« Joseph, son fiancé, qui était un homme juste et qui ne voulait pas l’exposer au déshonneur, se proposa de rompre secrètement avec elle. » – Matthieu 1.19
Lisez : Matthieu 1.18-25
Dieu a directement envoyé un ange chez Marie pour lui dire qu’elle allait concevoir le Messie par le Saint-Esprit. Mais avant d’envoyer un ange chez Joseph, il l’a d’abord laissé se torturer l’esprit pour savoir comment il devait réagir face à l’annonce de la grossesse de Marie… Vous êtes-vous jamais demandé pourquoi Dieu a agi de manières si différentes ? Essayez d’imaginer l’agonie de ces heures de réflexion pour Joseph.
Joseph ressentit une pointe d’angoisse. Il avait perçu quelque chose d’inhabituel dans la demande de Marie qui souhaitait le voir dès que possible.
Lorsqu’il arriva, elle se tenait sous l’arbre à côté de la maison de son père. C’était l’arbre sous lequel, en tant que fiancés, on leur accordait un peu d’intimité surveillée. Marie n’était pas elle-même. Elle fixait le sol et semblait tourmentée.
— Marie, il y a quelque chose qui ne va pas ?
Elle leva la tête et leurs yeux se croisèrent. Son regard était grave :
— Joseph… Elle s’arrêta. Je suis enceinte.
Le choc de l’annonce le laissa un instant stupéfait et incrédule. Il ne savait plus ce qu’il devait penser. Ses jambes le lâchaient. Il s’agrippa à l’arbre pour ne pas tomber. Lui au moins avait l’air solide, bien enraciné.
Il la regardait, les yeux vides. Il se sentait comme paralysé. Il était incapable de prononcer un seul mot. Tout lui paraissait si irréel.
Marie le fixait toujours aussi intensément. Il ne discernait aucune trace de honte dans ses yeux. Aucune attitude défensive ou provocatrice. Même pas une larme. Ses yeux rayonnaient… l’innocence. Et ils cherchaient, dans son regard à lui, une réponse.
Marie brisa enfin le lourd silence :
— Ce que je dois te dire maintenant, je ne sais même pas comment t’en parler.
Joseph s’appuya un peu plus encore sur l’arbre, se préparant au pire. Il gardait la tête baissée, les yeux fixés sur les pieds de Marie. Ses pieds n’avaient pas changé : ils ressemblaient en tout point aux pieds de la fille qu’il aimait du temps où il la croyait encore pure...
En fait, c’est ce qui rendait cette situation si étrange. Marie avait l’air plus chaste que jamais. Si elle avait été d’un genre frivole, ou si elle avait eu quelques failles évidentes dans son caractère, ce genre de nouvelle aurait pu passer. Mais Marie était littéralement la dernière personne qu’il aurait pu soupçonner d’infidélité. Il n’arrivait pas à l’imaginer un seul instant dans les bras d’un autre homme. Il ne voulait surtout pas savoir de qui il s’agissait.
— Je sais que c’est très difficile à croire, Joseph. Mais il faut que tu m’écoutes.
Ses yeux fixaient toujours les pieds de Marie. Joseph hocha imperceptiblement la tête.
— Je ne t’ai pas trompé.
Joseph la regarda droit dans les yeux. Un viol ? Cela expliquerait son innocence. Mais pourquoi ne lui en avait-elle pas parlé ?
— Et le bébé que je porte en moi… vient de Dieu.
Cette petite phrase flotta un instant dans son esprit, cherchant un endroit où elle pourrait se poser. Elle n’en trouva pas.
— Joseph, je sais ce que tu penses. Mais je t’assure que c’est la vérité.
Puis Marie lui raconta la visite de l’ange et le message qu’il lui avait délivré. Elle portait un fils, conçu par le Saint-Esprit, qui serait appelé Fils du Très-Haut et qui serait assis sur le trône de David à tout jamais. Dieu était le père de l’enfant. Marie était enceinte du Messie.
Elle semblait complètement saine d’esprit. Rien en elle n’avait l’air différent. Sauf qu’elle affirmait être enceinte de l’enfant de Dieu. Joseph avait l’impression que son cerveau allait exploser d’un moment à l’autre. Était-elle en train d’ajouter un blasphème à son adultère ? Il n’arrivait pas à la croire coupable ni de l’un ni de l’autre.
Le silence dura longtemps. La tension était palpable.
— Je… Je ne sais pas quoi te dire Marie. Je n’arrive pas à réfléchir correctement. Je crois que j’ai besoin d’être un peu seul.
Joseph passa le reste de l’après-midi à marcher sur la colline qui surplombait Nazareth. Les choses paraissaient toujours plus claires de là-haut. De là, il pouvait voir la mer de Galilée à l’est, et à l’ouest il voyait le bleu de la Méditerranée s’étendre à perte de vue.
Mais il n’arrivait toujours pas à voir comment l’histoire de Marie pouvait être vraie. Il ne voyait rien dans la Torah ou dans les prophètes qui évoquait ce genre de situation :
— Seigneur, montre-moi ce que je dois faire !
Il a dû répéter cette prière une bonne centaine de fois ce jour-là.
Le soleil se couchait quand Joseph arriva devant la maison, presque terminée, qui aurait dû devenir leur foyer. Ce matin encore, en travaillant sur le toit, il avait rêvé d’entendre les voix enjouées de leurs enfants – ses enfants à lui et Marie – ces enfants qui un jour allaient remplir cette maison. Ce rêve venait de se briser. Il avait pris sa décision. Les explications de Marie étaient trop incroyables, à la limite du délire. Il devait casser leurs fiançailles. Mais il avait résolu de le faire le plus discrètement possible afin d’éviter à Marie plus de honte que nécessaire. Il l’aimait toujours.
Cette nuit-là, il s’endormit, épuisé par sa douleur. C’est alors que l’ange arriva et ressuscita ses rêves avec une force et un émerveillement qui dépassent tout entendement.
Dieu avait choisi Joseph pour une mission précise, et il avait aussi choisi Marie pour une autre mission. Mais il a agi avec chacun d’entre eux différemment. Il aurait pu les prévenir tous les deux au sujet de Jésus. Il ne l’a pas fait. Il en a parlé à Marie, mais pas à Joseph. Puis Dieu a permis qu’ils aient une conversation qui a dû être très difficile à vivre pour tous les deux.
Face à cette situation, Joseph a dû prendre une décision terriblement douloureuse. Et Dieu ne l’en a pas immédiatement empêché. Il a permis que Joseph passe un peu de temps à lutter avec sa douleur et sa confusion. Étant un homme juste (Mt 1.19), Joseph avait examiné les dires de Marie dans l’intégrité de son cœur, et je crois qu’on peut dire aussi avec une profonde confiance en Dieu. Il a pris la meilleure décision possible, une décision qu’il estimait à la fois juste et compatissante.
Mais finalement ce n’était pas une bonne décision, parce que Dieu était en train de faire bien plus que ce que Joseph pouvait demander ou penser (Ép 3.20). Et c’est à ce moment-là que Dieu, plein de grâce, est intervenu. Il a repris Joseph avec douceur et lui a donné les directions dont il avait besoin.
Dieu ne nous épargne pas toujours les décisions difficiles et douloureuses. Il ne nous protège pas non plus de tous nos mauvais choix qui sont la conséquence de notre nature déchue, même s’ils sont faits dans l’intégrité de notre cœur. Au travers de tout cela, les desseins de Dieu s’accomplissent. Mais nous pouvons lui faire confiance : il sera fidèle pour nous corriger et nous indiquer la direction que nous devons suivre au moment où lui le jugera bon.
webinaire
Si Dieu est bon, pourquoi autant de mal?
Découvre le replay de ce webinaire de Guillaume Bignon, enregistré le 11 décembre 2018, qui traite de la souveraineté et la bienveillance de Dieu.

Orateurs
G. Bignon
