
Paul énonce quatre vérités qui sont nos instruments dans le brouillard de l’épreuve.
Pourquoi Dieu permet-il qu’un jeune chrétien meure? Pourquoi la maladie frappe-t-elle sans prévenir? Pourquoi la souffrance semble-t-elle parfois frapper à l’aveugle? Nous ne le savons pas.
Voici ce que nous savons: la mort, pour celui qui est en Christ, n’est pas une condamnation.
Elle n’est jamais la manifestation de la colère de Dieu envers ses enfants.
Elle n’est pas le signe que Dieu aurait changé d’avis.
Elle n’est pas une malédiction déguisée.
Elle est douloureuse car elle est étrangère à notre monde tel qu’il devrait être. Mais elle n’est pas un châtiment pour les enfants de Dieu, parce qu’ils ne sont pas destinés à la colère, mais au salut.
Ailleurs, dans la lettre aux Romains, Paul affirme différemment la même vérité:
Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ…
Romains 8.1
Ce salut n’est pas un vague espoir, c’est une assurance scellée dans l’amour éternel de Dieu. Nous ne sommes pas sauvés parce que nous le méritons, mais parce que, dans son amour, il nous a destinés au salut.
Certes, nous sommes confrontés aux mystères de la providence de Dieu: pourquoi certains sont-ils rappelés tôt? Pourquoi d’autres souffrent-ils plus que d’autres?
Mais il y a un mystère plus grand encore: pourquoi nous qui ne méritons rien sommes-nous sauvés?
Pourquoi Dieu nous offre-t-il une telle assurance et une telle espérance?
Le mystère de la mort est réel, mais il est enveloppé dans un mystère beaucoup plus grand: celui de la grâce.
Alors, non, nous n’avons pas toutes les réponses.
Mais nous connaissons la vérité qui compte: la mort n’est plus une condamnation. Elle n’est plus une menace.
Pour les chrétiens, elle n’est qu’un passage vers la pleine possession de ce que Dieu nous a destinés à avoir, à savoir: “posséder le salut par notre Seigneur Jésus-Christ: il est mort pour nous.”
Dieu ne nous a pas destinés à connaître sa colère, mais à posséder le salut par notre Seigneur Jésus-Christ: il est mort pour nous.
1 Thessaloniciens 5.9
Pourquoi ne sommes-nous pas destinés à la colère de Dieu? Pourquoi la mort n’est-elle pas, pour nous, une condamnation?
Ce n’est ni notre valeur, ni notre piété, ni notre fidélité qui nous en préservent.
Ce n’est pas parce que nous sommes "trop gentils" ou "trop utiles à Dieu".
C’est parce que Jésus est mort pour nous. La colère qui devait s’abattre sur nous a été déversée sur Christ.
Sur la croix, Jésus est venu endurer le salaire du péché à notre place. Il est venu satisfaire la justice du Père. Il s’est offert volontairement comme une rançon pour nous. Le Père a fait tomber sur lui le châtiment que méritaient nos fautes.
À la croix, Jésus a subi l’agonie qu’aucun homme n’a jamais connue.
En la mort de Jésus, Dieu nous révèle non seulement l’horreur de notre péché, mais également la grandeur de son amour.
Sa mort n’était pas sa défaite. Elle était sa victoire!
Sur la croix, Jésus était notre Sauveur, notre Champion, notre Roi, notre Libérateur.
Il a porté nos péchés, il a satisfait la justice divine, et il est ressuscité en vainqueur.
Ni Satan, ni le péché, ni la mort n’ont pu le retenir. Par son sacrifice, il nous a libérés de la domination du péché, de Satan, et de la mort.
Il est le Premier-né d’entre les morts. Il est le Prince de la vie qui a vaincu la mort pour nous. Il règne sur toute la création et il déclare à l’univers:
Je suis l’Alpha et l’Oméga, le Vivant. J’étais mort, et voici, je suis vivant aux siècles des siècles. Je détiens les clés de la mort et du séjour des morts.
Apocalypse 1.17-18
Jésus siège sur le trône de gloire. Il a le pouvoir de sauver de la condamnation du jugement de Dieu tous ceux qui placent leur foi en lui pour leur vie.
Dans les sixties, Donald Barnhouse, un pasteur, perdit sa femme d’un cancer fulgurant. Elle avait moins de 40 ans. Il se retrouva seul avec leurs quatre enfants, tous âgés de moins de 12 ans.
Le jour de l’enterrement, alors qu’ils se rendaient au cimetière en voiture, un énorme poids lourd les doubla, le moteur rugissant, couvrant leur voiture de son ombre menaçante.
Barnhouse demanda alors à ses enfants:— Préféreriez-vous être écrasés par le camion ou par son ombre?
Son fils aîné répondit:
— Par son ombre, bien sûr.
Et leur père dit:
— Eh bien, c’est ce qui est arrivé à votre maman. Seule l’ombre de la mort est passée sur elle, parce que la mort elle-même a écrasé Jésus.
Voilà ce que signifie: “Dieu ne nous a pas destinés à la colère… Il est mort pour nous.”
Parce que Jésus a enduré notre condamnation, ce n’est donc que l’ombre de la mort qui passera sur nous.
Ici-bas, pour nous, il y a une différence énorme entre être vivant ou mort.
Mais en Christ, “vivants ou morts, nous sommes avec lui”. Jésus n’a pas simplement contenu le péché ou limité ses dégâts. Il l’a détruit. Il a anéanti ses effets éternels. Il a brisé la puissance de la mort en nous donnant sa vie.
Jésus a ouvert la voie à ce qui nous est destiné: la vie éternelle.
Tim Keller disait:
Jésus-Christ a triomphé de la mort et, désormais, tout ce que la mort peut nous faire, c’est de faire de nous des êtres plus heureux et plus aimés que nous ne l’avons jamais été.
En ce moment même, ceux qui nous précèdent sont déjà avec Jésus dans la vie éternelle.
Ils voient enfin celui que nous suivons par la foi.
Ils ont le privilège d’être dans la présence de l’être glorieux absolu, de contempler aujourd’hui combien il est majestueux et de réaliser combien il les a aimés à la croix.
Le Dieu que les cieux des cieux ne peuvent contenir se révèle à eux dans toute la splendeur de sa sainteté.
Pour ceux qui sont morts, c’est la fin des souffrances et des larmes. La fin des angoisses et de la peur. La fin du labeur et des épreuves.
Ils goûtent à une joie, à une paix et à un repos que rien ici-bas ne pouvait leur offrir et qu’aucun d’entre nous, vivant, n’a encore expérimenté.
Puis j’entendis du ciel une voix qui disait: “Écris: "Heureux les morts qui meurent dans le Seigneur, et ce dès maintenant! Oui, dit l’Esprit, ainsi ils se reposent de leurs travaux, mais leurs œuvres les suivent."”
Apocalypse 14.13
Ils sont dans la présence:
Ceux qui sont morts en Christ sont maintenant avec lui, avec eux, et avec tous ceux qui l’ont aimé.
Pour rien au monde ceux qui sont dans la présence de Christ dans les lieux célestes ne voudraient revenir sur terre.
Paul ajoute encore quelque chose de magnifique:
Il est mort pour nous afin que, vivants ou morts, nous entrions ensemble, avec lui, dans la vie.
1 Thessaloniciens 5.10
Quand nous lisons toute la lettre, nous observons que les Thessaloniciens comptaient sur le retour imminent du Christ pour instaurer son Royaume éternel sur terre.
Mais certains étaient morts avant sa venue. Cela inquiétait l’Église: sont-ils laissés de côté?
Paul leur répond de ne pas s’inquiéter: vivants ou morts, nous entrerons ensemble, avec lui, dans la vie.
Personne n’est oublié.
Ceux qui sont morts sont déjà dans sa présence.
Tous les croyants, morts ou vivants, seront ressuscités et glorifiés lorsque Christ viendra établir son règne éternel dans la nouvelle création.
Nous formerons enfin ce peuple de prêtres, régnant avec Christ dans la nouvelle création, manifestant sa gloire et sa bénédiction sur la terre.
Oui, la séparation est réelle. Terriblement douloureuse. Quand meurent nos frères et sœurs en Christ, notre peine est immense.
Mais ceux qui sont morts ne sont pas effacés ou dans l’obscurité du néant.
Ils sont déjà avec Jésus et nous les retrouverons bientôt, lors de notre mort ou de son retour.
Frères et sœurs, c’est pleinement légitime de porter le deuil de nos frères et sœurs en Christ, car la mort est un ennemi.
Mais le deuil chrétien n’est pas celui du monde. Nous pleurons avec espérance. Nous savons que ceux qui meurent dans le Seigneur vivent déjà avec lui. Nous ne les pleurons pas comme disparus, mais comme absents temporairement.
Quand le brouillard de la souffrance nous enveloppe, Dieu ne nous laisse pas seuls dans le cockpit.
Paul rappelle que l’Église doit être là pour nous rappeler ce que disent les instruments, pour murmurer à nos cœurs les vérités glorieuses de l’Évangile:
C’est pourquoi encouragez-vous les uns les autres et aidez-vous mutuellement à grandir dans la foi, comme vous le faites déjà.
1 Thessaloniciens 5.11
Vivre l’Église, c’est se réjouir ensemble, pleurer ensemble, et se consoler mutuellement en Christ.
Dieu va prendre soin des endeuillés à travers son Église.
C’est le corps par lequel il nous porte. C’est la voix fraternelle qui nous encourage et nous aide quand la nôtre se brise de pleurs.
Nous devons tous participer à ce ministère de consolation, d’exhortation et de soutien.
Il est capital de nous aider mutuellement à vivre pour l’Évangile afin, entre autres, de nous préparer à la rencontre du Seigneur. La Bible nous le rappelle sans cesse.
Charles Spurgeon disait que se préparer à mourir, c’est apprendre à vivre.
Vivre l’Église, c’est marcher avec des frères et sœurs qui, dans quelque temps, seront en présence de Jésus.
Vivre l’Église, c’est apprendre ensemble à louer et à vivre pour celui que nous contemplerons un jour de nos yeux.
Vivre l’Église, c’est s’aider mutuellement à vivre notre foi à l’aune de l’éternité, à vivre aujourd’hui en prenant la fin comme point de départ. C’est vivre Memento Mori.
Chaque culte, chaque prière, chaque sainte-cène, chaque cantique, chaque prédication, chaque discussion fraternelle nous apprend à piloter par les instruments en temps de crise et nous prépare à notre rencontre avec le Seigneur.
Ensemble, nous devons nous rappeler que nous ne sommes que des étrangers et des voyageurs sur terre.
Ensemble, nous apprenons à aimer plus que tout celui dans lequel nous entrerons dans la présence d’ici quelques jours, quelques mois ou dans quelques années.
Ces vérités sont nos instruments de vol. Ce texte, comme tant d’autres dans la Parole, nous est donné comme un tableau de bord dans la tempête.
Pour que nous ne volions pas à vue dans l’épreuve. Pour que nous ne fassions pas confiance à nos impressions, mais à ce que nous dit Dieu.
Elles ne suppriment pas la douleur, mais elles nous maintiennent sur le bon cap malgré les turbulences.
Elles nous disent ce que Dieu dit.
Quand nous pensons à notre mort ou à celle des chrétiens, méditons sur la mort de Christ lui-même.
Superposons ces deux réalités, car ce n’est qu’à l’ombre de la croix que notre propre mort se transforme en gain.
Si vous appartenez à Christ, alors ces vérités sont pour vous.
Si ce n’est pas le cas, Dieu vous tend la main pour vous offrir son salut. Il vous appelle aujourd’hui à placer votre foi en Jésus-Christ qui a vaincu la mort et vous offre la vie éternelle.