Comme Naomi, nous serions parfois tentés de nous appeler "Mara". Dans ces moments-là, nous devons nous souvenir de la grâce de Dieu. Une merveilleuse façon de le faire est de lire les histoires de l’Ancien Testament. En nous rappelant la manière dont Dieu a agi par le passé, nous apprendrons à mieux reconnaître comment il agit aujourd’hui.
Avant d’adopter le nom de "Mara", Naomi aurait dû prendre le temps de réfléchir à ce qu’Israël avait justement vécu à Mara. Cet épisode dans le désert devrait raviver l’espoir dans les cœurs les plus affligés. Non seulement Dieu a miraculeusement pourvu à de l’eau potable, mais il a aussi conduit Israël vers un endroit où il a pu se reposer et admirer la beauté de la création: Elim (Exode 15.27). L’auteur de l’Exode précise qu’il s’y trouvait soixante-dix palmiers et douze sources d’eau. En plein désert, l’Éternel mène son peuple vers un lieu d’abondance et de ressourcement. Il a d’abord accompli un prodige à Mara, puis il a pourvu aux besoins de son peuple par un moyen plus ordinaire. Dans les deux cas, l’Éternel a transformé l’expérience vécue par son peuple.
Pourtant, Naomi ne pense pas à ce récit. Il en va de même pour de nombreux chrétiens. Ils n’accordent pas beaucoup d'importance à l’Ancien Testament. Il leur arrive d’entendre des prédictions sur cette partie de la Bible, mais les enseignements se réduisent généralement à des leçons morales tirées de la vie des différents personnages. Ils n’ont pas vraiment l’occasion d’entendre une série de prédications textuelles suivies parcourant un livre de l’Ancien Testament, traitant du texte en lui-même et de sa place dans l’histoire générale du plan rédempteur de Dieu. Certains vont jusqu’à préconiser que nous nous "détachions" de la première section de la Bible. Il s’agit fondamentalement d’une nouvelle forme de marcionisme, une ancienne hérésie qui rejetait l’Ancien Testament (et une bonne partie du Nouveau).
Cependant, nous devons rester attachés à cette partie des Écritures. Les récits comme celui de l’exode nous rappellent qui est Dieu et comment il agit. Mais surtout, l’Ancien Testament nous prépare à la glorieuse histoire de notre Messie et nous permet de la comprendre.
Le théologien Sidney Greidanus donne six bonnes raisons d’étudier l’Ancien Testament:
Tous ces points sont importants. Toutefois, les points 2, 4 et 6 le sont particulièrement, quand nous constatons que Ruth est citée dans la généalogie de Jésus en Matthieu 1.5. Le livre de Ruth met en évidence le fait que l’Ancien Testament raconte l’histoire du Messie. Nous avons le privilège de découvrir la vie d’une personne en particulier: Ruth. Nous nous intéressons à ses origines, à son deuil, à son incroyable conversion, à sa relation avec Naomi et à son futur mariage avec Boaz dont naîtra un fils. D’ailleurs, les derniers versets de Ruth contiennent une généalogie qui relie ce récit au roi David.
En Matthieu 1.5, nous trouvons une version plus longue de cette même généalogie. Ainsi, nous suivons la merveilleuse histoire de la rédemption qui nous conduit finalement jusqu’à Christ. Ruth nous permet de mieux comprendre cette généalogie et ainsi d’apprécier à sa juste valeur la venue de Jésus-Christ. L’incarnation est encore plus remarquable lorsque nous restons attachés à l’Ancien Testament.
Naomi aurait pu regarder en arrière vers l’exode afin de se rappeler la compassion de Dieu et son engagement envers son peuple. De notre côté, nous avons le privilège de regarder vers des événements bien plus extraordinaires: l’incarnation, la crucifixion, la résurrection et l’ascension de Jésus. Lors de sa crucifixion, Jésus a cité un des psaumes de lamentations les plus connus: “Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?” (Psaumes 22.2a). Le Père a gardé le silence tandis que Jésus criait à lui depuis la croix. Mais là encore, Dieu accomplit son projet de salut par l’intermédiaire d’autres personnes, même s’il peut sembler absent (voir Actes 2.23). S’il vous arrive un jour d’avoir l’impression, comme Naomi, que Dieu est absent ou inaccessible, alors regardez à la croix. Tournez les yeux vers Jésus, celui qui a été abandonné et crucifié, afin que nous soyons réconciliés avec Dieu pour toujours. Accrochez-vous à sa promesse qu’il ne vous délaissera ni ne vous abandonnera jamais (Hébreux 13.5).
Chaque semaine, dans mon Église, nous récitons le Symbole des apôtres, le Symbole de Nicée ou d’autres Credo tirés de la Bible (tels que Philippiens 2.5-11). Par ce moyen, nous désirons nous rappeler les glorieuses vérités qu’ils proclament, ainsi que celles qui concernent le retour de Jésus. Le meilleur remède à notre amertume n’est pas un changement de circonstances. La solution est en notre Seigneur. Comment Paul pouvait-il encourager les Philippiens à se "réjouir" (Philippiens 3.1; 4.4) alors qu’il était emprisonné? Paul était convaincu que la joie se trouve "dans le Seigneur". Quelles que soient les circonstances, nous devons apprendre à trouver notre repos et notre satisfaction en Jésus-Christ. Celui qui était réellement "vide", c’est Christ. Il s’est dépouillé lui-même (Philippiens 2.5-11). Il a quitté le ciel pour venir sur la terre et nous offrir son parfait pardon et la vie éternelle. Il a pris la condamnation qui devait s’abattre sur nous. Ainsi, par la foi en lui, nous pouvons recevoir sa justice. Les croyants bénéficient désormais d’une nouvelle identité et du statut de fils et de filles du Roi. N’oublions jamais la grâce de Dieu révélée pleinement dans l’Évangile! La grâce ne nous permet pas seulement d’entrer au ciel un jour, elle permet au ciel d’entrer en nous dès à présent. Nous allons mourir un jour dans l’espérance de l’Évangile, mais nous pouvons aussi vivre maintenant dans cette même espérance.
Or, nous n’expérimentons pas la puissance de cette espérance vivante sans regarder en arrière. Le peuple d’Israël était si prompt à oublier ce que Dieu avait fait pour lui. Nous aussi, malheureusement, pouvons perdre de vue l’œuvre de Christ! C’est pourquoi, lorsque Timothée est victime de découragement, Paul lui recommande ceci: "Souviens-toi de Jésus, le Messie ressuscité, issu de la descendance de David" (2 Timothée 2.8).
Lorsque l’amertume nous gagne, nous devons stimuler notre mémoire. C’est la raison pour laquelle nous chantons des cantiques à propos de la grâce de Dieu, nous écoutons des prédications qui parlent de cette même grâce et nous nous proclamons l’Évangile les uns aux autres au sein de la communauté des croyants. Voilà aussi pourquoi nous partageons régulièrement le repas du Seigneur (la cène) dans nos Églises locales. Jésus nous a donné cette ordonnance sacrée afin que nous nous rappelions toujours ce qu’il a fait pour nous. Quand nous méditons sur le sacrifice de Christ, la reconnaissance prend la place de l’amertume dans nos cœurs.
Lorsque nous réfléchissons profondément à ce que Dieu a accompli en notre faveur, nous prenons conscience que nous ne sommes pas seuls au monde. Emmanuel "Dieu avec nous" est venu sur la terre pour nous. Il a déversé son Esprit saint sur nous. Le Consolateur demeure en ceux qui ont placé leur confiance en Christ, même lorsque les épreuves et la souffrance les accablent. Nous possédons un bien meilleur remède contre l’amertume que le développement personnel ou le changement des circonstances extérieures: nous avons l’Évangile!
webinaire
1h pour comprendre Juges
Découvre le replay du webinaire du 26 juin 2024. Matthieu Giralt y reçoit Mike Evans pour une introduction pédagogique au livre des Juges afin de mieux le comprendre.
Orateurs
M. Evans