Accueillir l’étranger avec Christ

FoyerHospitalitéRecension de livre

Mon Église aura la joie d’accueillir Vincent Morvan pour un séminaire sur l’hospitalité en avril 2020.
Vincent est auteur d’
Accueillir l’étranger avec Christ. Cet ouvrage est le fruit de sept années de développement d’une hospitalité chrétienne vécue avec des personnes de toutes les régions du monde en partenariat avec des Églises locales.

Voici quelques bouleversantes réflexions de la part de Vincent:

« Un foyer chrétien atteint par la maladie peut-il devenir un signe de l’hospitalité de Dieu?
J’ai été témoin de cette histoire bouleversante. Au sein de cette famille chrétienne, la mère se bat contre de graves problèmes de santé. Elle prend chaque jour également soin de sa fille qui souffre d’une maladie rare. Son mari travaille dans un contexte multiculturel. Il a eu la joie d’accompagner un jeune homme de tradition hindoue dans sa découverte de la personne de Jésus-Christ.

Mais comment l’hospitalité chrétienne s’est-elle révélée avec force dans ce contexte de profonde faiblesse?
Cette famille n’est pas en mesure de recevoir des hôtes dans son lieu de vie. Alors, comment y prendre part?

La mère, très bonne cuisinière, a eu une excellente idée dès le début de cette relation amicale entre son mari et ce jeune indien. Elle s’est mise à transmettre régulièrement des petits plats, des préparations d’épices et autres délices sucrés pour cet étranger venu d’Asie. L’hospitalité divine peut se dévoiler par l’Esprit de bien des manières, en dépit des plus grands obstacles de la vie humaine. Elle ouvre le cœur de l’hôte accueilli et le touche par la grâce divine.
Ce jeune homme, devenu passionné de Jésus, a ensuite reçu le baptême chrétien malgré une forte persécution. Encore tellement touché par l’hospitalité de son Église locale, il reçoit chacun de ces plats partagés comme signes de la grâce de Christ, de la beauté de l’Évangile. 

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Accueillir avec Christ: un appel constant pour l’Église 

La diversité des migrations actuelles et le questionnement éthique provoqué au sein de notre société exhortent l’Église à rétablir l’hospitalité sur ses solides fondations théologiques. Cela est vital pour restaurer la pratique chrétienne de l’accueil de l’étranger, porteuse de la vie spirituelle au sein de l’humanité.
Avons-nous conscience que l’Évangile est indissociable d’une profonde théologie de l’hospitalité? Cela était clairement enseigné dès les premières décennies et les premiers siècles qui suivirent la mort et la résurrection de Jésus-Christ. Le christianisme était en plein essor et l’Évangile se répandait au travers de l’accueil.
L’hospitalité envers l’étranger était comprise par les pères de l’Église comme directement rattachée à la saine doctrine. Ils ont exhorté fortement les Églises locales à pratiquer l’hospitalité dans un contexte sociétal marqué par le passage incessant et l’installation d’étrangers et de migrants:

Sachez être hospitaliers ; c’est grâce à l’hospitalité que des hommes sont parvenus à Dieu. Tu reçois un hôte, dont tu es, toi aussi, le compagnon sur le chemin, car nous sommes tous pèlerins. Il est chrétien, celui qui reconnaît qu’il est pèlerin même en sa demeure et dans sa patrie. 

Augustin d’Hippone, extrait du Sermon 111 dans La grâce de l’hospitalité, Paris : Les Editions du Cerf, 2018, p.123

Celui qui donne l’hospitalité doit avoir toutes ces qualités: l’empressement, la gaieté rayonnante, la libéralité. Il y a une maison commune: l’église, ou ce que nous appelons l’hôtellerie: mêlez-vous-en, vous aussi, asseyez-vous devant la porte, recevez ceux qui arrivent!

Jean Chrysostome, extrait de l’Homélie 45 sur les Actes des Apôtres dans La grâce de l’hospitalité, Paris : Les Editions du Cerf, 2018, p.73

Accueillir avec Christ: apprendre à vivre l’amour spirituel 

L’Église habitée par l’Esprit devient le foyer où l’étranger est honoré comme personne, et où il trouve dans l’hospitalité de Christ la joie d’une personne pleinement comblée dans l’accueil du Dieu trinitaire.
C’est ainsi que la communauté chrétienne peut apprendre de mieux en mieux ce qu’est «l’amour spirituel», l’amour de l’Esprit, qui est à l’opposé de «l’amour psychique».
Voici comment le théologien Dietrich Bonhoeffer exprimait cet enseignement vital pour les relations humaines: 

Le Christ se tient entre moi et l’autre. […] Parce que l’amour spirituel ne convoite pas, mais sert, il aime l’ennemi comme le frère. Il ne tire pas son existence du frère ni de l’ennemi, mais du Christ et de sa parole. […] Tel est le sens du principe selon lequel nous ne pouvons rencontrer l’autre que dans la médiation par Jésus-Christ. L’amour psychique se fabrique sa propre image de l’autre, de ce qu’il est et de ce qu’il doit devenir. Il prend en ses propres mains la vie de l’autre. L’amour spirituel part de Jésus Christ pour connaître la vraie image de l’autre; c’est l’image que Jésus Christ a marquée et veut marquer de son empreinte. […] Car il sait que le chemin le plus proche vers l’autre passe toujours par la prière au Christ et que l’amour pour l’autre est entièrement lié à la vérité dans le Christ. C’est cet amour qui fait dire à l’apôtre Jean: « Ma plus grande joie, c’est d’apprendre que mes enfants marchent dans la lumière de la vérité » (3 Jn 4)     

Dietrich Bonhoeffer, De la vie communautaire, Labor et Fides, 2007, pp.37-38

La rencontre de l’autre contribue à briser notre résistance à apprendre. Jean Chrysostome en enseignant l’hospitalité avertissait déjà: «Celui qui accomplit une action avec orgueil et agit comme s’il donnait plutôt que comme il recevait, celui-là ne sait pas ce qu’il fait». Nous ne pourrons pas guérir complètement de notre aveuglement spirituel, à moins d’apprendre à recevoir et à être enseigné dans la relation avec nos hôtes accueillis. 

Un livre à lire et à vivre en Église: Accueillir l’étranger avec Christ

Avons-nous mis à l’épreuve notre pratique de l’hospitalité chrétienne pour savoir si elle émane totalement de l’œuvre du Christ crucifié et ressuscité?

L’hospitalité n’est pas premièrement quelque chose que nous faisons, mais plutôt une part importante de qui nous sommes dans la communion avec le Dieu trinitaire. Lorsque son amour agapè nous remplit, il produit en nous le fruit de l’amour du prochain, de l’amour de l’étranger.
Ainsi, le socle de toute réflexion chrétienne sur l’hospitalité est la communion éternelle du Père, du Fils et de l’Esprit qui s’ouvre pour y accueillir l’humanité.

L’amour divin agapè évoque clairement l’hospitalité. En effet, le sens premier de agapè est «accueillir à bras ouverts, recevoir chaleureusement un hôte, fêter un hôte» selon Sié Mathias KAM.
Le moyen d’entrer en communion, qu’il soit divin ou humain, est toujours une démarche d’hospitalité. L’hospitalité sacrificielle manifestée en Jésus-Christ est l’œuvre centrale de l’Histoire qui révèle cet agapè de Dieu.
De là procèdent toute la sagesse et toute la force de l’hospitalité chrétienne. L’Incarnation, la Crucifixion et la Résurrection de Jésus-Christ révèlent la puissance de l’Esprit de Dieu déployée pour accueillir l’humanité dans la communion divine. 

Comment comprendre alors l’hospitalité chrétienne envers l’étranger?
Elle est à la fois dans l’agapè une participation à la nature divine, et une participation joyeuse à l’œuvre de Dieu d’inviter et d’accueillir en Lui une humanité rachetée dans sa diversité.
De ce fait, l’Esprit Saint est l’Esprit de l’hospitalité, de la rencontre véritable avec tout être humain, avec l’étranger. La théologie chrétienne de l’hospitalité nous l’enseigne: 

Comme avec Jésus, ceux qui le suivent reçoivent eux aussi l’onction de l’Esprit pour devenir des « hôtes », manifestant dans les deux sens du terme l’hospitalité divine. 

Amos Yong dans «L’Esprit, les pratiques missionnaires et la rencontre interreligieuse», ISTINA, n°4, 2012, p.431

Préparons nous dans la prière à accueillir ensemble tout au long de l’année l’étranger avec Christ. » 

Vous pouvez commander ici Accueillir l’étranger avec Christ  de Vincent Morvan.

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Raphaël Charrier

À 17 ans, Raphaël s’engage dans l’armée dont il est renvoyé moins de deux ans après. Il reprend alors l’école et obtient le bac à 23 ans. C’est à ce moment qu’il découvre la personne et l’œuvre de Jésus-Christ et place sa foi en lui pour être sauvé. Il poursuit ses études et devient Éducateur Spécialisé. Il s’oriente ensuite vers des études de théologie à l’Institut Biblique de Genève, puis à la Faculté Libre de Théologie Évangélique de Vaux-Sur-Seine, afin de se consacrer au service de l’Évangile.

Après un premier poste pastoral à plein temps à l’ECE de Grenoble pendant 9 ans, il partage aujourd'hui son ministère entre une charge pastorale à Sola Gratia, l'enseignement dans des institutions de formation théologique, l’écriture et le blogging. Il est marié à Marion et ils ont deux enfants. Il est auteur de plusieurs livres, dont Vivre pour Jésus qui a pour objectif d'aider les chrétiens à poser les bons fondements de la vie chrétienne.

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