Comment connaître la volonté de Dieu ?

      Connaitre la volonté de Dieu
      15 min de lecture

      Cet article a été écrit pour Le Maillon, le magazine de l'Institut Biblique de Bruxelles. Je le partage ici avec leur autorisation. Je vous encourage à profiter des ressources proposées par l'IBB sur leur site internet.

      Nous sommes tous confrontés à des choix. Certains choix sont mineurs et n’ont pas beaucoup de conséquences : ce que nous allons manger, la manière dont nous allons occuper notre soirée, les achats que nous allons faire… En revanche, pour d’autres choix, les conséquences sont bien plus grandes : Qui épouser ? Quelles études et quel métier envisager ? Où habiter ?

      Face à tous ces choix, nous avons un désir : honorer Dieu. En tant que chrétiens, nous voulons en effet faire des choix qui plaisent à Dieu. C’est de ce bon désir que naît la question de la volonté de Dieu. Puisque nous voulons choisir selon Dieu, alors nous nous demandons : “Qu’est-ce que Dieu veut que je fasse ? Quelle est la volonté de Dieu pour ma vie ?”

      Ces questions reviennent souvent et ont été la cause de beaucoup d’anxiété chez des chrétiens de tout âge. Et si ces questions étaient mal posées ? Et si nous avions mal compris ce que signifiait "la volonté de Dieu" ? Et s’il était possible de faire des choix qui honorent Dieu sans craindre d’échouer à chaque décision ? Le but de cet article est de nous aider à avancer dans cette direction.

      De mauvaises approches ?

      Il faut admettre que nous avons souvent une mauvaise approche de la question de la "volonté de Dieu".

      Nous pouvons chercher la volonté de Dieu en utilisant la "technique de la Bible au hasard". Nous ouvrons la Bible au hasard, en nous attendant à ce que les premiers mots que nous voyons nous aident à déterminer le choix à faire, nous révélant ainsi "la volonté de Dieu". Mais n’est-ce pas là le meilleur moyen de lire la Bible hors de son contexte, faisant dire à la Bible ce que l’on veut ?

      Nous pouvons également chercher la volonté de Dieu en utilisant la "technique de la paix intérieure". Si j’ai la paix au-dedans de moi, alors c’est bien une preuve qui vient de Dieu que le choix que je suis sur le point de faire est bon. Si je n’ai pas la paix, alors c’est la preuve que ce choix n’est pas bon aux yeux de Dieu. Pourtant, n’est-on pas tous conscients que l’on peut être dans la paix en ce qui concerne nos sentiments, tout en étant complètement dans l’erreur ? Et comment savoir si cette paix vient vraiment de Dieu ?

      Enfin, nous pouvons chercher la volonté de Dieu en utilisant la "technique des signes". Nous essayons d’être attentifs aux signes qui pourraient apparaître dans notre quotidien, comme des indices que Dieu enverrait pour nous guider vers la bonne décision. Mais comment savoir si ces "signes" viennent vraiment de Dieu, et non de nos propres désirs ? Nous savons très bien qu’il est possible d’interpréter ces "signes" comme on le souhaite. Trop souvent, ces "signes" ne sont qu’un prétexte pour suivre les désirs de notre cœur.

      Le point commun de ces trois techniques, c’est le subjectivisme. Il n’y a pas moyen de distinguer entre la volonté de Dieu et mon interprétation personnelle. Ce que l’un interprétera comme preuve qu’un choix est selon Dieu, l’autre l’interprétera comme preuve que ce même choix n’honore pas Dieu1.

      Malheureusement, toutes ces approches ont un présupposé : Dieu aurait une volonté spécifique pour chacun de nous, qui inclurait chacune de nos décisions. Notre but serait de trouver cette volonté. En d’autres termes, nous serions un peu comme dans une course d’orientation, essayant de suivre le bon chemin avec une boussole. Ce bon chemin inclurait chacun de nos choix, petits ou grands.

      La première partie de cet article vise à remettre en cause ce présupposé. La deuxième partie de cet article établit le rôle de la Bible dans nos prises de décision. Enfin, la troisième partie met en avant une démarche pratique à suivre pour les choix auxquels nous sommes confrontés.

      I. La volonté de Dieu, cela veut dire quoi ?

      La Bible parle de la "volonté de Dieu" de différentes manières, mettant en avant différents aspects de l’unique volonté divine2.

      D’un côté, une partie de la volonté de Dieu est souveraine et secrète. Dieu est “celui qui opère tout selon la décision de sa volonté” (Ép 1.11). Dans ce contexte, il est fait référence au plan éternel de Dieu, qu’il a décidé en lui-même et qu’il met en œuvre dans le présent. La volonté de Dieu a donc trait à tout ce que Dieu a décrété par avance, qui va nécessairement avoir lieu.

      Ce qui est important de comprendre, c’est que nous ne connaissons pas cette volonté. C’est pour cela que nous devrions dire: “Si le Seigneur le veut, nous vivrons et nous ferons ceci ou cela” (Jc 4.15). Nous devons dire "si Dieu le veut", car nous ne savons pas si Dieu le veut, c’est-à-dire si l’accomplissement de nos projets tels que nous l’entendons fait partie de ses plans à lui3.

      De l’autre côté, une partie de la volonté de Dieu est morale et révélée. Voici ce que Jésus dit dans Matthieu 7.21 :

      Quiconque me dit : Seigneur, Seigneur ! n'entrera pas forcément dans le royaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux.

      Ici, la volonté de Dieu est quelque chose que l’on peut faire, c’est-à-dire que l’on peut mettre en pratique. Ailleurs, la Bible nous dit ceci :

      Ce que Dieu veut, c'est votre sanctification ; c'est que vous vous absteniez de l'inconduite. (1 Th 4.3)

      Dans ce verset, la volonté de Dieu est claire : il veut que l’on grandisse en sainteté et que l’on fuie l’immoralité sexuelle ! Il y a donc cet autre aspect de la volonté de Dieu qui n’est pas secret, mais qui nous a été révélé. Dans ce sens, la volonté de Dieu est quelque chose que nous pouvons connaître afin de la mettre en pratique. Cela fait référence à ce que Dieu attend de nous, à ses exigences morales, à la manière dont nous devons vivre en tant que chrétien.

      Nous aimerions souvent qu’il existe un troisième aspect à la volonté de Dieu, qui serait une volonté spécifique de Dieu pour chacun de nous. Cependant, la Bible n’utilise jamais l’expression "volonté de Dieu" dans ce sens, comme si Dieu aurait une liste de choix préétablis que nous devrions faire pour rester dans son plan, concernant par exemple le lieu des études, l’entreprise où travailler, le choix d’un conjoint… Nous ne trouvons pas d’encouragements dans le Nouveau Testament à poursuivre une telle direction spécifique de la part de Dieu, ni d’exemples de chrétiens qui font cela4.

      Il est vrai que, dans le livre des Actes en particulier, certains exemples de direction spécifique nous sont donnés (Ac 8.26 ; 9.6 ; 10.5 ; 13.2). Cependant, rien dans ces textes ne laisse penser qu’il s’agirait d’une norme à suivre pour nous aujourd’hui. De plus, il faut bien noter que les personnes concernées n’étaient pas en train de chercher dans l’introspection quelle était la volonté de Dieu pour leur vie… C’est plutôt Dieu qui leur a révélé de manière inattendue une direction spécifique à prendre.

      Qu’en est-il de Gédéon en Juges 6 ? Gédéon est souvent utilisé comme motivation à demander nous-mêmes des signes à Dieu. Cependant, une étude attentive du contexte montre que Gédéon est plutôt mis en avant comme un mauvais exemple. Dieu avait clairement révélé à Gédéon, à plusieurs reprises, la certitude de la victoire, car il serait avec lui. La demande d’un signe par Gédéon ne fait donc pas preuve de foi, mais plutôt d’un manque de foi, ou d’une foi immature.

      Il faut donc conclure que nous ne devrions pas nous attendre à ce que Dieu nous révèle sa volonté spécifique pour chacun de nos choix. Lorsque nous sommes confrontés à des choix, nous ne devrions pas partir du présupposé qu’un seul de ces choix serait le bon, et que notre but serait de discerner lequel. Oui, certains choix vont aller à l’encontre de la volonté morale de Dieu, révélée dans l’Écriture. En ce sens, ils ne sont pas la volonté de Dieu ! Mais cela ne règle pas tout. Il y a beaucoup de choix qui ne vont pas à l’encontre de la volonté morale de Dieu, et parmi lesquels il nous faudra décider. Alors, comment choisir ?

      Dans la deuxième partie de cet article, nous allons considérer le rôle de la Bible dans nos prises de décision, avant de conclure avec une méthode pratique en cinq étapes.

      II. La Bible et nos décisions

      Nous avons besoin de nous rappeler que la Bible est suffisante. Ce que Dieu nous a révélé dans la Bible est suffisant pour le salut et la vie chrétienne. En d’autres termes, il n’y a rien dont on ait besoin pour connaître Dieu et lui plaire que Dieu ne nous ait pas révélé dans la Bible. Il n’y a rien qui manque et rien que nous devions chercher ailleurs.

      La suffisance de la Bible ne veut pas dire qu’elle réponde de manière directe à toutes nos questions. La Bible met plutôt en avant les principes et les fondements qui vont nous équiper pour faire face à tous les sujets, même ceux sur lesquels elle ne s’exprime pas de manière directe.

      Ainsi, ce que Dieu nous a révélé dans l’Écriture est suffisant pour tous les choix auxquels nous serons confrontés5. La Bible m’équipe avec la sagesse qui vient de Dieu, afin que je prenne des décisions qui honorent Dieu, même dans des domaines dont elle ne parle pas.

      Qu’est-ce que cela implique pour nos prises de décision ? Il nous faut bien connaître la Bible !

      C’est dans la Bible que Dieu a fait connaître sa volonté pour nous, comment nous sommes appelés à vivre en tant que chrétiens. De plus, c’est dans la Bible que nous voyons les priorités de Dieu, c’est-à-dire ce qui compte aux yeux de Dieu. Parmi différents choix qui sont tous moralement bons, dans le sens où ils ne contredisent pas la volonté morale de Dieu révélée dans la Bible, il peut se trouver certains choix qui sont meilleurs, car ils cadrent mieux avec les priorités de Dieu.

      Ainsi, la Bible doit avoir une place centrale dans nos prises de décision. Ce n’est pas que nous devrions fouiller pour trouver un verset obscur que l’on pourrait extraire de son contexte afin de trouver le choix selon Dieu. En revanche, la Bible nous équipe et nous donne la maturité nécessaire qui va nous amener à faire des choix selon Dieu. Nous ne sommes pas appelés à interpréter nos sentiments, les circonstances et les événements pour y trouver un sens caché, mais plutôt à fonder notre vie sur la sagesse que Dieu nous donne dans la Bible.

      En ce sens, poursuivre sans cesse une volonté spécifique de Dieu fait preuve d’immaturité. C’est négliger la sagesse que Dieu a voulu nous donner dans sa parole. Imaginez un adulte d’une trentaine d’années, qui appelle constamment ses parents pour chaque décision qu’il doit prendre : comment s’habiller le matin, quoi manger, comment occuper ses journées. Ne serait-ce pas une preuve d’immaturité ? Ses parents lui ont donné l’éducation nécessaire pour qu’il puisse prendre ces décisions par lui-même ! Bien sûr, l’image est limitée. En tant que chrétiens, nous gardons toujours une dépendance vis-à-vis de Dieu. Cependant, cette dépendance s’exprime alors que nous faisons usage de la sagesse et la maturité que la Bible nous donne pour nos prises de décision.

      Peut-être que tout cela est encore bien abstrait. Dans la troisième et dernière partie de cet article, nous allons voir une méthode que nous pouvons suivre étape par étape pour nos prises de décision.

      III. Cinq étapes pour prendre des décisions

      Ce qui suit n’a pas pour but d’être un plan qui vous garantirait le succès à tous les coups. Le but est plutôt d’appliquer certains des principes mis en avant dans le reste de cet article en nous montrant les différents points de réflexion nécessaires lorsque nous prenons des décisions.

      Avant de se lancer dans les cinq étapes, il faut d’abord souligner l’importance de la prière. Je n’ai pas inclus la prière comme une "étape", mais il devrait être clair que nous sommes appelés à dépendre de Dieu dans la prière tout au long du processus. Nous pouvons faire nôtre les paroles de Psaumes 139.23-24 :

      Sonde-moi, ô Dieu, et connais mon cœur ! Éprouve-moi, et connais mes préoccupations ! Regarde si je suis sur une mauvaise voie, et conduis-moi sur la voie de l'éternité !

      1. Considérer ce que dit la Bible

      C’est là que toute réflexion concernant un choix à faire devrait commencer. Que dit la Bible ?

      Nous pouvons d’abord regarder ce que la Bible dit de manière directe. Il s’agit ici de la volonté morale de Dieu. Est-ce que le choix que je m’apprête à faire va à l’encontre de ce que Dieu attend de moi dans sa parole ? Si c’est le cas, nous pouvons savoir facilement que ce n’est pas un choix qui honore Dieu !

      Ce serait par exemple le cas pour le choix d’un travail, si ce travail impliquait des tromperies, des mensonges et des comportement malhonnêtes : ce n’est clairement pas ce que Dieu veut !

      Ensuite, nous pouvons regarder ce que la Bible dit de manière indirecte. La Bible met en avant les priorités de Dieu, les principes qui devraient animer la vie d’un chrétien, une vision biblique du monde. Cela va orienter notre vie et nos choix dans une certaine direction6.

      Par exemple, lors de la recherche d’un emploi, nous ne considérerons pas simplement si ce travail va nous amener à faire des actions malhonnêtes. Nous allons aussi considérer l’impact de cet emploi sur notre engagement dans l’Église locale, ou sur notre capacité à pourvoir aux besoins de notre famille, ou au temps que nous pourrons consacrer à notre famille. La prise en compte de ces différents critères amènera chacun à faire des choix différents, en fonction des circonstances de vie qui lui sont propres.

      2. Écouter les autres, surtout son Église

      Dans une société individualiste, il est facile de penser que nos choix ne concernent que nous-mêmes. La foi chrétienne renverse cette logique.

      Tout d’abord, la Bible met en avant la sagesse qu’il y a d’inclure les autres dans nos décisions (cf. Pr 24.6). Ils peuvent nous aider à voir ce que nous ne voyons pas clairement. Il faut oser demander leur avis, même si cela risque de nous contrarier !

      Ensuite, parce que certaines décisions ont un impact sur les autres, en particulier sur notre Église. Nous ne devons donc pas vivre de manière totalement indépendante. Je ne plaide pas ici pour un sectarisme dans lequel la moindre décision de chaque membre devrait être approuvée par le pasteur. Que Dieu nous garde d’une telle attitude au sein d’une Église ! Cependant, nous avons besoin de regagner une vision communautaire de la vie chrétienne, dans laquelle nos décisions sont influencées par le bien que nous cherchons à faire aux autres7.

      3. Prendre en compte ma conscience

      La conscience est notre propre compréhension de ce qui est bien et de ce qui est mal. L’un des principes bibliques est qu’il ne faut jamais aller contre sa conscience, sinon nous péchons. Il est donc normal de prendre en compte notre conscience dans nos prises de décision8.

      De manière plus large, cela peut nous amener à évaluer nos motivations : est-ce que mes motivations sont saines, autant que je puisse en juger ?

      4. Considérer des raisons pratiques

      Il faut faire attention à ne pas "spiritualiser" nos décisions plus que nécessaires. Bien sûr, nous voulons faire des choix qui honorent Dieu. Cela ne veut pourtant pas dire que nous ne pouvons pas prendre en compte nos préférences et notre personnalité. Au contraire, c’est une chose très sage de le faire ! Qu’est-ce que j’aime ? Qu’est-ce qui m’attire le plus ? Il faut éviter de penser que l’option la moins désirable est la plus "spirituelle".

      5. Avoir le courage de prendre une décision

      C’est probablement le plus difficile. Vivre dans l’indécision est confortable. En revanche, c’est moins confortable de faire un choix et d’assumer ce choix. C’est ce qui rend la recherche d’une volonté spécifique de Dieu si attrayante : nous voudrions que Dieu nous prenne par la main et pointe du doigt chaque petit chemin à prendre. Mais Dieu n’a pas choisi d’agir ainsi.

      Il nous a donné sa parole et son Esprit, afin que nous soyons équipés pour marcher et décider nous-mêmes, en comptant sur lui. Cela va inclure faire des choix et de prendre des risques, en faisant confiance à la providence de Dieu (cf. Ec 11.3-6)9.

      Conclusion

      Faire des choix selon Dieu est plus compliqué qu’on ne voudrait : ce serait plus simple si Dieu nous avait donné un GPS que l’on pourrait suivre pour chaque décision à prendre. Cependant, faire des choix selon Dieu est plus simple qu’il ne paraît : nous n’avons pas à vivre avec un poids sur les épaules à chaque instant, craignant d’avoir raté la volonté de Dieu pour nous. Dieu nous a donné sa parole, son Esprit, et son Église. Nous pouvons avancer en dépendant de lui, avec maturité et confiance, pour faire des choix qui l’honorent !


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      Benjamin Eggen

      Benjamin est marié à Jessica, papa d'une petite fille, et pasteur de l'Église Réformée Baptiste de Bulle, en Suisse. Il a fait ses études à l’Institut Biblique de Bruxelles, où il enseigne ponctuellement. Il est l’auteur de plusieurs livres, dont Soif de plus? et Qu’est-ce que tu crois?.

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