Il y a quelque temps, mon ami Ben Eggen publiait un article qui avait pour but de corriger notre vision de la grâce. Dans cet article fort utile, Ben explique que la grâce est plus qu’un cadeau:
La grâce, c’est quelque chose que nous ne méritons pas, mais que Dieu nous donne quand même, par pure bonté.
L’article souligne que la grâce dépasse la notion de gratuité et implique la notion de substitution. Par grâce, Dieu nous donne ce que nous ne méritons pas, parce qu’il endure lui-même la peine que nous méritons.
Dans le présent article, j’aimerais pousser plus loin le raisonnement et proposer une autre définition de la grâce.
L’inconvénient de présenter la grâce comme un cadeau, c’est de séparer la grâce de celui qui la donne. On présente souvent la grâce comme un cadeau que nous avons la liberté d’accepter. Un peu comme si Dieu déposait un cadeau sur une table, et nous demandait si on voulait bien le prendre.
Cette présentation a souvent pour but de souligner la responsabilité et la liberté de l’homme d’accepter la grâce ou pas. Elle entend maintenir la tension entre la responsabilité humaine et l’intervention divine.
Mais la grâce de Dieu n’est pas seulement quelque chose qu’il nous donne. C’est quelque chose qu’il fait pour nous (Lc 1.28). Bien sûr, c’est un cadeau, un cadeau immérité. Mais c’est plus que cela. La grâce, c’est l’intervention de Dieu en faveur des pécheurs.
Voilà donc ma définition de la grâce divine:
La grâce, c’est Dieu qui fait du bien à des pécheurs qui méritent sa colère.
Cette définition souligne:
Cette définition de la grâce s’applique aussi bien à la grâce que Dieu manifeste envers tous les hommes (grâce commune), qu’à celle qu’il ne manifeste qu’aux élus (grâce spéciale).
Dans sa grâce commune, Dieu “fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes” (Mt 5.45). Dans sa grâce, Dieu ne traite pas tous les hommes par le jugement qu’ils méritent, mais suspend le jugement et leur permet encore de profiter de ses nombreuses bénédictions. Finalement, tout ce qui est bon dans un monde déchu; aussi bien dans ce que nous sommes que dans ce que nous possédons, nous vient de Dieu, dans sa grâce.
Être sauvé, c’est être au bénéfice de la grâce spéciale de Dieu qui, dans son amour, à “nous qui étions morts par nos offenses, nous a rendus à la vie avec Christ (c’est par grâce que vous êtes sauvés); il nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes, en Jésus-Christ” (Ép 2.5-6). Dans sa grâce, Dieu intervient dans la vie des pécheurs pour les faire passer de la mort à la vie (Ép 2.5), de l’esclavage à la liberté (Rm 6.6-7), de l’aveuglement à la vision glorieuse de l’Évangile qui brille dans nos cœurs (2Co 4.6), de l’aliénation à la concitoyenneté (Ép 2.13) et à l’adoption (Rm 8.15), d’ignorant à éclairé (1Co 2.14)…
Cette vision de la grâce est dynamique: elle nous présente un Dieu qui s’investit dans la création par la providence et dans le plan de rédemption par le salut de ceux qu’il s’est acquis, afin de célébrer la gloire de sa grâce en Christ.
Dieu ne pose pas simplement un cadeau sur la table en attendant qu’on daigne le prendre. Il s’investit et s’engage dans la vie de ceux qui sont loin de lui, de ceux qui le détestent, de ceux qui ne peuvent pas s’approcher de lui, pour en faire ses enfants.