Mon livre préféré sur l’hospitalité est The Gospel Comes with a Housekey: Practicing Radically Ordinary Hospitality in Our Post-Christian World (« L’Évangile entre avec une clé de maison: pratiquer une hospitalité radicalement ordinaire dans notre monde post-chrétien ») de Rosaria Butterfield.
L’une de ses citations les plus mémorables est la suivante:
Ceux qui vivent une hospitalité radicalement ordinaire ne considèrent pas du tout leur maison comme la leur, mais comme un don de Dieu à utiliser pour l’avancement de son royaume. Ils ouvrent les portes, ils cherchent les défavorisés, et savent que l’Évangile est accompagné d’une clé de maison. Ils prennent au sérieux la théologie biblique, ainsi que les credos, les confessions et les traditions chrétiennes.
Son propre témoignage démontre la puissance de l’hospitalité. Elle était professeure d’université et militante lesbienne radicale. Elle a publié dans le journal de sa ville un article dénonçant la misogynie et l’intolérance des évangéliques, puis elle a reçu une lettre d’un pasteur local, l’invitant à manger chez lui. À l’époque, elle travaillait à la rédaction d’un livre dénonçant les évangéliques et leur attitude bigote à l’égard de la communauté LGBTQ+. Elle a donc considéré la rencontre avec un leader du mouvement comme une source de recherche gratuite.
Au lieu de cela, elle a découvert une amitié inattendue avec Ken et Floy Smith. Grâce à leur hospitalité et à leur amour, elle a été éveillée à une amitié qu’elle n’avait jamais anticipée avec son Créateur et Rédempteur, le Seigneur Jésus-Christ. Les chrétiens n’avaient pas une bonne réputation au sujet de l’hospitalité dans la communauté LGBT. Cette communauté, explique-t-elle, est caractérisée par l’hospitalité, dans laquelle une maison est ouverte chaque soir pour la camaraderie, l’aide, le soutien et la connexion.
En revanche, les chrétiens semblent être au régime de famine de la communauté. Si nous, chrétiens, voulons entrer dans la vie de nos voisins de manière significative, nous devons nous engager dans l’hospitalité. Et cela peut prendre des formes plus organiques que celles que nous utilisons traditionnellement. Nous devons nous préparer à être plus vulnérables en tant qu’hôte et invité.
Le thème biblique de l’hospitalité court de la Genèse à l’Apocalypse. Et notre modèle ultime d’hospitalité est Dieu lui-même! Nous voyons pour la première fois son hospitalité en action dans Genèse 1 et 2, dans le jardin d’Eden, lorsqu’il prépare une magnifique demeure pour nos premiers parents et les accueille dans sa présence divine. Ce temple-jardin représente la demeure de Dieu sur terre, et il est plus beau que tout ce que le meilleur décorateur d’intérieur aurait pu concevoir.
Nous pouvons suivre le fil de ce thème de théologie biblique en avançant de quelques chapitres jusqu’à Genèse 12 et 15, où nous trouvons l’alliance abrahamique. Dans cette alliance, Dieu promet au patriarche sans enfant de faire de lui une grande nation, de bénir toutes les nations par son intermédiaire et de lui donner une terre à lui. Tout comme dans le jardin, Dieu recommence à zéro en créant une nation à part, dans un lieu qu’il aura préparé pour elle.
Dans l’Exode, nous constatons que le petit clan des fils de Jacob s’est multiplié dans un pays étranger à bien des égards, comme l’accomplissement de la promesse faite par Dieu à leur patriarche Abraham. Mais le Pharaon les considère comme une menace et les réduit en esclavage. Lorsque l’Éternel délivre les Hébreux de leur esclavage en Égypte, il les rencontre dans le désert et leur donne sa sainte Loi. L’une des premières instructions après la transmission des 10 commandements est la suivante:
Tu ne feras pas tort à un étranger et tu ne l’opprimeras pas, car vous avez été étrangers dans le pays d’Égypte.
– Ex 22.21
Et plus tard, dans l’amplification de cette pensée dans le Lévitique, le Seigneur donne le commandement suivant:
Tu traiteras l’étranger qui séjourne chez toi comme l’indigène d’entre vous, et tu l’aimeras comme toi-même, car vous avez été étrangers au pays d’Égypte: Je suis l’Éternel, ton Dieu.
– Lv 19.34
Dieu veut que l’histoire d’oppression des Israélites alimente leur amour et leur accueil des étrangers parmi eux. Pour les croyants de la nouvelle alliance, cela implique que nos églises et nos foyers doivent être des lieux de refuge et d’accueil pour les étrangers, pour ceux qui sont en marge de la société.
La majeure partie de la seconde moitié du livre de l’Exode est consacrée au plan de Dieu pour la maison qu’il veut que le peuple d’Israël lui construise, afin qu’il puisse faire sa demeure parmi eux et les accueillir en sa présence. C’est parce qu’il est saint et qu’il veut que son peuple démontre sa crainte et son amour pour lui de la manière dont il lui prépare un lieu de rencontre et de communion. Ce qui est remarquable, c’est que tous les éléments essentiels d’une maison confortable sont là: une table, une lampe, du pain, de l’encens, et même de la lecture passionnante dans les tables de la loi! Une fois encore, nous voyons l’hospitalité de Dieu en action!1
Il y a tant de choses à dire sur le thème de l’hospitalité dans l’Ancien Testament. Je pense à Ruth et Naomi, et à la bienveillance de Boaz envers ces chères femmes en marge de la société. Ou je pense à la parole du Seigneur adressée à Ésaïe concernant le véritable jeûne que le Seigneur désire. Ce ne sont là que deux exemples parmi tant d’autres.
Si nous nous tournons vers le Nouveau Testament, et plus précisément vers l’incarnation, nous voyons dans Jean 1.14 que la Parole s’est faite chair et a fait sa demeure parmi nous. Le terme grec pour « demeurer » signifie littéralement « planter sa tente parmi nous ». Comme l’Éternel l’a fait dans le tabernacle de l’Ancien Testament, Christ le fait dans le Nouveau Testament. Cette fois, ce n’est pas à travers une nuée le jour et une colonne de feu la nuit, mais dans la chair et le sang! Tout au long de son ministère terrestre itinérant, Christ rencontre les gens dans leurs maisons, rompt le pain avec eux et apporte la gloire même de Dieu au milieu d’eux. Ainsi, il donne et reçoit l’hospitalité. Quelle pensée merveilleuse à considérer!
Si nous avançons rapidement jusqu’à la mort, la résurrection et l’ascension de notre Seigneur, nous devons nous poser la question suivante: « Que fait Jésus maintenant? » Il règne sur l’univers en tant que Seigneur et Roi souverain. Il intercède pour nous (Rm 8.34). Et il est aussi en train de préparer une place pour nous! (Jn 14.3). L’image est celle d’un époux qui prépare sa maison pour accueillir son épouse. Nous voyons l’accomplissement de cette promesse dans Apocalypse 21-22, alors que Jean voit la Nouvelle Jérusalem descendre du ciel, la maison glorieuse que le Christ a préparée pour son Épouse, l’Église.
Nous vivrons avec Dieu dans la chair et le verrons face à face pour toujours! Il est difficile d’imaginer à quoi cela ressemblera, car la Bible nous parle davantage de ce qui n’y sera pas que de ce qui y sera – pas de temple, pas de mer, pas de nuit, pas de soleil, pas de lune, pas de péché, pas de malfaiteurs, pas de larmes, pas de deuil, pas de douleur, pas de mort. Mais ce qui est clair, c’est que Christ nous accueillera dans notre demeure éternelle dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre – l’acte d’hospitalité final et sans fin de Dieu. Je ne peux guère attendre!
1 Timothée 3.2 et Tite 1.8 nous disent que Dieu exige des anciens qu’ils soient hospitaliers. Romains 12.13 et 1 Pierre 4.9 commandent à tous les croyants d’offrir l’hospitalité. Hébreux 13.2 ajoute qu’en agissant ainsi, certains ont accueilli des anges à leur insu!
L’hospitalité radicalement ordinaire caractérise ceux qui ne sont pas gênés par les différentes visions du monde représentées à la table à manger. Les personnes véritablement hospitalières ne sont pas dérangées par le fait de garder des liens d’amitié avec des personnes différentes.
Nous pensons souvent que l’hospitalité consiste exclusivement à inviter les autres dans notre maison. Mais je crois que la Bible a quelque chose à nous apprendre sur la façon de recevoir l’hospitalité. Lorsque Jésus a envoyé ses disciples prêcher, il leur a dit de rester au même endroit, plutôt que de se déplacer d’une maison à l’autre (Lc 10.5-9). J’ai toujours trouvé ces mots déroutants jusqu’à ce que j’entende Nick, mon pasteur, prêcher à partir de ce passage.
Il en a expliqué le sens en donnant l’illustration suivante: imaginez que vous soyez un missionnaire en déplacement, et que je vous invite chez moi. Après quelques nuits, vous entendez dire que mon amie Valérie est une bien meilleure cuisinière, une meilleure ménagère et une meilleure conteuse. Vous décidez donc d’améliorer votre séjour et de demander à être transféré chez elle. C’est en gros ce contre quoi Jésus met ses disciples en garde ici. La leçon à retenir est le contentement. Soyez reconnaissants de ce que vous recevez plutôt que de comparer.
L’été dernier, alors que j’étais en voyage missionnaire avec ma famille, j’ai passé sept semaines à recevoir l’hospitalité. Nous avons emprunté des voitures, des maisons, et nous avons été hébergés chez des amis. Voici quelques leçons que j’ai apprises sur la façon de recevoir l’hospitalité.
Ceci est un sujet tellement vaste, et nous n’avons fait qu’effleurer la surface. L’essentiel est que « nous aimons parce qu’il nous a aimés le premier ». (1 Jn 4.19). L’idée de l’hospitalité vous intimide-t-elle? Elle peut être décourageante si vous avez pris de mauvaises habitudes depuis mars 2020 et que vous vous êtes enfermé dans votre maison. Mais avec l’aide de Dieu, nous pouvons progresser, nous pouvons ouvrir nos maisons et nos cœurs à ceux qui nous entourent. Je vous laisse avec ce dernier encouragement de Butterfield:
L’hospitalité radicalement ordinaire et quotidienne est l’élément de base d’une vie chrétienne vitale. Commencez n’importe où. Mais commencez quand même.
1Pour en savoir plus à ce sujet, je recommande vivement la présentation de Jonathan Spencer sur TPSG « 1h pour comprendre Exode ».
webinaire
Est-ce que ma vie chrétienne est "normale"?
Ce replay du webinaire de Dominique Angers a été enregistré le 21 Octobre 2021.
Orateurs
D. Angers