La question qui nous est parvenue fait suite à la réponse de Florent dans l'épisode 1: "Un chrétien peut-il se suicider?" La Bible nous dit que les meurtriers n'hériteront pas le royaume de Dieu (Ap 21.8, Ép 5.5, 1Co 6.9), mais si le suicide est un meurtre, la personne qui met fin à ses jours sera-t-elle sauvée?
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Transcription :
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Alors, cette question fait suite à l’épisode sur le suicide et le chrétien. Voici ce qu'une personne nous envoie comme question: "Au début de votre exposé sur le suicide, vous dites que le suicide est un meurtre. Ensuite, vous expliquez que l'homme, même le chrétien, ne perd pas son salut malgré ce meurtre. Moi, je veux bien, mais que faire du verset Apocalypse 21.8 où il est précisé que les meurtriers n'hériteront pas du royaume? Au final, tout le monde sera-t-il sauvé selon vous?"
Alors, je crois que c'est une très bonne question qui me force à être beaucoup plus précis dans ma réponse. Pour être très clair, non, je ne crois pas que tout le monde sera sauvé. C'est une affirmation très évidente de l'Écriture. Il existera un jugement, et ce jugement va séparer les hommes et les femmes entre ceux dont les péchés ont été couverts et ceux dont les péchés n'ont pas été couverts. C'est bien sûr ce que la Bible décrit comme cette séparation éternelle d'avec Dieu.
Maintenant, pour être un peu plus précis, est-ce qu'il existe des meurtriers qui sont sauvés? Alors, je ne peux que répondre oui. Le roi David était un meurtrier et pourtant, il expose à plusieurs endroits dans ses écrits son assurance d'être sauvé, sa confiance dans le pardon de Dieu. Nous ne sommes pas là pour juger les cœurs, bien entendu, mais on peut comprendre qu'une personne qui a commis un acte aussi terrible que le meurtre puisse aussi réaliser qu'elle a besoin de grâce, qu'elle a besoin de pardon et qu'elle puisse réaliser que Christ est mort pour ce péché-là également.
Pour revenir maintenant à Apocalypse 21.8 où il est précisé que les meurtriers n'hériteront pas du royaume, comment comprendre ce verset? Si on le lit dans son intégralité, le verset dit la chose suivante: "Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les débauchés, les magiciens, les idolâtres et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang brûlant de feu et de soufre. Cela, c'est la seconde mort." Nous avons donc une liste de péchés: la lâcheté correspond à la crainte, la timidité devant le témoignage à rendre, peut-être devant la persécution ou peut-être devant des décisions à prendre qui impliquent une perte d'honneur vis-à-vis d'autres personnes; le meurtre donc, qui est cité par la personne qui nous envoie cette question; la débauche, c'est-à-dire l'immoralité sexuelle; la magie, c'est-à-dire tout ce qui est superstition, amulette, astrologie, etc., la confiance que l'on place dans ce genre de pratiques; et puis l'idolâtrie et le mensonge.
Les chrétiens que nous sommes, sommes-nous pleinement libres de cette liste des péchés qui sont mentionnés? On peut se focaliser sur le meurtre, mais la liste est bien plus vaste. Jésus, en Matthieu 5, nous rappelle que l'insulte mérite le même jugement que le meurtre. Pourquoi? Parce qu'il y a dans la racine de cette condamnation d'autrui les mêmes émotions, la même violence que celle qui est présente lorsqu'une personne décide de passer à l'acte et commet un meurtre. Cela ne veut pas dire que les conséquences de l'insulte sont les mêmes que les conséquences du meurtre, mais qu'il y a le même péché dans sa racine, présent dans le cœur des êtres humains. Je pose la question: est-ce que nous, qui sommes disciples de Christ, avons parfois jugé autrui? Avons-nous parfois insulté autrui de la même manière que Jésus pourrait dire "mais tu es coupable de meurtre à mes yeux" parce qu'il y a le même sentiment, la même haine, la même violence que je peux voir chez un meurtrier? Et que dire des autres péchés qui sont mentionnés? Le mensonge, la lâcheté, l'immoralité sexuelle ne serait-ce que par nos désirs? Pouvons-nous donc être libres en tant que disciples de Christ d'une condamnation qui viendrait de ce verset, c'est-à-dire que tous sont condamnés? C'est le sens de ces listes: faire en sorte que tous ceux qui les lisent soient saisis d'une réflexion sur la question "est-ce que ma vie est caractérisée par le péché?" Et en fait, oui, quand je regarde ces listes-là, je réalise qu'il n'y a rien en moi qui soit vraiment exempt, qui soit vraiment parfait, exempt de souillure, de tache, d'égoïsme, de violence. C'est mon cœur, c'est la situation de notre état.
Si on regarde un peu plus ce texte dans son contexte, c'est une nécessité lorsque l'on s'intéresse au sens d'un verset de regarder comment il s'inscrit dans son contexte. Nous lisons les quelques versets qui précèdent. Au verset 5, celui qui était assis sur le trône dit: "Voici, je fais toutes choses nouvelles." Et il dit: "Écris, car ces paroles sont certaines et vraies." Il me dit: "C'est fait. Je suis l'Alpha et l'Oméga, le commencement et la fin. À celui qui a soif, je donnerai de la source de l'eau de la vie gratuitement. Tel sera l'héritage du vainqueur. Je serai son Dieu, il sera mon fils. Mais pour les lâches..." et le verset continue. Ce qui est intéressant, c'est le parallèle qui est fait: il n'est pas dit que d'un côté, il y a des gens qui commettent des péchés et de l'autre, des gens qui ne commettent pas de péchés. Non, il y a d'un côté ceux qui commettent des péchés et ceux qui ont bu à la source de l'eau de la vie gratuitement, c'est-à-dire sans aucun mérite. Ce sont ceux qui deviennent ses enfants par la confiance dans la grâce de Dieu.
On peut se souvenir que l'apôtre Pierre, par exemple, a été lâche à trois reprises et je ne lui jetterai pas la pierre, je pense que j'aurais fait dix fois pire. Mais Pierre a été lâche à trois reprises. Cela n'a pas empêché Christ de le réinstituer parce que c'est un homme qui a été pardonné et qui pouvait continuer son chemin. Il faut bien remarquer comment la Bible décrit notre humanité. Elle le décrit en des termes assez terribles et notamment si on lit Romains 3.23: "Il n'y a pas de distinction, tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu." Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu. Tous les êtres humains qui viennent à Christ viennent à Christ dans cette réalité de leurs péchés, mais ils sont gratuitement justifiés par la grâce, par le moyen de la rédemption qui est dans le Christ Jésus. Lorsque Jésus vient sur terre, il vient pour mourir pour les péchés de ceux qu'il sauve, et ceux qu'il sauve, il les sauve pleinement, entièrement, intégralement, conscient de l'ensemble de leurs fautes, passées, présentes et à venir.
Bien entendu, nous sommes amenés à vivre de façon différente une fois que nous sommes devenus chrétiens. Cette vie différente doit s'éloigner de la colère, de l'immoralité, du mensonge, et un homme ou une femme qui serait marqué par le meurtre, on peut évidemment remettre en question son salut parce que sa vie ne témoigne pas de la présence et du ministère du Saint-Esprit. Mais en même temps, quelqu'un qui serait un disciple de Christ pourrait, dans un moment de désespoir, dans un moment qu'on ne pourrait pas vraiment décrire parce qu'on n'est pas dans son cœur, prendre sa propre vie et devenir un meurtrier contre lui-même. Est-ce pour cela que nous devons en conclure qu'il n'est pas chrétien? Dieu seul le sait et je serais très prudent dans mes jugements à ce sujet. Il faudrait regarder son témoignage, sa confiance dans le sacrifice de Christ auparavant, la manière dont il vivait dans la confiance en ce sacrifice de Christ et peut-être imaginer qu'il est possible qu'il ait dérapé à un moment de détresse complète. C'est terrible, c'est tragique, mais s'il est vraiment disciple de Christ, je crois qu'il demeurera bien entendu disciple de Christ parce qu'on ne cesse pas d'être un enfant de Dieu une fois que l'on a été adopté par Dieu.
Loin de moi l'idée que tout le monde est sauvé, loin de moi l'idée que tous les péchés se valent, loin de moi l'idée de minimiser la gravité du suicide. C'est quelque chose de très grave. Je l'ai dit, cela entraîne des conséquences, cela engage dans les familles souvent un souvenir et une perception qu'on peut sortir des problèmes par le suicide. C'est vraiment quelque chose d'important et de grave, je ne veux vraiment pas le minimiser. Néanmoins, je crois qu'un disciple de Christ est capable du pire parfois, y compris de se suicider, sans que pour autant cela témoigne qu'il n'était pas un disciple de Christ et encore moins sans que cela engendre une perte de salut, ce que je ne crois pas possible selon ma compréhension de l'Écriture.