Ces quelques versets tirés de l’épître aux Hébreux contiennent un appel parmi les plus beaux du Nouveau Testament.
14 Ainsi, puisque nous avons un souverain grand prêtre qui a traversé le ciel, Jésus, le Fils de Dieu, restons fermement attachés à la foi que nous professons. 15 En effet, nous n’avons pas un grand prêtre incapable de compatir à nos faiblesses; au contraire, il a été tenté en tout point comme nous, mais sans commettre de péché. 16 Approchons-nous donc avec assurance du trône de la grâce afin d’obtenir compassion et de trouver grâce pour être secourus au moment opportun.
Hébreux 4.14-16 (S21)
Ce texte nous invite à nous approcher de Dieu parce que Jésus s’est approché de nous. Dans cet article, j’aimerais vous donner quatre raisons tirées de ce texte de vous approcher du trône de la grâce. Quatre raisons pour convaincre ceux qui pensent qu’ils n’en ont pas besoin et ceux qui croient qu’ils n’en sont pas dignes.
Le texte nous parle d’un grand souverain sacrificateur. Le souverain sacrificateur, ou "grand prêtre", c’était le responsable de toute la vie religieuse pour le peuple. C’est lui qui, une fois par an, offrait un sacrifice pour les péchés du peuple. Chaque année. À cette occasion, c’était le seul à pouvoir entrer dans le lieu très saint. Le seul qui pouvait entrer dans la présence de Dieu, pour représenter le peuple et intercéder pour lui.
Quand on entend "grand prêtre", on pense au péché. La principale fonction des prêtres était l’observance des sacrifices, jour après jour. Aller voir le prêtre, c’était à chaque fois une claque de réalité. Voir le grand prêtre, c’était le souvenir quotidien de notre péché.
Mais quand on entend "grand prêtre", on pense aussi à la grâce. Dans sa grâce, Dieu a permis que des pécheurs puissent s’approcher de lui. Dans sa grâce, Dieu a institué tout un système pour qu’un peuple pécheur puisse s’approcher d’un Dieu saint.
La première raison pour laquelle nous devons nous approcher du trône de la grâce, c’est parce que nous en avons besoin. Nous sommes toujours pécheurs. Et nous avons toujours besoin de la grâce de Dieu. Mais gloire à Dieu, plus besoin de sacrifices. Le sacrifice parfait a été offert pour nous, une fois pour toutes.
La repentance n’est pas le début de la vie chrétienne. C’est le fil rouge de la vie chrétienne.
La première thèse de Luther:
En disant: Repentez-vous, notre Maître et Seigneur Jésus-Christ a voulu que la vie entière des fidèles fût repentance.
Quand devons-nous nous approcher du trône de la grâce? Aujourd’hui. Demain. Chaque jour. Nous avons besoin d’être secourus. Aujourd’hui. Demain. Chaque jour.
Ce grand prêtre est capable de compatir à nos faiblesses. Pourquoi? Parce qu’il a vécu comme nous. Jésus, le Fils de Dieu, est pleinement humain.
Le texte nous dit que Jésus a été tenté comme nous "à tous égards". Jésus sait ce que c’est d’affronter la tentation.
On peut se demander: mais est-ce que Jésus peut vraiment nous comprendre, lui qui n’a jamais péché? Si Jésus est parfait, il ne peut pas vraiment comprendre la tentation.
Écoutez la réponse de C. S. Lewis:
Un homme qui cède à la tentation au bout de cinq minutes ne sait vraiment pas quelle aurait été sa réaction une heure plus tard. […] Sa capitulation constante devant la tentation l’a mis à l'abri de tout remous de conscience. Nous n'éprouvons jamais la virulence d'une pulsion mauvaise si nous n'essayons pas de la combattre. Le Christ, le seul homme qui jamais ne céda à la tentation, est aussi le seul homme sachant pleinement ce qu'elle signifiait!
Jésus sait ce que c’est d’être tenté, et il connaît la souffrance de celui qui lutte contre la tentation mieux que quiconque. Aucune tentation que nous vivons n’est inconnue de Jésus. Toute sa vie, le diable a essayé de détourner Jésus de son obéissance parfaite au Père. Encore et encore, Jésus a dû lutter contre la tentation.
Il faut néanmoins préciser une chose. Parce que Jésus est parfait, son cœur n’a jamais conçu de désirs mauvais, contrairement à nous1. Mais les tentations extérieures, il les a connues. Jésus peut compatir parce qu’il sait que c’est dur. Jésus est venu vivre dans un monde déchu, au milieu des pécheurs.
Étant donné le contexte, l’auteur de l'épître a peut-être une tentation particulière en vue: notre tentation de nous éloigner de Dieu sous la pression des souffrances extérieures. La souffrance est comme le rouleau d’une vague dans lequel nous sommes retournés, désorientés, projetés au sol. Et parfois, nous ne savons pas si nous pourrons trouver la surface.
Plus haut, nous lisons:
En effet, comme il a souffert lui-même lorsqu’il a été tenté, il peut secourir ceux qui sont tentés.
Hébreux 2.18
La vie chrétienne est une vie de souffrance. Je tiens cette formule de Raph Charrier2: "Il n’y a pas de croissance sans souffrance." Et lutter contre le péché nous fait souffrir. Parfois, cette souffrance est intérieure, dans la lutte contre le péché ou l’attente dans l’épreuve.
Peut-être êtes-vous dans l’épreuve en ce moment, et souffrez-vous. Jésus peut vous comprendre. Peut-être avez-vous l’impression d’être au bout, Jésus est passé par là. Les épreuves vous accablent au point que vous avez l’impression d’être écrasés? Jésus a vécu l’épreuve la plus terrible qu’un humain peut traverser.
Nous n’avons pas un Dieu détaché et froid. Jésus a vécu la vie d’un homme, au milieu des hommes. Nous devons nous approcher du trône de la grâce, parce que Jésus peut nous comprendre.
C’est un grand réconfort de savoir que Jésus peut nous comprendre. Cela nous fait du bien de savoir que celui qui nous écoute nous comprend. Vraiment. Il sait ce que nous traversons parce qu’il l’a aussi traversé.
Mais, au fond, ce n’est pas cela qui fonde notre assurance.
Imaginez que vous tombiez dans un trou. Vous êtes au fond du trou depuis quelques heures, en train de crier à l’aide, quelqu’un vous entend et s’approche. Il se penche au-dessus du trou et entame la conversation. Lui aussi est tombé une fois dans un trou. Et il a beaucoup souffert. Il est passé par les mêmes émotions que vous. D’abord la colère, puis l’espoir: quelqu’un va rapidement passer par là. Puis la tristesse au bout de quelques heures, parce que personne n’avait entendu ses cris. Puis finalement, la joie d’entendre quelqu’un s’approcher pour l’aider. Quel réconfort de se trouver en face de quelqu’un qui a vécu la même chose que vous. Ce que vous ressentez, il a ressenti. Mais après avoir raconté tout cela, il vous explique que, malheureusement, il n’a pas de corde, et il continue sa route.
Au chapitre suivant, on lit:
Pendant sa vie terrestre, Christ a présenté avec de grands cris et avec larmes des prières et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort, et il a été exaucé à cause de sa piété.
Hébreux 5.7
Jésus a lutté comme nous. Jusqu’au bout. Et Jésus n’a jamais cédé.
Troisième raison pour laquelle nous devons nous approcher du trône de la grâce: parce que seul Jésus peut nous secourir.
Non seulement Jésus peut nous secourir, mais Jésus veut nous secourir.
Au verset 14, nous lisons:
Nous avons un grand souverain sacrificateur qui a traversé les cieux.
Hébreux 4.14
Le Fils de Dieu a traversé les cieux pour venir nous secourir. Ses souffrances ne sont pas un accident dans son ministère, elles constituent le cœur de son ministère.
Jésus est venu vivre une vie de souffrances, une vie de parfaite obéissance, il a vécu une mort innocente, à notre place. C’est pour nous que Jésus a vécu et pour nous que Jésus est mort.
Et il est ressuscité parce que la mort ne pouvait le retenir. La mort n’avait aucun droit sur lui. Parce qu’il n’a jamais péché, il est le seul qui n’avait pas à payer le salaire du péché, la mort. Mais il a choisi de prendre sur lui ce châtiment pour que nous puissions être libérés de la condamnation.
Le Fils de Dieu a traversé les cieux, non pas parce qu’il était obligé, mais parce qu’il l’a voulu. Dieu ne nous doit rien. Jésus a traversé les cieux pour venir nous secourir.
Jésus peut nous secourir et Jésus veut nous secourir.
Dieu n’est pas indifférent à notre douleur. Il n’est pas indifférent à notre souffrance. Dieu ne ferme pas les yeux sur nos luttes, et il n’est pas sourd à nos cris.
Vous doutez que Dieu vous aime? Regardez à la croix.
Comment imaginons-nous que Dieu nous attend quand nous nous sommes éloignés de lui? Comment pensons-nous qu’il va réagir quand nous lui avons désobéi? Comme le père du fils prodigue, les bras ouverts, courant vers son fils qui revient. Avec joie de revoir celui qui s’était éloigné. Prêt à lui donner tout ce qu’il y a de bon alors que nous avons fait ce qui est mal.
Voilà la grâce: Dieu fait du bien à ceux qui méritent sa colère.
Approchons-nous du trône de la grâce. Non pas en tremblant, parce que nous ne connaissons pas la réaction de Dieu. Mais avec assurance, parce que nous savons que Dieu nous aime, et que Jésus veut nous secourir. Jésus a traversé les cieux pour nous réconcilier avec Dieu.
Ce nom de "trône de la grâce" est vraiment étonnant. Le trône est le siège du pouvoir, l’endroit d’où règne le roi. Mais c’est aussi l’endroit du jugement. C’est devant le trône que le roi prononce les sentences de ceux qui viennent se présenter devant lui.
Comment pouvons-nous nous approcher avec confiance du trône de Dieu, le maître de l’univers, le Seigneur des cieux et de la terre, celui qui a tout créé et règne sur toute chose, celui dont la parole fait bouger chaque grain de poussière, qui fait tomber chaque feuille, celui qui ordonne à la pluie et à la foudre de tomber, celui qui incline le cœur des rois comme un courant, celui qui dicte sa course au soleil, celui qui donne le souffle ou retire la vie, celui qui sonde les cœurs et les pensées, celui qui est parfaitement saint, qui habite une lumière inaccessible, qui déteste le mal et abhorre la méchanceté; comment un pécheur peut s’approcher d’un tel Dieu?
Parce que Jésus est notre grand prêtre. Il a présenté le sacrifice ultime, il a donné sa propre vie. Nous pouvons nous approcher avec assurance du trône de Dieu parce que nous avons été pardonnés.
Notre assurance est certaine. Nous n’espérons pas que Dieu nous accueille avec miséricorde. Nous le savons.
Ce trône duquel nous voulons nous approcher est celui de la grâce. Quand nous sommes assez près, nous y voyons assis celui que Jean a décrit dans ses visions.
Celui qui est assis sur ce trône, c’est l’Agneau immolé pour son peuple. Quand nous nous présentons devant le trône de la grâce, nous sommes devant l’Agneau qui a donné sa vie pour nous.
Comment pourrions-nous être rejetés par celui qui a donné sa vie pour nous?
Dieu veut que nous nous approchions de lui, parce qu’il a offert son Fils pour nous. Voilà ce qui fonde notre assurance: en nous approchant du trône de la grâce, nous réalisons à nouveau que nous avons reçu la miséricorde là où nous attendions la condamnation.
L’auteur écrit à des gens qui traversent des épreuves. Des gens qui souffrent, dans leur chair, et dans leur vie sociale. Au chapitre 10, l’auteur nous dit qu’ils ont supporté "un grand et douloureux combat" (Hé 10.32). Ils ont été "publiquement exposés aux injures et aux persécutions" (Hé 10.33). Ils ont perdu leurs biens (Hé 10.34).
Peut-être que vous vous reconnaissez dans cela. Vous traversez peut-être une période douloureuse. Une période qui dure, peut-être depuis longtemps.
Mais quand on lit la lettre, on se rend compte que leur plus grande lutte, c’est leur combat contre le péché (Hé 12.4). Et là, nous sommes tous concernés.
Peut-être que vous vous sentez proches de Dieu. Ou peut-être que vous vous sentez loin de Dieu. À tous, Dieu lance cette invitation: approchons-nous avec assurance du trône de la grâce.
Aujourd’hui, approchez-vous avec assurance du trône de la grâce.
« Père Céleste, Dieu plein de grâce, nous te prions car nous sommes faibles, et bien souvent découragés, nous sommes pécheurs, et bien souvent révoltés, mais nous nous présentons devant toi avec assurance, en comptant sur ta grâce et ta compassion.
Examine-nous, et connais nos cœurs, mets-nous à l’épreuve et connais nos pensées! Regarde si nous sommes sur une mauvaise voie et conduis-nous sur la voie de l’éternité! (Ps 139.23-24)
À toi qui peut nous préserver de toute chute et nous faire paraître devant ta gloire irrépréhensibles et dans l’allégresse, à Dieu seul, notre Sauveur, par Jésus-Christ notre Seigneur, soient gloire, majesté, force et puissance, dès avant tous les temps, et maintenant, et dans tous les siècles! Amen! (Jd 24-25) »
webinaire
Est-ce que ma vie chrétienne est "normale"?
Ce replay du webinaire de Dominique Angers a été enregistré le 21 Octobre 2021.

Orateurs
D. Angers
