Puisque nous vivons dans une culture obsédée par les questions sur le genre et l’identité, il n’est pas surprenant de trouver le christianisme en conclusion de critiques sérieuses, à cause de son prétendu point de vue sur les femmes.
Le christianisme, et particulièrement celui qui a pour point de vue une doctrine complémentarienne, est considéré par beaucoup dans notre culture comme oppressif et préjudiciable envers les femmes. Il ne fournit pas, nous dit-on, un environnement convivial et accueillant où les femmes peuvent croître et prospérer.
Mais, ce n’est pas seulement un problème pour le christianisme moderne. L’oppression des femmes, soutient-on, était particulièrement un problème dans le christianisme primitif. Après tout, dans les premiers siècles de l’Église, insistent les critiques, la culture chrétienne était encore très patriarcale et redevable des vues misogynes de l’apôtre Paul.
Laissant de côté les questions sur le christianisme contemporain, je voudrais savoir si ces affirmations sur le christianisme primitif, et en particulier dans le IIe siècle, sont effectivement fondées. Le christianisme du IIe siècle était-il vraiment un environnement hostile pour les femmes?
Eh bien, s’il l’était, personne n’a apparemment pris la peine de le dire aux femmes de cette époque, car elles ont afflué en masse vers le christianisme.
Il est bien établi que le christianisme était extrêmement populaire auprès des femmes au cours de cette période. Le sociologue Rodney Stark estime que peut-être deux tiers de la communauté chrétienne au cours de cette période étaient constitués de femmes. C’est exactement le contraire du ratio dans le monde gréco-romain élargi, où les femmes ne représentaient environ qu’un tiers de la population.
Cela signifie que les femmes ont intentionnellement délaissé les systèmes religieux du monde gréco-romain avec lesquels elles étaient familières et ont consciemment décidé de se joindre au mouvement chrétien en plein essor. Personne ne les a forcées à le faire. Personne ne les a poussées à devenir chrétiennes.
Au contraire, le christianisme était un paria culturel au cours de cette période. C’était un mouvement outsider à bien des égards: juridiquement, socialement, religieusement et politiquement. Les chrétiens étaient alors largement méprisés, regardés avec suspicion et dédain, et considérés comme une menace pour une société stable.
Pourtant, les femmes, en grand nombre, ont décidé de se joindre malgré tout au mouvement du christianisme naissant.
Les femmes surgissent partout dans nos premières sources chrétiennes. Elles sont persécutées par le gouvernement romain, elles accueillent des Églises dans leur maison, elles prennent soin des pauvres et des personnes en prison, elles font des voyages missionnaires, elles sont de riches mécènes qui soutiennent financièrement l’Église, et bien plus encore.
De plus, le christianisme était si populaire auprès des femmes que les critiques païennes du christianisme à l’époque (Celsus, Lucian) se moquaient de cette religion en disant que c’était une religion de femmes.
Cela a de quoi nous laisser sans voix pendant un moment. Dans le monde antique, le christianisme a été raillé pour être trop pro-femmes! Nous sommes bien loin de ce que l’on entend dans les conversations culturelles aujourd’hui.
Les raisons pour lesquelles le christianisme a fourni un environnement favorable pour les femmes ne sont pas difficiles à découvrir. Le christianisme primitif offrait des opportunités réelles de participer à un ministère (avec honneur et dignité), il a condamné l’infanticide des filles (pratique qui a considérablement réduit le nombre de femmes dans la population païenne), il a élevé la voix contre le mariage des enfants (ce qui était nocif pour les jeunes filles) et il a plaidé en faveur des mariages sains où le divorce a été condamné et l’utilisation des prostituées/concubines interdite (ce qui a abouti à une plus grande fertilité chez les couples chrétiens).
Tout cela pose de sérieux problèmes à ceux qui prétendent que le christianisme primitif était oppressif envers les femmes. Je suppose que ceux qui détiennent un tel point de vue pourraient faire valoir que toutes ces femmes dans le monde gréco-romain étaient si crédules et facilement dupées qu’elles pensaient que le christianisme était grand quand il ne l’était vraiment pas (comme tous les gens sophistiqués le savent maintenant).
Mais une telle approche est, ironiquement, grossièrement condescendante et humiliante envers les femmes. Elle dit essentiellement que les femmes du IIe siècle étaient trop ignorantes pour savoir ce qui était bon pour elles.
Plus que cela, une telle approche est coupable de « l’arrogance de la modernité ». Elle dit essentiellement que de nos jours, notre société moderne sait ce qui est le mieux et que toutes les générations antérieures étaient trop primitives pour savoir ce qui est le meilleur.
Une bien meilleure réponse, et une réponse qui honore l’évidence historique, est de reconnaître que le christianisme antique a fourni un environnement profondément accueillant et sain pour les femmes.
Et si cela était vrai à l’époque, on pourrait peut-être être disposé à envisager la possibilité que cela soit vrai encore aujourd’hui.
Article traduit avec autorisation. Merci à David Steinmetz pour la traduction.