À votre avis, quel est le plus dangereux? Dire que l'attitude de la femme dans le couple doit être la soumission alors que des scandales de harcèlement sexuel sont révélés quotidiennement, ou être complètement stupide et publier cela sur son blog?
Tout le monde a en tête le scandale Harvey Weinstein accusé par plus de 80 femmes d’agressions sexuelles.
Si vous êtes sur les réseaux sociaux, les campagnes de dénonciation comme #balancetonporc ou #metoo sont incontournables.
Sans parler de ces immondes « frotteurs » dans les transports en commun qui se permettent des comportements odieux.
Et que dire du harcèlement sexuel que subissent de nombreuses femmes dans la rue ou sur leur lieu de travail?
Et bien malheureusement, le plus grand danger se produit souvent au sein du foyer. Le secrétariat d’État à l’égalité entre les hommes et les femmes, recense 225 000 victimes déclarées de violences physiques et/ou sexuelles de la part du conjoint.
Féminisme agressif, adeptes de la théorie du genre, militants LGBT et autres trouvent de plus en plus d’échos dans les médias en offrant des solutions séduisantes à ces violences inadmissibles. À quand un débat « la galanterie est-elle de la misogynie? »
De leur côté, les religions ont l’air tellement archaïques, ancrées dans leur patriarcat machiste d’un autre temps où, au nom de Dieu, on légitimait toutes les injustices faites aux femmes.
Selon Paul, voici l’attitude principale qu’une femme doit avoir dans le couple:
Femmes, soyez soumises chacune à votre mari, comme au Seigneur; car le mari est le chef de la femme, comme Christ est le chef de l’Église, qui est son corps et dont il est le Sauveur; comme l’Église se soumet au Christ, que les femmes se soumettent en tout chacune à son mari.
Éphésiens 5.22-24
L’apôtre Paul n’a-t-il pas concouru à véhiculer un asservissement de la femme durant des siècles?
Ne serait-il pas enfin le temps de s’émanciper de cet héritage judéo-chrétien?
Au regard des enjeux, il me semble indispensable de vous démontrer que le problème ne vient pas de la Bible, mais de nous.
Bien au contraire, les textes qui traitent du mariage sont le remède donné par Dieu pour réparer nos relations corrompues par notre nature mauvaise.
Compte tenu de tous les présupposés et a prioris qui sont derrière le mot « soumission », il nous faut rembobiner et tout reprendre par le début. Il faut aborder la question du rôle de la femme par l’angle de la théologie biblique (création, chute, rédemption).
La voie nous est donc tracée:
Dieu est un être parfaitement et infiniment bon.
Le monde tel qu’il a été créé est donc parfaitement bon puisque tout a été créé par lui et pour lui.
Dieu a donné aux humains la mission de remplir la Terre « de son image », « son reflet ». En tant que tel, Il nous a donné les capacités nécessaires pour qu’à notre échelle nous puissions exercer nos rôles sur le monde et remplir la mission qu’Il nous a assignée, à savoir:
Bref, tout ce qui structure la vie d’une nation vivant sous son autorité et appelée à grandir et recouvrir toute la Terre.
Il a créé en nous des normes qui nous poussent à interagir avec lui au sein de la création: nous sommes des êtres intellectuels, émotionnels, politiques, collectifs, relationnels… Toutes ces caractéristiques permettent la vie en société, la famille, la solidarité, la pensée, le mariage, les arts, les techniques, l’autorité, le travail, l’obéissance, etc.
Elles distinguent le masculin du féminin, le public du personnel, l’autorité de la soumission…
Tout ce que nous pouvons développer vient de ces normes que Dieu a placées en nous et au service de Ses desseins.
C’est comme notre mode d’emploi, notre logiciel. On ne peut vivre sans, ni à contre- sens sans dysfonctionner.
Au sein de la trinité, Dieu est un seul être divin et infini, qui existe en trois subsistances, le Père, le Fils, et l’Esprit Saint.
Par exemple, c’est le Père qui envoie le Fils (Jn 3.16), le Fils obéit au Père et tous deux envoient le Saint-Esprit.
Jésus dit ceci:
Je suis descendu du ciel pour faire, non ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé.
Jean 6.38
D’ailleurs, Carl Barth souligne justement qu’en se soumettant à son Père, Jésus affirme sa dignité plutôt qu’il ne la perd (cité par John Stott dans son commentaire sur Éphésiens, p. 231).
Dieu a créé le mariage dès l’origine du monde, mais en s’inspirant de ce qu’il avait prévu d’accomplir plus tard dans l’Histoire par Jésus pour son peuple, l’Église.
C’est pour cela que Paul parle d’un mystère révélé en justifiant son raisonnement par le texte fondateur de Genèse qu’il interprète à la fin du texte (Ép 5.32-34):
C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à sa femme, et les deux deviendront une seule chair. Ce mystère est grand; je dis cela par rapport à Christ et à l’Église.
Ainsi, le mariage est, dans le plan de Dieu, une métaphore, une illustration, une parabole qui représentent quelque chose de plus glorieux qu’un homme et une femme faisant alliance. Il est institué pour illustrer la relation entre le Christ et l’Église.
C’est le sens le plus profond du mariage; une démonstration vivante de la façon dont le Christ et l’Église se rapportent l’un à l’autre.
Geoffrey Bromiley établit ainsi le parallèle: comme Dieu a fait l’homme à son image, il a fait le mariage terrestre à l’image de son propre mariage éternel avec son peuple.
Ainsi, Dieu a attribué à l’homme et à la femme des rôles complémentaires pour qu’ils puissent incarner ses desseins dans la création et vivre au bénéfice des bienfaits de cette relation.
Puisque tout ce dont Dieu nous a doté a pour but que nous lui ressemblions, les deux rôles sont merveilleux.
Dieu a créé l’homme et la femme à la fois semblables et différents, tous deux à son image.
Lisez ici l’article: "Les 3 importantes responsabilités d’un mari envers son épouse"
À l’homme, depuis la création, Dieu a confié l’autorité, le leadership. Il est redevable devant Dieu et responsable envers son épouse de conduire son foyer selon la volonté et à la gloire de Dieu.
Si l’homme doit montrer à sa femme qu’il sait où il va et imiter Christ dans son comportement, la femme, elle, soutient, encourage, conseille et suit son mari afin qu’ensemble ils glorifient Dieu.
**À la femme, revient le rôle, depuis la création, d’honorer et d’affermir le leadership de son mari en l’aidant à le mener à bien selon ses dons.**Son rôle est d’aider son époux dans sa mission, dans une attitude de soutien.
Deux raisons données par Paul
Selon la perspective de la création, nous pouvons déduire les affirmations suivantes:
La soumission selon le monde est l’emprise d’une domination extérieure et mauvaise.
La soumission selon la Bible est une attitude de cœur volontaire qui va se manifester de différentes manières, mais toujours dans le respect de son mari et la confiance en Jésus-Christ, à la gloire de Dieu.
Sous la tentation de Satan, ils ont choisi la rébellion contre les normes de Dieu et ont fait entrer en eux le désir de définir le bien et le mal et de juger entre les deux. L’homme ayant été créé pour vivre selon les normes que Dieu a fixées, il ne peut plus vivre parfaitement par elles à cause de La Chute.
En désobéissant à Dieu, Adam et Ève ont entraîné l’humanité, le cosmos et tout ce que Dieu a créé dans le péché. Les effets du péché contaminent toute la création!
Le péché ne crée rien en lui-même, mais contamine tout.
Le péché a détruit l’harmonie du mariage non pas parce qu’il a produit les notions d’autorité et de soumission. Elles existent en Dieu et sont présentes au sein de la création. Mais, désormais, il les a tordues.
Dieu n’étant plus son autorité morale, le monde tâtonne en ne sachant plus différencier ce qui est bon de ce qui est mal, ce qui est normal de ce qui est anormal.
La conséquence est que l’homme et la femme ne vivent plus selon les normes que Dieu a créées. Dieu décrit les effets en Genèse 3.16. Comme le commente la Déclaration de Danvers de 1987:
Dans le foyer, la direction humble et aimante du mari tend à être remplacée par la domination ou la passivité, la soumission volontaire et intelligente de l’épouse tend à être remplacée par l’usurpation ou la servilité.
Remarque: La souffrance des femmes dans le monde n’est pas l’apanage du fait religieux. Des sociétés les plus sécularisées aux plus religieuses, de tout temps, les femmes ont été méprisées. C’est le péché en nous qui porte son fruit.
La femme pèche en déniant le rôle de l’homme (mépris, dédain, arrogance, désir de prendre sa place…) ou lorsqu’elle rejette l’idée même qu’être une femme est un don merveilleux de Dieu et que sa place dans le couple est faite pour faire sa joie.
Peter O’Brien a bien décelé ce mensonge:
Ceux qui exercent une autorité ont des rôles différents qui s’accompagnent de plus grandes responsabilités, mais leurs rôles ne sont pas meilleurs. (Éphésiens, p. 557)
Dès lors, la simple prononciation de « soyez soumises » est tellement connotée péjorativement que l’employer sans prendre le temps de l’expliquer, c’est du suicide!
**En effet, ce que nous mettons derrière ce commandement n’a strictement rien à voir avec ce que Dieu y met !**Ceci nous conduit au point suivant…
Ne nous trompons pas, les premiers destinataires de ce texte devaient le recevoir avec la même perplexité que nous.
Dans l’Empire romain, les femmes n’avaient aucun droit. Elles étaient à la merci des désirs des hommes. Dans la culture juive, elles étaient méprisées (Stott, ibid, p. 212).
Paul n’est pas un progressiste, ni un humaniste. Il est réformateur!
En effet, il ne prône pas un progrès, mais de redécouvrir le cadre de la création et celui de la relation entre Dieu et son peuple comme norme! Il revient à la base.
Qu’ils prennent garde, car leur comportement salit l’image de Christ et jette la honte sur l’Église.
Qu’elles prennent garde, car en méprisant le rôle de leur mari, elles méprisent l’autorité de Christ.
Ce qui nous redonne de l’espoir, c’est que Dieu ne nous a pas abandonnés suite à la rébellion d’Adam et Ève, mais Il a envoyé son Fils à la croix pour qu’Il puisse réparer la relation que nous avons brisée .Cette oeuvre rédemptrice nous replace sous son autorité et sa royauté lorsqu’on la saisit par la foi.
En vivant sous l’autorité de Jésus-Christ, avec son Esprit en nous et grâce au pardon de nos péchés et à l’obéissance à ses commandements, nous pouvons restaurer progressivement nos relations humaines, c’est-à-dire revenir au caractère bon de ce que Dieu a créé.
Ma femme a de quoi penser régulièrement: «Facile à dire pour Paul, mais ce n’est pas lui qui vit avec Raph!» Elle n’a pas totalement tort!
Je suis conscient que ce que je dis peut conduire à beaucoup de craintes, car j’ai affaire à des couples en souffrance régulièrement dans mon ministère.
Se soumettre n’est pas optionnel, car la soumission d’une femme à son mari fait partie intégrante de sa soumission à son Sauveur Jésus.
Si son mari est un homme qui cherche à ressembler à Christ constamment, qu’il soit éloigné de Dieu et dans la compromission, ou pas chrétien, sa soumission prendra des formes bien différentes.
Je pense qu’il est impossible dans une prédication ou un article de donner les applications qui seront adaptées à ce que vit chaque couple. Mais grâce à Dieu, il y a l’Église locale, cette communauté où l’on peut trouver des modèles inspirants et ressourçants.
Revenir à l’Évangile est la seule réponse à la question: comment vivre mon rôle de femme?
L’un des traits qui caractérise la femme de Dieu, c’est que son mari la voit faire de plus en plus confiance à Jésus, comme l’Église doit le faire et qu’elle est un encouragement pour son mari à faire de même. Ainsi elle reflète également l’obéissance de Christ.
L’un des traits qui caractérise l’homme de Dieu, c’est que sa femme le voit se comporter de plus en plus à l’image de Christ. Il reflète ainsi l’autorité de Christ.
**Aucun mariage n’est en trop mauvais état pour être restauré entre les mains de Dieu.**Aucun.
À cause du but du mariage qui est de refléter la relation entre Christ et l’Église, vivre l’Évangile doit être le fondement du mariage.
S’il ne l’a pas été, la Bonne Nouvelle c’est qu’il peut le devenir.
Les couples chrétiens tendent à être des repères, une source d’inspiration et d’espoir dans un monde où les relations sont brisées.
Je termine sur cette pensée de John Stott :
Le don de soi à autrui implique une reconnaissance de sa valeur. En effet, le don de ma personne à quelqu’un présuppose que j’estime celui-ci tellement digne que je suis prêt à me sacrifier pour lui, afin de lui permettre de développer plus pleinement encore sa propre personnalité. Or, perdre sa vie afin que l’autre trouve ou accomplisse la sienne, c’est l’essence même de l’Évangile de Christ. C’est aussi le fondement du mariage chrétien, dans lequel le mari aime sa femme et celle-ci se soumet à lui, chacun recherchant à valoriser l’autre dans l’harmonieuse complémentarité des sexes. (Commentaire Éphésiens, p. 234)
webinaire
Comment améliorer son culte personnel?
Ce replay du webinaire de Raphaël Charrier a été enregistré le 10 janvier 2019.
Orateurs
R. Charrier