Qui était Marie? Les chrétiens s'accordent à la voir comme une femme exceptionnelle. Cependant, catholiques et orthodoxes lui attribuent également le rôle d'intercesseur entre Christ et les hommes, ou des titres tels que "Mère de Dieu" et "Reine du ciel". Pourquoi une telle dévotion à une femme? Au cours de cette prédication, nous analyserons plusieurs textes bibliques faisant allusion à Marie pour comprendre qui elle était, mais aussi ce qu'elle n'était pas.
La plupart des blogueurs TPSG sont également pasteurs. Aujourd’hui, tu peux toi aussi bénéficier de leurs enseignements grâce à notre podcast Prédications TPSG. Ces prédications, qui se veulent résolument textuelles et christocentriques, te feront redécouvrir le sens profond des Écritures et nourriront ta foi en Christ.
Notes de la prédication
Marie & l'Histoire
Partout en Europe, on élève des autels à son nom, et l'on parle de ses apparitions. Mais qui était Marie?
À Fourvière, Lyon, on célèbre Marie, "reine des cieux"…
Le Nouveau Catéchisme de l'Église Catholique Romaine paru en 1992 affirme les choses suivantes:
- Elle accorde le salut:
Par son obéissance, elle est devenue, pour elle-même et pour tout le genre humain, cause de salut.
JEAN-PAUL II. Catéchisme de l'Église Catholique. Vatican: MAME/PLON, 1992. 800 p. Article 494, p. 133
- Elle est corporellement montée au ciel:
Après son assomption au ciel, son rôle dans le salut ne s'interrompt pas: par son intercession répétée, elle continue à nous obtenir les dons qui assurent notre salut éternel.
Ibid. Article 969, p. 255
- Elle est reine de l'univers:
Enfin, la vierge immaculée, préservée par Dieu de toute atteinte de la faute originelle, ayant accompli le cours de sa vie terrestre, fut élevée corps et âme à la gloire du ciel, et exaltée par le Seigneur comme la Reine de l'univers.
Ibid. Article 966, p. 254
Mais d'où viennent de telles idées? Certainement pas de la Bible!
3 Tu n'auras pas d'autres dieux devant ma face. 4 Tu ne te feras pas de statue, ni de représentation quelconque de ce qui est en haut dans le ciel, de ce qui est en bas sur la terre, et de ce qui est dans les eaux plus bas que la terre. 5 Tu ne te prosterneras pas devant elles, et tu ne leur rendras pas de culte; car moi, l'Éternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui punis la faute des pères sur les fils jusqu'à la troisième et à la quatrième génération de ceux qui me haïssent.
Les dix commandements, Exode 20.3-5
Le problème, c'est que de tout temps, les hommes ont adoré des déesses. Jérémie s'est insurgé contre cette idolâtrie:
Les enfants ramassent du bois, les pères allument le feu, et les femmes pétrissent la pâte pour préparer des gâteaux à la reine du ciel, et pour faire des libations à d'autres dieux, afin de m'irriter.
Jérémie 7.18
Mais nous voulons agir... offrir de l'encens à la reine du ciel, et lui faire des libations, comme nous l'avons fait, nous et nos pères, nos rois et nos chefs...
Jérémie 44.17
Je suis le chemin, la vérité, la vie; nul ne vient au Père que par moi [et non par Marie]…
Jean 14.6
Car il y a un seul Dieu, et aussi un seul médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ-Jésus homme.
1 Timothée 3.5
Cet élan de vénération de Marie est d'autant plus surprenant que lorsqu'une femme voulut honorer la mère de Jésus, il a détourné cette demande:
Tandis que Jésus parlait ainsi, une femme, élevant la voix du milieu de la foule, lui dit: “Heureux le sein qui t'a porté! Heureuses les mamelles qui t'ont allaité!” Et il répondit: “Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la gardent!”
Luc 11.27-28
D'où vient cet élan pour Marie?
Lors du concile d'Éphèse...
De juin à septembre 431, les responsables de l'Église du moment se sont réunis à Éphèse pour évaluer les positions défendues par Nestorius et celles défendues par Cyrille d'Alexandrie. En résumé:
- Pour Nestorius: Jésus = vrai homme et vrai Dieu, mais natures juxtaposées (sans union, presque deux personnalités)
- Pour Cyrille d'Alexandrie: Jésus = vrai homme et vrai Dieu, mais natures intégrées et indissociables.
Pour défendre cette double nature, on a reconnu à Marie le titre de: "Mère de Dieu" (theotokos). Un titre qui est clair quant à l'identité de Jésus (il est vraiment Dieu) mais qui porte à confusion quant à l'identité de Marie. Car si elle a enfanté Dieu, quel titre serait le sien?
Savez-vous comment la foule d'Éphèse a réagi à cette annonce? Par les applaudissements! La foule était en liesse lors de la proclamation de la victoire de Cyrille d'Alexandrie. Pourquoi? Lisons ensemble Actes 19.24ss:
24 Un nommé Démétrius, orfèvre, fabriquait en argent des temples de Diane, et procurait à ses ouvriers un gain considérable. 25 Il les rassembla, avec ceux du même métier, et dit: Ô hommes, vous savez que notre bien-être dépend de cette industrie; 26 et vous voyez et entendez que, non seulement à Éphèse, mais dans presque toute l'Asie, ce Paul a persuadé et détourné une foule de gens, en disant que les dieux faits de main d'homme ne sont pas des dieux. 27 Le danger qui en résulte, ce n'est pas seulement que notre industrie ne tombe en discrédit; c'est encore que le temple de la grande déesse Diane ne soit tenu pour rien, et même que la majesté de celle qui est révérée dans toute l'Asie et dans le monde entier ne soit réduite au néant. 28 Ces paroles les ayant remplis de colère, ils se mirent à crier: Grande est la Diane des Éphésiens! 29 Toute la ville fut dans la confusion...
Voyez-vous une relation entre les cris des Éphésiens en l'an 431 et les cris des Éphésiens en l'an 50 (~) de notre ère? Les Éphésiens avaient "retrouvé" leur déesse! Parce que, voyez-vous, les déesses, cela n'a rien de nouveau! Depuis le culte d'Isis en Égypte jusqu'aux cultes babyloniens. Il y avait 65 000 dieux à Babylone au 9ème siècle av. J.C. Après réduction et hiérarchisation, cela donne le panorama suivant:
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Lecture:
39 En ces jours-là, Marie se leva et s'empressa d'aller vers les montagnes dans une ville de Juda. 40 Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. 41 Dès qu'Élisabeth entendit la salutation de Marie, son enfant tressaillit dans son sein. Élisabeth fut remplie d'Esprit saint 42 et s'écria d'une voix forte: Tu es bénie entre les femmes, et le fruit de ton sein est béni. 43 Comment m'est-il accordé que la mère de mon Seigneur vienne chez moi? 44 Car voici: aussitôt que la voix de ta salutation a frappé mes oreilles, l'enfant a tressailli d'allégresse dans mon sein. 45 Heureuse celle qui a cru à l'accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur. 46 Et Marie dit: Mon âme exalte le Seigneur 47 et mon esprit a de l'allégresse en Dieu, mon Sauveur, 48 parce qu'il a jeté les yeux sur la bassesse de sa servante. Car voici: désormais toutes les générations me diront bienheureuse. 49 Parce que le Tout-Puissant a fait pour moi de grandes choses. Son nom est saint, 50 et sa miséricorde s'étend d'âge en âge sur ceux qui le craignent. 51 Il a déployé la force de son bras; il a dispersé ceux qui avaient dans le cœur des pensées orgueilleuses, 52 Il a fait descendre les puissants de leurs trônes, élevé les humbles, 53 rassasié de biens les affamés, renvoyé à vide les riches. 54 Il a secouru Israël, son serviteur, et s'est souvenu de sa miséricorde, 55 — comme il l'avait dit à nos pères, envers Abraham et sa descendance pour toujours. 56 Marie demeura avec Élisabeth environ trois mois. Puis, elle retourna chez elle.
Luc 1.39-56
En Marie, nous voyons un exemple remarquable de piété. Mais pas une déesse, pas une co-rédemptrice, pas une reine. C’était une femme pieuse dont l'attitude est certainement à imiter. Nous allons découvrir 8 qualités de Marie…
Les 8 qualités de Marie
Une femme enthousiaste (Lc 1.39-40)
39 En ces jours-là, Marie se leva et s'empressa d'aller vers les montagnes dans une ville de Juda. 40 Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth.
Dès l'annonce de l'ange, Marie part rejoindre Élisabeth. Le texte nous dit qu'elle s'empressa. Un mot qui évoque la hâte, le zèle, la vivacité. Elle y met du sien pour retrouver sa parente! On ne connaît pas le lieu d'habitation de Zacharie et Élisabeth. Mais les montagnes de Juda (comprenez, sur la terre attribuée aux descendants de Juda, l'un des 12 fils de Jacob) se trouvent au minimum à 70 km de Nazareth. S'ils habitaient à l'extrémité sud, cela pouvait faire le double.
Pendant ce périple qui a dû prendre quelques jours, elle a dû ressasser tout ce qui s'était passé.
Surtout qu'elle avait un profil assez contemplatif. Après le passage des bergers, nous lisons que “Marie conservait toutes ces choses, et les repassait dans son cœur” (Lc 2.19).
C'est peut-être pendant ce trajet qu'elle a mis bout à bout l'enseignement qu'elle avait reçu d'une part, et les événements qu'elle vivait. Car la suite du récit montre qu'elle connaissait très bien l'Ancien Testament, et que sa réflexion était profonde... Marie part rendre visite à des membres de sa famille, Zacharie et Élisabeth. Ceux-ci avaient reçu la visite de l'ange Gabriel pour leur annoncer qu'Élisabeth deviendrait enceinte, malgré son âge avancé.
Une femme bénie (Lc 1.41-43)
41 Dès qu'Élisabeth entendit la salutation de Marie, son enfant tressaillit dans son sein. Élisabeth fut remplie d'Esprit saint 42 et s'écria d'une voix forte: Tu es bénie entre les femmes, et le fruit de ton sein est béni. 43 Comment m'est-il accordé que la mère de mon Seigneur vienne chez moi?
L'enfant dont il est question est Jean-Baptiste, qui a été conçu six mois auparavant. Il tressaille, ou saute de joie à l'intérieur du ventre de sa mère.
Permettez-moi d'ouvrir une parenthèse.
Avez-vous remarqué comment est qualifié ce fœtus? C'est le mot "enfant" (brephos), qui s'applique autant à un embryon, un fœtus, ou un petit enfant. La vie commence à la conception, non à la naissance. C'est le témoignage universel de l'Écriture:
Déjà, par le vocabulaire utilisé (teknon, brephos), et par le Psaume 139.13-15:
13 C'est toi qui as formé mes reins, qui m'as tenu caché dans le sein de ma mère. Je te célèbre; car je suis une créature merveilleuse. 14 Tes œuvres sont des merveilles, et mon âme le reconnaît bien. 15 Mon corps n'était pas caché devant toi, lorsque j'ai été fait en secret, tissé dans les profondeurs de la terre.
Pour la Bible, la vie commence à la conception. Dès ce moment, c'est une personne qui peut faire des choix dont elle est responsable. C'est pour cela que des gens demandèrent d'un homme né aveugle si c'était lui ou ses parents qui avaient péché. À leurs yeux, il était possible que cet homme ait péché en tant que fœtus — évidemment, la réponse de Jésus montre que cela n'a rien à voir.
C'est pourquoi l'avortement (sauf s'il est pratiqué lorsque la vie de la mère est en danger) est un meurtre, une privation de vie.
Reprenons notre récit.
Élisabeth est remplie d'Esprit saint et déclare que Marie est bénie d'entre toutes les femmes. Par ces propos, on perçoit le calibre spirituel de cette femme.
Élisabeth est une femme remarquable: en tant qu'aînée, elle aurait pu être jalouse de jouer un second rôle. Au contraire, elle se réjouit pour Marie, qu'elle place au-dessus d'elle, la qualifiant avec respect de "mère de mon Seigneur". Devant le privilège unique dans l'histoire de l'humanité que reçoit sa jeune cousine, elle se réjouit et reconnaît avec joie la prééminence de Marie.
Le titre de "Marie, mère de mon Seigneur" est tout à fait approprié et n'a pas la portée de "mère de Dieu" évoqué plus haut:
- Seigneur a le sens de maître, mais d'une manière générale (il peut même vouloir dire "Monsieur", cf. Jn 20.15).
- Marie confère au Fils de Dieu le statut de "fils de l'homme". Dieu s'incarne, il prend chair, il prend forme humaine. Le lieu de ce miracle, c'est le corps de Marie.
- Marie n'enfante pas Dieu — elle reçoit Dieu. Marie n'engendre pas de Seigneur — elle l'héberge et l'acceptera.
- Jésus naît de Marie. Il tire d'elle ses caractéristiques humaines.
Quelle grâce unique! Cette nature humaine, Jésus la conserve, certes sous une forme glorifiée, pour l'éternité (Ap 1.13 ss). En sorte que toutes les générations remarqueront le lien entre Jésus et Marie. Marie est une femme bénie, parce que Dieu a choisi de l'utiliser.
Une femme confiante (Lc 1.44-45)
44 Car voici: aussitôt que la voix de ta salutation a frappé mes oreilles, l'enfant a tressailli d'allégresse dans mon sein. 45 Heureuse celle qui a cru à l'accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur.
Élisabeth conclut sa salutation. Sa dernière phrase est un peu ironique par rapport à son mari, car lui, le prêtre, n'avait pas cru à l'accomplissement de la prophétie. En revanche, Marie avait non seulement cru Gabriel, mais elle avait aussi accepté le projet de Dieu pour sa vie.
"Heureuse!" rappelle les béatitudes. C'est un mot cité plus de 50 fois dans le Nouveau Testament et qui évoque le bien-être intérieur qui vient lorsqu'on suit le Christ. Il vient d'une racine qui signifie "à l'aise". C'est l'idée d'un confort intérieur, d'une largesse de l'être qui déborde, remplie de joie...
Ce bonheur s'applique à Dieu, dont il est dit qu'il est heureux (1Tm 1.11 et 6.15). Dieu est souverainement content et satisfait en lui-même. Détaché du temps, il connaît la fin de l'histoire. Devant son trône se trouve une mer de cristal, nous dit l'Apocalypse. Aucun tumulte, aucune tempête. Il règne.
Ce bonheur se vit aussi par tous les chrétiens:
- Par le pardon
Paul cite un psaume et écrit:
7 Heureux ceux dont les iniquités sont pardonnées, et dont les péchés sont couverts! 8 Heureux l'homme à qui le Seigneur n'impute pas son péché!
Romains 4.7-8
Libre de la culpabilité, une raison de tristesse en moins!
- Par le refuge intérieur qu'il offre
Sentez et voyez combien l'Éternel est bon! Heureux l'homme qui cherche en lui son refuge!
Psaumes 34.8
- Par le service des autres
[le] Seigneur, qui a dit lui-même: Il y a plus de bonheur à donner qu'à recevoir.
Actes 20.35
- Par l'obéissance aux voies de Dieu
Mais celui qui aura plongé les regards dans la loi parfaite, la loi de la liberté, et qui aura persévéré, n'étant pas un auditeur oublieux, mais se mettant à l'œuvre, celui-là sera heureux dans son activité.
Jacques 1.25
C'est amusant de constater que tout ce bonheur est accessible par la foi, par la confiance que l'on place dans ce que Dieu dit.
Dieu pardonne — acceptez-vous son pardon, c'est-à-dire avez-vous confiance? Dieu dicte une vie juste — acceptez-vous sa conduite, c'est-à-dire avez-vous confiance? Heureuse celle qui a cru ce qui lui a été dit...
Une femme sauvée (Lc 1.46-47)
46 Et Marie dit: Mon âme exalte le Seigneur 47 et mon esprit a de l'allégresse en Dieu, mon Sauveur.
Une autre caractéristique de Marie est qu'elle était une femme sauvée. Alors qu'elle exalte le Seigneur, elle parle de Dieu comme son Sauveur. Si elle a un Sauveur, c'est qu'elle était pécheresse! Bien entendu, c'est en contraste avec ce que nous dit le Catéchisme catholique:
Par la grâce de Dieu, Marie est restée pure de tout péché personnel tout au long de sa vie.
JEAN-PAUL II. Catéchisme de l'Église Catholique. Vatican: MAME/PLON, 1992. 800 p. Article 493, p. 132
... elle est “le fruit le plus excellent de la Rédemption”: dès le premier instant de sa conception, elle est totalement préservée de la tâche du péché originel et elle est restée pure de tout péché personnel tout au long de sa vie.
Ibid. Article 508, p. 136
Au long des siècles, l'Église a pris conscience que Marie, "comblée de grâce" par Dieu, avait été rachetée dès sa conception.
Ibid. Article 491, p. 132
Cependant, la Bible affirme que Jésus, et non Marie, est celui qui n'a pas péché:
Celui qui n'a point connu le péché, il l'a fait devenir péché pour nous, afin que nous devenions en lui justice de Dieu.
2 Corinthiens 5.21
Car tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu.
Romains 3.23
…selon qu'il est écrit: il n'y a point de juste, pas même un seul.
Romains 3.10
Tous sont égarés, tous sont pervertis; il n'en est aucun qui fasse le bien, pas même un seul.
Romains 3.12
Une femme humble (Lc 1.48a)
Parce qu'il a jeté les yeux sur la bassesse de sa servante.
Le regard de cette femme sur elle-même est remarquable. Elle reçoit de Dieu le plus grand honneur qu'une femme puisse recevoir, et elle donne gloire à Dieu plutôt qu'à elle-même. Dieu est exalté parce qu'elle, Marie, ne se voit que comme une servante (le mot peut aussi signifier esclave).
L'humilité est une vertu essentielle de la vie chrétienne.
Il existe une fausse humilité. Celle qui dit qu'on est trop mauvais pour faire quoi que ce soit. Généralement, on se dévalorise devant les autres pour qu'ils nous exaltent... C'est de l'orgueil déguisé!
L'humilité consiste à regarder dans deux directions.
D'abord, avec réserve sur nos compétences. Paul écrit:
Je dis à chacun d'entre vous de ne pas avoir de prétentions excessives et déraisonnables, mais d'être assez raisonnable pour avoir de la modération, chacun selon la mesure de foi que Dieu lui a départie...
Romains 12.3
Ensuite avec la conscience que tout ce que nous avons est déjà donné par Dieu:
Car qui est-ce qui te distingue? Qu'as-tu que tu n'aies reçu? Et si tu l'as reçu, pourquoi te glorifies-tu, comme si tu ne l'avais pas reçu?
1 Corinthiens 4.7
D'un côté, on reçoit tout de Dieu —donc on lui rend gloire— et d'un autre, on est modéré dans le regard qu'on porte sur soi-même et sur ses capacités. Marie ne cherche en aucun cas à s'élever. Elle est servante de Dieu. Ceci est tout à fait compatible avec ce que disait cette femme qui a voulu l'exalter:
Tandis que Jésus parlait ainsi, une femme, élevant la voix du milieu de la foule, lui dit: Heureux le sein qui t'a porté! Heureuses les mamelles qui t'ont allaité! Et il répondit: Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la gardent!
Luc 11.27-28111
Je me rappelle avoir lu une histoire au sujet d'un homme vêtu simplement qui entra dans une église aux Pays-Bas et s'assit vers l'avant de la salle. Quelques minutes plus tard, une femme s'avança dans l'allée, vit l'inconnu occupant sa place et lui demanda sèchement de la quitter. Il se leva tranquillement et se rendit dans une section réservée aux pauvres. Quand la réunion fut terminée, un ami de la femme lui demanda si elle connaissait l'homme à qui elle avait ordonné de quitter sa place. “Non”, répliqua-t-elle. Son ami lui dit alors: “L'homme à qui vous avez ordonné de quitter votre banc est le roi Oscar de Suède! Il rend visite à la reine.” La femme était grandement embarrassée et aurait tellement voulu honorer le roi en lui cédant sa place, mais il était trop tard. Il était parti.
Une femme reconnaissante (Lc 1.48b-49a)
48 …car voici: désormais toutes les générations me diront bienheureuse. 49 Parce que le Tout-Puissant a fait pour moi de grandes choses…
Marie a de quoi être reconnaissante. Les hommes et les femmes de tous les siècles la considéreront comme privilégiée, bienheureuse. Ces propos rappellent deux passages de l'Écriture:
- Lorsque Léa, la femme de Jacob, devint de nouveau enceinte, elle dit:
Que je suis heureuse! Oui, les filles me diront heureuse. Et elle lui donna le nom d'Aser.
Genèse 30.13
- En parlant du peuple juif futur, qui vivra pleinement selon Dieu:
Toutes les nations vous diront heureux, car vous serez un pays de délices, dit l'Éternel des armées.
Malachie 3.12
Une femme connaissant Dieu (Lc 1.49b-50)
49 …son nom est saint, 50 et sa miséricorde s'étend d'âge en âge sur ceux qui le craignent.
Dans sa louange, Marie rappelle deux attributs essentiels de Dieu: sa sainteté et sa miséricorde.
- La sainteté de Dieu
Ce terme évoque l'idée de séparation. Dieu est absolument séparé de tout mal. Il est éloigné de ce qui serait impur ou mauvais.
L'ensemble de la Bible atteste de la sainteté de Dieu:
Qui est comme toi parmi les dieux, ô Éternel? Qui est comme toi magnifique en sainteté, redoutable (et digne) de louanges, opérant des miracles?
Exode 15.11
Exaltez l'Éternel, notre Dieu, et prosternez-vous sur sa montagne sainte! Car il est saint, l'Éternel, notre Dieu!
Psaumes 99.9
Ils criaient l'un à l'autre et disaient: Saint, Saint, Saint est l'Éternel des armées! Toute la terre est pleine de sa gloire!
Ésaïe 6.3
Mais ce qui est formidable, c'est que ce Dieu saint veut être proche de sa création:
Car ainsi parle le Très-Haut dont la demeure est éternelle et dont le nom est saint: Je demeure dans les lieux élevés et dans la sainteté, mais aussi avec l'opprimé et celui qui est humilié dans son esprit, afin de ranimer les esprits humiliés, afin de ranimer les cœurs opprimés.
Ésaïe 57.15
- La miséricorde de Dieu
Sa miséricorde s'étend d'âge en âge...
Luc 1.50
La miséricorde est la bonté, le désir de secourir ou de réconforter. Juste après avoir décrit le péché des hommes, Paul écrit:
Mais Dieu... est riche en miséricorde…
Éphésiens 2.4
Réfléchissez. Dieu dit qu'il est riche en miséricorde... Il y a abondance de bonté, désir de soulager celui qui vient humblement à lui.
Approchons-nous donc avec assurance du trône de la grâce, afin d'obtenir miséricorde et de trouver grâce, pour être secourus dans nos besoins.
Hébreux 4.16
La sainteté conduirait Dieu à s'éloigner des hommes en raison de leurs fautes. La miséricorde le pousse, au contraire, à s'approcher. Ces deux extrêmes se rejoignent à la croix. Car à la croix, Dieu manifeste sa sainteté, puisqu'il a puni Jésus pour le péché, et il manifeste sa miséricorde, puisqu'il permet aux hommes d'être représentés par Jésus sur la croix.
Vous avez vu la condition: “…pour ceux qui le craignent.” Pour ceux qui se sont suffisamment souciés de Dieu pour lui confier leur cœur et leur vie. Pour ceux qui ont conscience de la sainteté de Dieu, au point de trouver refuge en lui.
Une femme connaissant le projet de Dieu (Lc 1.51-56)
51 Il a déployé la force de son bras; il a dispersé ceux qui avaient dans le cœur des pensées orgueilleuses, 52 il a fait descendre les puissants de leurs trônes, élevé les humbles, 53 rassasié de biens les affamés, renvoyé à vide les riches. 54 Il a secouru Israël, son serviteur, et s'est souvenu de sa miséricorde, 55 — comme il l'avait dit à nos pères, envers Abraham et sa descendance pour toujours. 56 Marie demeura avec Élisabeth environ trois mois. Puis elle retourna chez elle.
Marie connaît Dieu et ses projets. Elle est tellement sûre de ce que Dieu accomplira qu'elle conjugue les verbes au passé. Dans son esprit —et dans l'esprit de Dieu— c'est déjà réalisé.
Il a éclaté les nœuds du pouvoir, ceux dont les pensées orgueilleuses les plaçaient dans un projet éloigné de Dieu et de la justice. Les trônes, les pouvoirs et les puissances des hommes sont abolis.
Tout empire périra! Les égyptiens, les assyriens, les babyloniens, les perses, les grecs, les romains ont tous été renversés.
L'empire romain fédéré des temps de la fin sera également aboli. Il sera remplacé par le règne éternel du Christ, le fils de David, le Roi éternel.
L'échelle sociale actuelle sera profondément affectée. Les affamés seront comblés, les riches renversés. Il faut voir ici un renversement de ce que nous observons: ce qui donne du pouvoir sur terre ne confère pas de pouvoir spirituel.
Les hommes et les femmes de piété règneront avec Christ pour l'éternité, parmi eux des gens aujourd'hui invisibles aux yeux de la société environnante. Marie est imprégnée des concepts de l'Ancien Testament.
Lisons 1 Samuel 2.1-10:
1 Anne pria, et dit: Mon cœur se réjouit en l'Éternel, ma force a été relevée par l'Éternel; ma bouche s'est ouverte contre mes ennemis, car je me réjouis de ton secours. 2 Nul n'est saint comme l'Éternel; il n'y a point d'autre Dieu que toi; il n'y a point de rocher comme notre Dieu. 3 Ne parlez plus avec tant de hauteur; que l'arrogance ne sorte plus de votre bouche; car l'Éternel est un Dieu qui sait tout, et par lui sont pesées toutes les actions. 4 L'arc des puissants est brisé, et les faibles ont la force pour ceinture. 5 Ceux qui étaient rassasiés se louent pour du pain, et ceux qui étaient affamés se reposent; même la stérile enfante sept fois, et celle qui avait beaucoup d'enfants est flétrie. 6 L'Éternel fait mourir et il fait vivre, il fait descendre au séjour des morts et il en fait remonter. 7 L'Éternel appauvrit et il enrichit, il abaisse et il élève. 8 De la poussière, il retire le pauvre, du fumier, il relève l'indigent, pour les faire asseoir avec les grands. Et il leur donne en partage un trône de gloire; car à l'Éternel sont les colonnes de la terre, et c'est sur elles qu'il a posé le monde. 9 Il gardera les pas de ses bien-aimés. Mais les méchants seront réduits au silence; car l'homme ne triomphera point par la force. 10 Les ennemis de l'Éternel trembleront; du haut des cieux il lancera sur eux son tonnerre; l'Éternel jugera les extrémités de la terre. Il donnera la puissance à son roi, et il relèvera la force de son oint.
Nous voyons des parallèles entre le Magnificat et l'Ancien Testament:
Anne exprime sa joie et sa louange à Dieu pour sa justice et ses actions.
1 Samuel 2.1-10
Marie chante les louanges de Dieu pour son intervention et sa fidélité.
Luc 1.46-55
Comparaison des Textes
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1 Samuel 2.1 / Luc 1.46-47
Anne se réjouit en l'Éternel et dans son secours (1S 2.1). Marie exalte le Seigneur et se réjouit en Dieu, son Sauveur (Lc 1.46-47).
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1 Samuel 2.2 / Luc 1.49
Anne proclame la sainteté unique de l'Éternel (1S 2.2). Marie déclare que le Tout-Puissant a fait pour elle de grandes choses, son nom est saint (Lc 1.49).
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1 Samuel 2.4 / Luc 1.52
Anne évoque le renversement des puissants et l'élévation des faibles (1S 2.4). Marie mentionne que Dieu a fait descendre les puissants de leurs trônes et élevé les humbles (Lc 1.52).
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1 Samuel 2.5 / Luc 1.53
Anne décrit le renversement des circonstances sociales (1S 2.5). Marie parle de rassasier les affamés et de renvoyer les riches à vide (Lc 1.53).
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1 Samuel 2.7-8 / Luc 1.51-53
Anne parle de l'abaissement et de l'élévation par Dieu (1S 2.7-8). Marie se réfère à Dieu qui déploie la force de son bras pour disperser les orgueilleux et élever les humbles (Lc 1.51-52).
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1 Samuel 2.10 / Luc 1.54-55
Anne prophétise que l'Éternel jugera les extrémités de la terre et donnera puissance à son roi (1S 2.10). Marie parle de Dieu ayant secouru Israël et de la fidélité de ses promesses envers Abraham et sa descendance pour toujours (Lc 1.54-55).
Même si la suite des Évangiles montre que Marie n'avait pas tout compris, elle connaissait la direction générale de l'œuvre de Dieu.
Conclusion / Applications
Repentance?
Il n'y a aucune différence entre les païens de contrées reculées qui adorent, prient ou parlent à un morceau de bois, à la lune ou au soleil, et ceux qui adorent, prient ou parlent à Marie. Ce sont de fausses représentations de la divinité qui violent l'un des Dix Commandements. La Bible enseigne qu'il faut se repentir des pratiques religieuses stériles. Il est peut-être nécessaire de se repentir d'avoir communié avec ce que vous croyiez être Marie, mais qui n'est qu'une résurgence de cultes païens, où l'on adorait des déesses.
Joyeusement assumer les projets de Dieu
Ce qui impressionne dans cette rencontre entre Élisabeth et Marie, c'est leur joie. Finalement, je me dis que la joie la plus forte se trouve dans l'obéissance confiante aux projets de Dieu.
Là où Dieu vous appelle, faites-le de votre mieux. Tout ce que vous faites (le travail, le ménage, les études, les discussions), faites-le pour la gloire de Dieu.
Offrir ce que l'on a pour vivre selon Dieu procure une grande satisfaction.
Se réjouir du succès des autres
L'une des tragédies de la vie d'Église est la jalousie. Oui, cela arrive même dans une Église!
- L'envie des possessions des autres.
- L'envie de la situation d'un autre.
- L'envie des compétences des autres.
- L'envie des enfants d'un autre.
Cela fait partie des péchés listés comme œuvres de la chair dans Galates 5.19-21, que la Bible réprouve:
Marchons honnêtement, comme en plein jour, sans excès de table ni de boisson, sans luxure ni dérèglement, sans discorde ni jalousie.
Romains 13.13
Une chose est certaine, l'envie ne permet jamais de mener une vie joyeuse. Parce que le problème est si profond que, dès que l'on a une chose, on en recherche une seconde. L'un des moyens de maximiser sa joie est de la rendre dépendante de Dieu et de cultiver le contentement.
S'imbiber de l'Écriture
Marie est si remplie des histoires et concepts de la Bible qu'elle peut faire face à l'imprévu avec sérénité et confiance. Lire et comprendre la Bible sont nécessaires pour modifier notre regard sur la vie.
Je suis parfois étonné de voir comment je réagis à un événement. Parfois, ce n'est pas la perspective de Dieu qui me vient en tête. Devant une épreuve, une difficulté, une menace… La confiance de Marie est exemplaire, mais elle est le fruit d'une fréquentation assidue de l'Écriture.
Le coureur finlandais Ari Vatanen est un champion du Paris-Dakar qu'il a remporté trois fois, et du Pikes Peak aux USA, dont il détient le record. Il a eu, au cours du rallye d'Argentine, un terrible accident qui l'a placé entre la vie et la mort pendant trois jours. Totalement guéri aujourd'hui, il a repris la compétition, mais par cet accident, il a compris le sens de la vie, comme il l'explique à un journaliste:
C'est un miracle que je sois là après mon accident. Avant chaque étape, quand je le peux, je lis la Bible. De même que le corps a besoin de nourriture, l'âme a besoin de la Parole de Dieu. La Bible nous parle de Dieu et du Christ.
– Qu'est-ce que Jésus-Christ est pour toi personnellement?
– Il est le seul qui pouvait sauver mon âme et je sais que si je devais gagner le ciel en comptant sur mes propres mérites, j'échouerais aussitôt. Je ne peux que compter sur lui. Je ne peux dépendre que de lui.
– Es-tu ce que l'on appelle un chrétien?
– Oui, j'ai la foi en Jésus-Christ, mais Dieu sait aussi combien grandes sont nos déficiences. À l'image de Dieu qui nous accorde son pardon, nous devons veiller à ne pas, pour ainsi dire, dresser des murs autour de nos semblables. Et n'oublions pas combien nous avons de sujets de reconnaissance envers Dieu.
Interview réalisée le 22/01/1988