Lumière sur Abraham Kuyper, théologien aussi important que méconnu

Pères de l’ÉgliseRéforme

Abraham Kuyper (1837-1920) est un théologien hollandais qui est aussi important que méconnu. Figure majeure de la théologie réformée calviniste, il fut un écrivain prolifique, le fondateur de l'Université Libre D'Amsterdam et fut même premier ministre des Pays-Bas (1901-1905). Aussi, nous nous réjouissons de la parution en français de ses célèbres "Essais sur le Calvinisme"; aux éditions Kerygma. À cette occasion, nous republions la préface rédigée par Yannick Imbert, en espérant que cette série d'introduction vous donne envie de découvrir cette œuvre stimulante.

Abraham Kuyper compte parmi ces théologiens qui ont influencé plusieurs générations de chrétiens mais qui sont peut-être tombés dans l’oubli. C’est un peu relatif, bien sûr, car Kuyper continue de marquer de son empreinte le monde néocalviniste. Mais il faut reconnaître que ce monde est assez petit, même chez les Anglo-Saxons, et plus restreint encore en francophonie.

D’ailleurs, Kuyper n’a jamais vraiment été très connu en France. Après tout, le monde réformé calviniste était déjà en déclin, malgré le renouveau du Réveil de Genève au xixe siècle. Cela peut s’expliquer, bien sûr. 

Tout d’abord, Kuyper est un théologien réformé. Or, de nos jours, « réformé » peut renvoyer à une théologie intellectualiste qui doute parfois même de choses pourtant essentielles à la foi chrétienne, comme l’autorité ultime de la Bible ou la divinité et la résurrection historique de Christ. Bien sûr, la théologie réformée n’a pas à être restreinte à une forme particulière d’ailleurs très contestable. Il est intéressant de voir que Kuyper lui-même s’opposait aux théologies dites libérales. Ensuite, Kuyper est un théologien réformé calviniste. Si le qualificatif « réformé » peut parfois refroidir les lecteurs les plus intéressés, le terme « calviniste » peut être le point de non-retour. Calvin est pour beaucoup une figure peu attrayante. Cependant, il ne faut pas s’arrêter à quelques clichés historiques plus ou moins convaincants.

Enfin, Kuyper s’exprime dans un style polémique et combatif qui, pour le meilleur mais aussi pour le pire, n’appartient plus à notre époque « politiquement correcte ». Il peut rebuter parfois, c’est vrai. 

D’autant plus que Kuyper ne fait pas partie de ceux qui ne savent pas ce qu’ils croient. Convaincu, il souhaite être convaincant. Le lecteur constatera par lui-même que Kuyper ne s’embarrasse pas toujours de nuances. La théologie calviniste est pour lui la théologie la plus biblique. La réaction initiale du lecteur sera peut-être la surprise, l’embarras, voire le rejet. Il pense avoir la seule théologie biblique… Quel orgueil! Pourtant Kuyper nous exhorte à être toujours davantage convaincus de ce que nous croyons. Nous lisons la Bible, nous l’étudions, nous résumons les grands aspects de notre foi et construisons des théologies différentes. Mais notre théologie est-elle biblique? Si nous ne nous posons pas la question, nous risquons d’accepter n’importe quelle théologie. Nous devons constamment désirer une théologie biblique. C’est ce à quoi la forte conviction de Kuyper nous encourage.


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Yannick Imbert

Yannick Imbert est professeur d’apologétique et directeur de Licence à la Faculté Jean Calvin (Aix-en-Provence). Il est aussi président des Éditions Kérygma, ainsi que membre de la Commission Théologique du Conseil National des évangéliques de France (CNEF). Il est l'auteur de plusieurs livres dont une introduction à l'apologétique (aux éditions Kerygma/Excelsis), est blogueur sur le site De la grâce dans l'encrier et anime également le blog d'apologétique culturelle Visio Mundus.

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