Repensez à une nuit sombre de l'âme dans votre vie. Il s'agit peut-être du décès d'un parent, de la perte d'un enfant à la suite d'une fausse couche ou d'une maladie, ou bien d'un diagnostic médical ou d'un accident qui a bouleversé votre vie. Peut-être est-ce la détresse due à une relation brisée ou à un grand revers financier. Ou peut-être est-ce la crise actuelle que le monde traverse. Vous avez peut-être perdu votre emploi, votre stabilité, votre santé, votre sérénité, votre liberté.
Au milieu de vos souffrances, avez-vous déjà eu l’impression que Dieu vous avait oublié? Que vous aviez été abandonné par celui qui avait promis de ne jamais vous délaisser? Les fils de Jacob, dans Exode 1, auraient pu faire face à cette même impression. Ils ont dû se demander: « Où es-tu, ô Dieu? » Mais comme le reste du livre de l’Exode en témoigne, Dieu ne les avait pas oubliés. En effet, c’est souvent dans les moments les plus sombres et douloureux que Dieu se manifeste.
Dieu entendit leurs gémissements, et se souvint de son alliance avec Abraham, Isaac et Jacob. Dieu regarda les enfants d’Israël, et il en eut compassion. Ex 2.24-25
Dieu entend nos cris et il aura compassion de nous aussi.
En tant qu’enfant, vous avez sans doute entendu des histoires du livre de l’Exode à l’école du dimanche. Vous avez aussi peut-être vu le film d’animation Le Prince d’Égypte. Ce premier chapitre n’était autrefois pour moi qu’une scène d’ouverture pour mettre en place le reste de l’histoire de l’Exode. Mais après l’avoir étudié, il a comme pris vie à la lumière de la Grande Histoire de Dieu. En effet, dès ses premiers versets, nous découvrons un Dieu qui est fidèle et qui tient les promesses faites à son peuple.
Lorsque nous lisons que les fils d’Israël se multiplient de 70 à une multitude puissante, nous devons nous reporter à la Genèse:
Je ferai de toi une grande nation, et je te bénirai; je rendrai ton nom grand, et tu seras une source de bénédiction. Je bénirai ceux qui te béniront, et je maudirai ceux qui te maudiront; et toutes les familles de la terre seront bénies en toi. Gn 12.2-3
Dans l’alliance abrahamique, Dieu se lie à un vieillard et il lui promet l’impossible: faire de lui une grande nation. Et voilà le début de la réalisation de cette extraordinaire promesse dans Exode 1.
Dès l’ouverture du livre de l’Exode, nous voyons alors Moïse rappeler aux enfants d’Israël que l’Éternel est le Dieu de l’impossible. Avant qu’ils affrontent les épreuves et les tentations dans le désert, il veut qu’ils fixent leurs yeux sur leur grand Libérateur et qu’ils y trouvent leur espoir.
À quel obstacle faites-vous face? Celui-ci vous semble-t-il impossible à surmonter? Avez-vous l’impression que cette pandémie risque de ne pas avoir de fin? Ce moment sans précédent pour notre génération semble dépasser nos ressources. Or, ces versets nous rappellent que rien n’est trop difficile pour notre Dieu. Nous pouvons garder l’espoir dans cette tempête parce que nous sommes en sécurité sous la protection de notre grand Libérateur.
Il semble que l’histoire commence bien. Dieu multiplie les descendants d’un couple stérile jusqu’à ce qu’ils deviennent une grande nation. Merveilleux! Mais les choses vont empirer avant de s’améliorer…
Un nouveau Pharaon arrive au pouvoir. En fait, ce n’est pas simplement un nouveau Pharaon, mais une nouvelle dynastie, qui ne partage plus les alliances de celle qui la précède. C’est pourquoi le texte dit que ce Pharaon « ne connaît pas Joseph ». Car, en réalité, il ne tient aucun compte de lui et de tout ce qu’il a fait pour le peuple d’Égypte autrefois. Plutôt que de renouveler l’entente avec le clan de celui qui a sauvé sa nation, ce Pharaon le réduit à une dure servitude.
Pharaon pensait que cela ralentirait leur croissance en tant que nation, mais cela ne sert qu’à renforcer leur nombre!
Dans les v. 15-21, nous voyons une lueur de clarté au travers de deux sages-femmes hébreux, Schiphra et Pua. (D’ailleurs, le nom Schiphra veut dire « aube »!). Une chose que j’aime dans cette histoire, c’est que les deux sages-femmes hébreux sont nommées.
Et avez-vous remarqué autre chose? Le Pharaon, lui, n’est pas nommé! L’omission d’un nom était une technique littéraire égyptienne destinée à effacer le nom de leurs ennemis des archives historiques. L’Éternel, par la plume de Moïse, lui rend la pareille en laissant le Pharaon anonyme, mais en nommant deux femmes « insignifiantes » qui ont osé le défier. [¹]
Moïse souligne ainsi que le Pharaon n’est rien qu’un pion. Il souligne en outre que Dieu aime se glorifier par des moyens improbables. Après tout, l’Égypte est une culture patriarcale. Et, pensez-y: Dans les premiers actes du livre de l’Exode, Dieu choisit de sauver son peuple grâce à cinq femmes: Schiphra, Pua, Jokébed (la mère de Moïse), Miriam (la sœur de Moïse), et la fille du Pharaon!
Arrêtez-vous et pensez au courage de Schiphra et Pua. Elles n’ont qu’une seule tâche à accomplir: le massacre de tous les fils mâles nés chez les Hébreux. Les directives du Pharaon sont claires. Mais elles sont aussi inconcevables.
Schiphra et Pua ont un choix à faire: soit elles obéissent au Pharaon, soit elles obéissent à Dieu. Ne craignaient-elles pas Pharaon? C’est possible. Mais elles craignaient encore plus l’Éternel.
Leur choix évoque celui des apôtres dans Actes 5.29. Peu de temps avant, le Sanhédrin avait mis leur Seigneur à mort. Maintenant, il les a arrêtés et leur ordonne de cesser de prêcher l’Évangile. La menace est sérieuse! Pourtant, plutôt que de capituler face à ces pressions, les apôtres répondent avec courage:
Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes.
C’est aussi ce que font nos deux amies sages-femmes. Elles risquent la colère de Pharaon pour sauver les fils des Hébreux.
Et comment l’Éternel les récompense-t-il? « Dieu fit prospérer leurs maisons. » (v. 21) Celles qui protègent la maison d’Israël reçoivent à leur tour leurs propres maisons. Et cela est remarquable parce que, selon les commentateurs, dans l’Antiquité, la profession de sage-femme était souvent réservée aux femmes stériles, qui pouvaient ainsi être disponibles 24 heures sur 24 pour le travail exigeant d’accouchement. [²]
Nous voyons donc que, de la même manière que la multiplication des fils de Jacob au début du passage est surnaturelle, la récompense pour les maisons de Schiphra et Pua est une bénédiction surnaturelle. Le Dieu de l’impossible agit encore une fois, pour le bien de ceux qui le craignent.
J’imagine les petits-fils et petites-filles de Schipra et Pua, rayonnant de fierté lorsqu’on lisait les noms de leurs grand-mères au peuple de Dieu, au pied du mont Sinaï. Car, sans leur désobéissance civile, non seulement eux, mais aussi de nombreux autres fils des Hébreux présents n’auraient pas vécu assez longtemps pour voir la délivrance de la nation.
Jusqu’à présent, en Exode 1, nous avons vu les conditions se détériorer pour le peuple de Dieu. Au verset 22, les conditions atteignent un niveau historiquement bas: les Hébreux passent du statut de victimes du travail forcé à celui de victimes de génocide aux mains de toute la population de l’Égypte.
Exode 1 conclut par un verset de malheur impensable:
Alors Pharaon donna cet ordre à tout son peuple: Vous jetterez dans le fleuve tout garçon qui naîtra, et vous laisserez vivre toutes les filles. Ex 1.22
La stratégie d’utiliser Schiphra et Pua comme exécutantes des meurtres ayant échoué, le Pharaon opte pour une stratégie différente: impliquer tout son peuple dans le génocide des garçons hébreux.
Et pourquoi les jeter dans le Nil? Il y a trois raisons:
1. Parce que ce serait moins macabre qu’un meurtre sanglant, et donc plus facile à réaliser à grande échelle.
2. Parce que ce serait le moyen le plus simple de se débarrasser des corps, le Nil étant un égout emportant tout ce qu’on ne voulait plus.
3. Parce que le Nil était l’une des grandes divinités d’Égypte et que le meurtre des bébés pourrait être justifié auprès du peuple comme un acte de dévotion religieuse. [³]
Et c’est là que notre chapitre s’achève. Dans les profondeurs de l’obscurité et du désespoir. Imaginez-vous! Heureusement, nous connaissons la suite de l’histoire: le secours arrive! Dieu soit loué! Car Dieu se prépare à envoyer un beau petit garçon dans un panier flottant. Il grandira et deviendra le libérateur d’Israël.
Oui, nous connaissons la suite de cette histoire. Mais ce n’est pas tout. Nous connaissons le reste de la Grande Histoire. Nous connaissons un autre bébé, né dans une crèche. Qui grandira pour devenir le Libérateur des libérateurs de tous les peuples. Et avant que les choses n’aillent mieux, elles vont empirer: des hommes méchants prendront notre Sauveur, le cloueront sur une croix et scelleront son corps dans un tombeau. La nuit de la mort de notre Sauveur est sans doute la plus sombre de toutes. Pourtant, nous savons que la plus grande heure que l’humanité n’ait jamais connue est arrivée trois jours plus tard.
La leçon principale d’Exode 1 est ceci: Le Dieu de l’impossible tient ses promesses, donc craignons-le, et non les puissances de ce monde.
Et quelles sont ses promesses? A-t-il promis que les croyants ne seraient pas infectés par le COVID-19 ou n’en mourraient pas? Pas du tout. Nous a-t-il promis la santé, la richesse et la paix? Certainement pas.
Alors, que nous a-t-il promis? Revenons à l’alliance abrahamique. Elle a été partiellement accomplie dans la croissance numérique surnaturelle des fils de Jacob. Mais elle s’accomplit aussi aujourd’hui dans la croissance numérique surnaturelle des fils spirituels d’Abraham, l’Église!
Un ennemi puissant a essayé d’écraser le peuple de Dieu en Exode 1. Il a échoué dans ses tentatives. Des hommes puissants (le Sanhédrin) ont cloué notre Seigneur à la croix. Ils pensaient qu’ils l’avaient complètement réduit au silence. Le tombeau vide témoigne de leur échec. Ces mêmes hommes impies ont essayé de faire taire les apôtres dans Actes 5. Ils ont échoué encore une fois. Et les forces des ténèbres cherchent encore la ruine des enfants de Dieu. Ils échoueront aussi certainement! Car nous avons cette promesse prononcée par notre Seigneur Jésus:
Je bâtirai mon Église, et les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle. Mt 16.18
Le Dieu de l’impossible tient ses promesses, donc craignez-le, et non les puissances de ce monde.
[¹] Je suis redevable à Jonathan Spencer et le webinaire qu’il a donné à TPSG sur Exode.
[²] Douglas K. Stuart, Exodus, vol. 2, The New American Commentary (Nashville: Broadman & Holman Publishers, 2006), p. 83.
[³] Stuart.
webinaire
Si Dieu est bon, pourquoi autant de mal?
Découvre le replay de ce webinaire de Guillaume Bignon, enregistré le 11 décembre 2018, qui traite de la souveraineté et la bienveillance de Dieu.
Orateurs
G. Bignon