Pourquoi Dieu a-t-il attaqué Moïse?

Colère de DieuTextes difficilesPentateuqueHistoire du SalutThéodicée

Une histoire mystérieuse de l’Exode

Un étrange épisode soulève plusieurs questions auxquelles nous ne pouvons répondre aisément plus de 3 000 ans après les faits. Nous ignorons un certain nombre de choses au sujet des événements racontés aux versets 24 à 26:

  • Nous ignorons qui Dieu a attaqué. De nombreuses versions du verset 24 présentent les faits de cette manière: « Pendant le voyage, à l’endroit où ils passaient la nuit, l’Éternel l’attaqua et chercha à le faire mourir » (S21). Qui est ce « le »? Le texte n’indique pas clairement si Dieu allait tuer Moïse ou Guershom. C’est vrai que le fils de Moïse n’est mentionné qu’à partir du verset 25, ce qui laisse entendre que « le » désignerait plutôt Moïse.
  • Nous ignorons de quelle manière Dieu s’apprêtait à le tuer. Une convulsion soudaine? Une maladie foudroyante? L’attaque d’un ange?
  • Nous ignorons pourquoi Dieu voulait le tuer. Il semblerait que ce soit en lien avec la circoncision. Moïse était peut-être incirconcis et Guershom est donc circoncis à sa place. Les « pieds » (Ex 4.25) pourraient bien être un euphémisme qui renvoie aux parties génitales. Les parents de Moïse l’avaient pourtant caché durant trois mois lorsqu’il n’était qu’un nouveau-né, avant que la fille du pharaon ne le découvre. Ils avaient donc eu largement le temps de le circoncire (même s’ils ont peut-être fait tarder la chose pour éviter d’être repérés). Le problème vient plus vraisemblablement de Guershom, qui n’aurait pas été circoncis.
  • Nous ignorons comment Séphora a su ce qu’il fallait faire. Sans doute un élément de révélation divine, mais il existe une autre option, en lien avec la question qui suit.
  • Nous ignorons pourquoi Guershom n’était pas circoncis. Les Madianites ne circoncisaient peut-être que les adultes, et Moïse se serait adapté aux habitudes de cette culture. Mais Séphora l’avait persuadé de ne pas circoncire son enfant car elle en aurait été offensée. Ce qui expliquerait que Séphora savait quoi faire, au verset 25. Autre hypothèse: Moïse, élevé à la cour d’Égypte, trouvait la circoncision répugnante.
  • Nous ignorons si les paroles de Séphora ont été dites avec amour ou colère. Au verset 25, elle s’exprime peut-être avec amour: « Tu es d’abord devenu mon mari par notre mariage; maintenant, tu échappes à la mort et je te reçois à nouveau comme mon mari, mais cette fois au travers du sang ». Mais on peut aussi penser qu’elle s’exprime avec colère: « J’ai été contrainte de circoncire mon enfant: notre union est donc entachée de sang ». Le verbe « toucher » dans le texte original peut tout aussi bien être traduit par le verbe « jeter », ce qui suggère une certaine virulence (à moins qu’elle ne se soit dépêchée de le « toucher » car la mort arrivait). En Exode 18.2, il est dit que Moïse avait renvoyé Séphora chez elle: leur mariage avait-il connu une déchirure suite à cet épisode? L’emploi du mot « époux » rappelle que la circoncision est un reflet du mariage. Comme le mariage, la circoncision (et dans la nouvelle alliance, le baptême) est un symbole de l’amour et de l’engagement au sein de l’alliance.

Nous ignorons effectivement bien des choses! Concentrons-nous donc sur ce que nous savons. Dieu vient de tracer une ligne rouge entre son premier-né et celui de l’Égypte. Et nous sommes en train de nous acheminer vers le moment fatidique où l’Égypte perdra tous ses premiers-nés pour avoir refusé de laisser aller le premier-né de Dieu. La ligne tracée par Dieu est claire et nette. D’un côté, la grâce et la vie; de l’autre, le jugement et la mort. Il n’existe pas de juste milieu, il n’y a pas de troisième option.

La circoncision était le signe de l’alliance de Dieu avec son peuple. Au sein de cette alliance se trouvent la grâce et la vie. En dehors de l’alliance, c’est le jugement et la mort. Mais le propre fils de Moïse est incirconcis et donc du mauvais côté de la ligne! Visiblement, Moïse traitait son premier-né comme un Égyptien ou un Madianite, et non comme faisant partie du peuple premier-né de Dieu. Moïse se comportait en Madianite ou en Égyptien, et non comme un membre du peuple de l’alliance de Dieu. L’attaque de Dieu sur Moïse (ou Guershom) préfigure son attaque de l’Égypte. Le seul espoir, c’est de franchir la ligne rouge: ce que fait Séphora en circoncisant Guershom (ou Moïse).

Cette ligne rouge traverse toute l’histoire de l’humanité. Elle conduit au jour du jugement. Ce jour-là, elle sera plus importante que toute autre chose car d’un côté, ce sera grâce et vie éternelles, de l’autre, ce sera jugement et mort éternels. Ce qui compte, c’est de savoir si vous faites ou non partie du peuple de l’alliance de Dieu. On devient membre de cette alliance par la foi (comme depuis toujours). Par contre, le signe de cette alliance a changé: c’était autrefois la circoncision; c’est aujourd’hui le baptême. Le baptême a remplacé la circoncision car l’image d’une purification par le sang versé est devenue parfaite réalité dans le sang purificateur de Jésus. Paul écrit donc en Colossiens 2.11-12:

C’est aussi dans l’union avec lui que vous avez été circoncis, non d’une circoncision opérée par les hommes, mais de la circoncision que demande Christ et qui consiste à être dépouillé de ce qui fait l’homme livré à lui-même. Vous avez été ensevelis avec Christ par le baptême, et c’est aussi dans l’union avec lui que vous êtes ressuscités avec lui… Le baptême est désormais le signe indiquant que vous avez franchi la ligne. En Christ, nous sommes en sécurité car il est l’accomplissement de toutes les promesses de Dieu, par le sang. Et c’est ce qui s’est passé pour la famille de Moïse en route pour l’Égypte, un événement qui dévoilait en quelque sorte qui est Dieu et quelles sont les promesses par lesquelles il s’est engagé à sauver et bénir son peuple.

Réfléchir pour agir

1. Dieu nous a donné deux signes qui valident son existence et son caractère: la croix et le tombeau vide. En quoi cela devrait-il orienter notre manière de partager notre foi avec des non-croyants?

2. Dieu nous a donné une bouche et il nous vient en aide lorsque nous nous exprimons. En quoi cela pourrait-il changer notre manière de partager notre foi et la fréquence avec laquelle on s’y applique?

3. Avez-vous besoin d’être baptisé? Et si vous l’êtes, de quelle manière l’histoire de la circoncision de Guershom peut-elle vous rappeler le sens de votre propre baptême?


Ndlr: Cet article est un extrait du nouveau commentaire biblique Exode pour toi, de Tim Chester.

Tim Chester

Tim Chester est auteur, enseignant, formateur et implanteur d'Eglises. Il a beaucoup écrit sur la prière, la mission, les questions sociales et la théologie. Tim est marié à Helen et ils ont deux filles.

Ressources similaires

webinaire

COCA: une méthode simple pour comprendre et appliquer la Bible

Découvre ce replay du webinaire de Stéphane Kapitaniuk enregistré le 13 octobre 2016.

Orateurs

S. Kapitaniuk