Il serait plus facile de passer un chameau par le trou d'une aiguille?

Textes difficilesDoctrine du Salut

Que voulait dire Jésus en affirmant qu'il est plus facile à un chameau de passer par un trou d’aiguille, qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu?

Je vous le dis encore, il est plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille qu'à un riche d'entrer dans le royaume de Dieu.

Mt 19.24

Cette affirmation de Jésus laisse de nombreux lecteurs perplexes. En effet, il est absolument impossible qu’un chameau puisse passer par le trou d’aiguille. Dieu détesterait-il donc à ce point les riches qu’il ne leur accorderait aucune chance d’entrer dans son royaume? N’y aurait-il pas plutôt là une erreur à corriger pour préserver la fiabilité du texte biblique et son message d’amour universel?

Première piste: au lieu de “kamêlos”, “le chameau”, certains manuscrits portent “kamilos”, “la corde, le câble”. Cependant, il s’agit de quelques copies, à la fois rares et tardives. Elles ne pèsent pas lourd contre l’écrasante majorité des manuscrits.

Deuxième piste: le “trou d’aiguille” est en réalité une porte étroite située dans la muraille, à côté de la porte principale, qui permettait aux voyageurs de pénétrer dans la ville, une fois cette dernière fermée. Aussi populaire soit-elle, cette interprétation n’a pas de fondement très solide, ni dans l’archéologie ni dans la littérature ancienne. C’est seulement à partir du Moyen Âge que l’on a commencé à donner ce nom à une porte dans les murs de Jérusalem.

La réaction des disciples: “ils furent très étonnés” (le verbe grec signifie “abattre en frappant” et peut être employé, par exemple, à propos de la foudre) – nous fournit une troisième piste: le message était si frappant qu’il ne peut qu’exprimer une impossibilité radicale.

On sait que Jésus ne se prive pas, ailleurs, d’employer un langage hyperbolique, de manier l’exagération. En exprimant ici une impossibilité, il rend ses disciples attentifs au risque de faire passer les biens matériels avant Dieu et avant les intérêts de son royaume.

À l’époque, les gens avaient plutôt tendance à penser que la prospérité était un signe de la bénédiction divine. Or, Jésus insiste sur le fait que la richesse et le Seigneur ne peuvent pas se trouver tous les deux sur le trône (cf. Mt 6.24). C’est en quelque sorte “la bourse ou la vie”!

Finalement, vouloir atténuer son propos ici pour le rendre plus raisonnable ou acceptable, pourrait lui retirer sa force.

Viviane André

Née au Nigéria de parents missionnaires, avant d'être élevée en partie en France et en partie en Suisse, Viviane André a grandi “entre deux pages de Bible”, selon l'expression usuelle. Assez tôt, elle a voulu pouvoir vérifier par elle-même ce qu'on lui enseignait. Elle a donc fait le choix d'étudier les langues anciennes jusqu’à l’université, puis elle a suivi une formation théologique à Vaux-sur-Seine, et a travaillé à la Société Biblique de Genève. À côté de cela, elle aime transposer les textes bibliques et le message de l'Évangile sous forme théâtrale avec la Troupe Étincelle.

Ressources similaires

webinaire

COCA: une méthode simple pour comprendre et appliquer la Bible

Découvre ce replay du webinaire de Stéphane Kapitaniuk enregistré le 13 octobre 2016.

Orateurs

S. Kapitaniuk