Florent Varak nous montre la signification du baptême et de la cène et nous parle de l'ordre entre les deux. Enfin, il nous donne des raisons pour lesquelles une Église pourrait décider de restreindre (ou non) la cène aux baptisés.
Pour aller plus loin
- Que veut dire la Sainte Cène? (Épisode 79)
- Qui peut baptiser et peut-on refuser le baptême? (Épisode 122)
- Doit-on prendre une coupe ou des gobelets pour la Cène? (Épisode 196)
- Le baptême nous fait-il naître de nouveau? (Épisode 385)
Un pasteur vous répond: le podcast de Florent Varak qui t’aide à mieux comprendre la Bible, une question à la fois.
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Transcription
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La question est posée pour cet épisode: "Bonjour Florent, ravi de ton enseignement concernant la sainte scène. J'ai une petite question qui fait de plus en plus polémique: est-il possible de prendre la scène si l'on n'est pas baptisé? Pour moi, non, ce n'est pas biblique. Serait-il possible de l'évoquer au cours d'un épisode? Merci et sois abondamment béni dans le nom puissant de notre Seigneur Jésus-Christ."
Alors écoute, pour répondre à cette question, qui est une très belle question sur la doctrine et la pratique de l'église, je voudrais rappeler ce qu'est le baptême, ce qu'est la scène, et voir le lien qui existe entre les deux.
Premièrement, qu'en est-il du baptême? Eh bien, le baptême a été institué par le Christ après sa mort et sa résurrection. L'un des textes clés qui l'établit se trouve dans l'évangile de Matthieu, chapitre 28, et nous lisons que Jésus s'approche de ses apôtres et leur dit les paroles suivantes: "Tout pouvoir m'a été donné dans le ciel et sur la terre. Allez, faites de toutes les nations des disciples, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à garder tout ce que je vous ai prescrit. Voici, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde."
Alors, le mot baptême vient du verbe "baptizo". Il signifie immerger. C'est un geste qui rappelle le passage de la mort à la vie, un peu comme Romain 6 l'évoque: on meurt dans l'eau, on renaît en sortant de l'eau. C'est aussi une association au Dieu trinitaire qui a participé pleinement à notre salut. C'est au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. On est là aussi dans une représentation d'une immersion dans la communauté. Ce n'est pas très présent dans le texte de Matthieu, mais on le voit dans le reste des Écritures. Alors, on remarque aussi qu'il s'agit de disciples. C'est donc le symbole initial de l'entrée dans la vie chrétienne. C'est ainsi que les évangéliques ne baptisent pas des nouveau-nés, mais uniquement ceux qui sont capables de rendre compte de leur foi. Ils sont disciples, ils le proclament, ils l'affirment, ils l'affichent quelque part par un geste, le geste du baptême.
Tout au long du livre des Actes, nous voyons des baptêmes se réaliser avec des gens qui se convertissent à la foi chrétienne, et parfois ce sont des familles entières qui font profession de foi.
Ce que tu appelles la sainte scène, c'est en réalité un repas. "Cena" est le mot latin pour repas, le repas principal de la journée, et cela nous vient de ce que Christ a instauré alors qu'il célébrait le repas pascal. C'est le repas de Pâque, qui rappelle la sortie d'Égypte, cette délivrance magistrale, la délivrance aussi des enfants premiers-nés qui étaient mis à mort. C'est la 10e plaie de jugement contre l'Égypte. Pour se protéger du jugement, il y avait du sang à placer, le sang d'un agneau à placer sur l'entrée de la porte, et cela préservait ceux qui le faisaient du jugement qui les touchait. Donc la Pâque que Christ, enfin que le Seigneur, instaure en Exode chapitre 12 est un repas pour le peuple juif qui rappelle la sortie d'Égypte, la délivrance, la délivrance aussi de la mort, et bien sûr, elle vise quelque chose de plus grand encore, qui est une délivrance de nos péchés que Jésus, l'Agneau de Dieu, va signer de son sang. C'est donc dans le contexte de la Pâque juive que Jésus prend du pain et du vin et en institue en quelque sorte un symbole.
Nous lisons également dans l'évangile de Matthieu, cette fois-ci au chapitre 26: "Pendant qu'ils mangeaient, Jésus et ses apôtres, Jésus prit du pain, et après avoir dit la bénédiction, il le rompit et le donna aux disciples en disant: 'Prenez, mangez, ceci est mon corps.' Il prit ensuite une coupe et, après avoir rendu grâce, il la leur donna en disant: 'Buvez-en tous, car ceci est mon sang, le sang de l'alliance, qui est répandu pour beaucoup pour le pardon des péchés. Je vous le dis, je ne boirai plus désormais du fruit de la vigne jusqu'au jour où j'en boirai de nouveau avec vous dans le royaume de mon Père.'" Fin de la citation.
La scène est donc avant tout ce repas de Pâque que les Juifs devaient célébrer chaque année en souvenir de leur délivrance d'Égypte. Elle était obligatoire pour le peuple de Dieu, et Jésus prend le symbolisme de ce repas et l'oriente sur cette délivrance, cette délivrance plus grande encore puisqu'elle concerne la vie éternelle où Jésus, l'Agneau de Dieu, en livrant sa vie pour ses brebis, pour ses enfants, permet le plein pardon et une vie nouvelle. Donc, chaque fois que l'on prend la scène, ce repas, on se souvient de ce que Christ a fait pour nous.
Il faut savoir que la forme actuelle de la sainte scène est différente de ce qui était pratiqué au temps du Nouveau Testament. Au temps du Nouveau Testament, c'était un repas, un vrai repas, le repas principal de la journée que les chrétiens partageaient. Ce n'était pas le petit morceau de pain symbolique et puis la gorgée de vin que l'on partage. Henry Blocher vient juste de sortir un livre sur la doctrine de l'Église, et il note, et je cite:
"Nous avons dit plus haut notre sentiment sur la Didachè. L'hypothèse d'une cérémonie sacramentelle distincte du repas, désignée lui comme l'eucharistie, que ne mangent que les baptisés, semble fort improbable des silences de Justin. Il est difficile de tirer des certitudes, bien qu'il favorise l'idée d'un rituel réduit au symbole. En revanche, on peut repousser fermement l'interprétation qui attribue à Paul la séparation. Sa question rhétorique: 'N'avez-vous pas des maisons pour manger et pour boire?' et sa recommandation: 'Si quelqu'un a faim, qu'il mange à la maison.' (1 Corinthiens 11:22 et 34) répondent à l'objection dont il prévoit la mauvaise foi. 'Mais nous avons faim, nous ne pouvons pas attendre.' Et ne signifie pas du tout que le repas du Seigneur cesse d'impliquer la nourriture sustentatoire. Que l'apôtre rappelle le détail historique de la présentation de la coupe après avoir soupé n'est pas assez pour disjoindre cet élément du repas." Fin de la citation.
Qu'est-ce que Henry Blocher veut dire ici? Eh bien, on le voit, dans le temps du Nouveau Testament, il y avait un vrai repas au cours duquel du pain et du vin sont sortis de ce repas et deviennent le symbole. Mais il dit que cette séparation est historique, mais elle n'est pas lisible dans les éléments de la vie de l'Église. Et dans cela, on reconnaît tout à fait le repas de la Pâque juive. C'est vraiment là où il y a aussi du pain qui circule, où il y a une coupe qui circule, et tout ceci nous rappelle qu'il y a juste une réorientation d'un sens au cours du repas.
Donc, on a vu ce qu'il en était du baptême, on voit très rapidement ce qu'il en est de la scène. On prend le corps et le sang de Christ en souvenir de ce qu'il a fait à la croix. On est dans nos milieux assez d'accord pour dire qu'il n'y a pas de transsubstantiation, c'est-à-dire que le pain ne devient pas corps au sens réel du terme, ni le vin ne deviendrait sang au sens réel du terme. Jésus lui-même dira qu'il ne boirait plus du fruit de la vigne après avoir partagé les éléments, jusqu'à ce que le royaume de Dieu soit accompli ou soit venu. Donc, on est sur la piste d'un symbole, un symbole qui nous rappelle à la fois la mort de Christ à la croix et à la fois le fait que nous partageons un même pain, nous faisons partie d'un même corps, nous sommes dans une seule Église.
Ayant posé ces premières définitions, qu'en est-il du rapport chronologique de l'un et de l'autre? J'aimerais souligner quelque chose de très, très, très important, et j'espère que tu entends que c'est très, très, très important: c'est que c'est avant tout une question d'Église locale. Je voudrais insister lourdement dessus. La bonne pratique, c'est la pratique de ton Église. Ce sont les anciens de ton Église, les responsables de ton Église, d'appliquer leur compréhension de la Bible à ce sujet. Un blogueur comme moi n'a aucune espèce d'autorité pour pouvoir dire aux Églises comment il faut faire. La seule autorité, c'est celle de Jésus-Christ qui a donné sa parole pour que le Saint-Esprit conduise les responsables de l'Église à prendre les bonnes décisions, décisions dont ils rendront compte, dont nous rendrons compte pour nos Églises propres devant le Seigneur. Donc, je suis toujours très prudent de ne pas prendre parti sur des questions aussi pratiques parce que je crois qu'il faut vraiment que ce soit les anciens de l'Église qui prennent la décision.
Il existe un débat ancien pour savoir ce qu'il en est, de savoir si la pratique doit être normative, c'est-à-dire ce que nous lisons dans la Bible doit être prescrit et prescriptif, c'est-à-dire la manière dont ça s'est passé dans le Nouveau Testament doit être prescriptive pour l'ensemble des générations. Par exemple, certains, comme les Disciples du Christ, ce mouvement américain, vont dire: "Ah, ils célébraient le repas du Seigneur chaque dimanche, il faut absolument que ce soit le cas pour toutes les Églises." Ou encore: "Ah, ils célébraient le repas du Seigneur comme un repas et nous devons le célébrer comme un repas." Or, ce que l'on voit, c'est qu'il existe une diversité de pratiques parmi les Églises au premier siècle et au deuxième siècle. Il n'y a pas de prescriptions normatives, prescriptives. Jésus a dit simplement "Faites ceci en mémoire de moi." Paul ajoute "Chaque fois que vous prenez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur jusqu'à ce qu'il vienne."
Donc, c'est vrai qu'il existe une pratique de l'Église qui est différente de la pratique du Nouveau Testament. Cela dit, même les grands théologiens sont prudents pour savoir si cette pratique est normative. C'est en cela que je t'invite à être très, très, très, très attentif à ce que disent les anciens de ton Église.
Toutefois, il existe une règle généralement admise par les Églises évangéliques: il est important de différencier les étapes de la vie chrétienne. Le baptême est ce premier pas public où l'on déclare notre foi, c'est l'entrée dans la communauté chrétienne. La scène, ce repas, c'est ce moment où l'on proclame la mort de Christ, et où l'on proclame que nous avons part à son œuvre, au bénéfice de sa mort, que nous sommes du même corps, c'est la vie communautaire, c'est la vie de disciple. C'est pour cela que l'on encourage fortement les chrétiens à différencier les deux moments.
Généralement, on conseille aux Églises de dire: "Non, le repas du Seigneur est réservé aux baptisés." Parce que c'est ce premier acte public où l'on entre dans la communauté de la foi, et le repas du Seigneur, c'est ce moment communautaire où l'on partage ensemble le même pain, le même vin. On est de la même famille. Donc, c'est une question de temps, c'est une question de moment. On devient d'abord disciple, on déclare sa foi, et ensuite, on vit dans l'Église en partageant ces moments communautaires, et bien sûr, la scène en fait partie.
J'espère que ces quelques éléments vont t'éclairer. Je te dis à très bientôt pour une prochaine émission!