Je viens de lire un des derniers livres de John Piper, Five Points: Towards a Deeper Experience of God's Grace [Les 5 points: vers une expérience plus profonde de la grâce de Dieu]. Le livre est clair, précis et surtout biblique – tout au long de ses 95 pages.
En fait, avec d’autres livres comme Living for God’s Glory: An Introduction to Calvinism [Vivre pour la gloire de Dieu: une introduction au calvinisme] de Joël Beeke; Whomever He Wills: A Surprising Display of Sovereign Mercy [À qui il veut: un exposé surprenant de la grâce souveraine], édité par Matthew Barrett et Thomas Nettles; Why I’m Not An Arminian [Pourquoi je ne suis pas arminien], de Robert Peterson et Michael Williams; Proof: Finding Freedom through the Intoxicating Joy of Irrestistible Grace [Démonstration: trouver la liberté dans la joie contagieuse de la grâce irrésistible], de Danial Montgomery et Timothy Jones; Chosen by God [Choisis par Dieu] de R.C. Sproul; For Calvinism [Pour le calvinisme] de Michael Horton; et à présent cette petite pépite de John Piper, je suis certain qu’on ne peut pas accuser les chrétiens réformés d’être flous sur leur enseignement au sujet du salut (la sotériologie).
Piper, de manière utile, commence son livre par un aperçu historique des cinq points du calvinisme. Il montre que les chrétiens réformés n’ont pas cherché à définir leur théologie au travers de cinq malheureux points (p. 12). Au contraire, la théologie réformée est une théologie globale (p. 13). Les adeptes de Jacob Arminius (les Remonstrants, ou arminiens) ont établi leur crédo (Cinq articles), qui contenait en gros cinq points de désaccord avec l’enseignement réformé. Ils l’ont présenté aux autorités de Hollande (p. 12). Les calvinistes officiels ont étudié les Cinq articles et répondu aux arminiens au synode de Dordrecht (du 13 novembre 1618 au 9 mai 1619) dans les Canons de Dordrecht. C’est de là que viennent les « cinq points » (p. 12). De façon plutôt étrange donc, ce sont les arminiens qui ont développé les cinq points du calvinisme.
L’acronyme « TULIP » a été inventé lors d’une conférence au début des années 1900; mais les lettres ne voulaient pas dire la même chose (U = Universal Sovereignty [souveraineté universelle], etc.). TULIP, sous sa forme actuelle, vient probablement d’un livre de Lorraine Boettner de 1932, The Reformed Doctrine of Predestination [La doctrine réformée de la prédestination] (Greg Foster, The Joy of Calvinism: Knowing God’s Personal, Unconditional, Irresistible, Unbreakable Love [La joie du calvinisme: connaitre l’amour personnel, inconditionnel, irrésistible, infaillible de Dieu], Wheaton, IL, Crossway, 2012, p. 165-166). Ceci me conduit à ne pas rester lié à la nomenclature absurde des années 1930 (« total », « limité », etc.), mais plutôt à rechercher les vraies définitions et le cœur même des doctrines bibliques.
Le calvinisme n’est pas un système fabriqué de toutes pièces que certains aiment imposer aux textes bibliques. C’est en fait tout le contraire. Le calvinisme cherche à protéger les doctrines bibliques pures et sans taches de toute idée externe qui pervertirait les Écritures. John Piper illustre très bien cela: les cinq points du calvinisme sont vraiment et magnifiquement bibliques. Je recommande fortement ce livre.
Voici quelques citations du livre de Piper (j’ai ajouté les passages bibliques à la fin de chaque section):
« Quand on parle de la dépravation de l’homme, on entend que l’homme, dans sa condition naturelle, est séparé de la grâce que Dieu exerce pour le maîtriser ou le transformer. Le côté total de cette dépravation ne veut certainement pas dire que l’homme fait autant de mal qu’il le peut. Sans aucun doute, l’homme pourrait accomplir bien plus d’actes mauvais envers ses semblables que ceux qu’il fait » (p. 17).
« L’homme accomplit ce qu’il peut faire uniquement parce qu’il est créé comme image de Dieu. Ces actes seraient louables s’ils étaient accomplis dans le service pour Dieu, mais au service de la rébellion qui cherche à se justifier elle-même, ces mêmes actes sont péché » (p. 20).
« La dépravation totale dit que notre rébellion contre Dieu est totale. Tout ce que nous accomplissons dans cette rébellion est péché, notre incapacité à nous soumettre à Dieu ou à nous réformer nous-mêmes est totale. Par conséquent, nous méritons entièrement la punition éternelle » (p. 22).
Textes bibliques: Jn 3.20-2 ; Rm 3.9-11; 7.18; 8.7-8; 14.23; Ép 2.1, 3.
« Si chacun de nous est tellement dépravé qu’il ne peut venir à Dieu sans être né de nouveau par la grâce irrésistible de Dieu, et si cette grâce particulière est acquise par le Christ sur la croix, alors il est clair que le salut de quiconque appartient à l’élection de Dieu. Il a choisi ceux à qui il montrerait cette grâce irrésistible, et ceux pour qui il l’acquerrait. L’élection, c’est Dieu qui choisit qui il sauve. C’est inconditionnel, car il n’y a pas de condition qu’un homme puisse remplir devant Dieu pour être sauvé. L’homme est mort dans son état de péché. Il n’y a donc aucune condition qu’il doive remplir pour que Dieu le sauve de son état de mort… L’élection de Dieu précède la foi et la rend possible. C’est la raison déterminante pour laquelle certains croient et d’autres non » (p. 53-54).
« Il y a, je crois, un engagement d’alliance divine en faveur du peuple d’Israël, mais cela ne contredit ni n’annule le sens éternel de Romains 9. Le principe de l’inconditionnalité est présenté le plus clairement en Romains 9.11 » (p. 56).
« Dieu ne voit pas à l’avance ceux qui vont venir à la foi en dehors de la foi que Dieu crée, car de telles personnes n’existent pas. Celui qui croit a été “appelé” à la foi par la grâce souveraine de Dieu. Quand Dieu regarde de toute éternité dans le futur et voit la foi de ses élus, il contemple sa propre œuvre. Il a choisi d’accomplir cette œuvre pour des pécheurs morts, aveugles et rebelles, sans condition. Car nous ne sommes pas capables de remplir les conditions de la foi. Nous sommes morts et aveugles spirituellement » (p. 60).
« Si vous êtes un croyant en Christ, vous avez été aimé par Dieu de toute éternité. Il a placé sa faveur sur vous avant la création du monde. Il vous a choisi quand il vous a vu dans votre condition impuissante. Il vous a choisi pour lui, inconditionnellement. Nous ne devrions pas être fiers de notre élection; ce serait très mal comprendre le sens du “sans condition”. Alors que nous n’avons rien fait pour nous recommander devant Dieu, il a mis sa faveur sur nous, librement » (p. 61).
Textes bibliques: Dt 7.7-8; Jn 8.47; 10.26; 18.37; Rm 8.28-33; 9.6-23; Ac 13.48; 1Co 1.23-24; Ép 1.3-6,11; Ap 13.8.
« L’expiation limitée, dans la Bible, exprime le fait que, dans la mort du Christ, Dieu a un projet particulier pour ses élus. Il ne leur fournit pas seulement une possibilité de croire et d’être sauvés, mais il fournit la foi elle-même. La conversion des élus de Dieu est achetée au prix du sang. La victoire sur notre mort et notre rébellion anti-Dieu n’est pas acquise par nos propres forces; sinon, nous obtiendrions le droit d’être sauvés. La grâce souveraine de Dieu vainc notre mort et notre rébellion. Et cette grâce nous est acquise par la mort du Christ » (p. 51-52).
« Dieu ne destine pas l’épouse de son Fils à se sentir seulement aimée d’un amour général, un amour pour le monde entier. Il la destine à être ravie d’un amour spécifique, qu’il plaçait déjà sur elle avant que le monde n’existe. Il veut que nous entendions cette parole bien ciblée: “Je t’ai choisi. Et j’ai envoyé mon Fils mourir pour te racheter.” Voilà ce que nous offrons au monde. Nous ne le gardons pas pour nous-mêmes. Et nous ne voulons pas rabaisser cette bonne nouvelle en disant que tout ce que nous avons à offrir au monde serait un amour général de Dieu pour le monde. Non, nous offrons un salut complet et clairement défini. Nous offrons Christ. Nous ne disons pas: “Viens vers une possibilité”, mais “viens à Christ ; reçois Christ” » (p. 52).
« Nous disons que sur la croix, Dieu avait en vue la rédemption réelle et effective de ses enfants de tout ce qui allait les détruire, y compris leur propre incrédulité. Et nous affirmons que quand Christ est mort spécifiquement pour son épouse, il n’a pas simplement créé une possibilité ou une chance pour être sauvé, mais il a réellement acquis, de façon sûre et infaillible, tout ce qui est nécessaire pour le salut, y compris la grâce de la régénération et le cadeau de la foi. Nous ne nions pas que Christ soit mort pour sauver tous les hommes, dans un certain sens (voir 1Tm 4.10)… Ce que nous nions, c’est que la mort de Christ ait pour tous les hommes le même sens » (p. 40).
« Voici le lien entre l’expiation et la nouvelle alliance: le sang de Jésus est le sang de l’alliance… Cela sous-entend que les promesses particulières de la nouvelle alliance en vue de créer un peuple de Dieu et de garder ce peuple sont précisément ce pour quoi Jésus est mort » (p. 44-45).
Textes bibliques: Mt 26.28; Jr 31.31-34; 32.39-41; Éz 11.19; 36.26-27; 1Co 11.25; Lu 22.20; Hé 9.15, 28; Jn 10.15, 26; 11.50-52; 17.6, 9,19; Ap 5.9; És 53.12; Ép 5.25-27; Rm 8.29-32.
« La doctrine de la grâce irrésistible ne dit pas que rien ne peut résister à toute influence du Saint-Esprit. Elle dit que le Saint-Esprit, en toute personne qu’il choisit, peut vaincre toute résistance et rendre son influence irrésistible… Cette résistance ne contredit pas la souveraineté de Dieu. Dieu la permet, et en devient vainqueur à chaque fois qu’il le décide » (p. 26).
« Si une personne devient assez humble pour se soumettre à Dieu, c’est parce que Dieu lui a donné une nouvelle nature, une humble nature. Si une personne conserve un cœur trop dur et trop fier pour se soumettre à Dieu, c’est parce que cette personne n’a pas reçu cet esprit bien disposé » (p. 27).
« En nous-mêmes, nous résistons autant à la grâce que Judas. La raison pour laquelle chacun de nous est venu à Jésus n’est pas que nous soyons plus intelligents, plus sages ou plus vertueux que Judas, mais que le Père a vaincu notre résistance et nous a conduits à Christ. Tous sont sauvés par une grâce irrésistible, une grâce infinie [Amazing Grace]! » (p. 30).
« Si Dieu accorde à l’homme la repentance, ce dernier ne peut résister, car le sens même du cadeau de la repentance est que Dieu a changé notre cœur et l’a rendu prêt à se repentir. Autrement dit, le cadeau de la repentance est la victoire sur la résistance, qui conduit à la repentance. C’est pourquoi nous appelons cette œuvre divine la “grâce irrésistible”. La résistance à la repentance est remplacée par le cadeau de la repentance. C’est ainsi que tous parviennent à la repentance » (p. 31).
Textes bibliques: Dn 4.35; Ps 115.3; Jb 42.2; Jn 1.12-13; 6.37, 44,64-65; 8.47; 10.15-16,27; 11.50-52; 18.37; Ac 16.14; Rm 9.14-21; 1Co 1.23-24; 2Co 4.4-6; 2Tm 2.24-25; 1Jn 5.1.
« Ceux qu’il a prédestinés, il les a aussi appelés; et ceux qu’il a appelés, il les a aussi justifiés; et ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés (Rm 8.30). Personne dans ce groupe n’est perdu. Ceux-là sont éternellement en sécurité. Mais la doctrine de la persévérance des saints signifie encore plus que cela. Elle signifie que les saints doivent persévérer dans la foi et l’obéissance, qui viennent de la foi. L’élection est sans condition, mais ce n’est pas le cas de la glorification. Les Écritures avertissent à plusieurs reprises que ceux qui ne s’attachent pas fidèlement au Christ courent le danger d’être perdus à la fin » (p. 63).
« Nous ne prenons pas à la légère l’appel à la persévérance. Ce n’est pas parce qu’une personne a professé la foi en Christ que nous pouvons être assurés, de notre perspective, qu’elle est hors d’atteinte de l’adversaire. Il y a un combat de la foi à mener. Les élus mèneront ce combat. Et par la grâce souveraine de Dieu, ils le remporteront. Nous devons perdurer jusqu’à la fin dans la foi si nous sommes appelés à être sauvés » (p. 63-64).
« Persévérer dans la foi ne signifie pas que les saints ne traverseront jamais des saisons de doute, de ténèbres spirituelles ou d’incrédulité mesurée dans les promesses et dans la bonté de Dieu… Ce que nous disons cependant, lorsque nous disons que la foi doit persévérer jusqu’à la fin, est que nous ne devons jamais arriver jusqu’à renier le Christ si durement que nous ne pourrions jamais revenir en arrière, et prouver par-là que nous aurions été hypocrites dans la profession de notre foi… Il est [cependant] possible de se repentir et de revenir. Ce processus d’errance puis de retour est inclus dans la “persévérance des saints” (voir Jc 5.20; 1Jn 1.8-9; 5.16-17) » (p. 65-66).
« Les avertissements et les exhortations [de Dieu] sont là pour aider les saints à persévérer. Ils entendent les avertissements et y prêtent attention; ce faisant, ils attestent une foi humble et bonne » (p. 70).
« La persévérance n’est pas une vaccination, mais une thérapie à long terme, au cours de laquelle le divin médecin vous accompagne jusqu’au bout. Il ne nous abandonnera jamais (Hé 13.5). Voilà comment nous persévérons. Voilà quelle est notre assurance » (p. 73).
« Les élus seront sauvés à la fin, de façon sûre, dans une gloire éternelle. Est-ce que cela implique que Dieu ne se soucierait pas du ministère pour le monde, pour attirer les personnes auprès de lui? Non. Dieu le considère au contraire comme essentiel. Et la raison pour laquelle cela ne sape nullement l’assurance du salut est que Dieu est souverain autant sur les moyens que sur la fin » (p. 75).
Textes bibliques: Jr 32.40; Mt 13.20-22; Mc 13.13; Lc 8.9-14; Jn 10.27-30; Rm 8.30; 1Co 1.8-9; 15.1-2; Col 1.21-23; Ph 1.6 ; 3.12; 1Th 5.23-24; 2Tm 2.10-12; Hé 3.12-13; 12.15-17; 13.20-21; 1P 1.5; 2P 1.3-11; 1Jn 2.19; Jd 24-25; Ap 2.7.
Article traduit avec autorisation. Merci à Cédric Jung pour la traduction.