Un pasteur vous répond

Un chrétien peut-il se suicider? (Épisode 1)

SouffranceSuicide

Nous n’avons pas d’autorisation de votre part pour l’utilisation de services tiers (YouTube, Spotify, SoundCloud, ConvertKit, …) depuis toutpoursagloire.com. Cette autorisation est nécessaire pour une expérience complète sur notre site. Vous pouvez les accepter en appuyant sur le bouton ci-dessous

Accepter

Publié le

03 oct. 2015

Un pasteur vous répond: le podcast de Florent Varak qui t’aide à mieux comprendre la Bible, une question à la fois.

Tu veux poser une question?

Si tu as une question adressée à Florent Varak, commence par consulter la liste des podcasts existants ici et si le sujet n’a pas encore été traité, tu peux poser ta question à l’adresse: contact@toutpoursagloire.com.

Transcription:

Cette transcription vous est proposée par les bénévoles de Toutpoursagloire.com. Nous cherchons à garder le style oral des épisodes pour ne pas déformer les propos des intervenants. De même, nous rappelons que ces transcriptions sont une aide, mais que les paroles de l’auteur (podcast et vidéo) restent la référence. Cependant, n’hésitez pas à nous signaler toutes erreurs ou incohérences dans cette transcription. Merci d’avance.

La question est posée:

Quelqu’un qui se suicide est-il condamné d’après la Bible? Est-ce possible qu’un chrétien se suicide ou que quelqu’un crie à Christ avant de se suicider?

Alors, la question est évidemment très douloureuse, notamment pour ceux qui ont côtoyé des amis, des membres de la famille qui se sont suicidés. Ce sont des situations hélas trop fréquentes, et j’espère en tout cas qu’en répondant à cette question, je peux apporter un brin de perspective biblique, et que ceux qui m’écoutent ne se sentent pas coupables, parce que c’est avant tout la décision d’un homme, d’une femme et que l’on est chacun responsable des choix que nous faisons, des décisions que nous prenons, et il ne faut surtout pas imaginer que l’on est capable parfois de renverser les choses décidées dans le secret des cœurs.

C’est vrai que la question se pose parce que dans la Bible, il y a 6 suicidés, et ils n’ont pas bonne presse. Rien n’indique qu’ils avaient véritablement marché avec Dieu, donc ça souligne un peu la difficulté de cette question. On trouve Abimélek qui est grièvement blessé et qui se fait donner la mort afin de sauver son honneur, c’est le premier. On trouve également Saül qui, pour les mêmes raisons, pendant le combat, alors qu’il est blessé, demande à son écuyer de le tuer. Finalement, son écuyer ne le fera pas, il se suicidera et l’écuyer le suivra, ce qui d’ailleurs nous mène à faire très attention: le suicide est contagieux, et lorsqu’il y a dans une famille la perspective qu’on peut sortir d’un problème par le suicide, d’autres suivent. Donc, c’est quelque chose d’important de réfléchir par rapport à soi-même, les influences que l’on a eues, mais aussi les influences que l’on va donner.

Il y a également Ahitophel qui était déçu de la vie, qui n’avait pas été suivi; il avait donné un avis à Absalom et cet avis n’a pas été suivi. Il est allé se retirer pour prendre sa vie: et enfin Zimri, et puis bien sûr Judas. Des personnages qui n’ont pas brillé par une vie spirituelle très profonde et cela suscite l’interrogation de cette question.

Avant d’y répondre plus directement, je voudrais faire deux remarques de contexte en quelque sorte, théologique en tout cas.

Qu’est-ce que le suicide? D’un point de vue biblique, c’est un meurtre, et le meurtre va à l’encontre des dix commandements. C’est un meurtre contre soi-même, mais il faut le voir ainsi comme une transgression de la loi de Dieu, comme un péché, comme un meurtre. Alors, si on reposait la question: est-ce qu’un chrétien, un homme qui marche avec Dieu peut commettre un meurtre? Hélas, de ce côté -ci de l’éternité, la réponse est oui. Nous avons David qui commet un meurtre et bien plus. C’est assez terrible, le chemin de vie de David à un certain moment donné. Et donc on est capables, malheureusement, en tant qu’être humain racheté, de commettre le pire.

Cependant, nous constatons dans la vie de David qu’il a pu se repentir, qu’il a pu prendre du recul sur les actes qu’il avait commis, et qu’il a donné une marque d’une marche avec Dieu par une contrition vis-à-vis de son acte, par une repentance, une vie renouvelée, un chemin différent de ce qu’il avait pu prendre. Mais on remarque à la fois que c’est un péché, et les chrétiens sont capables de pécher, y compris jusqu’au meurtre, sachant que Dieu jugera comme il l’entend ceux et celles qui, parmi ses enfants, se sont comportés d’une manière aussi terrible.

Deuxième remarque: qu’est-ce que le salut? Le salut, c’est d’avoir été adopté par Dieu, c’est le fait d’avoir répondu à l’amour de Dieu manifesté en Christ par la foi et par la confiance et par une marche qui reflète cette communion avec Dieu. Alors lorsque quelqu’un vient à Christ, il ne vient pas à Christ spontanément, il entre dans une histoire qui a commencé bien avant la fondation du monde.

Éphésiens chapitre 1 nous dit que Dieu nous a élus avant que le monde existe. Donc un chrétien, c’est quelqu’un qui a saisi la main de Dieu en répondant à cette main tendue, et plus que tendue, en Dieu. À ce titre, un disciple de Christ ne peut pas perdre son statut d’adopté de Dieu; il ne peut pas perdre son salut. Je sais qu’il y a beaucoup de confusion sur cette question, mais ça, ce serait une question pour plus tard. Un véritable disciple de Christ ne peut pas perdre son salut.

Et donc, s’il est vraiment en Christ et qu’il commet un acte aussi terrible que le suicide, il sera sauvé, sera peut-être le plus petit dans le Royaume de Dieu, mais il sera sauvé en vertu d’un acte bienveillant de Dieu, qui est au-delà de sa capacité en tant qu’être humain à maintenir. Dieu donne un salut plein et complet à l’individu qui est élu de Dieu et qui répond par une foi et une marche conséquente.

Le problème est le suivant: quelqu’un qui se suicide, personne ne peut attester autour de lui d’une véritable repentance qui peut avoir lieu dans les dernières secondes qui précèdent la mort. Personne ne peut savoir ce qui se passe dans le cœur, et donc ça crée un malaise certain sur l’assurance qu’on peut avoir vis-à-vis de telle ou telle personne qui a été suicidée. Parce qu’on peut être confrontée à deux possibilités: soit l’individu était réellement chrétien et il est passé par un temps d’égarement qui a fait qu’il a pris sa vie, mais il demeure bien entendu sauvé, même si ce sera une tristesse, je pense, pendant le début de l’éternité, en tout cas de ne pas avoir manifesté sa confiance en Dieu qui pouvait l’aider au travers de la circonstance difficile qu’il a voulu fuir par le suicide.

Mais cela peut être aussi une autre situation, la situation d’une personne qui a prétendu être chrétienne et qui a marché au milieu des chrétiens, peut-être participé à la vie de l’Église pendant quelques temps, mais qui n’a jamais été authentiquement sauvé, qui n’a jamais été authentiquement un enfant de Dieu, et qui dans ce temps de découragement révèle qu’elle n’a pas de foi substantielle, qu’elle n’a pas confiance réelle en Dieu. Il appartient vraiment dans ce genre de situations de laisser les questions en suspens. On n’a pas les réponses, on ne connaît pas les cœurs, on ne peut pas dire que telle personne est sauvée et que telle personne ne l’est pas, surtout dans de telles circonstances: on peut juste chercher à réconforter ceux et celles qui sont autour, chercher aussi à éviter la contagion du suicide, chercher également à souligner qu’un chrétien authentique, même s’il commettait un acte aussi tragique, aussi terrible et aussi irréparable que le suicide demeure sauvé parce que c’est ça la grâce de Dieu: si nous sommes infidèles, lui demeure fidèle.

Et que ce sera l’occasion pour nous tous de célébrer, quand on sera avec le Seigneur, que Dieu était fidèle malgré nos nombreuses infidélités qui ne se manifestent pas toutes par des actes aussi terribles que le suicide, mais par bien d’autres infidélités envers Dieu dont nous faut également nous repentir et progresser pour pouvoir plaire à Dieu. Je me souviens que cette question m’a été posée par un ami qui vivait ou qui a vécu dans les années les plus difficiles de la dictature roumaine et il me rapportait qu’une sœur, en tout cas une membre de l’Église qui avait été torturée une première fois, que cela avait été particulièrement terrible, s’était suicidée avant d’être reprise par la police parce qu’elle ne pouvait imaginer passer par une seconde saison de torture. Et il me demandait un peu le cœur lourd, ce que je croyais, ce que je pensais de cette situation, et je crois qu’il faut être très prudent, parce que dans sa tradition à lui, il pensait qu’un suicidé ne pouvait pas entrer dans le Royaume de Dieu parce qu’il perdait par là- même son salut. Mais il faut bien comprendre ce qu’est le péché, ce qu’est le suicide et ce qu’est le salut pour répondre de façon un peu plus nuancée. Voilà, j’espère avoir été à la hauteur de la question qui est si terrible et si touchante, et qu’en tout cas cela a apporté une perspective sur cette question.