Mon épouse –une véritable sainte– et moi avons neuf enfants. Le premier s’apprête à partir pour l’université, le dernier vient d’arriver dans le monde. En ce qui concerne la parentalité, voici quelle est notre philosophie de base: « Nourris-les, habille-les, aime-les, ris avec eux, corrige-les, amène-les à l’Église, et essaie de rester en vie. » Avec nos cinq garçons et nos quatre filles, la réflexion sur les différences entre hommes et femmes ne se résume pas à une simple question de curiosité intellectuelle; c’est pertinent dans l’immédiat[1].
Dans ma propre réflexion et mes propres écrits au sujet des hommes et des femmes, la question de John Piper m’a été d’une grande aide:
Si votre fils vous demandait « qu’est-ce qu’être un homme signifie? », ou votre fille « que veut dire être une femme? », que répondriez-vous?
J’aime le côté pratique de la question; mes fils et mes filles ont besoin de savoir (et au fur à mesure qu’ils grandissent, ils veulent savoir) ce que signifie être un homme ou être une femme.
Je pourrais leur parler du fait que nous avons été créés à l’image de Dieu et de notre appel à grandir à la ressemblance de Christ. À dire vrai, je devrais aborder ces sujets à de nombreuses reprises. Pourtant, ce n’est pas simplement en tant qu’êtres humains qu’ils grandissent, mais bien en tant que garçons et filles, des garçons qui deviendront des hommes et des filles qui deviendront des femmes. Voilà qui aiguise notre fer de lance théologique. « Papa, à quoi ça ressemble la piété pour moi, en tant que garçon? » « À quoi ça ressemble, la consécration à Dieu pour moi, en tant que fille? » De bien des manières fondamentales, la piété s’exprimera de la même façon pour mes garçons et pour mes filles; mais elle le fera aussi parfois de façons très différentes.
La complémentarité sexuelle implique non seulement de reconnaître l’existence de ces « façons très différentes » comme une vérité générale, mais également qu’il faut aider les hommes et les femmes à savoir, sur le plan pratique, ce que ces différences engendrent. La complémentarité concerne, au moins en partie, les bienfaits inhérents de la différence que Dieu a voulue entre les sexes. En restant silencieux sur cette distinction –et sur le fait qu’elle est merveilleusement vraie, immensément belle, et qu’elle favorise l’épanouissement des hommes, des femmes, des enfants, des familles, des Églises, et de la société– on néglige la nouvelle particulièrement bonne de ce que l’on appelle le complémentarisme.
Que pourrais-je donc dire à mes enfants sur le fait d’être un homme ou une femme? Je tenterais de le présenter aussi simplement que l’alphabet et les cinq doigts de la main, le fait d’être un homme ou une femme est une question de:
Au risque de créer de la confusion, nous ne considèrerons pas ces sujets dans l’ordre alphabétique, mais plutôt dans ce qui correspond à celui dans lequel ils sont révélés dans les Écritures. Vous remarquerez un certain chevauchement avec les sections exégétiques précédentes du présent ouvrage; néanmoins, j’espère que le fait de regrouper plusieurs thèmes dans un même chapitre vous permettra de mieux comprendre à quoi ressemblent, de manière pratique et concrète, la différence et la complémentarité sexuelles.
L’Éternel Dieu dit: Il n’est pas bon que l’homme soit seul; je lui ferai une aide semblable à lui. – Gn 2.18
Dans les premiers chapitres de la Genèse, Dieu créé Adam pour être un leader. Il est créé le premier, il est chargé de nommer les animaux (Gn 2.19,20), il reçoit le commandement probatoire (Gn 2.16,17), et bien que ce soit Ève qui ait croqué le fruit en premier, c’est Adam que Dieu tient pour responsable (Rm 5.12-21; voir Ge 3.9). Dieu crée Ève pour être l’aide d’Adam (voir 1 Co 11.3). Dans la Bible, le rôle d’aide n’est jamais dévalorisant et n’implique pas une quelconque infériorité; en réalité, Yahvé lui-même est souvent décrit comme « l’aide » ou « le secours » de son peuple dans l’Ancien Testament. Genèse 2 affirme que le dessein de Dieu, tel qu’il apparaît dans l’ordre créationnel, c’est que la femme aide son mari. Voilà quel devrait être l’empressement qu’elle doit manifester.
J’emploie le terme posture de manière délibérée. Celle-ci est flexible, changeante: on peut être avachi, se tenir bien droit, être plutôt décontracté ou plutôt solennel, se pencher vers notre interlocuteur ou vers l’arrière. J’utilise le mot posture parce qu’il ne s’agit pas ici d’une position rigide, mais bien d’une disposition intentionnelle. L’épouse devrait accepter volontiers d’être conduite; et le mari, désirer vivement prendre l’initiative et le faire, quels que soient les sacrifices qui seront exigés de lui. Il serait injuste –et même inique– qu’un homme affirme à son épouse: « C’est toi, l’aide. Moi je n’ai pas à t’aider. » Le fait que les hommes aient été créés pour endosser le rôle du leader ne veut pas dire qu’ils dirigent sans jamais aider, ou que les femmes aident sans jamais exercer une quelconque forme de direction.
Je remarque simplement ici quel est le modèle que nous devrions chercher à appliquer de manière intentionnelle et que nous devrions accepter avec empressement: l’homme ayant le rôle de leader et la femme, celui d’aide. Je suis convaincu que même dans le monde du travail, où hommes et femmes peuvent occuper tous les niveaux de l’organigramme d’une entreprise, il est possible, pour les chrétiens, de manifester leur masculinité ou leur féminité de manière appropriée. Cette disposition est plus visible –dans la Bible comme dans la vie– au sein du mariage; cependant, il y a des raisons de croire que le schéma de la Genèse reflète des réalités qui dépassent la relation conjugale. Pour l’apôtre Paul, ce schéma de la Genèse devait se retrouver dans le cadre de l’Église, et en particulier dans la manière dont les femmes apprennent et les hommes enseignent (1 Tm 2.11-14). Repensez également à l’exemple de Débora: il ne fait aucun doute que c’était une femme forte, dotée d’une influence considérable. Pourtant, elle reprochera (de manière implicite) à Barak son refus de conduire l’armée au combat (Jg 4.6-9). Lui et ses hommes étaient censés prendre la tête du peuple d’Israël (Jg 5.2,9).
Ce concept qui a trait à la posture est souvent lié davantage à l’appel pour les hommes qu’aux interdits pour les femmes; autrement dit, l’exhortation centrale n’a pas pour objectif que les femmes s’assoient, mais bien que les hommes se lèvent. Un homme qui dirige avec amour facilite la tâche de la femme; elle peut alors lui venir en aide avec joie et humilité.
Tu ne coucheras point avec un homme comme on couche avec une femme. C’est une abomination. – Lv 18.22
Dans le domaine du sexe, le monde revendique la priorité de l’orientation sur la biologie. Il soutient que le genre n’est rien d’autre qu’une simple construction sociale; par conséquent, nos actions devraient correspondre à nos désirs qui, eux, reflètent notre identité réelle, plutôt qu’à notre réalité biologique.
La Bible nous dit autre chose. Notre sexe biologique, loin d’être un concept accessoire et malléable à volonté, fixe un cadre pour l’existence des hommes et des femmes; nos actions doivent donc correspondre à l’identité sexuelle telle que Dieu l’a conçue. Le corps de l’homme, par exemple, n’est pas fait pour « correspondre » à celui d’un autre homme dans une union où les deux deviendraient une seule chair. C’est la raison pour laquelle l’apôtre Paul emploie le langage de « rapports naturels » dans l’épître aux Romains (Rm 1.26,27, S21):
C’est pour cette raison que Dieu les a livrés à des passions déshonorantes: leurs femmes ont remplacé les rapports sexuels naturels par des relations contre nature; de même, les hommes ont abandonné les rapports naturels avec la femme et se sont enflammés dans leurs désirs les uns pour les autres; ils ont commis homme avec homme des actes scandaleux et ont reçu en eux-mêmes le salaire que méritait leur égarement.
Au fil de Romains 1, Paul a recours au langage de Genèse 1 pour décrire l’idolâtrie et la rébellion humaines. Dans le passage ci-dessus, il rappelle que Dieu a créé l’homme et la femme comme une paire complémentaire, une unité biologique naturelle et fonctionnelle que deux femmes ou deux hommes sont incapables de recréer.
La révélation naturelle suggère que notre physiologie correspond à une injonction morale divine. Lorsque deux hommes ont des rapports sexuels, l’organe censé donner la vie est souvent placé dans une partie du corps où sont expulsées la mort et la décomposition. Mon but ici n’est pas de donner des détails intimes, mais de souligner l’importance de la correspondance parfaite –et voulue– entre l’organe sexuel de l’homme et celui de la femme. Même sans une révélation surnaturelle, il nous est possible de constater que nos corps sont conçus pour accomplir le mandat créationnel. Il est contre nature d’utiliser notre organe sexuel pour tout autre objectif; c’est se rebeller contre l’ordre établi par notre Créateur.
Pourquoi l’acte sexuel est-il aussi puissant? Pourquoi Dieu l’a-t-il choisi comme marqueur de l’union qui fait de deux êtres une seule chair, plutôt que le geste de se prendre par la main ou dans les bras? C’est parce que Dieu a accordé à l’union entre un homme et une femme la capacité de procréer -autrement dit, la possibilité d’accomplir le mandat créationnel de Genèse 1: être féconds, se multiplier, remplir la Terre, et l’assujettir.
L’un des passages les plus anti-culturels de toute la Bible se trouve dans 1 Corinthiens 6.19,20:
« Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous, que vous avez reçu de Dieu, et que vous ne vous appartenez point à vous-mêmes? Car vous avez été rachetés à un grand prix. Glorifiez donc Dieu dans votre corps (…)
Lorsque nous instruisons nos enfants à la maison et à l’Église, ne nous contentons pas de leur présenter les bonnes conclusions; expliquons-leur aussi toutes les raisons qui mènent à celles-ci. N’expliquez pas seulement que « les relations sexuelles sont réservées à un homme et une femme dans le cadre du mariage »; expliquez-leur pourquoi il en est ainsi.
Notre corps n’est pas accessoire à notre mission en tant qu’êtres humains. Dieu l’a créé et a déclaré que c’était bon. Ce même Dieu s’est revêtu de chair lors de l’incarnation. Et Dieu, un jour, ressuscitera notre corps. Par conséquent, ce dernier n’est pas un élément secondaire, et la manière dont nous l’utilisons n’est pas un sujet distinct de notre identité ou de la manière d’être pour laquelle Dieu nous a créés. Il a voulu qu’il existe un corps d’homme et un corps de femme, deux morphologies différentes avec des fonctions et des obligations morales qui correspondent au bon projet de Dieu.
Car si une femme n’est pas voilée, qu’elle se coupe aussi les cheveux. Or, s’il est honteux pour une femme d’avoir les cheveux coupés ou d’être rasée, qu’elle se voile. – 1 Co 11.6
Jugez-en vous-mêmes: est-il convenable qu’une femme prie Dieu sans être voilée? La nature elle-même ne vous enseigne-t-elle pas que c’est une honte pour l’homme de porter de longs cheveux, mais que c’est une gloire pour la femme d’en porter, parce que la chevelure lui a été donnée comme voile? – 1 Co 11.13-15
Le raisonnement de Paul, dans 1 Corinthiens 11, est compliqué, mais fondamentalement il affirme que mélanger l’apparence des genres est contre nature. En expliquant que la nature elle-même nous enseigne qu’il est honteux pour un homme de porter les cheveux longs, il ne cherche pas à faire une déclaration universelle sur la longueur de la chevelure, mais à démontrer que la confusion des sexes est contraire à la nature. Comme nous l’avons mentionné précédemment, un homme ne devrait pas avoir l’apparence d’une femme ou s’exprimer de manière féminine; de même, une femme ne devrait pas communiquer de manière masculine ou ressembler à un homme.
J’admets que ce principe est complexe et délicat. Nous devons nous assurer de ne pas faire l’amalgame entre la masculinité et la féminité bibliques d’une part, et des stéréotypes culturels unidimensionnels de l’autre: les « vrais hommes » conduisent de grosses voitures, chassent, pêchent, et regardent les sports à la télé; les « vraies femmes » font des gâteaux, savent coudre, parlent de leurs émotions, et regardent des films à l’eau de rose. Les stéréotypes peuvent être néfastes lorsqu’ils deviennent des préjugés restrictifs qui ne reflètent nullement la réalité.
Dans le même temps, les stéréotypes trouvent souvent leurs racines quelque part. Le mot stéréotype nous vient du monde de l’imprimerie et se réfère à un type d’impression. C’est un raccourci cognitif; en tant que tel, il peut nous enfermer dans une boîte, mais il peut aussi nous informer rapidement sur les tendances et les habitudes de base d’un groupe de personnes. Les stéréotypes les plus tenaces sont probablement un mélange complexe de culture et de nature. Toutes les filles aiment-elles jouer à la poupée? Pas toutes, non, mais bon nombre d’entre elles néanmoins –et dès le plus jeune âge, avant toute forme de socialisation intense. Tous les garçons prétendent-ils que leurs bâtons sont des épées et des pistolets? Pas tous, non, mais bon nombre d’entre eux le font –et plus souvent que les filles. Ce n’est pas un hasard que les mères ne disent pas à leurs fils: « Fais attention quand tu joues avec ces filles, elles sont trop brutales[2]. »
À quoi cela ressemble-t-il de nos jours? J’espère que nous pourrons tomber d’accord sur au moins quelques-uns des exemples. La nature elle-même ne nous enseigne-t-elle pas que si un homme porte une robe de cocktail il se couvre de honte? La nature elle-même ne nous enseigne-t-elle pas qu’un homme qui porte du rouge à lèvres est une chose honteuse? Dans notre contexte culturel, ces actions expriment la féminité et non la masculinité.
Les pasteurs, les parents, et les leaders dans l’Église doivent faire preuve de la plus grande réflexion et de sagesse sur ce sujet. Un « vrai homme » peut-il aimer les comédies musicales, le ballet, ou courir les magasins? Bien sûr que oui. D’un autre côté, si vous faisiez du discipulat avec un jeune homme qui vous avouait qu’il porte un pyjama rose au lit, qu’il ne peut se passer de sa manucure hebdomadaire au salon d’esthétique, et qu’il demanderait à sa femme d’affronter un éventuel intrus nocturne dans la maison, alors vous aurez sans doute besoin de lui parler des façons appropriées d’exprimer sa masculinité.
J’ai bien conscience du fait que certains des exemples se situent dans un cadre fortement culturel. La Bible, évidemment, n’interdit pas explicitement à un homme de s’habiller en rose de la tête aux pieds. Cependant, pour que la masculinité et la féminité soient effectivement dotées d’un contenu conceptuel, nous n’avons d’autres choix que d’avoir recours à certains repères culturels. Cela complique la tâche du pasteur et celle du parent: comment parvenir à avoir des propos pratiques sur la question de la masculinité et de la féminité sans faire preuve d’une rigidité excessive? Pour autant, ce ne serait pas la première ni la dernière fois qu’une bonne dose de sagesse soit requise pour appliquer des principes généraux à des domaines spécifiques.
C’est une question qu’on ne peut ignorer. Après tout, à notre époque nous voyons des acteurs jouant les pirates, des patineurs artistiques, et des humoristes utiliser du crayon pour le contour des yeux. La Bible ne nous fournit peut-être pas tous les détails que nous aimerions avoir sur le sujet, mais elle proclame une vérité essentielle qui n’est plus considérée comme allant de soi, de nos jours: c’est une chose honteuse pour un homme d’avoir l’apparence d’une femme et pour une femme d’avoir celle d’un homme. Voilà le fondement théologique qui sous-tend 1 Corinthiens 11.
Une fois encore, c’est avec beaucoup de grâce que nous devons appliquer ces vérités dans chaque contexte où nous faisons des disciples. Si certaines personnes de votre assemblée luttent avec des questions d’identité de genre ou avec la dysphorie de genre, faites preuve de patience envers elles et compatissez avec les difficultés qu’elles traversent; dirigez leur regard vers 1 Corinthiens 11 –non pas pour leur honte, mais pour leur instruction. Enseignez-leur que Dieu a créé les hommes et les femmes avec des différences fondamentales, et que brouiller ces différences revient à brouiller l’image à travers laquelle Dieu veut se glorifier.
Mais nous avons été pleins de bienveillance au milieu de vous. De même qu’une mère prend un tendre soin de ses enfants, nous aurions voulu, dans notre vive affection pour vous, non seulement vous donner l’Évangile de Dieu, mais encore notre propre vie, tant vous nous étiez devenus chers. – 1 Th 2.7,8, S21
Vous savez aussi que nous avons été pour chacun de vous ce qu’un père est pour ses enfants, vous exhortant, vous consolant, vous conjurant de marcher d’une manière digne de Dieu, qui vous appelle à son royaume et à sa gloire. – 1 Th 2.11,12
Notez bien l’objectif de Paul dans ces passages. Tout d’abord, il décrit son propre ministère parmi les Thessaloniciens en des termes maternels: tendre, plein d’affection, disposé à se sacrifier. Puis, il le décrit comme paternel: plein d’exhortations, d’encouragement, et de leadership. Paul associe ces comportements à l’un ou l’autre des genres.
L’apôtre ne dit pas ici qu’un groupe de vertus serait exclusivement féminin ou masculin; après tout, il compare sa propre attitude dans le ministère à celle d’une mère. Du même coup toutefois, il signale clairement que certaines démarches ou certains comportements correspondent naturellement à tel ou tel genre. Lorsque Paul a en tête les soins, l’affection, et la douceur, il pense à une mère; lorsqu’il considère l’exhortation, la discipline, et la responsabilité, il pense à un père.
Oui, chaque homme et chaque femme est unique. Pourtant, quel que soit notre type de personnalité, la paternité est généralement marquée par une tendance à l’exhortation et la maternité par une propension à la douceur –ce qui est remarquable étant donné les personnes avec qui les mères passent leurs journées!
Dans l’esprit de Paul, fondamentalement, une mère et un père n’ont pas la même démarche; cette dernière correspond aux penchants naturels de leur genre respectif.
Femmes, que chacune soit de même soumise à son mari, afin que, si quelques-uns n’obéissent point à la parole, ils soient gagnés sans parole par la conduite de leur femme, en voyant votre manière de vivre chaste et respectueuse. Ayez, non cette parure extérieure qui consiste dans les cheveux tressés, les ornements d’or, ou les habits qu’on revêt, mais la parure intérieure et cachée dans le cœur, la pureté incorruptible d’un esprit doux et paisible, qui est d’un grand prix devant Dieu. Ainsi se paraient autrefois les saintes femmes qui espéraient en Dieu, soumises à leur mari, comme Sara, qui obéissait à Abraham et l’appelait son seigneur. C’est d’elle que vous êtes devenues les filles, en faisant ce qui est bien, sans vous laisser troubler par aucune crainte. Maris, montrez à votre tour de la sagesse dans vos rapports avec votre femme, comme avec un sexe plus faible; honorez-la, comme devant aussi hériter avec vous de la grâce de la vie. Qu’il en soit ainsi, afin que rien ne vienne faire obstacle à vos prières. – 1 Pi 3.1-7
Pierre enjoint aux femmes de faire preuve de respect, d’être pures, et pleines de douceur. Il exhorte les hommes à honorer leur épouse, à se montrer pleins de sagesse, et à exercer un leadership empreint de bienveillance. J’en conclus que la caractéristique qui vient couronner la femme, c’est la beauté véritable et que celle qui vient couronner l’homme, c’est la force véritable. Le verbe couronner a son importance; je n’insinue pas que la véritable force et la véritable beauté soient les seules caractéristiques que l’on pourrait citer pour les hommes et les femmes, tout comme la couronne n’est pas l’unique emblème de l’attirail d’un monarque. Elle est, pourtant, généralement caractéristique. En regardant une coiffure d’apparat en particulier, on peut s’exclamer: « Cela convient à un roi » ou « Elle a été faite pour une reine ». Ce genre de bijou vient orner la tête d’un monarque afin d’indiquer la splendeur royale.
Ces deux catégories –la beauté féminine et la force masculine– se retrouvent tout au long des Écritures. 1 Pierre 3 met l’accent sur le bon choix d’ornements ou de parure par les femmes. Paul donne un enseignement similaire dans sa première épître à Timothée:
Je veux aussi que les femmes, vêtues d’une manière décente, avec pudeur et modestie, ne se parent ni de tresses, ni d’or, ni de perles, ni d’habits somptueux, mais qu’elles se parent de bonnes œuvres, comme il convient à des femmes qui font profession de servir Dieu. – 1 Tm 2.9,10
Le message dans les deux passages est le même: recherchez la beauté intérieure plus que celle qui est extérieure. Quant aux hommes, 1 Pierre 3 les appelle à faire preuve du bon type de force envers leur épouse; non pas pour les effrayer et les dominer, mais pour les honorer et chercher à les comprendre. Les hommes ont été créés pour être forts; leurs muscles sont généralement plus développés que ceux des femmes et leur carrure, plus imposante. Voilà pourquoi la Bible associe la force à la masculinité:
Veillez, demeurez fermes dans la foi, soyez des hommes, fortifiez-vous. Que tout ce que vous faites se fasse avec amour! – 1 Co 16.13,14
Bien que ce commandement s’adresse à toute l’Église –et qu’il exhorte donc les hommes et les femmes à se comporter comme des hommes– il n’est pas anodin que Paul associe la force et le courage avec la masculinité. Le terme andrizomai (« soyez des hommes » ou « comportez-vous comme des hommes ») servait, dans l’Antiquité, d’appel à faire preuve de courage devant le danger[3] . C’est cette même perspective qu’adopte David, alors qu’il est sur le point de mourir, lorsqu’il déclare à Salomon:
Fortifie-toi, et sois un homme!- 1 R 2.2
Que nous apprend l’accentuation dans les Écritures sur la beauté féminine et la force masculine? Bien que cela ne soit pas une vérité universelle, il est généralement vrai que la majorité des femmes prêtent une certaine attention à leur beauté extérieure: elles consacrent du temps à se maquiller, à se coiffer, à choisir leurs vêtements. Cette sensibilité à la beauté nous dit quelque chose sur l’ordre créationnel. Les femmes sont faites pour réagir à ce qui est beau. La Bible en appelle à cet élan féminin naturel et les avise de ne pas se satisfaire d’une beauté inférieure à celle qui est intérieure, c’est-à-dire la ressemblance à Christ. Elles ont été créées pour ce type de beauté; cette caractéristique constitue leur couronnement.
De la même façon, les hommes sont pour la plupart plus forts physiquement, plus intéressés par le domaine sportif, plus enclins à aimer les films de guerre, et plus avides d’activités qui comportent une dose de compétitivité et de prise de risques. Les heures passées devant le téléviseur à regarder des athlètes de classe mondiale courir, sauter, frapper, tirer, pousser, et plaquer devraient nous faire comprendre quelque chose. Les hommes sont créés pour faire preuve de force et d’assurance dans des situations qui comportent certains dangers[4]; une force pleine de compassion, qui n’exclut pas l’abnégation, et qui est prête à prendre des risques, voilà la caractéristique qui couronne les hommes.
Que pouvons-nous répondre à nos fils et nos filles lorsqu’ils nous demandent: « Maman, papa, ça veut dire quoi, au juste, être un homme ou une femme? » Dites-leur qu’ils ont été créés à l’image de Dieu et pour être unis à Christ. Puis, expliquez à vos filles qu’elles devraient aspirer à être belles comme Dieu veut qu’elles le soient. Et exhortez vos fils à être forts de toutes les manières dont Dieu veut qu’ils le soient.
Oui, les vents culturels soufflent avec une grande force contre l’Église sur ces questions. Mais la bonne nouvelle, c’est que chaque être humain possède en lui l’empreinte du projet de Dieu pour les hommes et les femmes, et ce, depuis le début de l’humanité. Au bout du compte, l’ordre créationnel divin ne pourra pas être restructuré par l’ingéniosité humaine que le péché a entachée. La masculinité et la féminité seront réaffirmées; la question est de savoir si elles le seront de manière saine ou non. Dieu nous a créés en tant qu’hommes et femmes afin que nous nous comportions comme tels. Plus nous saurons discerner ce qu’implique d’être un homme ou une femme –dans la nature, en partie, mais surtout dans la Parole de Dieu– plus nos mariages, nos enfants, nos Églises, et notre société se porteront bien.
Cet article est extrait du livre: Les hommes et les femmes dans l’Église, de Kevin DeYoung, p 131-144.
[1] Une version de ce chapitre a précédemment été publiée sous le titre ”How are men and women different?” (Quelles sont les différences entre les hommes et les femmes?), trad. libre, 9Marks Journal, 11 décembre 2019.[2] Ces deux paragraphes sont largement inspirés du chapitre « Manliness as Stereotype » [La masculinité en tant que stéréotype], trad. libre, dans Harvey C. Mansfield, Manliness, New Haven, Conn., Yale University Press, 2006, p. 22-49. La remarque portant sur le fait de ne pas jouer avec les filles parce qu’elles seraient trop brutales est celle d’Eleanor Maccoby, citée à la p. 28.[3] Gordon Fee, The First Epistle to the Corinthians (La première épître aux Corinthiens), New International Commentary on the New Testament, Grand Rapids, Mich., Eerdmans, 1987 , p. 828.[4] « La confiance face à l’adversité » est la définition que propose Mansfield de la masculinité dans Manliness, p. 23.
Pour aller plus loin:
webinaire
Le féminisme: Liberté, égalité, sororité?
Découvre le replay de ce webinaire enregistré le 10 novembre 2022, en partenariat avec l’équipe du podcast Sagesse et Mojito: Christel Lamère Ngnambi, Jean-Christophe Jasmin et Léa Rychen.
Orateurs
L. Sagesse et Mojito