Si la Bible est si claire, pourquoi il y a autant d’interprétations différentes?

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Si la Bible est si claire, pourquoi tant d’interprétations? Est-ce que le postmodernisme a raison? Est-ce que le sens n’existe pas? Peut-on vraiment affirmer ce que dit l’Écriture si nous sommes si souvent en désaccord? Dans une récente conférence, Kevin DeYoung donne 10 pistes pour mieux comprendre cet éventail d’interprétations, que je vous résume dans cet article.

D’abord, nous devons le reconnaitre, plusieurs interprétations existent, toutes s’appuient sur la Bible. DeYoung donne l’exemple du « baptême pour morts. » (1Co 15.29) Comment faire quand on a autant d’interprétations sur les mêmes passages?

Cette pluralité d’interprétations sert même ceux qui remettent en cause le message du christianisme et la fiabilité de la Bible: « C’est juste ton interprétation » ou « regarde toutes les dénominations. »

1. Nous devons bien comprendre la suffisance des Écritures

Westminster 1.6:

Tout le Conseil de Dieu, c’est-à-dire tout ce qui est nécessaire à la gloire du Seigneur ainsi qu’au Salut, à la foi et à la vie de l’homme, est expressément consigné dans l’Écriture ou doit en être déduit comme une bonne et nécessaire conséquence.

La Bible ne nous dit pas tout sur tout. Elle ne nous dit pas comment faire la vidange de notre voiture… Parfois, les différences sont sur des implications ou des sujets dont la Bible ne parle pas. Nous devrions avoir l’humilité de dire, sur bien des sujets, que la Bible ne donne pas toutes les réponses. Nous devons utiliser notre raison et notre sagesse éclairée.

2. Nous devons bien comprendre la clarté des Écritures

Westminster 1.7:

Tout dans l’Écriture n’est pas également évident, ni également clair pour tous (2 P 3.16). Cependant, ce qu’il faut nécessairement connaître, croire et observer en vue du salut est si clairement exposé et révélé dans tel ou tel autre passage de l’Écriture que l’ignorant, et pas seulement l’homme cultivé, peut, sans difficulté, en acquérir une compréhension suffisante (Ps 119.105,130).

Quand nous affirmons croire dans la clarté de l’Écriture, nous ne disons pas que n’importe qui peut comprendre facilement la Bible du premier coup. Tout n’est pas clair, mais l’essentiel est clair. Nous devons étudier, creuser.

C’est ce que dit Pierre en 2P 3.16:

C’est ce qu’il fait dans toutes les lettres où il parle de ces sujets, et où se trouvent des passages difficiles à comprendre, dont les personnes ignorantes et mal affermies tordent le sens, comme elles le font du reste des Écritures, pour leur propre perdition.

Pierre reconnait que certains passages ne sont pas clairs. Mais il affirme que même ces passages difficiles peuvent être mal interprétés! Admettre les difficultés ne doit pas nous amener dans une impasse épistémologique.

3. Nous devons bien comprendre le Sola Scriptura

Sola Scriptura n’est pas Solo Scriptura: nous n’interprétons pas la Bible sans les confessions de foi et sans jamais ouvrir de livres. Nous pouvons apprendre de ceux qui nous ont précédés. Nous ne prétendons pas recommencer tout de zéro. On ne peut pas effacer 2000 ans d’histoire de l’Église et de l’interprétation, ce n’est pas possible.

Sola Scriptura ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’autre autorité que la Bible (parents, anciens, état), nous disons que l’Écriture est l’autorité suprême et finale. À la fin, toutes nos confessions de foi, tout ce que nous croyons doit être filtré à la lumière de la Parole.

4. Nous devons bien comprendre l’histoire de l’Église

En 2000 ans d’histoire de l’Église, on trouvera bien des exemples de personnes qui croyaient de mauvaises choses. Mais certains qui se trompent ne doit pas définir 1) ce que la Bible dit et 2) ce que d’autres croient.

5. Nous ne devons pas exagérer nos différences

Si on prenait les dénominations qui croient la même chose sur la Bible: SCAN (Suffisante, Claire, Autorité, Nécessaire), il y aurait toujours des différences, mais il y aurait encore plus en commun. Et ce qui nous rassemble relève de sujets plus fondamentaux que ce qui nous divise.

Les différentes dénominations ont souvent des origines historiques. Le fait qu’il existe différentes dénominations ne signifie pas qu’elles ne croient pas la même chose. Preuve en est que nous chantons de nombreux chants communs, qui montrent notre doctrine commune.

6. Nous devons reconnaitre que le pluralisme d’interprétations a toujours existé et a toujours été un problème

Ce problème n’est pas que celui des chrétiens, mais celui des êtres humains. DeYoung donne l’exemple d’Abraham Lincoln: on lui a toujours enseigné qu’il était un excellent président, mais plus tard, il rencontra des personnes pour qui Lincoln était le pire des présidents.

DeYoung donne aussi l’exemple de la science: des thèses sont publiées et ensuite critiquées, font place à de nouvelles thèses… Les différentes interprétations sur un même sujet se contredisent et s’alimentent. Dans tous les champs de recherche, on trouve une pluralité d’interprétations. Ce n’est pas limité à la Bible, mais aux humains.

7. Nous devons faire la différence entre le sens et les implications

Pour un même passage, on pourra trouver plusieurs implications, plusieurs manières de l’appliquer. Différentes prédications pourront souligner plusieurs implications. Cela ne veut pas dire que nous ne sommes pas d’accord sur le sens du passage, mais seulement que nous le regardons sous des angles différents.

8. Les chrétiens arrivent à des interprétations différentes pour différentes raisons

Parfois, nous ne sommes pas d’accord parce que nous n’avons pas assez regardé le texte; parfois nous sommes trop attachés à notre propre tradition. Parfois c’est à cause du péché; nos facultés ont été affectées par la chute. Parfois, une personne a simplement tort, et l’autre raison.

Mais même si des spécialistes ont des vues différentes, il y aura toujours quelqu’un pour ne pas être d’accord, même sur des points majeurs. Il en va de notre devoir et de notre privilège de creuser la Parole et de l’étudier.

9. Nous devons nous rappeler qu’à un moment, tout le monde dira que l’Écriture est claire sur un sujet, que les autres soient d’accord ou pas.

À un moment, chacun affirme que la Bible est claire sur un sujet. Même ceux qui disent que toutes les interprétations se valent affirmeront quelque chose d’une manière absolue. Toujours sur un sujet qui leur tient à cœur.

10. Nous devrions avoir la même confiance que Jésus concernant la Bible

Mt 18.3-9

Les Pharisiens l’abordèrent et dirent pour l’éprouver: Est-il permis (à un homme) de répudier sa femme pour n’importe quel motif? Il répondit: N’avez-vous pas lu que le Créateur, au commencement, fit l’homme et la femme et qu’il dit: C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme, et les deux deviendront une seule chair. Ainsi ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Que l’homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni. Pourquoi donc, lui dirent-ils, Moïse a-t-il commandé de donner (à la femme) un acte de divorce et de (la) répudier. Il leur dit: C’est à cause de la dureté de votre cœur que Moïse vous a permis de répudier vos femmes; au commencement, il n’en était pas ainsi. Mais je vous dis: Quiconque répudie sa femme, sauf pour infidélité et en épouse une autre, commet un adultère.

Le contexte indique qu’il y avait une pluralité d’interprétations concernant le divorce. Mais Jésus va affirmer ce que la Bible dit. Quand Jésus cite la Genèse, il peut affirmer: « Ceci est ce que Dieu a ordonné ». Tout ce que dit la Bible est Parole de Dieu.

Conclusion

La question n’est pas premièrement épistémologique, mais d’abord théologique. La question est: « Que croyons-nous à propos de Dieu? Quelle sorte de Dieu est-il? »

Et si Dieu avait parlé? Est-ce que notre Dieu veut se faire connaitre? Nous avons un Dieu qui veut se faire connaitre, qu’on peut aimer, adorer, et qui nous sauve. Dieu peut nous ouvrir les yeux, il veut se faire connaitre.

Pour regarder la conférence en anglais:

Matthieu Giralt

Matthieu Giralt est cofondateur du ToutPourSaGloire.com. Il est pasteur dans l’Est de la France. Il est titulaire d’un DNSEP de l’École des Beaux-Arts de Bordeaux, et d’un Master de recherche de la Faculté Jean Calvin. Il est le mari d’Alexandra, ils ont deux fils.

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